Les trois soldats n’arrivaient pas à analyser ce qui leur faisait face.
Il n’y avait plus rien, le néant absolu, un vide sidéral constellait d’étoiles lointaines remplacées le corridor qui devait les conduire au monte-charge.
Ils s’étaient immobilisés pétrifiés par la vision contre nature qui se tenait en lieu et place du couloir de bêton.
Ce fut le vautour qui l’ouvrit en premier.
— C’est quoi ce bordel Lieutenante ?
À peine sa phrase terminée qu’un feu nourrit s’abattit sur eux.
La tête du troll sans protection explosa, répandant sa cervelle sur ses deux coéquipiers avant de s’écrouler.
Derrière eux, une armée de clones arrivait à toute allure.
Nuissandre et Scalp se plaquèrent au sol par réflexe, le vautour jeta un œil à son Chrono et annonça en gueulant pour couvrir le bruit des rafales.
-30 cycles seconde !
Il ajusta son fusil à lunette, discerna une marée de sosies courir dans leur direction.
Nuissandre avait encaissé plusieurs impacts dans le dos, absorbés par son gilet, elle avait du mal à respirer, sa vision était floue, et tenta, coucher sur le ventre de régler son arme sans succès.
Tous ses espoirs s’évanouissaient une nouvelle fois, elle voyait sa fin proche. C’est la voix de Scalp qui la sortit de sa torpeur, il gueula, en commençant à allumer les clones un par un en leur faisant éclater la tête.
— 20 cycles secondes, Lieutenante, saute je te couvre, c’est la seule issue possible, avant de gueuler, SAUTE JE TE DIS !
Dans le couloir étroit, les corps qui s’effondraient à chaque tir du vautour ralentissaient leur avancée et les gênés pour régler leur feu, mais si ce n’était pas les clones, l’explosion finirait tous par les tuer.
— 10 CYCLES SECONDE, hurla Scalp BARRES TOI TU ES LA SEULE A POUVOIR EN ÉCHAPPER, BARRES TOI JE TE DIS !
Autour d’eux, les projectiles pleuvaient, Scalp leur rendait coup pour coup.
L’elfe comprit qu’il avait raison, elle se redressa, chancelante, et prit une longue inspiration avant de se jeter dans le vide sidéral. Dans un ultime sursaut de rage, elle pivota en l’air et continua à vider son chargeur sur l’armée de clones qui arriva sur le vautour en même temps que l’explosion surpuissante retentit pour les emporter tous.
Telle une particule ionisante, elle disparut en hurlant dans le néant, au milieu des étoiles.
***
Le Quart de siècle entra dans le hangar du centre expéditionnaire, au pas, en ronronnant comme un félin prêt à bondir, pour venir s’immobiliser au milieu de la dalle. Les portes se refermèrent, son arrivée signifiait le début de la quarantaine.
Des hommes vêtus de combinaisons NBC l’approchèrent pour en extraire un corps, qu’ils glissèrent dans un caisson étanche en lévitation magnétique.
Ces images, le supracoordinateur les avait vues cent fois.
Son subordonné toussota pour attirer son attention.
— Notre IA vient de valider les informations de la Lieutenante Nuissandre. Ils ont mis les pieds dans un centre de stockage en combustion lente. Elle est contaminée par des résidus d’armes chimiques et radioactives, et ne devrait plus tarder à se cloner, malgré nos efforts pour la maintenir en vie.
Il laissa échapper un soupir de déconvenue, il était pourtant persuadé qu’une IA majeure se planquait sur ce site.
— Qu’a-t-il été convenu ? demanda-t-il d’un ton las, en se doutant de la réponse.
— L’IA préconise l’abandon de son exploration, et la pose d’une scellée sur l’ouverture qu’ils ont réalisée pour y pénétrer.
Un silence passa et il termina un peu gêné.
— Ainsi que le licenciement de la Lieutenante Nuissandre, son psychisme trop éprouvé ne nous garantit plus une opérabilité optimale. Elle sera renvoyée pour faute grave pour la perte consécutive de ses effectifs sans aucune indemnité due à son rang.
Les consortiums n’avaient jamais été des entreprises de charité, et le personnel ne représentait qu’une constante d’ajustage dont ils en tiraient toujours profit.
Il oscilla de la tête, avant de déclarer d’un ton morne.
— Très bien, vous pouvez archiver le dossier 4. 779 — S