Chapitre quatre

– C’est quoi le but de la manœuvre ? Creuser une tranchée dans les nuages ?

    Ciel s’arrêta net. La respiration en stand-by, elle baissa le nez, pour souffler de soulagement quand elle vit le marbre paradisiaque sous ses chaussures.

    Assises en tailleur, les paumes contre les genoux, Hera n’eut pas besoin de ciller. Elle se mit à rire discrètement, car même les paupières closes, elle connaissait sa sœur par cœur. Elle savait que suite à cette blague, douteuse, il fallait l’admettre vu la situation et leur foyer qui disparaissait à vue d’œil, son front s’était tout renfrogné en une grosse ride au-dessus de l’arrête de son nez, et que sa lèvre inférieure pendouillait, alors que ses narines devenaient rouges de colère.

    – Très drôle. Vraiment hilarant.

    – Il faut avouer que c’est plutôt comique. Tu me dérange.

    Ciel faisant les cent pas n’était pas d’une aide cruciale à sa concentration. Cela faisait longtemps qu’Hera n’avait pas eu à provoquer une vision. Habituellement, elles venaient à elle, comme des chansons qui restent coincées en tête. C’étaient des amies qu’elle avait mis des siècles à apprivoiser. Elle avait tout perdu. Maudits humains… Elle les avait tant portés dans son cœur, pourtant.

    – Je n’y arrive pas, maugréa-t-elle en ouvrant enfin les yeux. Je ne comprends pas ce qui m’arrive…

    – Tu n’as pas utilisé tes dons pendant trop longtemps, répondit Ciel en s’asseyant à ses côtés. Peut-être que l’on peut trouver un autre moyen ?

    Hera prit son visage entre ses mains. Elle sentait déjà sa peau devenir glace. Les anges qui perdaient leur sang-froid n’était jamais bon pour le climat. Un tsunami ? Le dernier en date, c’était un ange qui s’était disputé avec un autre sur le sort d’une âme. Et il leur avait fallu qu’une demi-seconde pour tomber sur un accord. En bas ? Des mois de galère.

    Hera prit une grande inspiration. Elle ferma à nouveau les yeux et chercha en elle la force de se rapprocher de sa lumière intérieure. Celle qui lui rappelait qu’un être pur comme elle ne devait pas laisser le courroux l’emporter. Elle devait être plus forte que ça.

    Le cou bien droit, les ongles qui s’enfonçaient dans la peau de ses genoux, entrant comme dans du beurre sans la faire saigner (super, elle guérissait enfin. Lentement, mais enfin), elle fit de son mieux pour garder une voix posée :

    – Un moyen auquel tu n’aurais pas pensé ces dernières quinze années ?

    Ciel haussa les épaules :

    – Je ne suis pas la plus maligne des anges, tu sais…

    Les yeux d’Hera s’ouvrit d’un coup, comme deux rideaux que l’on aurait un peu trop tirés.

    – Qu’est-ce que je t’ai dit sur ta sale habitude de te dévaloriser ?

    Hera oublia pendant un instant que cela faisait un moment qu’elle ne lui avait rien dit.

    – Tu es une ange très intelligente. Tu te rappelles quand la peste a frappé ? Michelle voulait que l’on tue tous les humains et qu’on reparte sur de bonnes bases !

    Un autre haussement d’épaules :

    – Beaucoup sont morts.

    – Beaucoup ont survécu. Et les miracles de Lourdes ? C’était ton idée de leur donner un peu d’espoir, de quoi se rappeler que le monde pouvait être beau quand on y prêtait attention. Sans oublier les chats. C’était ton idée, les chats.

    Ciel sourit timidement :

    – Une excellente idée.

    – Tu vois ! rit Hera. Arrête de penser que tu n’as pas de valeur. Je suis désolée de ne pas avoir été là ces dernières années pour te le rappeler. Mais regarde ce travail titanesque ! (Dans un geste théâtral, elle montra les restes du Paradis) Ok, la maison n’est pas au meilleur de sa forme… Mais toi, tu es restée. Tu n’as pas abandonné ton combat, et tu t’es battue pour ce lieu. Sois fière.

    Ciel fronça les sourcils :

    – Tu dis ça comme si les frères et sœurs nous avaient abandonné… Je suis sûre qu’ils ont disparu, comme toi. Peut-être que nous devrions aller les chercher.

    Hera fit non de la tête :

    – Je suis certaine qu’ils vont bien. Je ne sais pas pourquoi. Je le sens.

    Ciel s’excita d’un coup :

    – Une vision ?

    Encore une réponse négative :

    – Désolée, dit Hera. Je pense que je suis en panne. Je ne sais pas, on peut peut-être parler d’instinct ? Je sens qu’il se passe quelque chose d’étrange. Les humains qui se rebellent contre les forces de la nature ? C’est tout neuf… Enfin, pas vraiment… Je sais que j’ai longtemps été absente, et je m’en excuse encore…

    Ciel posa sa main sur le bras d’Hera pour lui faire comprendre que les excuses n’étaient pas nécessaires. Ce n’était pas sa faute.

    Hera continua :

    – C’est la première fois, je veux dire, que les humains nous remettent en doute. Bien sûr, beaucoup ne croyaient pas en nous, mais tous ne nous avez pas vu. Ils avaient des raisons de douter. Mais tu me dis qu’ils sont au courant de notre existence maintenant… Et ils ne nous vénèrent pas… Ni nous, ni les démons, peu importe où penche leur âme ?

    Ciel secoua la tête :

    – Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain, ré-expliqua-t-elle. On ignore ce qu’il s’est passé. Ça a débuté à Londres… Nous n’en savons pas plus. Mais graduellement, vous avez tous disparu un par un, et la colère des hommes et des femmes en bas fut de plus en plus forte. Ils disaient que nous les avions abandonnés.

    Hera se leva, rouge de rage :

    – Ils ignorent tout le boulot que l’on a abattu pour ces cafards !

    Ciel porta ses paumes à sa bouche :

    – Ne dis pas ça, malheureuse. Tu parles comme un démon.

    Hera ne prêta pas attention à ses dires. Elle l’aurait sûrement mal pris de toute façon, il valait mieux passer outre :

    – Nous ne sommes pas des faiseurs de miracle. Enfin, si, mais tu vois ce que je veux dire. On ne peut pas tout faire. Notre rôle, c’était de nous assurer que leur espèce perdure… La leur et toutes les autres. Nous n’avons pas fait un travail de maître, mais nous avons fait ce que nous avons pu ! Ils ne nous ont pas rendu la tâche facile. Toujours à rejeter la faute sur les autres ! Ils nous traitent comme ils traitent Lucifer. Notre faute, notre faute, jamais à se remettre en question. Ils me mettent en rage.

    Des gouttes glacées perlaient sur ses tempes, elle sentait sa température chuter. Se reprendre, vite, avant qu’elle ne le regrette.

    Une autre grande inspiration. Sous les yeux ronds de Ciel, elle cherchait le calme. Elle devait avoir l’air d’une véritable hystérique. À disparaître pendant des années, on en oubliait les règles de la maison.

    – Désolée, s’excusa-t-elle à nouveau.

    Ciel se mordit l’intérieur de la joue avant d’admettre :

    – Beaucoup disent que c’est pour cette raison que les dieux sont partis…

    Hera frotta son visage pour essayer de réchauffer ses joues :

    – Il n’y a plus un dieu ? Plus un seul ?

    Ciel fit non de la tête :

    – Toutes les religions sont livrées à elle-même. Ils ne restent que nous, créatures de l’ombre et de la lumière, esprits et autres porteurs de foi… Et c’est sur nous que leur rage s'abat.

    – Plus personne ne croit en nous ? demanda tristement Hera.

    Ciel rongea l’ongle de son pouce. Un geste très humain, mais avec tout ce temps vécu seule, pas étonnant que le stress ne l’ait rattrapé :

    – Au début, beaucoup de personnes nous ont défendu. Ils ont même défendu les démons, en disant que les humains n’étaient pas des saints, et que notre existence aidait à l’équilibre du monde.

    – Malins, et avisés.

    – Oui. Mais très vite, les âmes les plus sombres ont pris le dessus. On parle de quinze ans de peur et de violence. Maintenant, plus personne ne fait confiance à personne. Certains ont changé de camp, d’autres restent cachés. Des croyants ont été exécutés car ils avaient été pris la main dans le sac.

    – À faire quoi ?

    – Prier.

    Hera peinait à garder son calme. Trop, c’était trop. L’envie de descendre et d’abattre son courroux sur ceux qui avaient osé en blesser d’autres était puissante. Mais si elle s’écoutait, elle ne vaudrait pas mieux qu’un démon. Et elle avait encore des principes.

    – Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? sanglota Ciel que la situation rendait très anxieuse. Je pensais qu’une vision t’aiderait à connaître la suite… Ou trouver nos frères et sœurs…

    – Nous allons les retrouver, je te le promets.

    « Et je leur botterai le cul, moi-même ! » pensa-t-elle, avant de se rendre compte qu’elle avait juré. Elle ne jurait jamais.

    Ce qu’il se passa ensuite fut une première. Une voix s’éleva des entrailles de la terre et son écho vint frapper le Paradis. Assez fort pour en faire trembler les murs, mais assez bas pour qu’aucun humain ne puisse l’entendre.

    Les deux anges se levèrent d’un bond. Elles ne comprirent pas de suite ce que la voix essayait de leur dire, et celle-ci s’impatientait. Elles traversèrent vestiges et vestiges de pièces en tout genre, réminiscences de souvenirs.

    Les murs tremblèrent un peu plus, mais l’ambiance n’était plus à la peur. Ciel et Hera savaient que cette voix contenait des réponses. Elles devaient juste la suivre, jusqu’à la boule de lumière en plein milieu de la cantine.

    Hera avait toujours dit : si les humains venaient un jour à visiter le Paradis avant leur mort, ils se demanderaient pourquoi ils voudraient tant s’y rendre. Car la vérité était que la moitié des grandes découvertes avait été soufflée aux humains par des muses… qui étaient obsédées par les anges, et leur architecture. Il y avait peu de différence entre une maison et le Paradis. Sauf qu’ici, tout était beau, lumineux, et on n’avait ni électricité, ni wifi. Beaucoup d’âmes s’en plaignaient en arrivant dans l’au-delà. Mais cela ne durait jamais longtemps. Une fois derrière les portes d’or, la vie était plus parfaite que la perfection elle-même. Hera se demandait ce qu’il pouvait bien y avoir derrière cette porte, pour qu’aucun ne souhaite jamais faire demi-tour.

    Au centre de la boule de lumière, qui ramenait enfin de la chaleur en ce triste endroit, un visage se dessinait.

    –  Gabrielle ? chuchota Hera, incertaine des traits qu’elle voyait vraiment.

    Ciel ne fut pas si sceptique :

    – GABRIELLE ! Cela fait si longtemps. Est-ce que vous allez bien ?

    Elle s’agenouilla devant la lueur :

    – Comment pouvons-nous vous aider ? Êtes-vous en danger ?

    Hera s’approcha d’un pas. Puis d’un deuxième. S’assurant qu’il n’y avait aucun danger. Elle passa ses doigts dans la nitescence, pensant s’y brûler. Elle ne ressentit rien. Ciel lui attrapa immédiatement le poignet, la sermonnant de « pénétrer » un être supérieur. Une drôle de pensée traversa le crâne d’Hera, une pensée qu’elle n’aurait jamais songé avoir. Peut-être que tout n’avait pas avoir avec la perte de ses pouvoirs. Ses échanges avec Golly et la distance qui la sépara pendant des années de ses compères avaient littéralement changé sa façon de penser, de voir ce monde. Elle n’aimait pas ça.

    Hera n’écouta pas Ciel, et glissa à nouveau ses doigts dans la lumière. Le visage ne cessait de parler, une langue qu’elle avait entendu que peu de fois dans leur vie.

    – Ciel. Elle ne t’entend pas. C’est un message. Elle utilise une âme pour nous envoyer un message.

    – Oh.

    La déception s’entendait dans la voix de Ciel. Elle qui était si fidèle à ses supérieurs, ange de l’année, elle aurait aimé que l’un d’entre eux ne viennent lui parler en personne.

    – Que dit-elle ?

    Hera haussa les épaules :

    – C’est toi l’interprète ici. Connaître toutes les langues passées, présentes et futures n’est-il pas ton don ? Approche-toi. Colle bien ton oreille. Dis-moi ce que tu entends.

    Ciel avança à quatre pattes vers la lueur. Elle n’osa pas approcher son visage de prime abord. Puis, comme sa sœur, elle réalisa qu’elle ne pouvait pas se brûler.

    – C’est si faible, dit-elle. Si lointain.

    – Tu entends ?

    – Chut. Je ne comprends pas tout.

    Hera lui laissa alors tout le temps et l’espace dont elle avait besoin. Ciel marmonnait des trucs, des sons, des syllabes, fronçait le nez alors qu’elle réfléchissait, toute langue dehors comme une enfant qui se concentre sur un problème de mathématique.

    – Le début du monde, dit-elle enfin plus clairement. Elle dit qu’il faut se rendre au début du monde.

    Hera pouffa : 

    – Ah. Elle est marrante, et c’est où, ça ?

    – L’Antarctique.

    Hera resta un instant bouche bée, avant de bégayer :

    – C… Comment tu sais ça ? Personne ne connait l’emplacement du début du monde !

    Presque personne. Golly le savait.

    Ciel pointa du doigt la lueur :

    – Je l’ignorais. Elle vient de le dire.

    Et ce fut alors que toutes les deux comprirent que quelque chose de grave se tramait. Bien plus grave qu’elles n’auraient osé l’imaginer. Car jamais aucun archange n’aurait aussi facilement donné l’emplacement du lieu le plus secret du monde sans que ce soit une question de vie et de mort… Pour l’univers entier.

 

***

 

    – Tu comprends ce que ça veut dire ?

    Humphrey macha nerveusement sa langue, se retenant de dire la moindre méchanceté :

    – Vas-y, Go. Je t’en prie. Éclaire ma lanterne.

    Golly laissa se dessiner sur ses lèvres un sourire bien plus grand qu’elle ne l’aurait souhaité :

    – On est libre. Plus de frères, plus de sœurs, plus personne pour nous dire quoi faire.

    Humphrey la dévisagea un instant, peu certain de reconnaitre la Golly qu’il aimait tant.

    – Tu te fous de ma gueule, c’est ça ? Par pitié, dis-moi que tu te fous de ma gueule…

    Golly perdit son soudain enthousiasme et crut voir Humphrey exploser :

    – Tu n’es vraiment pas possible. Tu te rends compte de ce que tu es en train de dire ? Meuf, t’es pas la seule à exister en ce monde, tu le sais ça, au moins ? Il n’y a pas que toi que ça affecte, ce changement soudain de situation ! Tu ne te demandes pas où sont passés tous les autres ? Tu ne veux pas savoir ce que fabrique Lucifer ?

    Golly passa nerveusement sa main sur sa nuque, signe qu’elle allait dire quelque chose qu’elle serait vite sur le point de regretter. Son corps réagissait toujours ainsi pour lui faire comprendre de garder ses lèvres scellées, mais jamais elle n’écoutait son instinct :

    – Quand elle m’a banni, tu n’avais pas l’air de mettre tant d’énergie à me retrouver…

    Sur le banc reposait des gouttelettes d’eau que la pluie apportait gracieusement. Un cadeau du ciel et de la nature pour rappeler que malgré les désastres la vie continuait à avancer. Les planètes tournaient, le soleil rayonnerait à nouveau et les nuages remplissaient leur devoir. Mais ces gouttelettes ne furent pas écoutées. Au lieu de ça, elles s’évaporaient à vue d’œil.

    Humphrey bouillonnait. Littéralement. Si bien qu’au-dessus de lui apparaissait un parapluie invisible. La pluie ne parvenait même pas à sa peau, séchait immédiatement.

    – Je t’interdis de dire que cela ne m’a pas affecté ! J’ai fait de mon mieux pour te protéger ! J’ai défendu ta cause sans même savoir quelle était ta faute et j’ai failli me faire bannir aussi ! QUAND TU AS QUITTÉ L’ENFER, TU M’AS PRESQUE SUPPLIÉ DE TE LAISSER PARTIR !

    Humphrey se moquait soudainement des murs et de leurs oreilles. Honteuse et fuyant à tout prix son regard enflammé, Golly regarda autour d’elle pour s’assurer qu’aucun passant n’ait entendu les mots proférés. Elle espérait aussi que son comportement effrayerait son grand frère et le ferait taire, lui rappellerait que peut-être, il valait mieux garder sa voix au volume le plus faible.

    – Ok, ok, pardon… Je m’excuse, voilà. T’es content ?

    Humphrey pouvait entendre l’insolence dans sa voix. Golly n’en croyait pas un mot. Mais après tout, ils étaient des démons. S’excuser ? Ce n’était pas vraiment dans leurs talents.

    Il soupira :

    – Tout ça pour dire que ce n’est pas parce que tu es en froid avec tout le monde que c’est mon cas… Moi… Je n’arrive pas à croire que je vais dire ça… mais tout le monde me manque en bas… Toi et les autres. Ce n’est plus pareil quand l’Enfer est vide…

    Golly entendit sa voix railler. Elle ne se sentit pas moins coupable et n’en fut pas moins égoïste. Elle se moquait complètement que les frères et sœurs manquent à Humphrey. Il était le seul à lui adresser la parole, depuis tout petit. Elle n’allait pas plaindre des connards qui ne connaissaient même pas son nom.

    Elle allait répondre. Elle allait le regretter. Elle le savait déjà, sa langue la piquait trop pourtant pour ne pas lui dire ses quatre vérités. Celle qui scierait pour de bon le peu de fraternité qu’il restait entre eux.

    Elle ouvrit la bouche… et la referma. Humphrey avait un drôle d’air. Elle pouvait voir des frissons parcourir sa peau noire.

    – Est-ce que ça va ? T’as vraiment une drôle de tête.

    Elle lui tendit sa glace :

    – Tu as besoin de sucre ?

    Humphrey fixait l’horizon, la voix plus plate que de l’eau plate :

    – Il faut qu’on y retourne.

    Golly fronça les sourcils. Sur son nez dégoulinait la glace. Elle l’essuya alors et s’en lécha les doigts :

    – Où ça ? En Enfer ?

    – Non. Au puits. Quelqu’un essaye de rejoindre le puits.

    Il la regarda enfin et poussa un soupir plus long qu’un zéphir en voyant sa dégaine. Son air blasé en disait long sur ce qu’il pensait d’elle à ce moment précis :

    – Enfin, si t’as fini de bouffer, bien sûr.

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