Encore, un soir à faire la même chose. Voler pour aider. Depuis quand même on fait ça ? Quelle absurdité ! Mais je n’ai pas le choix si je veux la sauver. Ma mère est tout ce qu’il me reste dans cette misérable vie et le peu de petits boulots que je cumule ne me permet pas d'avoir assez d’argent pour payer le misérable studio que j’ai pu avoir pour nous mettre à l’abri. Bon sang, si elle me voyait braquer toutes les pharmacies du coin, je n’oserais même pas imaginer l’état dans lequel cela la mettrait. Elle qui a poussé ma candidature à ce magnifique lycée de bougres qui me permettrait un vrai travail payé à quatre zéros par mois… Non, je ne préfère pas qu’elle apprenne comment je me démerde pour de foutus médicaments qui la tiennent en vie de peu.
Pourtant, je n’ai pas le choix. On ne vit pas, on survit. Je repense souvent à tous ceux que j’ai dû laisser là-bas. Ces enfants et ces familles qui sont encore pires que nous… Je leur donnerais le peu que j’ai si je n’en avais pas besoin. Ne nous mentons pas, on pense tous comme ça. Mais bon, ça ne dérange pas les plus riches de possiblement le penser, mais de ne rien faire quand même. Ils pourraient partager quand même. Et dire que je l’ai laissé rentrer chez moi…
Allia Amera. Cette fille à papa qui croit tout savoir sûr tout. Et merde, elle sait tout sur tout cette gosse ! Bon, on a le même âge, mais pas la même éducation… Sans elle, ma mère serait sûrement déjà entre quatre pauvres planches ronger par les termites à l’heure qu’il est. Pour faire simple, elle a réussi à soulager cette pauvre femme qui, de son cancer des os, souffre aux moindres mouvements. Alors, ne me demandez pas comment, mais elle l'a fait. Encore des façons de faire de l’évolution humaine. Et voilà que maintenant Allia hante mes pensées. Manquait plus que ça, je me sens redevable envers cette gamine pourrie gâtée. À tous les coups, elle ne s’en souvient pas. Et cela ne m'étonnerait pas. On n'est rien pour ses gens là.
- Je suis rentré maman…
Elle n’a pas bougé. Je n’en suis même pas étonné. Je vais finir par croire qu’elle est morte à force de dormir comme elle le fait. Enfin, elle se repose, ce n’est pas plus mal. Depuis la mort de Lorie, elle n’a plus aucune motivation. Je la comprends, perdre quelqu'un ne doit clairement pas être facile à vivre. Enfin, peu importe qui, la perte d’un proche, ça fait mal.
Encore une journée de plus…
Je savais qu’on était dans le même établissement Allia et moi. Une chose me perturbe. D’habitude, elle n’est pas seule comme ça. Livia ou Rei sont avec elle. Les deux autres enfants qui ont tout ce qu'ils veulent, car leurs pères dirigent ses entreprises gouvernantes du monde. Ce sont ces deux-là qui prendront la direction des entreprises plus tard. Livia, le Blue Jay, Rei, le Black Hummingbirs. Ma foi, ces deux-là dirigent, les entreprises comme ils dirigent leurs fréquentations, on n'est pas rendu. Cela sera pire…
Alcool, drogues, soirées. C'est leur quotidien. À croire qu'ils n'ont jamais de souci. Je les déteste. Pourtant, je tourne là-dedans moi aussi. La seule différence entre eux et moi, je dirais que c'est la qualité de nos consommations. Plus j'y réfléchis, plus je remarque un truc. Allia depuis quelque temps, ne traîne plus avec Livia et Rei. Je me demande pourquoi. Et le quatrième successeur, alors là, j'avoue que je n'en sais rien. On n’en entend pas parler. Je sais qu'il y en a un ou une, mais en tout cas, pas dans ce lycée. Il n'a pas d'information sur ça...
Allia est là, depuis tout à l'heure assise contre des casiers bleus. Et moi je suis dans le couloir à la regarder. Et merde, pourquoi je fais ça. Il n’y a personne dans ce putain d'endroit ’habitude. En la regardant, je remarque vite qu’elle est perdue dans ses pensées. En y réfléchissant bien, je me souviens avoir appris que son père vient d'avoir un accident de voiture. Il y a trois jours, je croîs. Elle vient de prendre la suite de l’Amera Corporation. En soi, je me dis qu'elle reste humaine au fond, avec des sentiments. Et la perte de quelqu’un ne doit pas être simple… Et cela ce sera parfait pour ce que je dois faire...
- Je ne te pose pas la question conne du « ça va » alors qu’on voit que ça ne va pas. Tu as quoi ?
Pardonne-moi…