Chapitre VII : Rouge et sang

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Un bourdonnement résonnait dans ses oreilles comme un écho infini qui se répercutait sur les parois froides de son inconscient. Le monde dans sa splendide grandeur se dressait devant lui et l’écraser, jamais il ne s’était senti si petit et insignifiant. Alors il se mit à questionner ce qu’il était et la place qu’il devra occuper mais un vide déchirant se creusa en lui lorsqu’il s’aperçut qu’il n’avait pas les réponses à ces questions et qu’il ne les aurait probablement jamais. Exister ne lui suffisait plus car le temps finira par effacer toute trace de son existence et l’infini deviendra son tombeau l’enfermant dans l’oubli et l’indifférence.

Lentement, il ouvrit les yeux, laissant la chaleur du feu crépitant envahir son corps et le ramener à la vie. Son réveil fut douloureux et le poids de son cœur, qu’il sentait battre à nouveau, l’étouffer. Ses pensées qui enfermaient son esprit dans un épais brouillard se dissipèrent lorsqu’il entendit une voix lointaine comme si elle lui parvenait de l’autre bout d’un tunnel. Il se redressa dans sa direction, son corps encore engourdi par la douleur.

- Thomas ! tu te réveilles enfin ! Thomas, tu m’entends ?!

- Continue à hurler comme ça et je ne pourrais plus rien entendre pour de bon, Hans.

L’euphorie de leurs retrouvailles les remplit d’espoir, au point d’en oublier où ils se trouvaient. Ils restèrent silencieux savourant le simple fait d’être encore en vie puis la réalité les frappa de nouveau et la pièce dans laquelle ils étaient, apparue clairement devant leurs yeux. Leur regard se dirigèrent en même temps vers la lourde porte d’acier rouillé verrouillée qui se dressait devant eux.

- Tu es resté inconscient un moment, murmura Hans

- Où sommes-nous ?! Pourquoi est-ce qu’on est encore enfermés, la dernière chose dont je me souviens ….

Thomas parcourra ses souvenirs brouillés qui lui revenaient sous forme d’images incomplètes et déstructurées puis ses yeux s’ouvrirent en grand lorsqu’il se souvint

- Le geôlier ! c’était lui ! c’était lui qui nous a déterrés, il nous a sauvés mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi ni comment.

- Il y a des hommes derrière la porte, répondit Hans, je les ai entendus mais ils refusent de me parler. Si le geôlier était dans le coup alors il fait forcément partie des leurs. Il faut que l’on trouve un moyen de sortir d’ici Thomas et le plus vite possible.

La pièce était vide de mobilier, les murs recouverts par la moisissure se rapprochaient au fur et à mesure que l’on s’éloignait de la porte d’entrée. Il n’y avait aucune fenêtre, une lampe austère se balançait au milieu d’un haut plafond qui abritait deux étroits conduits d’aération.

La porte était bien trop épaisse et lourde pour qu’ils puissent l’enfoncer à mains nues. Hans chercha dans les moindres recoins mais ne trouva rien qui puisse les aider. Ils décidèrent de démonter les lits et de se servir de leurs composants pour forcer la porte. Ils fabriquèrent deux barres de fer et armé de l’une d’elles Thomas se lança le premier et sentit l’os de son bras vibrer lorsque la barre de fer qu’il tenait rencontra la paroi de la porte.

Hans, secoua la tête de désapprobation et lui demanda de s’écarter d’un coup sur le coude.

- Regarde et apprends, lui dit-il et il frappa à son tour à s’en faire trembler les dents sans plus de succès.

- C’est vrai, l’échec est avant tout une leçon répondit Thomas qui ne parvenait plus à dissimuler son rire.

- C’est bon t’as fini ? Frappe en même temps que moi on aura surement plus de chance à deux.

- Je ne pense pas que l’on réussira à faire quoi que ce soit avec ça, dit-il en désignant la maigre barre de fer qu’il tenait à la main.

- Fais ce que je te dis !

Ils frappèrent à deux et recommencèrent encore et encore. Le contact du métal sur leurs mains serrées les brulées jusqu’à arracher une partie de leur peau.

La sueur perlait sur leurs bras et leur corps et la pièce se transforma en fournaise mais ils ne s’arrêtèrent pas et frappèrent jusqu’à que la barre d’Hans vola en éclat brisant avec elle tous leurs espoirs d’évasion.

- Merde ! Merde ! Merde !

- Ça ne sert plus à rien, on ne réussira jamais à sortir, du moins pas avec ça.

- Donne-la-moi tienne. Il est hors de question que je meurs ici dans cette putain de cellule alors donne-moi cette foutue barre. Hans tenta de lui saisir l’arme des mains mais Thomas recula et le repoussa.

- Calme-toi ! on n’arrivera à rien si on plus de ça on commence à perdre notre sang-froid. Calme-toi et laisse-moi réfléchir à un moyen de nous sortir d’ici.

- Me calmer ? me calmer ?! tu te fous de moi ! c’est ta faute si on est dans ce merdier alors ne me dis surtout pas de calmer, répondit Hans en lui empoignant le col

- Personne ne t’a demandé de me suivre tu aurais dû faire comme les autres et fuir.

- Va te faire foutre, putain d’égoïste, les mots de Thomas le blessèrent et il leva son poing, prêt à l’abattre sur son visage mais un bruit venant de la porte détourna son attention. Il laissa redescendre son bras et sa colère s’évanouit aussitôt.

La porte s’ouvrit dans un voile de poussière dense dissimulant le visage des deux individus qui se tenaient à l’entrée de la cellule. Thomas et Hans se rapprochèrent l’un de l’autre et firent face aux deux étrangers qui pénétraient, d’un pas lent, dans la pièce.

- C’est pas bientôt fini ce raffut ! on vous entend crier depuis la surface ! ils reconnurent le visage familier du geôlier mais quelque chose en lui avait changé, sa tête se tenait fièrement droite et son regard brûlait d’une déconcertante insolence.

- Le geôlier ! s’écria Thomas en frappant l’épaule d’Hans.

- La ferme, j’suis pas geôlier, il s’approcha d’eux d’un air menaçant et cracha à quelques centimètres du pied d’Hans qui fronça les sourcils.

- Je me fiche de qui tu es et de ce que tu es, lui répondit ce dernier, fais-nous sortir d’ici et tout de suite.

- Sinon quoi ? J’ai même pas le droit à merci pour avoir sauvé ton cul et celui de ton petit copain ? La mâchoire crispée, Hans sentit toute la colère qui l’avait quitté revenir prendre possession de son poing qu’il gardait serré.

- Ça suffit Isa, nous ne sommes pas là pour ça, répondit celui qui l’accompagnait.  Il tendit une main réconciliatrice vers Hans qui l’ignora. On a assez perdu de temps comma ça. Il sortit de sa poche deux paires de menottes, vous pouvez soit nous suivre de votre plein grès soit nous laisser vous trainer, à vous de choisir.

Les deux amis échangèrent un bref regard et n’eurent pas besoin de prononcer un mot pour comprendre qu’il n’avait pas d’autres choix que d’obéir. Ils suivirent sans grande conviction Isa et son acolyte dans un labyrinthe de couloirs qu’ils devinaient souterrains. La roche épaisse et aiguisée comme une lame leur entaillait les bras et les jambes, ils durent, à certains endroits, courber le dos et plier leur torse pour réussir à se faufiler d’une salle à une autre. L’atmosphère étouffante faisait peser sur leurs épaules un air chargé d’humidité qui leur brulait les yeux et les poumons. Le temps semblait s’être arrêté dans cet espace irréel fait de roche et d’obscurité.

Ils empruntèrent une longue allée qui était, contrairement aux autres, entièrement illuminée par des réverbères à la taille impressionnante. Les deux amis furent aveuglés par cette lumière éblouissante qui leur rappela celle des rayons du soleil d’été. L’intensité de la lumière faiblit, au fur et à mesure que leurs pupilles s’adaptaient à la luminosité ambiante et ils découvrirent avec stupéfaction l’endroit dans lequel ils se tenaient. Une rangée de colonnes sculptées dans la férocité de la roche s’élevait majestueusement devant leurs yeux. Jamais ils n’avaient vu pareil spectacle ; une telle harmonie se dégageait de cette immensité qu’elle ne pouvait pas être l’œuvre de simples hommes.

Ces colonnes étaient les gardiennes d’un royaume appartenant à un âge lointain et oublié que la force de la montagne aurait préservé contre les sévices du temps.  

Hans, se surprit à additionner le nombre de colonnes et le nombre de jours qu’il a fallu pour les tailler dans la roche. Il était de ceux qui croyaient en la force de la volonté qu’aucun obstacle ne pouvait ébranler et c’était pour cette raison qu’il avait rejoint Aragon. Voir de simples hommes faits de chair et de sang accomplir une mission qu’il jugeait divine l’emplissait d’une immense fierté et d’une faiblesse qu’il n’aurait su expliquer. Les bâtisseurs de cet empire souterrain lui inspiraient la même ardeur et le même courage que ceux qui bâtirent la cité d’Aragon. Ils étaient entourés de ténèbres vouaient à l’échec éternel mais ils réussirent à faire de leur tombeau un véritable royaume divin.

La hauteur leur donna des vertiges et ils durent s’arrêter pour reprendre leur souffle comme si ces courts instants de contemplation les avaient épuisés. Thomas, rapprocha ses doigts de l’une des colonnes et l’effleura avec une grande délicatesse, soucieux de ne pas souiller de sa mortalité des siècles d’Histoire immortels. Il s’aperçut que les symboles formaient des images qui s’emmêlaient les unes aux autres retraçant l’épopée de personnages fantastiques, de batailles héroïques et de morts tragiques. Une longue chevelure à la couleur d’argent retint son attention. Il posa ses doigts sur le visage du personnage à laquelle elle appartenait et retraça son histoire qui commençait aux pieds de la colonne. L’image représentait un puit en pierre grise sur lequel se tenait un petit garçon avec la même chevelure d’argent.

Thomas sentit un frisson lui parcourir le corps et un éclair le traversa lorsqu’il voulut toucher la gravure du puits et du garçon. Tout son corps se mit à tanguer comme s’il se trouvait sur le pont d’un navire en pleine mer. Le sol de roche dur s’était soudainement transformé en boue et il dut se tenir à la colonne pour ne pas trébucher.

- Avance ! Continue d’avancer ! les cris d’Isa le sortirent de sa stupeur, qu’est-ce qui t’arrive t’es tout pale, t’as vu un fantôme ou quoi ? lui demanda ce dernier en lui empoignant le bras.

- Non c’est juste la vue de ta gueule à la lumière des réverbères qui me fait cet effet, mais t’en fais pas je vais finir par m’y faire. 

- Sale enfoiré, Isa leva son poing prêt à l’abattre avec rage sur le visage de Thomas mais il le redescendit et lui infligea un coup de bâton dans le dos en marmonnant des insultes et des menaces qui firent sourire Thomas.

Leur périple dans l’obscurité de ces tunnels se poursuivit en silence, seul le bruit de leur pas, dont l’écho se répercutait sur les parois, donnait un signe de leur présence. Ils avançaient comme des ombres et l’air, au lieu de se réchauffer à l’approche de la surface, se refroidit au point de former de fines couches de givre sur leurs vêtements.

Chacune de leur expiration était suivie d’un voile blanc de buée qui était aussitôt balayé par un vent glacial venu de la surface. Isa et son acolyte, dont ils ignoraient toujours le nom, s’arrêtèrent et sortirent de leur sac des vêtements épais qu’ils tendirent à Thomas et Hans. Ils les poussèrent en avant les forçant à accélérer le pas et n’hésitant pas à leur infliger des coups de bâton dans les côtes et le dos lorsque la fatigue les obligeait à ralentir.

Leurs ravisseurs recouvrirent leur visage d’un masque rouge alors qu’ils approchèrent d’une salle d’où se dégager une douce chaleur et des murmures accompagnés des crépitements d’un feu. Ils les poussèrent à l’intérieur et les murmures cessèrent aussitôt ; ils se retrouvèrent face à une vingtaine d’inconnus au visage masqué. Ils formaient un cercle autour de l’un des leurs qui portait en plus du masque rouge, deux longues boucles d’oreilles qui pendaient jusqu’à atteindre le haut de ses épaules. Il se frotta les mains de satisfaction puis les tendit en leur direction.

- Bienvenue ! Bienvenue ! j’espère que le voyage n’a pas été trop inconfortable ?

- Et vous êtes ? demanda Hans, le seigneur de ces murs ? une pointe d’ironie dans la voix.

- Un damné parmi tant d’autres. J’ai moi aussi attiré les foudres de l’Ambassade il y a bien longtemps et depuis ils m’ont chassé de leur beau monde, me condamnant aux ténèbres.

- C’est pour ça que vous nous avez sauvé ? Vous espérez nous convaincre de rejoindre vos rangs, demanda Thomas d’un ton amusé

- Oh non, vous vous m’éprenez. Je ne vous ai pas sauvé, du moins pas encore. Savez-vous où nous trouvons nous ? Vous l’ignorez n’est-ce pas ? Nous sommes dans le cœur des montagnes éternelles des contrées sauvages du Nord. La cité de Mitrâtes ne se trouve qu’à quelques kilomètres d’ici. En venant ici, vous avez surement dû les apercevoir, les immenses piliers sculptés dans la roche. Ils sont les vestiges d’une civilisation disparue ou plutôt anéantie par l’Ambassade. Ils se sont battus, jusqu’à que le dernier d’entre eux fut massacré et ont érigé ces colonnes pour que le monde se souvienne de leur combat et pourtant le monde les a oubliés. Des révoltes de la sorte, il y en a eu des centaines voire des milliers. L’Ambassade a gagné toutes ces batailles pourtant elle est en train de perdre la guerre. La révolte des mineurs que vous avez inconsciemment déclenchés n’est que le début de la décadence de l’injustice dorée dans laquelle l’Ambassade nous enferme. Nous sommes nombreux à attendre dans l’ombre, prêts à briser nos chaines et à réduire leurs belles citées en cendres. Il nous en fait naître esclave mais nous mourrons libres, qu’en dites-vous ? Au fond de vous, vous aimeriez voir leurs belles cités brulées c’est pour cela que je vous accorde une chance de le faire. Le rouge de ces masques représente tout le sang qui a coulé dans cette lutte souterraine qui nous oppose à l’Ambassade. Je vous rends votre liberté, vous pouvez choisir d’ignorer tout cela, de vivre comme les agneaux que vous avez toujours été ou bien vous pouvez choisir de quitter le troupeau au risque de vous faire dévorer par le loup mais n’oubliez jamais les agneaux se sont toujours méfiés du loup mais c’est bien le berger qui les a égorgés, il descendit du siège sur lequel il était assis et leur tendit deux masques rouges semblables à ce qu’ils portaient, Eh bien, qu’en dites-vous ?

- J’en dis, répondit Hans, j’en dis que vous êtes tous complètement aliénés, détruire l’Ambassade, et puis quoi encore ? Vous ne voulez pas devenir ambassadeur pendant que vous y êtes ? Allez vient Thomas, on a assez perdu de temps avec ces cinglés. Allons retrouver l’Est et Aragon, il leur tourna le dos et empoigna le bras de Thomas qui resta immobile

- L’Ambassade finira par détruire Aragon comme elle l’a déjà fait.

- Qu’est que vous avez dit ?

- L’Histoire se répète encore et encore, la seule manière de briser ce cercle vicieux est de détruire l’Ambassade ou Aragon finira une nouvelle fois en cendres.

- Vous n’avez aucune preuve de ce que vous avancez ! Aragon ne tombera pas, j’en suis persuadé ! Hans lui faisait de nouveau face et bien qu’il eût foi en Aragon il ne put empêcher sa voix de trembler lorsqu’il prononça ces mots.

- L’Ambassade fera d’Aragon sa main armée comme dans le passé, elle s’en servira pour détruire ses ennemis et puis lorsqu’elle se sera assurée que plus aucune force ne peut la menacer, elle détruira Aragon. La convocation d’Aragon à Alpha n’est que le début.

- C’est impossible Aragon ne peut pas tomber ! Centrale n’acceptera jamais la main que lui tend l’Ambassade, protesta Hans.

- Crois-moi ils l’ont déjà fait, Aragon est condamné mais vous pouvez toujours essayer de les sauver en nous rejoignons et en luttant à nos côtés comme le font des milliers d’hommes et de femmes qui n’aspirent à qu’une seule chose : mourir libre, se défaire de ses chaînes qui les empêchent d’être ce qu’ils sont.

- Combien même ce que vous dites est vrai, demanda Thomas à celui qui lui tendait un masque, l’Ambassade est une création divine de l’Absolu. Comment de simples mortels à la condition aussi fragile que la nôtre peuvent espérer se libérer de la volonté divine ?

- Il faudra soit s’élever à sa condition de divinité, soit la rabaisser à notre condition de mortel, répondit l’autre d’une voix si douce qu’elle ressemblait à un murmure, une fois l’une de ces conditions remplie nous pourrons alors détruire ces idoles et notre liberté n’aura de limite que l’horizon.

Ils atteignirent enfin la surface, les rayons du soleil balayèrent les ténèbres en un instant et la douceur du vent vint s’écraser contre la peau de Thomas. Il sentit son âme s’élever plus haut que les nuages, emportée par la fureur du vent dans une majestueuse danse.

Lorsqu’il revint à lui, il tenait fermement le masque rouge entre ses mains, il n’avait pas encore rendu sa décision mais quelque chose dans le murmure du vent le poussait à aller de l’avant et à découvrir le sombre secret de l’origine de ce monde dans lequel il était née esclave.

Hans, avança vers lui, il s’était débarrassé du masque et Thomas pouvait deviner à la lueur qui animait son regard quelle était sa décision.

- Je pars à l’Est, je dois les prévenir, lui dit Hans.

- Je comprends et j’admire ta détermination même si personne à Centrale ne prendra la peine de t’écouter. Quand tu reverras Dan, ne lui parles pas de moi. Adieu, mon frère.

Il posa sa main sur l’épaule de son ami et le regarda une dernière fois et ce qu’il vit dans ses yeux l’ému.

Ils partirent à l’ouest, suivant le déclin du soleil, poussés par le vent glacial du nord. Hans avait déjà disparu dans le brouillard lorsqu’ils atteignirent une plage de galet abandonnée où une petite embarcation les attendait.

L’air marin s’engouffrait entre les arbres et finissait sa course sur le flanc des montagnes grises et désolées. Thomas laissa l’odeur âcre de la mer pénétrer dans ses poumons et le libérer d’une culpabilité écrasante alors qu’il prenait place à bord du vieux navire. Le moteur se mit à grogner lâchant dans le ciel une épaisse trainée de fumée nauséabonde et les hélices se mirent à tourner avec force. Le bruit était assourdissant mais Thomas put entendre le son d’une voix qui criait son nom au loin.

Il se redressa sur le pont et se pencha vers la plage mais la voix s’était tue. Il resta debout un moment, fixant la lisière de la forêt attendant sans réellement attendre. Le ciel se recouvrit lentement des premières étoiles alors que le soleil déversait ses derniers rayons dans les profondeurs sombres de la mer. Au loin, la plage disparaissait lentement emportant avec elle les vestiges et les rêves d’une vie d’insouciance et d’innocence qu’il avait choisie d’oublier

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