On partira loin, loin
Sans se retourner, sans regarder devant,
En oubliant un peu qu'on mourra demain, le jour d'après, dans quelques années sans doute.
Toi, Moi, N'importe qui on s'en fout c'est pas important
Rien n'est important, il n'y a que le souffle du vent sur nos carcasses immobiles
Qui se persuadent qu'elles bougent pour une raison
Qui se persuadent que tout ça va quelque part.
Mais on ne va nulle part, on avance, on va là-bas,
Loin, loin, on oublie un peu qu'on va mourir, on regarde pas devant, on regarde pas derrière, on regarde nos pieds pour pas trébucher, on regarde le sable sous nos pieds, on regarde les vagues s'écraser et se déliter dans l'écume, on regarde ces crabes d'un autre monde aller dans le mauvais sens.
Et nous on avance, encore, loin
Peut-être pas si loin finalement, peut-être juste là-bas avant de tomber, peut-être qu'on mourra plus tôt.
Mais c'est pas grave on s'en fout la Terre avance pour nous, mais c'est pas grave on s'en fout la galaxie bouge pour nous. Et on avance quand même un peu, parce qu'on est là après tout, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, après tout.
Le sable glisse sous tes pieds, le vent souffle sur ta peau, les vagues te poussent sur le rivage, et perdu sur cette petite Terre tu avances vers la falaise, pour mourir demain peut-être, dans quelques années sans doute ; pour partir loin quoiqu'il en soit
Partir loin et oublier la fin
Partir loin et oublier le vent, les embruns, tout ce qui te retient.
Tout ça n'est rien, rien et rien, alors tu vas loin, loin
Encore plus loin peut-être, un peu moins loin sans doute, et le monde disparaît, il n'y a plus rien, il n'y a jamais rien eu. Rien.
Rien que le lointain, et le vent qui souffle, et souffle encore sur des milliards de carcasses,
Toi,
Moi,
Ton voisin,
Un grin de sable,
Une goutte d'eau,
Un morceau de vie,
Un morceau de vide ;
Bien à toi
Matthieu