Après cette altercation, d’autres souvenirs me revinrent. Pas à cause de situations similaires à celles du passé. Mais parce qu’Oswald avait remué des choses. Il avait déterré ce qui n’existait plus. Des informations. Des actions. Et chacune d’entre elles étaient mêlées à d’autres. Plus lointaines encore.
Cela devait être la même chose pour lui. Il allait moins bien. Il n’y avait plus de sourire collé à son visage. Il était cerné. Fatigué. Il arrivait en retard en cours. Toujours sans un bonjour. Toujours sans un pardon. Mais ils se faisaient de plus en plus récurant. De plus en plus inquiétant. Si les professeurs relevaient, ils ne disaient rien. De même pour son ami. Il laissait faire.
Ainsi, même si ma morale n’avait servie à rien. Il se calmait. Parce qu’il fallait rester en tête. Parce que ses quelques heures de sommeils ne devaient être gaspillées. Il était toujours aussi bon. Et me lançait toujours les mêmes regards en fin d’examens. Moi, j’essayais d’ignorer. De rester le plus loin possible. Je ne voulais plus avoir à faire à lui. Pour mon bien. Pour le sien.
Mais malgré tout. Ses actions. Mes actions me revinrent à la figure. C’était un soir. Nous n'avions pas prévu d'y aller. On savait quel genre de fête cela était. On en avait entendu parler. Alcool à volonté. Chambres pour deux ou plus si voulu. Drogues servies sur un plateau d'argent. Personne sur la piste de danse. Juste de quoi se défouler. Se défoncer. Et oublier. Pile ce dont il avait besoin apparemment. Parce qu'il y était. Extrêmement mal en point.
C'est ce que je découvris en arrivant sur place. Son meilleur ami m'avait appelé. Il était tard. Mais au téléphone cela avait l'air urgent. Il disait que j'étais la seule à pouvoir m'en charger. Alors, en arrivant, je l'ai vu sur le trottoir. Plus ridicule que jamais. Ses habits de marques avaient été échangé contre un simple sous vêtements. De l'eau perlait son torse nue. Sûrement lavé par son ami. Ses cheveux lui tombaient sur les yeux. Si bien qu'on ne voyait pas ses pupilles dilatées. Et plus que tout son corps était parcouru de frissons. Il tremblait de haut en bas. Sans aucun bruit. Sans aucun autre mouvement. Juste la lumière des réverbères sur sa peau. Pale.
Lorsque je découvris la scène, son ami se précipita vers moi. Comme s'il ne pouvait rien faire d'autre que m'attendre. Il m’expliqua la situation. Il était mal ; A cause de mauvais souvenirs. A cause de certains évènements. Il a effectivement voulu oublier. S’amuser quelques heures. Mais ça n’a pas aidé. Il s’en ai pris plein la gueule. Bien plus que sans les stupéfiants. Il l’a appelé mais lui voyait qu’il ne pourrait rien faire. Alors il a pensé à moi. Sur un coup de tête. Se rappelant que nous avions été proche. Et qu’il y a peu, il lui parlait de moi. Je l’aidais donc à le relever. Lorsqu’il nous regarda, je lus la surprise dans ses yeux mouillés. Puis il fronça les sourcils. Voulu se dégager. Mais tangua et s’accrocha à moi. Après un grognement, il se laissa faire. Son ami me souris.
On avança. Doucement. Vers son apparemment. Ses jambes le tenait à peine. A chaque pas, il menaçait de tomber. Mais il ne le fit pas. Il résista jusqu’à sa chambre. Où il s’écroula sur le lit. On lui apporta de l’eau. Puis son ami s’allongea et s’endormit. Je voulu faire de même mais il m’appela. Sa voix n’était plus teinté de haine. Si ses paroles étaient violentes, ce n’était pas le cas de ses intentions.
« Qu’est ce que tu fous là. »
Il était totalement éveillé malgré ce qu’on aurait pensé. Sur le pas de la porte, j’hésitais à entrer. Il avait l’air de nouveau en pleine possession de ses moyens. Mais je ne voulais pas qu’il rechute. Je ne voulais pas revoir ses tremblements. Ses pleurs. Ses gémissements. Alors je répondis largement. Faisant attention à chaque mot. Pour ne pas froisser. Pour ne pas mettre en colère. Il était encore sous l’emprise des stupéfiants. Et je le savais. Je faisais attention. Et suite à plusieurs réponses vagues, il me jeta dehors. Comprenant qu’il n’obtiendrait plus rien de moi aujourd’hui.
Je restais tout de même éveillée. Ne voulant pas qu’il n’arrive quelque chose alors que tout le monde dort. J’entendais la respirations des deux garçons. Tranquilles. Régulières. Jusqu’au jour. Jusqu’à ce qu’il se réveille. Jusqu’à ce qu’il me découvre sur la chaise de sa petite cuisine. Je sentais son regard incompris me scruter. Il était déboussoler. Il ne se souvenait pas. J’étais déçus et soulagée. Il ne savait plus qu’il avait accepté notre aide. Il ne se doutait pas de mes mensonges de la veille. Plus il se posait des questions, plus il fronçait les sourcils.
« Pars. »
Je sursautais en entendant sa voix. Froide. Il appuya ses paroles d’un geste. Simple. Un simple doigt vers la sortie. Voyant que je ne réagissais pas, il haussa la voix. Devient plus familier. J’inspirais.. Réfléchis à ce qui pourrait l’aider. Puis il me donna la parole. M’imposa la parole. Alors je m’exécutais. M’excusais. M’expliquais. Et espérais qu’il comprenne.
Il continua à me regarder de travers quelques secondes. Mais au fur et à mesure du récit d’hier, il se détendait. Avant de se décomposer. Je savais qu’il n’allait pas bien. Je savais qu’il buvait. Qu’il se droguait. Je l’avais vu au plus bas. Et il en prenait conscience.
A la fin de mon monologue, il jura. Contre lui même. Sa tête dans ses mains. Il fit le tour de la pièce. Soupira. Releva doucement les yeux.
« Ça n’explique pas pourquoi tu es encore là. »
Grave. Sérieux. Voulant comprendre.
J’acquiesçais. Effectivement. Pourquoi étais-je toujours là. Je lui répondis les seuls mots qui me venaient.
« Il fallait qu’on parle. »
Il hocha à son tour la tête. A contre cœur. On allait enfin comprendre. Savoir ce qu’il s’est passé. Pourquoi a-t-il changé. Qu’est ce qui l’a poussé à devenir comme ça.