Comète

Par Mayo
Notes de l’auteur : Je te lis cette histoire pour que tu viennes avec moi dans les étoiles :
https://youtu.be/-_elcY-q39U

Allongée dans le lit, je regarde le plafond blanc. Il y a une tache d'humidité sur la droite. J'ai l'impression qu’elle grandit. Alors j'observe le plafond, je le surveille pour ne pas qu’il me tombe dessus. 

J'observe le plafond blanc, plongée dans le noir. 

Je suis restée allongée toute la journée. Il doit être presque dix huit heure mais la nuit tombe très vite en cette période. C'était long, d'attendre que la nuit tombe. Et j'ai attendu. Parce que quand il fait nuit, je suis apaisée.
Je regarde toujours le plafond. Et cette tâche d'humidité en forme de planète. La planète Terre, je crois. Et je vois des choses bouger tout près d’elle. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai gardé les yeux rivés dessus trop longtemps. Mais il y a des étoiles. Des brillantes, des pales, des filantes. Toute la voie lactée est là. Et ça bouge. Doucement, ça bouge.

Je fais des voeux quand je vois passer une étoile filante. Certaines sont plus proches et plus rapides. Ce sont les plus visibles. Mais je garde un oeil ouvert sur tout le plafond. C'est la nuit des étoiles filantes.

D’un coup je me sens happée par le plafond. Toute la voie lactée vient vers moi, m’englobe et je suis dans l'espace. Je flotte. Une terrible idée me vient en tête : il n’y a pas d'air dans l'espace. Je commence à paniquer et bouge dans tous les sens. Les bras, les jambes, le corps tout entier. Et mes yeux veulent sortir de mes orbites. 

Mais je me rends compte que je ne manque pas d’air. C’est curieux... mais je ne sais plus vraiment ce qui est logique. Je me calme un moment. Juste avant de m’apercevoir que quelque chose fonce sur moi. Un caillou. Il est énorme. Il va si vite et grossit au fur et à mesure qu’il vient vers moi. Un bout de planète. Gigantesque. Une comète. 

Alors je ferme les yeux et attend l'impact. Je ne veux pas me voir éclatée en mille morceaux. 

Mais je ne sens rien. Je rouvre les yeux. Très prudemment. Je suis sur la comète. A califourchon sur un des bords, les pieds dans le vide. Elle fonce toujours à travers les étoiles à toute vitesse. J'ai l'impression d'être dans un vaisseau lancé en hyper espace. C'est une expérience et un spectacle inouï.

Je garde les yeux bien ouverts, je ne veux pas rater une seule miette de tout ça. 

Il n’y a pas d’air mais mes cheveux sont propulsés en arrière comme s’ils étaient pris dans une rafale de vent. 

Je chevauche la comète à la manière d’une cavalière de l'espace. Je me sens libre et forte. La plus libre et la plus forte de l'univers. Je n’ai besoin de personne, personne n’a besoin de moi et je me laisse emporter par ce miracle de la nature. Robuste, rapide et léger. La comète laisse des traînées de poussière derrière elle. Je me demande si ça fait d’elle une étoile filante. 

Il n’y a pas de son dans l'espace, pourtant j'entends quelque chose. Quelque chose de très lointain. À peine audible. Je n'entends même pas ma propre voix. Ça sonne comme un cri strident. Un horrible cri très aiguë. Mais très loin de moi. Un son qui ne s'arrête pas. 

Je le cherche de tous les côtés mais ne vois rien qui pourrait produire un tel son. Pas de vaisseau, pas de station, pas de satellite. Juste une lumière bleue, rouge, bleue, rouge… qui clignote dans mon angle mort. Je n’arrive pas à en voir la source exacte. Elle reste dans le coin de mes yeux et clignote. Rouge, bleue, rouge, bleue. 

Aucune partie de moi ne pense un seul instant que ce son ne proviendrait pas de quelque chose d’humain. Il est plutôt caractéristique, je crois le reconnaître. Je l’ai déjà entendu. Mais impossible de me rappeler. Et cette lumière. Je ressens une grande tristesse. Tout évoque la tristesse. Mais pourquoi ? Je suis sur la comète, je la chevauche, et c’est incroyable.

Le son se fait de plus en plus loin, de moins en moins audible. La lumière s’estompe jusqu'à disparaître. Je ne sais pas ce que c’était. Je ne crois pas que je m’en rappellerai. Alors je retourne à ma béatitude. 

Je me sens si libre, si bien et je n'ai plus besoin de rien. Les gens, l’extérieur, le soleil, regarder ce plafond blanc toute la journée en espérant qu’il se passe enfin quelque chose d'intéressant. 

Maintenant je suis une cavalière de l’espace. Je chevauche une comète.

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