Chapitre XXVII, Reviens-moi.

Ça ira - Eye’s Berg

Léna

— Allô ?

— Josh ?

 J’ai la gorge nouée, au bord des larmes. Je le sens se tendre de l’autre côté du fil. Son silence me dit tout. Je le connais trop bien pour savoir qu’il est sur ses gardes.

— Qu’est-ce qui se passe ?

 Son ton est froid, évidemment, je mettais attendu à ça.

— Pardonne-moi je… Je ne voulais pas t’appeler mais je…

— Ne t’excuse pas, explique-moi.

 Nous ne parlons plus autant qu’avant mais nous sommes extrêmement proches. Je le considère comme un meilleur ami je crois.
 Sa voix d’outre atlantique m’avait terriblement manquée et je souris comme une idiote quand je lui réponds.

— Tu m’as manqué tête de pioche.

 Mon accent français le fait rire, ça faisait longtemps que nous n’avions pas parlé au téléphone donc je suis un peu rouillé.
 Un silence me montre sa surprise mais bientôt j’entends son rire.

— Ce n’est pas pour ça que tu m’appelles mais je dois avouer que toi aussi tu m’as manqué.

 Ce n’est pas notre genre de se faire des déclarations comme ça mais je crois que là j’en ai besoin.

— Aller, dis-moi tout Lénou.

 Ce surnom…

— Est-ce que pour toi je n’ai aucune chance de devenir maman un jour ?

 Je m’effondre. Je suis secouée de sanglots incontrôlables qui laisse Josh bouche-bée pendant quelques secondes. Je n’ai pas l’habitude de me laisser aller comme ça, il le sait, alors il est déconcerté.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Tu as toujours rêvé d’être maman, tu serais merveilleuse !

— Mais je serais seule pour l’élever ! Je n’y arriverai jamais !

— Tu peux le faire Léna.

 Sa voix se fait plus dure et coupe mes suffoquements quelques instants. Remarquant que je me calme, il enchaine rapidement.

— Je suis sûr que tu parles de ça à cause de la conversation avec l’autre asshole. Tu as la force nécessaire pour faire ça. Tu es brillante, merveilleuse mais surtout tu es affectueuse comme pas possible. Tu rendrais heureux n’importe qui, même les amerloques qui ont un égo plus gros qu’eux.

 Je ne peux répondre, il enchaine comme s’il ne voulait pas s’épancher sur ce qu’il venait de dire.

— S’il faut que je vienne pour te faciliter les choses administrativement parlant ou être d’un quelconque soutient, je le ferais.

— Tu rigoles ? Tu ne vas pas abandonner ta vie pour moi.

— Qu’est-ce qui me rattache à mon pays ? Rappelle-moi ?

 Les émotions ne transparaissaient pas dans sa voix, il garde un contrôle absolue de ce qu’il dit et laisse transparaitre.

— Rien…

 Il s’entend bien avec ses parents mais sans plus, partir loin de là ne choquerait personne.

— Est-ce que tu voudrais de moi en France ?

 Sa proposition est lourde. Lourde de conséquences. Je suis à la fois effrayée mais terriblement égoïste parce que je rêve de lui répondre que je ne souhaite que ça.

— Tu…Tu ne vas pas tout quitter pour moi. Ce serait terriblement égoïste de ma part Josh.

— Je ne rêve que de ça depuis cinq ans. Je vais partir sur le fait que tu acceptes et je vais arranger ce que je dois arranger. Je te rappelle tout à l’heure d’accord ?

— Je n’ai pas le choix je suppose ?

— Non. Bisous Lénou, je te rappelle.

— Bi…Bisous.

 Seule la tonalité de fin d’appel me prouve que tout ça n’est pas juste une blague et qu’il va débarquer à tout moment dans mon petit appartement français à plus de six mille kilomètres de chez lui. Pour moi.