Un claquement de doigts, juillet passe. Camilla est de nouveau dans l’avion, direction Madagascar. Cette fois, quinze jours à Nosy Komba s’offrent à elle. Cet endroit est fantastique ! De loin, une de mes plus belles destinations, lui avait confié Hector, chef de projet digital chez PUIG et explorateur du monde, lors de la soirée de lancement du nouveau parfum d’Adolfo Dominguez. Nosy Komba, c’est "l'île aux lémuriens", un petit bout de terre volcanique situé au nord-ouest de Madagascar. Ce joyau de l’océan Indien possède une biodiversité unique. Il est aussi connu des fins gourmets pour sa vanille Bourbon, une véritable pépite gastronomique, réputée pour son arôme riche et ses saveurs intenses. Nichée dans son bungalow au toit de chaume au cœur de la forêt tropicale, le programme de Camilla la galvanise. Excursions en pirogue, sorties en mer avec des pêcheurs, randonnées en montagne, plongées… et, surtout, moments d’échanges avec les autochtones. Camilla y fait d’incroyables rencontres ; de celles qui apprennent et élèvent. Mady, vingt-cinq ans, américaine, en quête spirituelle ; Yara, quarante-deux ans, portugaise, à la cinquième étape de son tour du monde ; Sacha et Yvan, trente-cinq et trente-neuf ans, russes, venus observer les lémuriens dans leur espace naturel ; Claudine, cinquante-huit ans, océanographe française en mission pendant quatre mois ; Ikoto, Faneva, Lalaina, Jao, Fety … les enfants de l’île à l’énergie incroyable. Croiser la route de ces chemins de vies singuliers la conforte avec ses envies, avec ce qu’elle devient. De ce voyage, elle revient sereine, épanouie, confiante, apaisée comme jamais elle ne l’a été. Cette sensation, nouvelle, elle va la cultiver.
A Paris, le besoin de courir, de ressentir avec passion, d’en faire trop, s’estompe. Une forme de stabilité s’installe. Dis donc, tu sors moins en ce moment, tout va bien ? lui avance Pierre, un copain photographe, au détour du boulevard Montparnasse. Oui, elle a moins envie. Davantage soucieuse de prendre soin d’elle, Camilla préfère les longues balades le soir plutôt que d’enchaîner les Gin tonic dans les bars. Et puis, là, c’est le mois de juillet et elle aime sa ville à cette époque de l’année. Les parisiens commencent à laisser la place aux touristes ; les langues anglaise, chinoise, espagnole, russe… prennent le pas sur le français. La ville polyglotte s’anime d’accents bigarrés ; une évasion facile, à portée de main, au détour d’une rue, dans une boutique, chez le boulanger, le matin, tôt. Zénith en août. Sa parenthèse favorite. Un calme sans pareil englobe la ville. C’est le mois des pique-niques aux Buttes-Chaumont, des balades en Riva sur la Seine, des escapades extramuros dans les Hauts-de-Seine, les Yvelines et le Val d’Oise. Mais, cette année, elle ne sera pas là pour en profiter.
Après un allongé avalé au Café Montorgueil, avec Marion, elle file vers le 10 rue des Francs Bourgeois, au-dessus de la boutique Guerlain, chez Vivian. Je dois te parler de quelque chose ! Au téléphone, l’affaire semblait importante. Camilla monte les escaliers deux par deux. Elle délaisse l’ascenseur trop lent et agaçant. Allez, un peu de sport ! Essoufflée, elle est pressée de savoir ce que son amie a à lui dire. La porte est ouverte. Camilla entre, elle est chez elle.
Vivian : Hello ma Cam’. Tu veux un café ?
Camilla : Hello Viv’. Oui oui merci.
Vivian porte à ses lèvres le mug Pantone 419 (noirs) de chez Copenhagen Design offert par Cyril, son ex compagnon, pour ses quarante-cinq ans.
Vivian : Alors. Voilà. C’est de la dernière minute… T’as réfléchi pour venir bosser avec nous sur un voyage ? On en avait parlé quand tu rentrais du Pérou.
Camilla : Ah, oui… Euh, non, je n’y ai pas réfléchi.
Vivian : On m’a confié une tâche spéciale. Début août, je pars en Égypte faire du repérage pour développer une mission là-bas. Tu viens avec moi ? Toute seule ça va être compliquée. En fait, j’ai besoin de toi. Et puis, si j’en suis là, c’est parce que je t’ai rencontrée donc c’est important pour moi qu’on fasse un projet ensemble.
Camilla : En Égypte ? Super. Je n’y suis jamais allée. Mais où en Égypte ?
Vivian : Abou Simbel. On doit aller évaluer la faisabilité de l’aide à la réhabilitation des terres désertiques. Enfin, plus simplement, voir si on pourrait régénérer les sols, y planter des espèces résistantes à la sécheresse et créer une ferme bio. Donc on ne sera pas trop de deux !
Camilla : Waw. L’idée est chouette.
Vivian : Si t’es ok, on partirait le 4 et on rentrerait le 18. Donc quinze jours. Bien sûr, tout sera booké à l’avance. Et on a deux correspondants sur place. T’as juste à me dire oui et faire ta valise.
Surprise, un instant, Camilla réfléchit.
Camilla : C’est dingue car mon copain Ismaël m’a proposé de le rejoindre à Abou Simbel. Il y est en saison.
Vivian : C’est qui Ismaël ?
Camilla : Tu sais le Dj très sympa. Si, je t’en avais déjà parlé…
Vivian : Je ne m’en souviens plus. Ah si, oui, le gars qui répond t’es tellement belle à toutes tes stories !
Camilla : Te moque pas, je l’aime bien, il est cool et il joue super bien !
Vivian : Je n’en doute pas. Alors c’est tout bon ? Ça va être super !
Camilla accepte. Et août, c’est son mois off. Elle se remettra au travail la dernière semaine, juste avant la reprise de septembre. Cette année, ce sera donc spécial. Les deux mains posées sur le cœur, émue, je suis si heureuse, ça va être génial. Elle ne s’attend à rien ; elle est ouverte à tout.
WhatsApp.
Camilla : Je serai à Abou Simbel pendant quinze jours du 4 au 18. J’accompagne mon amie Vivian qui va développer une mission humanitaire là-bas via son asso. On va bosser ensemble sur le projet.
Ismaël : C’est fou ! Je suis tellement content pout ton projet et pressé de te voir ! C’est vraiment cool ici, c’est spécial mais cool. Tu vas aimer j’en suis sûr !
Quelques messages échangés pendant quinze jours, rien de plus. Aucune drague, aucune gêne, c’est simple et agréable. Mercredi 2. Camilla prépare sa valise. Elle tente de prendre (uniquement) le nécessaire. Lunettes de soleil, deux, les Meller noires et les Armani jaunes - maillots de bain, deux, le une pièce rouge et le deux-pièces drapeau USA - robes longues, deux, la marron fluide et la marine bandeau – jupes longues, deux, la crème et la vert foncé - shorts en jean, trois – bermuda – jogging - baskets, deux, les Adidas et les New Balance - nu-pieds, deux, les noirs à rivets argentés et les Birkenstock rouges - t-shirts, sept - pyjama, deux - gilet - sweat, deux, le Isabelle Marant crème et le Jacquemus bleu ciel - chaussettes, dix - culottes, sept - soutiens-gorges, cinq (dont le dentelle noire et le dentelle rose bonbon) - masque de nuit en soie - serviettes, deux - trousse de toilette (complète) - shampoing, soin – vernis – parfum (Paradoxe, Prada) - sac à main, le Dreyfuss rouge, pochette, la Coach noire - disque dur externe - câbles de recharge - AirPods (une paire d’écouteurs de secours au cas où) - livres, deux, Jacaranda de Gael Faye et La Vie meilleure d’Etienne Kern. Ne pas oublier sa combinaison de plongée Roxy, ses palmes, son tuba et son masque. Quelques petites choses à grignoter : amandes, noisettes, barres protéinées à la pistache et Energy ball à la purée de cacahuète de chez Koro. Tout est ok. Camilla rejoint les deux fermetures de sa valise Rimowa rose grenade pour les fixer sur le verrou à code prévu à cet effet. Elle respire. Après-demain, elle sera dans l’avion. Elle a hâte.
