– Une connexion.
– Hein ? De quoi tu parles ?
– De nous.
– Nous ?
– Ben oui. Tu veux que je parle de qui ?
– Je ne sais pas. Peut-être de tout le monde sauf de moi.
– Ah ben non, je ne suis connecté qu’avec toi. C’est un peu le principe de la connexion.
– Mouais, si tu le dis sauf que j’ai du mal à voir la connexion entre nous deux.
– On se comprend.
– Je ne crois pas.
– Mais si, je t’assure. Tu m’écoutes.
– Je t’ignore surtout.
– Tu me réponds.
– Je te rembarre.
– Et puis tu m’as consolé.
– Je t’ai confondu avec Sandrine, la secrétaire du patron. On en déjà parlé. T’es bouché, ma parole !
– Non mais t’as pas avoir honte. Je te trouve très mignon.
– Ouais et moi, je commence à te trouver super lourd, là.
– Ouais, je sais mon régime n’est pas top. Pourtant j’aimais bien l’idée de manger les aliments de la même couleur. Faut croire que le rose c’était pas une bonne idée.
– Sérieux, tu le fais exprès.
– Mais non, j’ai juste suivi les instructions. Je te jure, c’était écrit manger des aliments de la même couleur. Est-ce que c’est ma faute si y a que de la barbe à papa et des bonbons, qui sont roses ?
– Lourd, genre boulet, genre je comprends que dalle quand un collègue m’explique non faut pas appuyer sur ce bouton-là, ironise sur mon tee-shirt ou encore me confond dans le noir avec une bombe atomique répondant au nom de Sandrine.
– Sandrine est blonde.
– Toi aussi, je te signale.
– Parce que jaune c’est blond ? Pourquoi tu souffles ? T’arrives plus à respirer ? Tu veux que je te fasse du bouche-à-bouche.
– N’essaie même pas de coller ta bouche sur la mienne.
– D’accord, d’accord.
– Et maintenant ?
– Maintenant ?
– Oui, maintenant que j’ai tenté de t’expliquer que tu es lourd, insupportable et con, j’aimerais bien que tu m’expliques pourquoi tu m’as assommé, enfermé dans le coffre de ta voiture et attaché sur cette chaise dans une pièce avec plein d’instruments tranchants.
– Parce qu’on a une connexion.
– Oh putain, tu ne vas pas remettre ça.
– Ben si, c’est parce qu’on a une connexion que tu es ici, attaché sur une chaise, prêt à être sacrifié, car nous sommes connectés.
– Ouais, sauf qu’on n’est pas connecté. Donc tu ne peux pas me tuer.
– Bien sûr que si.
– Ah non, deux personnes connectés, c’est deux personnes qui se comprennent d’un regard, c’est deux êtres qui s’aiment à l’unisson, c’est avoir internet sans avoir à taper sur sa box, c’est juste magique.
– C’est beau ce que tu dis.
– Merci.
– Y a pas de quoi.
– N’empêche, t’as raison, on n’est pas du tout connecté.
– Tu me libères alors ?
– Ah ben non.
– Pourquoi ?
– Ben maintenant que tu sais que je tue des gens, tu vas me dénoncer.
– Ah ouais... Pas con.
On dirait que tu as un faible pour les psychopathes. Je me trompe ? ;-)
Je dois avouer que les textes entièrement en dialogue, ce n’est pas ma tasse de thé. En dehors de l’exercice de style, je n’arrive pas à en voir l’intérêt.
Mais j’ai moi-même écrit beaucoup de dialogues avec un minimum d’indications scéniques. Je trouve que pour leur donner du relief, c’est bien de différencier, particulariser la manière de parler des personnages et, surtout en l’absence d’indications sur le ton de la voix ou l’expression du visage, c’est important de bien employer la ponctuation.
D’autre part, il me semble qu’à un moment donné, on se perd un peu, on ne comprend plus lequel des deux a confondu l’autre avec Sandrine.
Coquilles et remarques :
Mouais, si tu le dis sauf que j’ai du mal à voir la connexion entre nous deux. [Après « si tu le dis », je mettrais un point ou éventuellement un point-virgule.]
Je t’ai confondu avec Sandrine, la secrétaire du patron. On en déjà parlé. [On en a]
Non mais t’as pas avoir honte. Je te trouve très mignon. [t’as pas à avoir honte]
Ouais, je sais mon régime n’est pas top. [Il manque un signe de ponctuation après « je sais », par exemple une virgule.]
Faut croire que le rose c’était pas une bonne idée. [Il faudrait une virgule avant « c’était ».]
Je te jure, c’était écrit manger des aliments de la même couleur. [Il faudrait mettre « manger des aliments de la même couleur » entre guillemets ou en italique.]
Lourd, genre boulet, genre je comprends que dalle quand un collègue m’explique non faut pas appuyer sur ce bouton-là, ironise sur mon tee-shirt ou encore me confond dans le noir avec une bombe atomique répondant au nom de Sandrine. [Je propose : Lourd, genre boulet, genre « je comprends que dalle quand un collègue m’explique : non, faut pas appuyer sur ce bouton-là », ironise (...)]
Parce que jaune c’est blond ? [J’ajouterais une virgule après « jaune ».]
Tu veux que je te fasse du bouche-à-bouche. [C’est une question ou une affirmation ? Si c’est une affirmation, il faudrait peut-être le clarifier en commençant la réplique par « Ouais » ou « C’est ça »...]
Oh putain, tu ne vas pas remettre ça. [Il faut un point d’exclamation quelque part : « Oh putain ! Tu ne vas pas remettre ça. » ou « Oh putain, tu ne vas pas remettre ça ! »]
Ah non, deux personnes connectés [connectées]
C’est beau ce que tu dis [J’ajouterais une virgule après « C’est beau ».]
Tu me libères alors ? [J’ajouterais une virgule avant « alors ».]
J’ai eu du plaisir à lire cette série de textes, où tu montres ton aptitude à varier les styles.