La neige s’était arrêtée de tomber. La température avait brusquement chuté. Un levant mesquin soufflait maintenant en petites rafales assassines. Il avait froid, il était gelé jusqu’aux os. Les lourds nuages noirs s’effritaient lentement. Un mince croissant de lune baignait ce décor sibérien d’une lumière pâlichonne.
Sa faible lueur était suffisante pour éclairer cette vaste plaine. À sa main droite, il entrevit une miraculeuse cabane de pierre sèche. Elle se dressait, fière d’elle, sur son petit mamelon. Deux genévriers engoncés tels des fantômes dans un suaire immaculé veillaient sur elle.
Il s’en approcha. La porte était défoncée, il entra, ce n’était pas un palace, loin de là ! Ce n’était qu’une famélique borie, juste faite pour abriter, un berger, d’un orage d’été. Il s’en contenta. Dans sa besace presque vide, il découvrit des trésors un quignon de pain et un bout de lard. Il se dépêcha de les engloutir, comme si quelqu’un pouvait les manger avant lui !
Il avait été si fier de participer à cette aventure. Il s’était senti brave parmi ces hommes. La réalité avait été grotesque.
Inévitablement, il songea à ses frères, l’un au diable vauvert, l’autre en prison. Ses pensées allèrent également à son père souffrant. Les reverra-t-il ?
Il avait enfin trouvé une bonne position, ses yeux se fermaient. Il était presque bien, il allait dormir quelques heures, il avait besoin de se reposer un moment avant de repartir. Alors que son cerveau lâchait prise… Il se remémorait Martin couché au bord de cette route, jeté à terre par ses bourreaux !
Il avait encore la vision de ce héros, prostré, protégeant sa tête avec les mains, alors que les soldats le rouaient de coups. Il avait été sabré, frappé, torturé… quelle souffrance avait dû être la sienne !
Et pour finir, le préfet, qui accompagnait la troupe l’exécuta d’une balle à bout portant. Même s’il était à peu près certain de la mort de Martin, il aurait dû aller voir ! Peut-être, par sa faute, Martin avait agonisé de longues heures… peut-être n’était il que blessé…
Il lui fallait chasser ces réflexions absurdes, Martin avait vécu.
Personne ne pouvait survivre à de tels traitements. Il devait reposer là où on l’avait exécuté, sans sépulture chrétienne, à la merci des bêtes sauvages.
Il aurait dû retourner sur ses pas !
Cette pensée l’obsédait. Tous ces remords se bousculaient dans sa tête, l’empêchaient de dormir. Il chassait une idée noire, une autre lancinante lui succédait, c’était à devenir fou.
Il se rappelait également ces histoires, que racontait grand-père, vétéran des guerres d’empire. Il avait vécu le cauchemar russe et la longue retraite à travers les steppes glacées de ce pays immense. Il lui avait décrit ces grognards qui tombaient dans la neige et ne se relevaient plus. Qu’à s’endormir dans le froid on risquait la mort ! Et les camarades à moitié dévorés par les loups. Ses frères et lui en avaient ri à l’époque, ils pensaient que le vieux radotait ou pire, qu’il se vantait.
Alors sans regret il renonça à ce sommeil qu’il sentait improbable et à cette cabane trop austère pour être accueillante. Il se leva, remonta son col et quitta ces lieux. Marcher, sans s’arrêter, jusqu’à arriver à domicile, quitte à mourir d’épuisement, il n’avait pas d’autres choix. Il poussa la porte. Le levant avait tourné en tramontane, c’était une bonne nouvelle, avec ce vent glacial, la perturbation filerait vers le sud. Tout en regardant autour de lui, il ne savait où se diriger, partout était la même blancheur immaculée.
Une petite voix dans sa tête lui disait :
— Quand on ne sait quelle voie prendre, on se tourne vers le ciel ! Souvenir de catéchisme... ensuite, son père, jacobin buté, se fâcha avec le prêtre.
Son regard machinalement obéit à cette injonction, le Levant avait déblayé tous les nuages, la voute céleste brillait de mille feux, c’était magnifique.
Il lui fallait d’abord trouver l’étoile Polaire. Elle indiquait toujours le nord. Il se rappela la grande et petite ourse avec le serpent entre eux. Il l’avait enfin repérée, elle était une des plus brillantes du ciel, après l’astre du berger.
Il avança toute la nuit d’un bon pas sans faiblir. Il savait qu’au terme de cette longue route, ce chemin sinueux qui serpentait entre des bosquets de chênes verts et rouvres, de chênes kermès aux feuilles coriaces et des genévriers tortueux, il allait le voir. Il arrivait au bout du plateau, un dernier bosquet de pins bouchait l’horizon, il le contourna. Son cœur battait la chamade, il avait les jambes molles la gorge sèche.
Sur son rocher, couronné par un imposant château, Saint-Martin était là, il l’attendait. L’énorme boule rouge du soleil l’éclairait déjà, alors que les bois des Pallières en arrière-plan étaient encore plongés dans la pénombre.
Un chapitre transitionnel qui prédit je suppose de nouvelles aventures. On sent les regrets de Thomas mais aussi son espoir, sa détermination. Tu as constamment utilisé le « il », peut-être est-ce voulu, sinon placé quelques « Thomas » aurait été plus agréable.
Petites remarques :
-« Les reverra-t-il » , je pense que le conditionnel irait mieux.
-« Son regard machinalement obéit à cette injonction, le Levant avait déblayé tous les nuages, la voute céleste brillait de mille feux, c’était magnifique », je couperais la phrase en deux en mettant un point après « injonction ». Aussi, je mettrais « machinalement » entre virgules ou j’inverserais le « machinalement » et le « obéit ».
Bien à toi
trop ?
sans doute
un chapitre trés introspectif
il est enfermé dans sa solitude accompagné de ses fantômes
un chapitre qu'il me faudra reprendre...sans doutes
Mais c'est dur d'écrire un chapitre ou juste un personnage le traverse
merci Ella !
Je trouve que c’est un bon chapitre dans l’ensemble, on comprend bien qu’une partie du roman est sur le pont de se terminer et qu’une autre va s’ouvrir. Pas de guerre, pas de bataille, pas d’héroïsme, le retour au bercail la tête basse. En attendant d’autres aventures !
J’ai bien aimé la description des coutumes de Noël qui vient s’insérer dans le texte.
Beaucoup à revoir au niveau de la ponctuation ! Je pense que tu devrais prendre le temps de mieux relire cet aspect-là (ça doit sauter en bleu et rouge sur le Word, non ?), parce que par moment ça gène vraiment la lecture et, du coup, tu recevras moins de commentaires intéressants pour améliorer ton roman.
Dans le paragraphe « Lorsqu’il arriva devant la maison familiale, (...) son père et son frère ? », presque toutes les phrases ont la même construction : il + verbe. C’est monotone, je pense que tu devrais modifier cet aspect pour donner et changer le rythme. C’est en plus un paragraphe important, puisqu’il annonce le retour, la peur des retrouvailles, la honte du personnage principal...
A bientôt
Merci pour ta fidélité et tes remarques toujours constructives!
Oui je suis complétement d'accord avec toi.
Il me faut reprendre mes textes
Le probléme de la ponctuation m'a déja été relevé
Il me faudra y remédier...
Le gros probléme étant le manque de temp pour écrire....
Oui tu as raison encore un chapitre et Jean Thomas quitte le Var
Mais je ne divulgue pas la suite.....
Encore un triste chapitre malgré la bonne nouvelle pour Thomas. La mort du père ne me surprend pas, celle de la mère non plus mais je n'attendais pas les deux dans le même chapitre. Je trouve que la description du lit de mort à la fin du chapitre est super bien rendue et très touchante.
Le personnage du maire qui courtise la sœur de Thomas a l'air
particulièrement odieux^^
Hâte d'en apprendre plus sur le sort de Victorin, vivement la suite !
Quelques remarques :
quelques virgules sont mal placées au début du chapitre
"vous auriez du le fusiller avant" -> dû
"les braves ont étés emmenés" -> été
"Elle continua la parole hachée sanglotante." virgule après hachée
"ourla sa bouche, il se transforma rapidement en un triste rictus." mais à la place de la virgule ?
"même les mécréants que commençait" virgule après mécréant
"Sur la nappe attendait les douceurs" -> des douceurs
J'aime bien la description des coutumes de Noël avec la nostalgie du monde "d'avant".
"avaient un fils un frère un mari prisonnier." -> un fils, un frère ou un mari
Très intéressant à lire,
A bientôt !
oui il me faudra retravailler la ponctuation
Sinon oui
c'est un des chapitres le plus triste
Mais c'est quelque-chose que je voulais dés le début
enterrer le père et la mère le même jour
pas par économie de chapitre
mais plutot par effet théatral!
l'écrivain est un peu un metteur en scéne
aprés reste un chapitre à Saint- Martin
la suite....Ailleurs( mais chut!)
Merci Edouard!
Au plaisir !