La douce brise de l’automne chargée de l’odeur acre des feuilles dorée en décomposition lui effleura le visage alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans l’imposant express d’acier. Dan, prit place dans une étroite cabine mal éclairée, à sa droite une vieille dame ronde tripotait un vieux sachet et à sa gauche un homme, au crâne dégarnis, lui souriait comme s’ils se connaissaient depuis des années.
- Alors comme ça on quitte l’Est pour le rude hiver du Nord ? demanda l’inconnu à sa gauche
- Ce n’est que temporaire, répondit poliment Dan en espérant pouvoir mettre un terme à cette conversation.
- C’est ce qu’ils disent tous ! s’exclama la vieille dame au sachet, mais aucun ne revient ! notre belle forêt d’Opale se meurt et notre jeunesse n’a que faire de nos cultures et de nos traditions. Ils rêvent de courir le plus loin et le plus vite possible avant même de savoir marcher, elle renifla bruyamment et hocha la tête comme si elle cherchait à gagner leur approbation.
- Il ne faut pas leur en vouloir, répondit le vieux chauve, s’ils partent c’est parce qu’ils ont peur, il rapprocha son visage et l’oreille de Dan et se mit à murmurer, nous ne sommes pas dupes, tout le monde sait que la ligne de flamme n’est plus aussi solide qu’avant. Encore hier, des ombres ont été aperçues au village de Kobe. Les gens ont peur et cherchent à se rapprocher du centre, de la lumière tant qu’ils le peuvent encore, la vieille femme ricana en réajustant son châle sur ses épaules.
- Foutaises, marmonna-t-elle.
- Vous n’avez pas à avoir peur, répondit Dan, même si les flammes faiblissent, Aragon vous protégera alors n’ayez crainte.
La porte de la cabine s’ouvrit en grand et fit trembler de surprise la vieille dame qui laissa échapper son sachet de ses mains ridées. Un soldat en uniforme se tenait sur le pas de la porte, ses yeux examinèrent le visage des deux passagers avant de s’arrêter sur celui de Dan qui le reconnut immédiatement.
- Capitaine Gib ! s’exclama Dan
- Dan ! Tu aurais pu me prévenir que tu voyageais avec nous ça m’aurais évité de fouiller toutes les cabines de ce foutu train.
Gib l’entraina hors de la cabine avant de le saluer chaleureusement. Son étreinte était si forte que Dan du se débattre pour respirer. Il le relâcha enfin et appuya ses deux mains sur ses épaules.
- Tu as bien grandi, mon garçon ! qu’est qu’on peut bien vous donner à manger à l’Est ? Allez viens, on s’installe à l’avant c’est bien plus confortable.
Dan, suivit Gib à travers les wagons de l’express. Il marchait lentement derrière lui et remarqua à quel point son uniforme gris était usé au niveau des coudes et des genoux. Gib était aussi capitaine mais son grade ne valait pas celui des autres car son rôle était jugé moins important . Contrairement aux autres capitaines, Gib n’était à la tête d’aucune faction et assurait simplement la sécurité des transports interterritoriaux avec ses hommes. Centrale ne leur accordait pas la moindre importance et cela se reflétait à leur uniforme délabré et a leur matériel en ruine.
Ils atteignirent le premier wagon et Gib ouvrit une porte en métal coulissante derrière laquelle se trouvait une cabine plus confortable dans laquelle était installés autour d’un pôle des jeunes gens en uniforme. Gib, le poussa presque à l’intérieur et lui présenta ses plus jeunes recrues.
- De la viande fraîche toute droit venue des dortoirs douillés de Centrale, dit-il en désignant ses hommes.
- Je vois ça, répondit Dan en prenant place sur une banquette à l’écart.
Gib lui tendit une tasse remplie d’un liquide chaud qu’il but sans hésiter mais regretta une fois l’entièreté de la tasse avalée.
- Qu’est-ce que c’est ? de l’essence ? demanda-t-il en grimaçant
- Presque, se moqua Gib, ça aide les articulations à ne pas rouiller. Il marqua une légère pause puis reprit, je suis désolé pour tes amis, sa voix était soudainement devenue plus grave, c’étaient de bons gars. Tu parles d’un gâchis.
Dan détourna le regard pour ne pas laisser ses émotions le trahir et un lourd silence s’installa entre eux. Gib se racla la gorge et lui tapota l’épaule.
- Tu ne portes pas ton uniforme ? qu’est-ce qui t’amène au Nord ?
- Je suis en mission, Dan lui désigna les documents qu’il trimballait dans sa chemise. La capitaine Baily m’a chargé de transmettre ses plans des nouveaux prototypes d’armements des vaisseaux de marine aux meilleures aciéries du Nord.
Il n’aimait pas mentir et encore moins à une personne qu’il considérait comme ami. Gib hocha la tête,
- Je vois et bien sûr tu as préféré troquer ton uniforme contre cette tenue civile pour passer inaperçu.
- Nos canaux de communication ne sont pas sécurisés, répondit Dan, on ne pouvait pas prendre le risque de voir ces documents tomber entre de mauvaises mains.
- Quel genre de mauvaises mains ?
- Celles de sourire d’Argent, par exemple.
Gib recula et regarda par-dessus son épaule comme s’il voulait s’assurer que personne ne les écoutait et voyant que ses hommes ne leur prêtaient aucune attention il poursuivit,
- Crois-moi tu ne veux pas avoir affaire à Sourire d’Argent, ni toi ni la personne qui t’envoie, Gib n’avait nul besoin de mentionner son nom, Dan savait parfaitement de qui il s’agissait.
- Je ne cherche pas à avoir affaire à lui et elle non plus, d’où ma présence ici. Gib s’adossa complétement au dos de la banquette comme s’il souhaitait mettre une certaine distance entre lui et Dan qui ne lui laissa pas le temps de s’éloigner davantage.
- Qu’est-ce que vous savez de lui ?
- Pas grand-chose comme nous tous. Gib se tut un instant, ses yeux se perdirent dans le paysage qui défilait à toute vitesse par la fenêtre . Le peu d’informations que l’on a sur lui, on les doit à un vieux prisonnier enfermé dans les profondeurs de la forteresse de Montjuïc . On n’a pas réussi à récolter grand-chose mais au moins on est maintenant sûrs que Sourire d’Argent n’est pas qu’une simple légende inventée par des illuminés pour effrayer les masses.
- Comment ne pas être sûr que le prisonnier n’a pas menti pour sauver sa peau ?
- Parce que le prisonnier n’a rien dit. C’est Sourire d’Argent en personne qui nous l’a livré. Il a explicitement demandé que ce prisonnier n’ait aucun contact avec l’extérieur mais ça tu le savais déjà Dan, n’est-ce pas ? Tu n’es pas monté à bord de ce train au hasard, tu savais où me trouvait.
- Je n’ai jamais voulu vous mentir, capitaine.
- Oh je t’en prie, personne ne m’a jamais appelé capitaine. Baily est intelligente mais pas assez pour connaître ses limites, on dirait bien.
- Vous êtes l’un des seuls à avoir vu Sourire d’Argent. Vous étiez présent ce jour-là.
Gib passa sa main sur son visage et sortit un mouchoir pour essuyer la sueur qui lui recouvrait la nuque.
- Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques, mon garçon. Reste en dehors de ça, ça vaut mieux pour toi.
- Je n’ai pas d’autres choix, capitaine .
Il ricana nerveusement et se redressa d’un bond. Il arpenta la pièce de long en large sous le regard interrogateur de ses hommes qui le voyaient tourner en rond comme un forcené. Il se servit une autre tasse de son étrange boisson et la bu goulument. Il revient enfin s’asseoir en face de Dan et lui fit signe de se rapprocher jusqu’à que leur front se touchent.
- Je n’ai rien sur Sourire d’Argent mais le prisonnier lui, il sait quelque chose et ça j’en suis sur. Il hésita encore un instant puis griffonna maladroitement quelque chose sur un bout de papier qu’il lui remit avant de disparaitre dans les couloirs vides et glaciaux de l’express.
Dan, déplia le bout de papier froissé et l’examina à la faible lumière du jour. Il s’agissait d’une vieille affiche qui avait perdu ses couleurs. On pouvait y voir un sourire figé sur un visage dénué de traits humains et en dessus était marqué en lettre capitale « tends ta main à l’Ambassade et elle te brûlera ». En retournant l’affiche, Dan reconnut l’écriture disgracieuse du capitaine, cinq chiffres y étaient inscrits, le premier pour le numéro d’étage, les deux suivants indiqués le numéro du couloir et les deux derniers celui de la cellule . Il se pressa de cacher son contenu et le fourra dans sa poche avant de retourner prendre place dans la cabine où il avait commencé son voyage qui était désormais vide.
De gares en gares, le géant d’acier se reprocha des paysages glacés du nord, déversant un flux de voyageurs à chacun de ses arrêts. Il ne recroisa pas une seule fois Gib qui semblait avoir été aspiré par les immenses couloirs de l’express. Il quitta son bord sans même saluer le capitaine et rejoignit la gare frontalière des territoires de l’Ouest. De là, il pourrait facilement se rendre jusqu’à la tristement célèbre prison de Monjuic, la plus importante prison d’Aragon qui s’étendait sur des centaines de mètres sous terre . Enterrés dans l’obscurité, les prisonniers perdaient petit à petit leur humanité et se transformaient en bêtes sauvages incapables de supporter la lumière du jour, du moins c’est ce que l’on racontait aux nouvelles recrues pour les effrayer, mais Monjuic n’avait pas besoin de légendes pour être effrayante, sa cour sur laquelle se tenaient les poteaux d’exécution suffisait à donner la nausée à n’importe quel homme. Si ce prisonnier était encore en vie, alors il devait surement être enfermé dans les étages inférieurs de la prison.
Dan, se débarrassa de son long manteau et de ses gants et opta pour une légère chemise qui lui donnait l’air d’un jeune homme, aux lourdes boucles blondes , ordinaire. Il s’enfonça dans la foule de voyageurs pressés les uns contre les autres aux regards éteints et au dos courbé par la fatigue et la misère qui lui rappelaient les mineurs de Kosta .
Il scruta sa montre et sortit un téléphone qu’il gardait dans la poche arrière de son pantalon. Il composa le numéro qu’il avait soigneusement inscrit sous la semelle gauche de sa chaussure et patienta. La capitaine lui avait donné 6 numéros différents correspondant à différentes heures de la journée. Si Dan voulait la contacter, il devait utiliser l’un de ces numéro et s’assurer qu’il respectait l’heure donnée.
- Auberge Lasole, c’est pourquoi ? la voix rauque qui lui répondit semblait exténuée
- Chambre 611,
- Patientez,
Quelques minutes s’écoulèrent et Dan sentit le soleil lui tapait fortement sur la nuque, il fit quelques pas et se rapprocha de l’ombre de deux arbres lorsqu’une voix familière apparut au bout du fil.
- Dan, du nouveau ?
- Mes respects capitaine. Tout s’est déroulé comme prévu et le capitaine Gib m’a communiqué les informations dont j’avais besoin.
- Bien, répondit Bailly, le prisonnier est donc toujours à Monjuic.
- Étage – 8, couloir 76, cellule 89 .
Bailly expira bruyamment et un long silence suivit. Dan, connaissait la capitaine et savait qu’elle était en proie à une profonde réflexion, comme lui, elle devait réfléchir au meilleur moyen d’entrer et de sortir sans attirer l’attention de l’état-major .
- Si mes souvenirs sont bons, finit-elle par dire, des anciens mineurs ont été internés à Montjuïc il n’y a pas si longtemps de ça.
- Oui, quatre d’entre eux, mais en quoi ….
- Ne tente rien et attends mes ordres.
La capitaine raccrocha sans prendre la peine de le saluer mais Dan garda un moment l’appareil contre son oreille. La situation lui échappait de plus en plus et il s’agenouilla sous l’ombre des grands arbres. Les plaines suspendues de l’Ouest s’étendaient au-delà de l’horizon et la beauté de ce paysage hors norme lui coupa le souffle. Les vagues de végétation ondulaient au grès du vent et recouvraient les plaines d’une teinte dorée.
Lorsque les lanternes commençaient à briller, illuminant les rues devenues désertes, il se rendit compte qu’il n’avait pas la moindre idée d’où il pouvait bien être et de comment il allait passer la nuit. Il regarda autour de lui, mais la place austère, en face de la gare, ne lui offrait aucun endroit pour l’accueillir.
- Voyageurs, voyageurs bienvenue dans l’Ouest, la ville de Namida vous souhaite la bienvenue !
Dan, releva la tête en direction de cette étrange voix robotique et découvrit un automate au visage anormalement souriant qui se dirigeait vers lui . Vêtu d’un haut-de-forme grossier et d’un costume de mauvais goût l’automate s’agenouilla à sa hauteur.
- Voyageurs, voyageurs, bienvenue dans l’Ouest, la ville de Namida vous souhaite la bienvenue !
De gros yeux exorbités, scrutèrent Dan avec attention, l’automate ne clignait pas des yeux ce qui le rendait effrayant. Soudainement, il lui prit la main et le remit debout avec une telle force que Dan tomba à la renverse, l’automate le regarda et le tira de nouveau pour le remettre sur pied.
Les automates étaient rares à l’Est jugeaient peu fiables et malfaisants même si les riches marchands faisaient de plus en plus appel à leur service.
- Cher voyageur bienvenue dans notre belle ville de Namida, répéta l’automate
- Humm, merci, répondit Dan.
- Que recherchez-vous cher voyageur ? Je suis programmé pour accompagner les voyageurs tout au long de leur séjour parmi nous. Ne vous en faites, toutes les informations que vous me communiquerez seront automatiquement supprimées pour garantir un le respect de votre vie privée.
- Eh bien, je cherche à entrer dans une prison sous haute surveillance pour rencontre un prisonnier enfermé depuis une vingtaine d’années et tout ça sans que ma hiérarchie ne le sache et pour couronner le tout je ne suis même pas sûr que ce prisonnier soit encore en vie.
Ils se regardèrent en silence pendant de longues secondes, le sourire de l’automate s’étira.
- Je n’ai pas compris votre demande, cher voyageur. Veuillez répéter votre demande.
Dan, expira bruyamment et se passa de l’eau fraîche sur la nuque.
- Peu importe, trouve-moi plutôt un endroit où passer la nuit.
- A la bonne heure cher voyageur , veuillez me suivre.
Ils s’enfoncèrent dans les rues de la ville inanimée. Ils marchèrent côte à côte en silence et passèrent sous un marché couvert, au sol recouvert de dalles de pierre ternies par le temps et l’usure. Comme le reste de la ville, le marché couvert était désert et ses galeries marchandes aux stores abaissées renforçaient l’hostilité que Dan ressentait à son égard. Il, s’arrêta et tapota l’épaule de l’automate qui retourna sa tête vers lui sans faire pivoter son corps.
- Qui a t-il cher voyageur ?
- Où sont passés les habitants ? pourquoi la ville est si.. vide ?
- Eh bien cher voyageur, les habitants sont chez eux et la ville n’est pas vide elle est simplement endormie.
- Endormie ?
- Oui, depuis les dernières perturbations la faction d’Aragon en charge de la sécurité de la ville a décrété un couvre-feu du crépuscule jusqu’à l’aube. Mais ne vous en faites pas, vous pourriez jouir pleinement des trésors de Namida une fois que le soleil aura de nouveau éclairé le ciel de ses premières lueurs.
- Un couvre-feu, marmonna Dan, nous sommes donc entrain de violer le couvre-feu.
- C’est exact cher voyageur et vous encourez actuellement une peine de 1500 crédits d’amende pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement.
- Quoi ?! hurla Dan, et tu comptais me cacher ça encore longtemps ?!
- Eh bien, cher voyageur je suis programmé pour répondre à vos demandes et uniquement à vos demandes. Vous n’aviez pas demandé pour le couvre-feu, je ne pouvais donc pas vous donnez ces informations.
- La ferme ! dépêche-toi de me trouver un endroit où passer la nuit ! et pas une cellule de prison si possible.
- Vos exigences ont bien été enregistrées cher voyageur, veuillez me suivre.
Ils reprirent leur marche silencieuse mais descendirent cette fois, dans des ruelles sales et mal odorantes. Les murs avaient perdu leur couleur et les trottoirs étaient jonchés de débris. Quelques lumières brillaient aux fenêtres mais s’éteignirent sur leur passage. Dan avait un mauvais pressentiment alors que l’automate, confiant et souriant, chantonnait de sa voix désarticulée une cantine populaire à la gloire de l’Ambassade et de ses salamandres . L’automate disparut à l’ongle d’une des rues et Dan pressa le pas pour le rattraper, il le vit s’enfoncer de plus en plus profondément dans les quartiers mal famés de la ville. Il voulut rebrousser chemin mais une patrouille de soldats se dirigea dans sa direction. Il maudit en son fort intérieur la stupidité de cet automate et n’eut d’autre choix que de le suivre. L’automate l’attendait devant une porte en bois pourrie d’une bâtisse qui semblait inhabitée.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Dan.
- Eh bien cher voyageur, vous aviez demandé un endroit où passer la nuit, l’automate pointa, de sa main de fer, la porte de la bâtisse, voici donc un endroit où passer la nuit et il sourit satisfait de sa trouvaille.
- Tu te fous de moi, j’espère ? j’aurais mieux fait de passer la nuit dans l’une des ruelles délabrées ! Dan, vaincu et épuisé, s’accroupit et posa sa tête dans ses mains, mais qu’est qui m’a pris de te faire confiance !
- Je ne comprends pas cher voyageur, quelle est votre demande ?
- Fou moi la paix ! va-t’en !
- Je ne comprends pas cher voyageur, quelle est votre demande ?
Excédé, Dan poussa l’automate contre la porte de la bâtisse qui céda sous son poids. L’automate l’entraina dans sa chute et ils se retrouvèrent tous les deux étalaient sur un sol poussiéreux aux carreaux irréguliers avec un canon pointé sur son front. Dan, leva les yeux pour découvrir le visage à qui appartenait l’arme, un homme solidement bâti lui faisait face, sa mâchoire était serrée et ses yeux brillaient de colère.
- Vous êtes qui, putain ? la porte se referma brusquement et les deux compagnons de mésaventures furent propulsés contre le mur.
- Répondez non d’un chien ! Qui vous envoie ?!
- Je suis un voyageur égaré et cet automate m’a proposé son aide. Je suis arrivé ici par hasard alors que …
- Par hasard mon cul ! Qui t’envoie ? dernière chance ! Dan déglutit et jeta un coup d’œil à l’automate qui souriait toujours comme un imbécile.
- Personne ne m’envoie ! je suis arrivé ici par hasard. J’ignore qui vous êtes ! L’homme l’attrapa par le col et lui pressa le visage contre le mur.
- Et tu penses vraiment que je vais te croire. Dan aurait pu le désarmer mais il savait que dans la pénombre d’autres le surveillaient et il n’avait aucune envie de voir les factions de l’Ouest débarquées. D’un geste subtil, il se débarrassa du téléphone qu’il fit glisser sous un amas de gravier derrière lui.
- Je t’aurais prévenu, murmura son agresseur et posa son canon froid contre son front. Dan ferma les yeux priant pour qu’il ne puisse pas mettre la main sur le téléphone et remonter jusqu’à la capitaine.
- Attends ! l’homme se figea et Dan rouvrit les yeux.
- Si tu le tues on ne pourra pas savoir qui l’envoie, ni pourquoi. Une femme à la chevelure de feu et au kimono émeraude entra dans la pièce. Attachez-les et dis aux autres de préparer notre départ. Cet endroit n’est plus sûr.
- Bien madame, répondit l’homme qui rangea son arme et saisit d’épaisses cordes qu’il attacha aux poignets et aux chevilles de Dan. La femme ne lui avait pas adressé la parole mais elle gardait ses yeux d’un vert profond, rivés sur lui.
- Que fait-on de l’automate, madame ?
- Emmenez-le.