Il y eut ce baiser. Presque comme un autre. Cette seconde. Cet instant. Moins insignifiant que les autres. Les lèvres posées contre celles du paumé, elle avait compris qu’elle franchissait une limite. À la façon dont son corps s’était embrasé lorsqu’il avait posé la main sur elle. À la façon dont ses joues avaient rougi lorsqu’il l’avait regardée. À la façon dont elle l’avait trouvé beau durant tout cet instant.
Elle avait compris en le voyant partir. À la façon dont quelque chose en elle s’était envolé avec lui. À la façon dont l’angoisse lui avait noué la gorge à la seconde où il avait claqué la porte. À la façon dont ses yeux s’étaient remplis de larmes en l’imaginant retourner auprès de sa toxine.
Elle l’avait réalisé lorsqu’elle avait sauté sur le téléphone en espérant que ce soit lui. Lorsqu’elle avait rêvé de ses bras pour s’endormir. Lorsqu’elle avait pensé à lui en écoutant une musique.
Avec ce baiser, bien après les indices qu’elle se laissait à elle-même, elle avait compris qu’elle l’aimait. Et que les choses deviendraient alors beaucoup plus compliquées.