Constantin Valtros

Ripailler à Stigard devient problématique. Malgré les années de paix et les désirs de continuités vers la civilisation, les promesses autour d’une modernité semblent toujours se compromettre dans les ruelles les plus sinistres de cette planète. Stigard est pour plusieurs la frontière naturelle entre l’Ordre et le Chaos, elle devient la seule planète à l’extrême des frontières où l’Armée Royale d’Origorn et ainsi que des navires militaires se déplacent en tout temps pour sécuriser l’espèce spatial. À cette planète, je retrouve un charme que j’ai connu depuis avant la paix, me rappelant des souvenirs enfouis dans une mémoire coupée par des regrets et par des morts. À chacune des planètes libérées, un nouveau traumatisme pouvait se rajouter durant la grande guerre. Devant ces cruautés, des combattants nobles sont rapidement devenus des houliers. Sans scrupule, créant des milices ou des organisations à part, ils prétextaient monstruosité et vice, uniquement en pensant combattre le pire des Alpes Noirs.

Rentrant dans ces bestialité et dans ces fantasmes entre bien et mal, les Alpes Noirs sont bien un territoire appartenant à Origorn. Comme les Lunes d’Akhan ou les Étoiles de Sophir, les mœurs de la pureté et du bien absolu les gardent en retrait de toute réelle unification avec le Royaume. Dans ces idées de condamner toute hérésie loin de la pensée royale ou de la pensée divine, les ressources manquent pour comprendre la différence entre l’Ancien Régime Akhanien et ces régions mystérieuses, étranges, et exotiques, mais pas nécessairement vil.

À cette mentalité, l’heuristique du pire devient une arme pour se cacher dans des mœurs discutables. Au Centre de Stigard, peu d’êtres tentent ce genre de perversion, mais au loin dans les régions moins surveillés et les plus peuplés, des vieilles traditions sont là pour rester. À Stigard pour des intérêts personnels, l’auberge me sert de refuge pendant que ma patience attend le retour d’une perle, voulant revenir vers les Alpes Noirs pour se ressourcer.

Malgré ce repos dans cette auberge, je ne peux pas m’empêcher d’entendre les discussions sur les courtines ou les sinistres rumeurs sur la disparition d’un enfant. Sa mère, désespérée, a promis durant la convocation des missions de donner tout ce qu’elle possède pour le retrouver. Restant isolé, je vois les débauchés et les mercenaires tout faire pour retrouver cet enfant. Une promesse aussi grande qu’une demeure avec une agriculture fructueuse peut faire rêver plusieurs êtres corrompus et vindicatifs de richesse.

La bonté est difficile dans ce monde, surtout parce qu’elle sous-entend toujours un échange de bon procédé. Ma barbe, mes cheveux noirs arrivant vers mon cou et ainsi que la petite cicatrice proche de mon œil intéressent ces sacs à vin de discuter avec moi, pour essayer de prouver leurs valeurs par leurs bestioles tués ou par les armées qu’ils ont affronté, voulant à tout prix comparer nos combats.

Ces fanfaronnades égocentriques s’illustrent souvent par la démonstration de leurs récompenses pour prouver leurs combattivités. Mais devant un évènement aussi tragique que la disparition d’un enfant, cette pensée mercantile et glorifiant me motivent plus que la vantardise de l’aboutissement. Je n’ai pas besoin de demeure à Stigard, ni de me trouver un rôle de paysan, ma seule motivation est de faire taire les prétentions des boursemolles à glorifier tout et n’importe quoi de leur misérable vie. Sortant durant les vêpres, les citoyens d’Origorn se promènent encore à travers les différentes ruelles. Cette apparence si monarchiste se trahit parfois par des bâtisses venant de mondes matérialistes. Sortant des rues des plus protégés, le format des maisons, des auberges et des églises se retracent au mieux des traditions architecturales de l’époque du Roi Eddalis.

Selon les dernières fatrouilles des brigands à mon éphémère auberge, tout s’entrecoupe vers la Cour de Stigard, une petite organisation criminelle liant plusieurs activités parallèles. Allant du vol à la tire jusqu’à l’esclavage sexuel, si le petit Anton se retrouve entre leurs griffes, on peut penser au pire. Passant dans les pires recoins où femmes de joies et autres débauchés terminent leurs soirées, je vise une personnalité établie de la Cour de Stigard. Je l’ai connu, non par des anciennes malaventures du passé, mais bien parce que j’ai participé à quelques de ses activités autour de mercenariat, des vinasses et des femmes de joies.

« Constantin Valtros! Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu… on craignait même que l’une de tes aventures a pu terminer ton long parcours de combattant. » Sa voix rauque me laisse toujours perplexe, organisateur des pires vices, ou de voir le sang coulé pour ses ennemis, cet homme est connu pour être le centre des divertissements les plus controversés de Stigard. Mon silence le fait continuer dans son monologue. « Idrasa est malheureusement partie de Stigard, le mois dernier, mais je peux te trouver une autre rousse pour accompagner ta soirée… »  

D’un regard noir, j’inspecte les alentours avant de répondre durement. « Idrasa doit être morte. » Ses yeux se frappent par ma franchise, connaissant ce monde obscur qu’il monopolise dans ses quartiers, je ne suis pas dupe des disparitions. « Je ne vois pas de quoi tu parles… » Sa réponse est suffisante pour déchiffrer son effroi dans cette voix si calme auparavant.

Essayant de trouver ces acolytes, je le vois légèrement paniqué quand ceux-ci ont disparu avec des jouvencelles, proche de la maison de leurs vices. Tentant de fuir vers le bordel, ma main se ferme rapidement sur son index et sur son majeur de sa main droite. Mon gantelet en cuivre s’accumule par le sang, coulant sur celui-ci. Les hurlements de la source passent inaperçus, à travers musique et chant venant du bordel.

« Cette histoire ne m’intéresse pas, gueux. » Son majeur est coupé par la pression physique de ma main. Le doigt tombe au sol suivi par un petit giclement de sang. « Où se trouve le refuge pour le commerce des enfants? Qui s’en occupe? »

Perdant uniquement un doigt, il a su donné des bonnes réponses dès le premier coup. Jaster, un vieil commerçant, a été le nom donné par ma source, en plus de me donner une précision géographique de son magasin. Vendant des graines et des aliments durant la journée, un marché parallèle s’est créé en dehors du système. J’ai reçu des informations supplémentaires en coupant un seul doigt. Il ne s’est pas uniquement tourné vers un marché physique, mais aussi par une multitude de produits dérivés, venant des excès et des opportunités d’une autre technologie qu’Origorn. Devant ces informations, je me dirige doucement vers le fameux commerce. Pensant bien sûr que son commerce légal et légitime soit fermé, son marché en parallèle doit être en plein éveil.

Revenant sur mes pas, son commerce est entre la frontière de la débauche et de la sécurité venant des enceintes du Seigneur de Stigard. À cette marche, l’abime commence à prendre une place considérable,  se camouflant dans les ombres de la nuit. Cette illusion me détache de la réalité, pendant que mes pensées se retrouvent dans les dernières réflexions de la seule lumière qui est partie vers son monde natal afin de se retrouver.

Crimes, châtiments et justices viennent peut-être de nous-mêmes, nous occultant dans cette haine viscérale qui compose nos pires regrets. Devant la demeure de ce Jaster, je cogne doucement sur la porte. Les petites Antouilles s’allument à l’intérieur. Il bascule délicatement l’ouverture laissant sa porte entrouverte. Un peu plus petit que moi, le vieil homme me regarde d’un œil suspicieux, voyant ma lourde épée d’Altarium et ainsi mon équipement. En réflexion durant quelques secondes, il ouvre la porte pour me laissant rentrer. S’allumant une fine tigar, il me parle après avoir fermer la porte.

« Qu’est-ce que vous voulez en particulier? Je suis très limité actuellement au niveau de la nature, mais j’ai quelques alternatives qui peuvent vous intéresser. » Il sait exactement pourquoi des gens viennent le voir pour durant les heures de la brune. Je ne doute pas une seconde que son visage est plus amical lors de son travail légal, mais sa vision ambigüe, mélangée par rancœur et désobligeance, me font pensés à un regret certain de ce mode de vie.

« Anton. » Cette réponse le bloque. Cherchant ses mots, je vois une certaine cupidité dans ses yeux. Sa nervosité me fait pensée au pire de ses perversités. « Je suis désolé, mais je ne comprends pas, j’ai… » Je m’approche du vieil homme, qui recule par instinct devant cette avancée. Je commence à le regarder sèchement, lorsque ses tremblements et ses larmes suffisent à n’importe quelle police royale de le déclarer coupable. Je le regarde avec cette attitude pernicieuse et sévère, détruisant tout ce qu’il pouvait être.

Sans la violence physique, sans mes armes et sans les menaces, il se sent pulvériser par uniquement par la foudre composant mes yeux noirs. Il se sent transgresser par un seul regard dissuasif, le noyant dans ses pires regrets. Il sait ce que je peux lui faire, il sait reconnaître les tortures de mon approche et il sait surtout déceler l’obscurité pouvant m’accompagner devant le pire des ignominies. Mais…

Il ne dit rien. Rien du tout.

Car finalement… « Toute ton image est contre toi, mais ce n’est pas toi. » Je recule de quelques centimètres de lui, regardant les graines au comptoir et ainsi que les outils à vendre sur les murs. Ses larmes continuent à couler, pendant ma visite des lieux. « Ferme ta boutique et disparais d’ici. Si je reviens à Stigard, et que je te revois, je te tuerais sans hésitation. Avec tout l’argent que tu as accumulé, je te conseille vivement de partir du Royaume d’Origorn. Trouve-toi de l’aide à Ashtar ou à Belgrum. Parce qu’un jour, une personne moins indulgente que moi, pourrait te retrouver et la justice populaire frappa. Ton chef se retrouvera peut-être sur un piquet des courtines, mais ils ne vont pas se gêner de te torturer de tous les sens possibles avant la décapitation. Tu as une seconde chance de te reprendre, alors prends-la… » Avant de me diriger vers la porte, le vieil homme, complètement paralysé, bégaye quelques mots avant de pouvoir reformer des phrases complètes.

« C’est Calvin Tusford. » Commence-t-il en pleurant. Je me retourne vers lui, attentif de ses prochains mots. « Comprenez-moi, je n’ai jamais passé à l’acte, oui des adolescents viennent me voir pour vendre leurs services à des clients, mais moi je ne vends que des holofilms autour de ça. Le jeune Calvin, il est souvent venu me voir pour des films, mais après il a demandé de la chaire. Je lui en ai offert par les adolescents disponibles… mais un jour, il m’a parlé d’Anton, de comment il le désirait… et le lendemain, Anton a disparu… »

Je lui lance un simple regard neutre devant son témoignage avant de lui répliquer :

« Ferme définitivement ta boutique dès que je sors, Jaster. »

Au centre de toute cette enquête, je ne sais pas si ce vieux commerçant va aller vers un autre sens dans sa vie. C’est à lui de concrétiser sa sortie ou de continuer à jouer avec le feu. Ma générosité va se terminer avec lui, parce que pour Calvin, mon jugement est aussi simple que la cruauté que je peux afficher devant des actes aussi ignobles. Dans une société aussi moralisée et manichéenne qu’Origorn, peu de gens laissent une telle possibilité. Cette rudesse et cette fureur ont façonné largement notre pressentiment devant les monstruosités qu’on peut faire face.

Peu d’individus affrontent ce type d’évènement dans leurs vies, mais aux dires des grands juges de la pensée morale, ils savent exactement comment y répondre. En tuant Jaster, tous auraient applaudis mon geste, alors que la mort de Calvin sera plus décriée, par la position de sa famille dans le commerce et dans la noblesse. Donc, la question qui peut être posée : Pourquoi je vais me montrer plus cruel envers le jeune noble que le vieil commerçant marginal? Parce que finalement, vivant des siècles à travers les ombres de l’Histoire, je déteste totalement la continuité de notre vie, possédée par un conflit dépassé depuis des siècles.

Marchant vers la Maison des Tusford, leurs animaux sont très peu réactifs envers ma présence. Je sais que la famille de Calvin n’est pas sur place, parce qu’il n’aurait jamais osé le faire devant ces parents. Rentrant doucement dans la maison, en poussant la porte, je remarque à la cuisine, Anton mangeant et apeuré de la situation. Toujours aussi droit, je lance uniquement un : « Ta mère te cherche, Anton. » Avant d’attraper cette flèche qui était destinée à mon visage, mon regard noir se dessine sur Calvin complètement paniqué, essayant de recharger son arbalète classique.

Sortant mon épée de son fourreau, je m’avance vers lui pendant qu’il supplie de le laisser par son jeune âge et par des erreurs d’adolescence. Je plante mon épée au sol, son soupire de soulagement est très court en entendant la raison de mon agissement : « Je ne vais pas salir mon épée de ton sang… » Les bruits sourds sont inaudibles pour le jeune Anton. Les cris de Calvin ont peut-être arrêté, mais pas sa souffrance. Le laissant agonisé chez lui, ses parents ne vont que le découvrir plus tard, pensant peut-être qu’un biclarel l’a peut-être démembré.

« Je ne sais pas ce que tu as vécu, Anton. Et je te mentirais à dire que je comprendrais. Commence-je pendant notre retour vers sa demeure. Notre société est étrange dans ces vices et dans ces désirs. Elle est étrange à chercher de vouloir le bien ultime, lorsqu’au final, la compassion des autres n’est qu’un simple outil pour essayer de s’attendrir avant d’être parfois oublié par ceux-ci. Ces évènements que tu as subi sont graves et répugnants, ils font partis du pire et je regrette énormément qu’à ton âge que tu connaisses une telle réalité.

Cependant, malgré tout ça… » Dis-je en me penchant vers lui  et en posant une main sur son épaule, « tu dois être capable de marcher et de vivre. Tu ne vas peut-être jamais cicatrisé de telles blessures, mais tu vas pouvoir les comprendre et vivre avec. Cela ne sera pas facile, mais avec ce que tu as vécu, peut-être que tu vas pouvoir aider des gens qui ont subi les mêmes sévices que toi.

Et le plus important. Rappelle-toi des gens qui t’ont toujours apporté amour et dignité. Ta mère va être tellement heureuse de te revoir. Et profite en au maximum, parce que pour elle, tu comptes bien plus que tout. Ne te laisse pas entraîner dans l’abime, car c’est l’abime qui te dévora, mon ami. »

Le laissant partir chez lui, je me retourne doucement pour voir Keirya, qui nous suivait depuis le début, affichée un petit sourire en me voyant aider un enfant. Ce comportement la touche vu la froidure de mon comportement envers tous êtres vivants autour de moi habituellement. Keirya Von Suellek est l’une des rares êtres que je respecte. L’une des seules où le nom est plus important que juste la relation d’un soir. M’approchant d’elle avec un rare sourire, je vois encore plus son bonheur sur son visage pour soulever sa main afin de toucher ma joue et ma barbe avec sa tendresse habituelle. Sans armes classiques, Keirya est définie pour plusieurs par l’Hérésie qui cherche à détruire Origorn. Cette mentalité se calcule par une violence l’inconnu et de la différence. Certains peuvent l’accuser de n’importe quelle sortilège, alors qu’elle vient juste d’un monde à part.

Cette petite perle de lumière dans toute cette obscurité m’accompagne depuis des années. D’une grande beauté, restant à fleur de peau depuis des décennies, son mystère la rend encore plus charmante. Un peu plus petite que moi, ses cheveux bruns arrivent sur ces épaules, son visage fin me fait toujours plaisir à regarder. À notre première rencontre, on s’était battu pour ensuite aller dans la couche après des négociations extrêmement difficiles entre nos deux parties…  malheureusement pour moi, les femmes qui me marquent le plus, c’est  toujours par celle que je combats avant. Comme Tamina, une alcine que j’ai connue avant, venant elle aussi des Alpes Sombres, Keirya m’a communiqué que celle-ci avait très mal prise nos vœux de fidélité, coupant ainsi le pont entre cette alcine rousse et moi. Venant du même monde, leur Ordre pratique toujours des combats de loin et une certaine forme de contrôle élémentaire.

Sourde de naissance, son handicap l’a permis de développer ses pouvoirs psychiques différemment. Elle perçoit le monde autour d’elle naturellement par sa psyché illimitée. Retraçant ainsi mon chemin, celui des animaux ou même des sentiments extrêmes, le son est remplacé par la magie d’un autre sens. Si ces pouvoirs ont des limites, il est rare que je le voie à son seuil maximum. Se servant d’une lame d’énergie au lieu de l’Épée en Altarium, elle se différencie ainsi de toutes les alcines des Alpes Sombres pour cette raison. À travers tout ça, elle est la raison pourquoi j’ai autant d’amour pour elle. Elle est unique en son genre. Elle s’est servie de son handicap pour devenir plus forte et pour servir autre chose qu’une cause politique ou mystique.

Retournant cette délicatesse, je touche à sa joue, tout en lui souhaitant un excellent retour dans les territoires protégés. Toujours aussi belle, malgré toute son léger armure noir, on sait très bien où cette Histoire va se terminer pour les dernières heures de la brune.

La nuit a été confortable. Silencieuse et touchante à la fois, on s’accompagne mutuellement pour vivre quelque chose à travers cette relation parfois difficile vu la brutalité de certaines de nos actions. Au moins, il n’existe pas de secrets entre nous deux, il n’existe pas de conflits importants, la seule chose qui existe à travers l’ensemble des évènements de toute cette vie, c’est mon bonheur de la retrouver.

Malgré toute sa tendresse et son amour envers ma personne, les brumes ténébreuses recommencent à dessiner les contours malades de cauchemars encore inexpliqués. À chaque nuit depuis environ un mois, ce rêve revient me hanter comme si c’était mon devoir de me souvenir du pourquoi de cette folie. Cette lune rouge envahissante devient de plus en plus présente, transformant le monde que je connais. Des créatures démoniaques, sortant de ses ombres, qui se confectionnent à la possibilité de repeindre le dessein de la logique. La lune se transforme doucement en un œil reptilien effrayant, ne dormant jamais pour prendre notre énergie et notre essence.

À chaque fois des ajouts prennent de plus en plus de places. Des chiffres, des étoiles et des localisations s’ajoutent. Quatre ombres ou encore des phrases aléatoires sont fréquents dans mon tourment. Les voix qui se rassemblent. Les larmes et les douleurs qui détruisent la possibilité de sortir du gouffre. Quelque chose semble se passer, semble se construire en dehors de la logique connue. J’ai toujours noté ce que j’entendais sur des feuilles. « Il va venir, il va te regarder et il va te poursuivre. » C’était la première incursion que j’ai entendu à travers toutes les formes incongrues, à travers toute la recherche d’une seule logique de ces cauchemars.

« C’est tout ce qui me reste. » a laissé un écho dans ma mémoire, où un jeune homme semblait presque en larmes par ces paroles. « Je vais venir!! » avait hurlé une autre voix féminine complètement brisée par une désolation insondable. Dans ces cauchemars, on me montre en même temps encore la mystérieuse planète obscure avec ses deux lunes. Une dernière phrase s’ajoute devant toute ces différentes voix. « Tu vas peut-être les voir, mais cela ne va pas être toi. » Je ne crois pas que toutes ces phrases venaient des silhouettes voisines, mais elles font parties d’un ensemble d’une vision horrifiante de cet œil pernicieux, nous regardant pleinement, connaissant tous ce que nous sommes et peut-être tout ce que nous allons devenir.

Devant ces mouvements plutôt violents à la couche, je ressens le front de Keirya sur le mien pour essayer de me calmer. Elle connaît ces nuits mouvementées revenant me hanter à chaque fois que je laissais une brèche. Le sursaut est difficile et je plains cette petite perle de subir autant d’aléas nocturnes par ces absurdités cosmiques. Une fois, calmée par toutes ses sensations fortes, Keirya commence à inspirer un peu d’air, comme si elle cherche à parler.

Cela me blesse de la voir être noyer par cet invisible ennemi. Cela la blesse autant de ne pas pouvoir m’aider ou à comprendre d’où cela pouvait venir. On a déjà théorisé dans le passé d’avoir été maudit par une sorcière, mais malgré toute la recherche de Keirya, c’est très peu probable.

Je reconnais le mouvement de ces doigts, pratiquant ce langage que je maitrise par cœur depuis que nous avons décidé de poursuivre notre aventure ensemble. Finissant sa phrase,  en frappant son cœur, je comprends toute son inquiétude à ce sujet. « Je suis sincèrement désolé pour ça. Même moi, je comprends mal où cela veut aller. Je sais que peut-être que tu penses que cela vient des batailles violentes que j’ai subi dans le passé ou encore des regrets de certaines de mes actions, mais je ne comprends pas pourquoi c’est aussi abstrait. » En même temps de mes paroles, les mouvements de mes mains reprennent son langage pour appuyer mon propos.

Se levant de notre couche, elle commence à se diriger vers le petit bureau pour prendre une feuille qui se retrouve sur chacun des bureaux des chambres de l’auberge. Regardant plutôt sa nudité que la feuille au début, elle me fixe avec un doigt sur les inscriptions de la feuille avec des grands yeux pour que je me concentre de nouveau.

« Tu veux qu’on aille à la Diète Populaire de Stigard? Je ne suis pas sûr que le Cerf et que le Savant puissent vraiment m’aider à trouver des réponses. » Ouvrant ses bras pour me communiquer le : pourquoi pas? Je suis assez pensif d’aller demander de l’aide directement à une monarchie à laquelle que je n’ai très peu de respect depuis la succession royale. Devant la pression féminine, je finis par pencher la tête pour accepter sa proposition.

Les Diètes Populaires sont un semblant de démocratisation que la population d’Origorn se sert pour parler de sujets fâcheux ou non. Si chacun des Royaumes unissant Origorn a leur propre légitimité, la montée en flèche de la croissance de la population a créé un certain creux entre les élites monarchiques et la population. Étant la troisième plus grande puissance de l’univers connu, et ayant de nombreuses craintes de voir une partie de la population s’accrochée aux idéologies Sismantistes, la monarchie a fait des minimes efforts pour permettre la population d’exercer un droit à la frustration devant ses dirigeants.

À cette réponse, chacun des Royaumes envoie souvent l’un de leurs savants et leur cerf pour discuter de changement ou juste perdre leur temps à déblatéré toutes âneries possibles. De la demande de baisser les impôts à accuser une Hellen de sortilège noir, tout peut être discuté. Malheureusement pour les croyants de cette liberté, peu de nouvelles politiques sont créés par les propositions citoyennes et paysannes. Commençant vers 10h00, elle se termine aux alentours de 18h00, après que tous aient passés leur colère sur le sujet de l’économie ou de minorités non-désirées. Ayant dormi quelques heures supplémentaires au lit à cause du cauchemar, on se réveille bien trop tardivement pour être là à l’heure précise.

Malheureusement pour nous à notre arrivé sur place, une petite foule s’est cumulée vers midi, pour ne pas permettre de passer sans attente. Au loin, j’entends le Savant Grefard répondre à une foule assez en colère sur le dernier évènement de la semaine.

« J’avoue ne pas comprendre la décision de Jaster de partir, mais en quoi nous pouvons entraver ces libertés? Tout a été fait selon les règles, il a payé ses dettes et il a désiré fermer sa boutique. Jusqu’à nouvel ordre, sa boutique appartient à Stigard. Si quelqu’un en fait une offre, nous pourrions éventuellement en discuter. » Quelques voix frustrantes se font entendre par la réaction du fameux Savant, cherchant compromis à travers ce départ précipité.

Je n’imagine pas la future Diète lorsqu’ils vont découvrir le corps démembré du jeune Calvin Tusford, peut-être qu’ils vont organisés une chasse à l’animal qui l’a mis dans cet état.

« Prochain sujet proposé par Alean Corston : Le changement de place pour le future Statue d’Alie Van Tuli. Cette Hellen a participé longuement au combat contre les famines, pour qu’on échange… » Le savant se fait tapoter son épaule par le Cerf, me pointant directement dans la foule. Surpris de me voir, le Savant oublie complètement le sujet précédent pour se retourner vers moi.

« Sir Constantin Valtros, Seigneur d’Alairom et Ancien Chevalier de la Garde Royale d’Origorn, nous sommes honorés de votre présence dans notre modeste Diète. Puis-je savoir pourquoi êtes-vous actuellement au conseil du Peuple de Stigard? »

« Je veux seulement vous parler en privé… »

« Bien sûr, je vais venir vous voir juste après la Diète. »

Je suis connu dans ce Royaume par ceux qui portent une tradition monarchiste d’Origorn, mes combats contre le Régime Akhanien ne sont plus à réécrire. Malheureusement pour tous être qui attendent leur tour pour parler de leur problème durant cette Diète, mon passé allait toujours m’avantager. Il me suffit de me présenter pour avoir plus de droits que les autres, causant de nombreuses injustices autour de cette représentation. En patientant doucement pour entendre  toutes les propositions, Keirya s’amuse plutôt à regarder à quelques enfants, se chipotant des jouets pendant que leurs parents attendent à hurler leurs dernières opinions sur les divers sujets à discuter.

Au désir de tout ce milieu, peut-être que la population ne vient uniquement pour avoir le droit d’exister. Souvent dans les royaumes ou les régimes les plus totalitaires, il est bien rare de voir des individualités et peut-être que cette Diète Populaire leur sert à concrétiser ce qu’ils voudraient être dans un monde idéalisé. À la fin de cette Diète, je note quelques agissements particuliers. Quelques êtres se sont rendus devant la scène pour se tenir chacun la main, chantant une vieille musique de l’avant-guerre.

Écoutant les paroles du petit groupe, je ne vois pas le savant venir en ma direction pour notre rendez-vous. Légèrement dodu avec des cheveux bouclés noirs, ses yeux me rappellent quelque chose. Sourire aux lèvres, il vient me resaluer d’une façon plus familière. Malheureusement pour lui, je ne porte aucun souvenir de celui-ci. Devant ma requête, il m’invite avec Keirya de le suivre. Déposant quelques mots sur le but de ma rencontre, le définissant largement comme un appel à son aide pour comprendre une vision assez étrange, il change de direction pour se diriger vers la bibliothèque du Royaume de Stigard.

Cette bibliothèque est un peu à part des domaines du sang-noble, surtout vu que les sages et que les savants se retrouvent souvent à cette place pour continuer leurs apprentissages. Elle est protégée cependant par quelques gardes, pour garder les conseillers instruits du Royaume. Faisant un petit signe aux deux gardes devant les portes, je ne porte même pas un regard envers ceux-ci.

À première vue, la bibliothèque du Royaume sert surtout à concrétiser dans un aspect religieux. Les ouvrages mis en vedette sont des les anciens récits légendaires et des contes, pouvant transporter tous vers un monde meilleur que celui qu’on connaît.

« Que puis-je faire pour vous? » Nous questionne-t-il en se posant devant l’un des petits bureaux en bois de la bibliothèque. Hésitant à mon approche, je ne crois pas que je vais tenter directement de tout décrire. Les savants, prêtes et êtres de foi peuvent facilement s’effrayer en voyant des êtres maléfiques et corrompus partout dans les horizons.

« Depuis un mois, j’ai des visions assez particulières. C’est souvent des cauchemars qui se répètent et mais, des petites choses changent à chaque fois. Je ne peux pas vous décrire parfaitement ces rêves, mais quelque chose est lié avec une lune rouge grandissante. »

Intrigué au début, cela semble rien lui dire. Ses réflexions s’arrêtent sur un petit point en particulier. « Lune rouge grandissante? Je n’ai jamais eu de souvenir de cela dans les écrits de notre époque, mais je me souviens qu’un érudit m’a parlé de quelque chose ressemblant à ça. D’anciens auteurs, bien avant la fondation de notre Royaume, parlent d’un décor sombre où la lune envahit les souvenirs des victimes. Attendez… »

Incapable de se servir de son savoir, il commence à se servir de la technologie pour retrouver exactement ce qu’il recherche. Parlant avec l’une des rares intelligences virtuelles de la bibliothèque, positionnée sur le bureau central, il essaie plusieurs mots-clés avant de tomber sur ce qu’il recherche. « J’ai quelque chose… L’œil de l’Inconnu. Cela date d’environ moins 5500 avant notre ère. Il a été traduit partiellement. Certains paragraphes tronqués ne peuvent pas être encore déchiffré. » Pendant que l’intelligence virtuelle nous donne quelques détails sur cet ouvrage, je ne peux pas m’empêcher de noter un petit détail.

« Je ne vois pas le nom de l’auteur … » Curieux comme moi, il commence à fouiller les anciennes données. « L’écrivain est inconnu, on sait juste d’où vient le document. Une petite planète de l’Ancien Royaume Nain du nom de Tator. » Étrange encore, habituellement, les auteurs de cette époque classique avaient toujours une large préférence d’identifier tous leurs œuvres.

Quelques pages sont numérisés et traduits pour au moins nous laisser une trace de cette Histoire. Comme plusieurs auteurs de cette époque, le sujet de l’Holocauste Cosmique est principal. Par des maximes plutôt simples et religieux, je commence à perdre mon intérêt jusqu’à temps qu’une page m’interpelle. Je demande rapidement au Savant Grefard de revenir dessus.

Les dessins commencent à s’afficher. Ce n’est pas une lune rouge qui est présentée, mais bien un œil gigantesque, regardant trois ombres sur une planète enneigée. Je comprends de faire attention à la perception des ressemblances autour d’images similaires, mais Keirya perçoit rapidement mon choc en voyant cet œil observateur dans un ancien récit religieux. Cette réalité n’était pas dût à ma unique folie? Elle a peut-être déjà visible chez des prophètes d’Ancienne Foi.

Arrêté par mes inquiétudes, le Savant continue à visiter doucement les dessins, parfois s’incorporant dans le sinistre de mes cauchemars et d’autres fois, non. Puis après la suite de maximes et de dessins, ce sont des chiffres qui apparaissent. Avec encore des chiffres familiers dans mes visions, je demande au Savant où peuvent être placés les coordonnées écrits dans cet étrange manuel. 

« Dans l’ouvrage, ils parlent de la planète Huras, mais… attendez… » Vérifiant par les noms de planète actuels, sa conclusion me motive à me diriger exactement vers cette nouvelle destination. « Voilà, Huras a changé de nom plusieurs fois dans les cartes de la galaxie. Après, c’est devenu Iory et depuis environ six-cent ans, c’est Constantinox. »

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SollyR
Posté le 16/06/2020
Coucou,

Un début dans la noirceur, même dans tes dialogues tes personnages disent des choses pertinentes.

Le retour du rêve lié aux autres personnages de ton histoire m’est de l’importance supplémentaire au futur problème qu’il y aura. J’ai aimé le fait que Constantin fasse des recherches pour expliquer ces rêves douteux et qu’ils finissent par avoir une explication partielle !

Bonne continuation <3
BearOmega
Posté le 17/06/2020
Merci.
Contente que ce perso te plaise!
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