Le cœur en chamade, Martinelle referma la porte derrière eux et tira le rideau de la lucarne. Elle chercha quelques secondes des allumettes pour allumer une lampe, puis se souvint bêtement que celle‑ci disposait d’une ampoule phlogistique. La pièce lui parut minuscule tandis que Shen observait les pièces d’ébénisterie sur l’ameublement. En découvrant le quadrifix d’ivoire accroché au mur, il se signa.
Quel goût prendraient leurs langues, une fois entremêlées ?
Cette pensée concupiscente effraya et culpabilisa Martinelle, au point qu’elle repensa à la figure sévère de Sinouhé. Les mâles narines du prêtre fumaient comme celles d’un taureau furieux. Pour ne plus y penser, Martinelle voulut proférer la première imbécilité qui lui passa par la tête. Elle se souvint alors de ce que l’abbé lui avait suggéré de demander à Shen :
« Vous ne m’avez jamais expliqué pourquoi vous vous étiez converti…
— J’ai vécu à Chrysée, sourit‑il. Le carréisme a le vent en poupe, là‑bas. C’est votre royaume qui y a importé ce culte, à l’origine… Alors, depuis que le territoire est passé sous le contrôle de l’empire, la foi est devenue une forme de contestation. Plutôt que de s’agenouiller face aux idoles verlandaises, nombre de nos citoyens et esclaves se sont tournés vers les Quatre qui sont Un.
— Pourtant vous êtes un noble, s’étonna‑t‑elle. Un des Dix Mille clannerets voués à régner sur le monde, un demi‑dieu transfiguré. Son essence spirituelle coule en vous au même rythme que votre sang. Que pourrait vous apporter le carréisme ?
— Le Paradis et l’Enfer, révéla Shen après un temps. La mythologie dont s’habillent mes semblables paraît valorisante… Mais au moindre problème d’ordre moral, elle ne prodigue aucune réponse. On y fait le bien, le mal, puis, rebelote ! On s’y réincarne sans répercussion. Ce qui me semble bien commode… Mes ancêtres n’ont inventé ces histoires que pour se dédouaner de leurs crimes de guerre, j’en mettrais ma main à couper. Les clannerets n’agissent jamais par eux‑mêmes. Chacun de leurs actes peut être interprété comme la volonté des Mânes qui les habitent… ou les possèdent, selon l’excuse du moment. »
Cette conversation trop sérieuse risquait de refroidir leur passion. Martinelle se jeta à l’eau et s’assit, appuyée de ses deux mains flageolantes au couvre‑lit. La moustiquaire dessinait autour d'elle le voile d'une fantomatique mariée. Cependant Shen n’eut pas un regard pour le fauteuil en rotin qu’elle avait laissé à sa disposition, et resta droit devant elle tandis qu’il déclarait :
« Ainsi que je l'avais promis à mademoiselle de Mandar, j'ai obtenu justice pour vous. Nombre d’Altesses Impériales, profondément choquées, pressent l’impératrice de vous adresser de plates excuses. Bien entendu, nous devons garder ce projet secret pour l’instant. D'abord il faut rassembler suffisamment de voix si jamais cette motion fait l'objet d'un plébiscite. »
La bouche de Martinelle s’entrouvrit de honte. Comment avait‑elle pu prêter à Shen ces intentions licencieuses ?
« Nul besoin de vous compromettre face à la Fille des Landes pour ma personne, paniqua‑t‑elle.
— Que fera votre mère lorsqu’elle apprendra la façon dont on vous traite ici ? Des rois sont entrés en guerre pour moins que ça, s'impatientait‑il. D’autant que la rumeur enfle ! Toute la valetaille s’imagine que vous avez subi des violences pires encore dans la yourte impériale. Martinelle, si vous n’agissez pas maintenant… »
Il s’arrêta brusquement, contrit.
« Je suis navré, mademoiselle ! Jamais je n’aurais dû désigner Son Altesse Royale par Son prénom…
— C‑Ce n’est rien, balbutia‑t‑elle. Dans votre bouche, celui‑ci sonne joliment… Shen. »
Elle n’eut pas le loisir d’observer sa réaction. Le spectacle de ses propres genoux, qu’elle broyait à pleines mains, l’accaparait.
On toqua à la porte.
« Dieux merci », murmura Martinelle qui s’échappait pour l’ouvrir.
Nakht se tenait dans l’embrasure, sémillant. Il embaumait l’odeur du tabac à l’orange que les clannerets partageaient en fin de journée. Sa chemise s’ouvrait sur un médaillon et un losange de chair dorée.
« Merci d’être venu, messire. Cependant je crains avoir reçu une visite imprévue, s’excusa‑t‑elle.
— Mon petit frère ? C'est une tombe, rit le jeune homme qui refermait déjà derrière lui. Je lui confierais ma vie autant que mes secrets… Shen, vieille fripouille ! Profiterais‑tu un peu en avance de ta vie de jeune marié ? »
Cependant que Nakht s'avançait pour lui taper dans le dos, la figure de Shen prit la coloration d’une tomate trop mure.
« C’était de l’humour, le sermonna son aîné. Bon sang, tu n'as pas moins rougi la fois où mon regretté Papa t'a déguisé en fille ! »
Sa grimace fit comprendre à Martinelle qu'il aurait préféré continuer la conversation sans l'irruption d'un parent enquiquineur. Pourtant Nakht le fit pivoter pour les asseoir tous les deux au bord du lit, et appuya tête et mains contre l'épaule de son cadet, dans une pose aussi chaleureuse que nonchalante.
Martinelle, qui s’attribuait le fauteuil au même moment, remarquait maintenant certaines ressemblances frappantes dans le haut de leurs visages : même yeux pers et ourlés, même implantation en cœur des cheveux sur le front, mêmes sourcils angulaires. Toutefois Shen avait la mâchoire ovale et non carrée, et des lèvres plus pulpeuses. La barbe naissante sur les joues de Nakht venait renforcer ce contraste.
« Votre arbre clanique ne mentionnait pas votre hérédité, s’étonna Martinelle. Je croyais Shen né d’un autre clan ?
— Officiellement ! Cependant mon oncle maternel avait fugué de la horde pour s’éprendre d’une séduisante clanneresse de la Lance… Et c’est ainsi que Shen est né. Nous sommes donc frères d’adoption mais cousins par le sang. Bien entendu, l’Histoire officielle n’avouera jamais cette mésalliance. L’idée qu’un prince impérial préfère vivre dans un clan de plus basse extraction représentait une véritable hérésie… Certains membres haut‑placés de notre famille ne l’ont pas supportée.
— Son Altesse Royale n’a pas besoin de savoir cela, murmura Shen qui avalait sa salive.
— On l’a expédiée dans un nid de vipères, tempêta Nakht. C’est notre devoir de lui en enseigner les poisons. Veux‑tu donc la laisser vulnérable, comme hier dans la yourte ? Ce n’est pas en mâchant nos mots que nous convaincrons Coupe‑Chou de lui demander pardon. »
Shen fulminait, les paumées crispées sur du vide. Sur le paquebot, il n’avait osé aborder qu’à demi‑mot l’extermination du clan de sa mère. La hardiesse de Nakht frappait aussi durement qu’un boulet de canon. Non sans remords, Martinelle décida d’exploiter cette arme dévastatrice pour survivre en Verlande. Désireuse d’impressionner son interlocuteur, elle prit son ton le plus professionnel :
« Au contraire je préférerais choisir mes mots avec soin si je dois reparler à l’impératrice Ankhti. Par exemple en l’appelant “Fille des Landes” plutôt que par un surnom désobligeant.
— Tous ses intimes l’appellent “Coupe‑Chou”, ça la fait bien rire. Je suis touché que vous vous inquiétez pour ma tête… Toutefois je ne risque rien à employer ce sobriquet dans un cadre familial. Car vous ferez bientôt partie de la Serpe ! Pas vrai, Shen ? »
Celui‑ci se contenta d’un hochement de tête un peu tardif. Nakht, qui constatait son irritation sans toutefois en comprendre la cause, décida de ne pas insister. Martinelle dissipa cette tension par une question :
« À tout le moins j’attendrai d’être mariée pour ce genre de familiarités… Votre cheffe d’État me honnit.
— C’est qu’elle ne vous connaît point. Je gage qu’elle vous trouverait bien des qualités, si vous réentamiez un dialogue…
— Je ne crois pas qu’elle en ait envie.
— C’est vrai, vous ne l’intéressez pas.
— Tu l’insultes, jappa soudain Shen qui repoussait d’un violent coup d’épaule le bras de son frère d’adoption. Surveille ton langage. »
Nakht, choqué, toussa pour masquer sa vexation et s’excusa :
« Je n’ai jamais dit que Son Altesse Royale était inintéressante ! Simplement que Coupe‑Chou n’apprécie que la force, qu’elle soit mentale ou physique. C’est son défaut, mademoiselle de Figuette doit malheureusement faire avec.
— Alors tu trouves qu’elle manque de force ? De mieux en mieux.
— Non, se récria‑t‑il d’un air catastrophé. Simplement qu’elle n’a jusque‑là pas fait la démonstration de son pouvoir à notre Cour. Ce serait une piste à explorer pour qu’on la respecte.
— Quel pouvoir ? Tu n’as pas la moindre idée des pressions qu’elle subit, l’invectiva Shen tout en se relevant.
— Prince ! Ce n’est pas ainsi qu’un chevalier doit défendre sa jouvencelle, intervint Martinelle toute affolée. Ne voyez‑vous pas que votre frère tente de me conseiller ? »
Le jeune dieu s’apprêtait à répliquer. Cependant un bruit étouffé retentit près de l’entrée.
Martinelle, qui tournait sa tête dans un froufrou de cheveux drus, eut tout juste le temps de voir la poignée se bloquer, puis remonter. L’instant d’après, sa porte sortit de ses gonds. Dans un fracas de copeaux explosés, l’huis s’écrasa sur le sol. Elle s’égosilla de terreur. Dans l’ouverture désormais vide au bout du véhicule, Hori bloquait toute vue. Sa jambe encore levée venait de pulvériser la serrure. Poings serrés, il éructa au reste de la caravane :
« TOI ! »
Avant qu’ils pussent réagir, il s'était jeté sur eux. Shen se releva le premier. Toutefois Hori l’écarta d’un bras leste et se saisit de Nakht par le col de chemise. Son adversaire avait sorti la serpe accrochée à sa ceinture, un peu trop tard… Hori le projetait déjà vers le mur attenant. Une gravure s’effondra de son crochet. Le vase de hyacinthes glissa de la table de nuit et se brisa net.
« Hori, s’époumonait Shen qui tentait de le retenir par les épaules. Pas encore…
— DEHORS, crachait‑il à la figure de Nakht. PAUVRE ORDURE ! »
Martinelle se couvrait le visage des mains. Nakht, emprisonné dans l’étreinte du clanarque dont le coude serrait le cou de sa proie, parvint à planter son arme à travers la cuisse de son agresseur. Ce dernier relâcha sa prise, et la victime put se dégager et filer en bousculant Shen, qui se cogna la tête contre une étagère. L’espace réduit entre eux compliqua encore cette échappée. D’un bond, Nakht parvint à éviter un coup de poing d’Hori et courir, mais se prit les pieds dans une carpette. Il dégringola et manqua l'escabeau situé dehors, pour s’écrouler dans une flaque de boue. Martinelle se pencha sur Shen, inquiète de l’ecchymose qui rougissait sur son arcade sourcilière.
À l’extérieur, Nakht évitait d'une roulade un second assaut. Hori dérapa dans la boue, sans tomber mais suffisamment longtemps pour que Nakht se remît sur pied. Ils adoptaient désormais des postures guerrières, proches de la boxe. Des badauds accouraient de toute part pour contempler cette rixe.
« AU SECOURS », hurla Martinelle.
Nakht évita un coup de poing en reculant à temps, puis un autre. Cependant qu’il tentait de répliquer d’un mouvement de lame, Hori leva sa jambe gauche et l’abattit en plein sur son impérial poignet. Le prince, dans un cri de douleur à peine masqué par les exclamations de la foule, s’immobilisa. L’affreux profita de cette seconde d’inattention et tourbillonna pour sauter de quelques pouces au‑dessus du sol. Alors qu’il flottait encore dans l’air, sa jambe droite vrilla la joue de son ennemi qui, sous cette impulsion, percuta le sol. Hori enfonça son pied sur la tête de Nakht, sortit de sa manche une hachette.
Heureusement, une longue rapière effleura soudain la gorge du clanarque.
Les sourcils froncés, il découvrit devant lui un des mousquetaires de la délégation orgélienne qui menaçait de le transpercer. Ce chevalier, d’un œil noir, l’obligea en silence à baisser son arme. L'otage maugréa :
« On n’interrompt pas un duel. Personne ne vous l’a dit ?
— Les duels font l’objet d’une annonce, s'indigna Martinelle depuis sa roulotte. C’est une embuscade que vous avez tendue là. »
De rage, Hori jeta son arme à terre. Elle descendit pour s’agenouiller aux pieds du prince Nakht, inquiète de le voir respirer aussi difficilement. Il se trouvait en pire état que Shen. Une boue nauséabonde couvrait la moitié de son corps, sans parler de sa jaquette en velours fourré. Les spectateurs manifestaient désapprobation et incompréhension. Martinelle cria pour réclamer un médecin. Pourtant le clanneret offensé, avec panache, se rééquilibrait déjà sans manifester de douleur. Tout en frottant les avant‑bras de sa veste, il se moqua d’Hori :
« Il en faut davantage pour me vaincre… Et la surprise est l’arme des félons. Si Père pouvait encore témoigner…
— Ne t’avise plus jamais de poser la main sur ce qui n’est pas à toi, grogna son ennemi.
— Quel reproche cocasse, professeur ! Ce sont les yeux que je me suis contenté de poser… et sur ce que tu m’avais volé à l’origine, en plus. Toutefois, puisque que tu tiens autant à ton butin, je te le laisse. »
Nakht cracha dans l’herbe folle un mollard écarlate. Puis, les mains dans les poches, il s’éloigna vers la yourte impériale. Le sang de Martinelle ne fit qu’un tour. Ses dents grincèrent tandis qu'elle fusillait Hori du regard :
« Qu’avez‑vous volé, messire ?
— Rien qui ne vous concerne, maugréa celui‑ci. Si nous en avons fini…
— MESSIRE, vociféra‑t‑elle dans sa langue alors qu’elle se plantait devant lui. QU’AVEZ‑VOUS VOLÉ ? »
Elle ne le laisserait pas partir. Un autre mousquetaire arrivait pour le tenir en respect. Les yeux papillotants et ambrés du clanarque révélèrent, l’espace d’une seconde, sa contrariété. Shen, qui était descendu près d’eux et tenait un foulard rougi contre son front, intervint :
« Si tu ne le dis pas, je le ferai.
— Ne t’en mêle pas, paniqua l’autre fiancé.
— Elle a le droit de le savoir, s'énerva l’éphèbe. Mademoiselle, lorsque la Fille des Landes a envisagé une alliance avec Orgélie, il y a plusieurs mois... son gouvernement a sélectionné avec précaution les deux époux à vous concéder. Leur choix s’est porté sur le prince Nakht et moi‑même. Cependant Hori a fait savoir qu'il se sentait lésé. Certaines… concessions ont été accordées. Pour conserver la paix entre la famille impériale et les clans affectés aux fiefs les plus stratégiques. »
Martinelle se sentit bouillir. D'un doigt pointé, elle dénonça le clanarque en verlé de façon à ce que la comprît tout le convoi :
« Je ne vous pensais pas si rusé, messire… J'ai longtemps cru que vous n'aviez aucune considération pour les usages et les sentiments, mais qu'on pouvait au moins vous accorder une certaine honnêteté. Car c'est toute la perversité de votre méthode, n'est‑ce pas ? Lorsque vous glissez un mensonge dans ce déferlement d’atrocités, personne ne le remarque.
— Si vous m'en voulez encore pour dame Ulrine, sachez…
— Ne m'interrompez point, tempêta Martinelle. “Notre seul lien est un contrat signé par d’autres que nous”, m'avez‑vous dit. Qui sont ces “autres”, au juste ?
— Ma famille, hésita‑t‑il avant de se rattraper. Mon… empire ?
— Que voilà diplomate et vague réponse ! Elle ne vous sied point. Laissez‑moi donc en déduire vos véritables intentions. Moi, j'ai été fiancée pour le bien de mon royal frère. Cependant je sais maintenant que ce n'est pas à la demande de l'impératrice que vous vous mariez, ni à celle de la Hache puisque vous la dirigez. Je connais vos lois ! Nul clanneret ne peut imposer un conjoint à son clanarque, pas même par vote de défiance. C’est donc preuve que vous m'épousez moins par devoir familial que par ambition. Ou pour la mesquine et jalouse satisfaction de frustrer un rival politique. »
En tête‑à‑tête, elle aurait craint une réaction violente de sa part ; la présence de cette foule la rassurait. Le jeune dignitaire, éberlué, cherchait des yeux le soutien d’un compatriote. Pourtant pas un Verlandais alentours ne se prononça en sa faveur. Même Shen n’eut pour lui qu’une moue dépitée. D'une voix forte, elle lui jetait ses mots à la face telles des flèches, exécutoires d'une colère retenue depuis des mois :
« Vos manigances au sein de la horde impériale m’indiffèrent… tant que vous ne tissez point vos toiles jusque dans mon pays. Aussi vous épouserai‑je… une Figuette tient ses promesses. Toutefois vos intérêts n'y trouveront pas leur compte. Vous serez assigné au Clos‑Rusé, sans ressources ni contacts. Vous n'en sortirez que si le roi vous en donne l'autorisation. Quant à moi, je m'emploierai à raconter en tous lieux la duplicité, l'arrogance et la lâcheté par lesquelles vous avez obtenu ma misérable main. Vos conseils seront ignorés, vos alliés écartés. Allez vous coucher, messire. Profitez de vos derniers mois de liberté. »
Un éclair meurtrier apparut dans les yeux globuleux d’Hori. Néanmoins il se contenta de boîter à travers les officiers du camp, jambe en sang, pour retourner vers sa tente. La peur reflua dans les veines de Martinelle. Jamais elle n’oublierait ce regard haineux, cette promesse de vengeance éternelle. C’était le même que lui avait adressé la duchesse Ludova de Mandar à la lecture du testament de Béatre III.
Si ça se trouve ça a même été prévu par Hori (et Nakht ?) pour lui permettre de briller un peu plus.
Par contre, Nakht et Shen, j'arrive pas à savoir ce qu'ils cachent... mais je les sens pas tous les deux.
Oh d'ailleurs, vu que Shen s'est converti à Chrysée, est-ce que ça veut dire qu'il est protestant ? (Et Nakht ? Lui il n'est pas carréiste, si ?)
Et tu as raison de soupçonner aussi Shen, on lui donnerait le bon dieu sans confession mais ce serait un peu facile. ^^
Shen n'est pas quatrare, néanmoins (même s'il en a forcément fréquenté vu qu'il fréquentait l'abbé Sinouhé à l'époque où il séjournait à Chrysée). Les quatrares n'aiment pas l'idée d'une monarchie absolue de droit divin, ni du droit des nobles à régner. Shen est déjà un clanneret impérial de l'empire verlandais, et maintenant il va devenir prince consort en Orgélie... Donc il est doublement noble ; même s'il voulait rejoindre les quatrares, pas sûr que ceux-ci l'acceptent dans leurs rangs.
Mais cette idéologie réformatrice a beaucoup influencé sa pensée ; autant il idéalise encore un peu l'Orgélie et le carréisme, autant il est hyper critique et désabusé vis-à-vis de son aristocratie d'origine. Contrairement à ses cousins clannerets, il n'est absolument pas persuadé d'être la réincarnation d'une divinité... Mais le truc c'est qu'il a quand même quelques idées politiques ; alors, quand on a un titre, autant l'utiliser à bon escient... Tout ça est très hypocrite et complexe.
Pour Nakht et Hori je m'imaginais vraiment un coup monté, style Hori est au courant que Martinelle ne l'aime pas et qu'entre eux deux c'est mort, donc il s'arrange avec Nakht pour mettre en scène une bagarre, pour pousser Mlle de Figuette à s'affirmer et ainsi sauver le mariage de Shen
Mais c'est vraiment très tordu
Après le fait qu'Hori et Martinelle ne s'aiment pas n'est absolument un problème dans ce milieu d'aristos : on se marie par intérêt et devoir, et d'ailleurs Martinelle était plutôt partante là-dessus. Mais pour qu'un système pareil tienne, il faut quand même que les fiancés se respectent un minimum et puissent collaborer. C'est l'étiquette. Même dans cet univers de mariages sans amour, le comportement d'Hori à l'égard de Martinelle dépasse les bornes et il n'y met vraiment pas du sien. Donc non, ce n'est pas parce que Martinelle et Hori ne peuvent pas se piffrer qu'il va briser délibérément ses fiançailles via une conspiration...