CHAPITRE V

Notes de l’auteur : Voila de quoi rassasier un peu ta patience Réglisse !
J'ai l'impression d'être assez longue dans le déroulé mais en même temps j'ai envie de poser de solides bases pour le commencement.
Je vais peut-être accélérer les choses selon vos retours. J'essaye que cela tienne en suspens mais que ça ne soit pas ennuyeux pour autant...
Owh et je ne suis pas familière des termes utilisés en Belgique alors si il y a des choses à corriger, notifiez le moi !
Bonne lecture et à très vite !

Un indice dans l’ombre 

Pendant que le voleur, content de ne pas avoir été pris par un quelconque policier resté en arrière, s’en allait discrètement sur sa moto. Marion fusait à tout allure, si bien que Antoine, même s’il refuserait de l’admettre sous la torture, avait du mal à la garder dans son champs visuel. 

Encore quelques foulées qui la séparaient de ce doute, de cette intuition qu’elle devait absolument vérifier, quelques mètres avant d’atteindre au loin Philippe et Marius qui se faisaient briefer sur les éléments recueillis. Ceux-ci , en attendant les bruits de cavalcades, se retournèrent et furent surpris de voir arriver une furie rousse traînant derrière elle un blond qui peinait à suivre la cadence. 

La situation aurait pu prêter à sourire, mais en réalité, elle était loin d’être comique.

La jeune femme se stoppa, essouflée, sous les yeux écarquillés des femmes et des hommes présents. Le souffle court, les joues rouges, elle regarda Philippe qui avait déjà toute son attention sur la rousse. Les prunelles noisettes dans ceux noirs d’encre se fixèrent longuement. Les sourcils du médecin légiste se froncèrent. 

L’enseignante s'apprêtait à parler quand Antoine arriva, enfin.

- Je suis désolé ! souffla-t-il, essayant de reprendre contenance sous les regards goguenards de son coéquipier, Marius, qui ne se priverait pas de le charrier plus tard sur son endurance. Nous étions en train de regarder la vidéo que votre femme a prise ici quand elle a détalé tel un lièvre devant les phares d’une voiture ! dit-il en lançant un regard au légiste. Tout ça pour un sac ! Bon sang, Marion, vous n’auriez pas pu me prévenir ? J’aurais pu appeler les collègues pour qu’ils vérifient.

Marion se sentit vexée. Ce n’était pas simplement un sac ; c’était une preuve, ou peut-être appartenait-il à l’adolescent.

- Il fallait que je m’en assure moi-même ! Ce qui dépassait de ce sac, c’était un manuel d’histoire !

- Tu en es sûre au moins que c’est ce type de manuel ? Antoine ne fit pas attention au fait qu’il tutoyait maintenant la jeune femme. Bien qu’il se voyait parfois en dehors de toutes enquêtes, il ne s’était jamais permis de passer au tutoiement. 

- J’enseigne cette matière à l’école secondaire depuis plus de cinq ans, je pourrais reconnaître cette édition n'importe où ! s’exclama-t-elle, l’urgence gagnant sa voix. Il fallait qu’elle en ait le cœur net.

La jeune femme avait peur de découvrir que, sous ce bonnet et cette écharpe qui cachaient en partie le visage de la victime, elle y verrait les traits familiers de l’un de ses élèves, l’un des jeunes qui fréquentait la seule école encore debout après  l’ouverture de l’usine nucléaire, puis plus tard encore, l’expension du port d’Anvers, St Cornelis Gesticht.  

Sa déclaration laissa place à un silence palpable, tous se dévisageaient. Philippe vit toute la panique et l'inquiétude dans les prunelles de Marion, maintenant qu'elle reliait ce foutu manuel à ses cours. Décidément, le médecin se dit que Marion avait la fichue manie d’être trop attentive et perspicace à son goût, il ne pourrait plus lui cacher ses propres soupçons… 

Il se pinça l’arête de son nez aquilin où une cicatrice lui barrait la moitié de celui-ci et continuait sur sa joue gauche jusqu’à sa mâchoire, héritage de sa jeunesse à se fourrer dans les ennuis pour passer le temps. Heureusement, maintenant il était devenu un homme calme, pragmatique et protecteur. 

Il posa délicatement sa main sous le menton de sa femme, dans le souci de la calmer, puis lui releva la tête qu’elle avait baissé pour prêter attention à toutes les hypothèses que son esprit commençait à mettre sur pied. 

- On va vérifier. Sa voix s'éleva, calme et posée, apportant une sérénité bienvenue dans l’atmosphère tendue, alors qu’il cherchait à instaurer une ambiance de travail propice à la concentration. Il continua ensuite.

- Si tu dis vrai, alors peut-être qu’on aura l’identité de la victime, mais en attendant, je voudrais que tu restes calme, grâce à toi, on va avoir un élément de plus à traiter. Mais tu aurais dû en informer Antoine en amont. Il y avait un journaliste pas loin de vous, si vous vous êtes précipités ici, alors il cherchera sûrement à lier la découverte à votre réaction.

Il lança un bref regard au blond, notant son expression figée et sa lèvre entre ses dents. Philippe jura mentalement.  

- J’espère que vous avez fait attention de ne pas être suivi. Murmura-t-il, tout juste assez fort pour que seuls eux quatre puissent l’entendre. Marion  était pressée dans ses bras, une manière pour eux deux de se soutenir sans qu’aucun mot ne soit dit. 

Antoine déglutit, dans la précipitation, il avait oublié d’emporter avec lui la tablette où le fichier était encore lu, il n’avait pas non plus verrouillé la voiture. Des erreurs qui pourraient coûter à l’enquête. 

Les yeux du blond trouvèrent ceux de Marius, dans son regard chocolat, il vit que son partenaire avait compris. Ils étaient bons pour une remise à niveau par l’inspecteur principal, ils ne pouvaient pas laisser une quelconque coquille qui pourrait ravir la presse. C’était impensable. 

Marius se détourna de cette manière, il pouvait voir l’ensemble de la scène. Il chercha des yeux un sac qui pourrait se détacher de tout cela. Il passa son regard sur des équipes habillés en blanc, derrière la délimitation  de la scène afin qu’aucune personne non conventionné ne passe cette zone et ne la contamine. Puis il promena ses yeux dans le bassin où des tas de combinaisons blanches tentaient de relevé des indices, en photographiant ou en prélevant. 

Pour l’instant, aucun sac en vue. Il continua donc sur l’échelle, la porte menant aux vestiaires et enfin sur le plongeoir. De là, où il était, l’inspecteur ne pouvait voir qu’un éclat brillant entouré d’un flou marron. Il fronça de suite les sourcils et indiqua à l’aide de quelques gestes à un technicien de la cellule technique d’investigation de remonter vers la base du plongeoir. 

Celui-ci s’y dirigea, assez perplexe, puis examina les lieux, il vit un méli-mélo de déchets sans vraiment d’importance. Toutefois, cachait derrière quelques caissettes en cartons, un sac à dos marron, légèrement ouvert s’y trouvait. C’était comme-si on avait tâché de le rendre quasiment invisible, qu’il ne soit pas repérable. Mais la lumière filtrant par les hautes fenêtres de la piscine illuminèrent tout pile un morceau du manuel enveloppé par du film le protégeant. 

Le technicien dégagea les cartons, prit le sac à dos dans ses mains enveloppées par des gants, le montra à l’enquêteur et aux personnes qui l’entourèrent. 

En le voyant, le regard de Marion se mit à briller, elle avait raison. Quant à Philippe, il ne savait quoi en penser. Dans son malhreur, il espérait sincèrement que la victime n’était pas connu de sa femme. Ça allait la briser. Il savait combien elle aimait ses élèves, les aider au mieux et faisait tout ce qu’elle avait à sa disposition pour les rendre confortable en sa présence. Ce n’était pas vraiment pédagogique ce qu’elle initiait, cependant,  elle voulait être une personne de confiance pour eux, qu’ils n’hésiteraient pas à se confier de tout.  

La combinaison blanche s’approcha d’eux, et tendit à Marius, qui avait enfilé des protections, le sac-à-dos. 

Un porte clé pendait de la fermeture éclaire de la petite pochette de devant. C’était un cercle où il était noté : “ The day the sun no longer rose“, qu’on pourrait traduire par  “ Le jour où le soleil ne s’est plus levé “ ,  accompagné d’un petit arc-en-ciel. La médaille disait vaguement quelque chose à Marion, le doute lui passa bien vite cela dit, quand Marius tira un manuel, effectivement d'histoire de la grande pochette. 

Il n’aurait pas à attendre d’être dans son canapé à radoter sa journée pour retrouver le nom de la victime finalement ! 

Il ouvrit le manuel, regarda la première page et son visage se décomposa de déception. Aucune mention, aucun prénom ou nom de famille. Rien ! 

- Bordel ! S’exclama Marius, de frustration. Il n’y a rien, aucune information ! 

L’expression de la rousse se fit perdue. Normalement, chaque élève était tenu d’identifier clairement leurs affaires.

- C’est bizarre, marmonna Marion. 

Tous acquiescèrent. Les enquêteurs décidèrent de regarder plus en avant ce qu’il y avait dans les pochettes, afin d’être sûrs que rien ne pourrait encore leur échapper.

Dans la petite, rien de bien intéressant, des collations, quelques papiers, leçons arrachés, une lame de rasoir. A ce dernier élément, les souffles se coupèrent. 

Cela voulait dire qu’une chose. Philippe porta son attention sur Marion, blanche comme un linge, en train de frotter désespérément ses poignets, un tic qu’elle avait pourtant perdu. Son conjoint lui prit ses mains, conscient de ses tourments, le passé de Marion la menaçait à chaque fois qu’un de ces éléments réapparaissait dans sa vie. 

Antoine serra les dents, et Marius lança un regard compatissant au couple. 

- Tout va bien ? Chuchota Philippe à l’oreille de la rousse. Celle-ci hocha doucement la tête. 

Alors sous l’approbation de la jeune femme, spécifiant qu’elle allait bien, ils continuèrent leur fouille.

Dans la plus grande des pochettes, ils trouvèrent différents carnets noirs. Le châtain ouvrit l’un d’eux. Remplis d’une écriture fine, aux courbes élégantes, il passa naivement qu’une telle écriture appartenait à une femme, seulement, en lisant quelques phrases, il se rendit compte de part les adjectifs et la terminaison de certains participes passés, qu’il s’agissait d’un homme. 

Afin d’être sûr de ses suppositions, il ouvrit les six autres carnets. 

- Ce sont des journaux intimes, dit-il en regardant un à un Antoine, Philippe et Marion. 

Il referma solennellement les carnets, non désireux de s’aventurer immédiatement dans la tête de la potentielle victime. 

Il replongea la main, cette fois tout au fond du sac, cette fois, oui ! 

Ses yeux s’agrandirent. Il tenait quelque chose, certainement en cuir, qu’il pourrait reconnaître les yeux fermés. 

Un portefeuille ! 

En le sortant, tous prirent une inspiration. L’identité du jeune homme était forcément là dedans, que ce soit sa carte d’identité, de transport ou de cantine, toutes ses informations étaient contenues dans ce petit pochon de cuir. 

Marius ouvrit le portefeuille et tomba directement sur le visage sérieux d’un jeune homme aux yeux en amandes, les cheveux légèrement bouclés qui voulaient défier la gravité en partant dans de nombreux épis qui lui donnaient un air d’ange.

Mais son air était plus platonique, voire triste. L’enquêteur se sentit directement touché par ce qui se dégageait du jeune homme. 

Il fit glisser ses yeux sur son âge, dix-sept ans, il se pinça la lèvre. 

“ Je ne le sens pas, vraiment pas pour le coup “ pensa t-il. Il secoua ses mèches brunes où se mêlaient des éclats de lumière plus clairs. 

Son regard remonta alors un peu plus. Là il avait tout, son nom et son prénom inscrits en gras et ceux-ci ne tarderont pas à s’implanter dans son esprit lors de toute l’affaire. 

- Alors ? S’impatienta Philippe, nerveux. 

La réponse de Marius pouvait achever sa conjointe qu’il sentait légèrement trembler à ses côtés. Cela ne se faisait pas mais il souhaitait que jeune, serait un parfait inconnu pour sa femme. 

Les enquêteurs se consultèrent du regard puis hochèrent la tête. De toutes manières, ils étaient déjà tous plus ou moins impliqués. 

Marius les fixa, regarda une dernière fois la carte d’identité qu’il détenait. 

- Son prénom est Roméo. Il fit une pause, assez dramatique, pour détendre un peu l’ambiance,  mais qui n’était pas au goût de tout le monde. 

Marion fronça les sourcils, elle n’avait jamais eu de Roméo dans sa classe mais peut-être que lors de projet commun avec des collègues ou dans les options, elle l’avait déjà vu. 

- Il se nomme Roméo Delcroix et il a dix-sept ans. Lâcha sans prévenir Marius.

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DSWritter
Posté le 21/03/2025
Tu as su créer une atmosphère tendue et palpitante dès les premières lignes, avec une belle dynamique entre les personnages. J’ai particulièrement apprécié la manière dont tu dévoiles les émotions de Marion, entre son professionnalisme et l’inquiétude qui grandit en elle. C’est subtil, mais très humain, et ça donne énormément de profondeur à son personnage.
Pour ma part je ne trouve pas cela trop long, justement il faut poser les choses.
Continue à écrire dans cette direction, c’est vraiment prenant ! Je m'arrête pour aujourd'hui mais je continuerai la semaine prochaine sans faute !
M.P Lenoir
Posté le 21/03/2025
Tu t'es arrêtée pile là où l'affaire commence à se dévoiler, je n'en dis pas plus mais je pense que tu vas aimer le prochain chapitre ! Il va y avoir surement un nouveau chapitre voir deux si j'ai le courage de mettre en scène mes plans.

Merci de me donner ton avis, j'avais un peu peur de rester dans les longueurs puisque je m'étais fixé une quarantaine de chapitres pour mon histoire mais finalement je pense que je vais m'enlever cette limite et laisser court à l'histoire.

Marion est un peu le pilier de ce récit, j'espère la faire mûrir de la jolie des manière jusqu'à la fin, je sais déjà comment ce livre se termine et quelles sera toutes positions la positions de chacun.

J'espère que lire du " dark " ne te rebuteras pas, la suite s'annonce tel quel. Surtout que je suis entrain de me plonger dans les quelques parties que j'aimerais intégrer des journaux de Roméo.

A mon tour de rejoindre ton univers ! Sans faute tu me retrouveras dans tes commentaires. :)
M.P Lenoir
Posté le 21/03/2025
Mmh j'aurais du me relire avant de poster ma réponse ! Il manque des mots et il y a des fautes :(
* De la plus jolie des manières.
* quelles seront les positions.
DSWritter
Posté le 21/03/2025
Oui je m'arrête juste avant que l'enquête débute pour avoir plusieurs chapitres à lire d'un seul coup ^^
Je pense que dans l'écriture, bien plus qu'ailleurs, il ne faut pas se donner de limite. Alors vas-y, lâche-toi !

Le dark ne me dérange pas, bien au contraire, c'est d'ailleurs une des choses qui m'a donné envie de lire ton histoire (je suis un peu maso parfois !).
M.P Lenoir
Posté le 21/03/2025
Nous sommes deux maso alors. Je compte mettre des poèmes assez perso dans ce livre et disons que ce sont des thèmes assez sombres. Ma foi, j'ai prévenu dès le début qu'il y aurait beaucoup de trigger warning mais on ne sait jamais.

Tu as bien raison , c'est ce que je fais aussi à chaque fois, histoire d'avoir de la lecture mais pour ton œuvre, je n'avais pas envie d'attendre, j'étais trop immergée dedans, c'est une bonne chose.

C'est vrai, tu as tout à fait raison, mais je suis un peu maniaque du contrôle alors me donner une limite c'était aussi me pousser à écrire le quota, sauf que je me rend compte, à l'allure où je développe et prévois les évènements, ça ne marchera pas comme ça. Surtout si je compte essayer d'éditer ce livre.
Reglisse000
Posté le 15/03/2025
Je ne sais pas pourquoi, mais cette phrase ( ou peut-être est-ce le « sans prévenir » ), mais j'ai l'impression que cette révélation va réveiller quelque chose dans la mémoire de quelqu'un...
Toutefois, le contraire ne serait pas dérangeant !
Sinon, contrairement à ce que tu pourrais penser, mais le fait que ce soit « si long » pour débuter cette histoire, n'est, du moins pour moi, aucunement dérangeant !
M.P Lenoir
Posté le 16/03/2025
Ah ça seul l'avenir nous le dira, si je spoile ma propre histoire ça perdrais tout intérêt :')
J'essaye de na pas être trop longue pour l'écriture des prochains chapitres, je pense un peu à ta patience. Merci beaucoup pour tes retours, ça me motive vraiment !

je sais qu'il y en a qui aime quand ça commence direct, moi la première quand je lis du thriller mais là j'ai comme une envie de faire durer. De quoi, pour moi, voir comment je peux commencer à distiller mes indices.

A très vite :)
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