Je levai enfin les yeux. Mais il était parti. Pour toujours.
Et l’aube qui se levait. Et l’aube qui me l’annonçait, dans sa sanglante lueur. Tu ne le reverras jamais, voilà ce que m’aurait susurré ce soleil à l’agonie, s’il ne s’était pas trouvé à l’autre bout de l’horizon.
Et ce mot résonnait entre mes côtes. Jamais, jamais, jamais.
J’aurais voulu le voir partir. J’aurais voulu lui crier mes rêves, mes rêves et mes désirs, alors qu’il s’éloignait, les pieds noyés dans le brouillard. J’aurais voulu que mes larmes coulent plus tôt. Qu’elles inondent mon visage dans une ultime supplication. Reste, lui aurais-je murmuré. Un seul mot, un seul, et peut-être serait-il encore là…
J’aurais voulu lui dire, mais au lieu de cela j’ai baissé la tête. Je me suis effondré, sans mots, sans pensées, et misérable j’ai écouté ses pas. Ses pas sur les pavés mouillés. Ses pas qui résonnaient dans mes oreilles.
Ils y résonneront toujours. Toujours, toujours, toujours.
Et lorsque je levai les yeux, il était déjà trop tard. Il avait disparu, mon frère, la moitié de ma famille. Parti en fumée. Évaporé, dans ce brouillard informe qui nageait autour de moi. Alors je sus, je sus que tout était fini. Pas pour moi, pour lui.
C’était ce soleil pourpre qui augurait sa fin. C’était ce brouillard froid qui me le répétait. Jamais, jamais, jamais. Non, jamais il ne reviendrait, car plus jamais il ne serait le même.
Le frère que j’avais connu était mort, à présent.
Le sujet est fort, intime, et traité à la fois avec pudeur et intensité; combinaison toujours délicate à trouver qui nécessite la bonne distance, le bon angle, les bons mots...
Je trouve par exemple géniale l'idée d'associer la mort à la naissance du soleil; il est vrai que les couleurs de l'aube sont parfois celles du crépuscule.
Les répétitions "toujours, jamais" insistent sur l'inéluctabilité et le définitif, on ressent la détresse face au destin, presque la peur de l'accepter.
Beau texte.
Léa
Hihi oui, d'ailleurs il faut que je compile mes petites notes sur tes nouveaux chapitres...^^'
Je suis très très heureuse que tu ressentes si bien cette détresse qu'éprouve le personnage, et que tu trouves le texte bien équilibré entre “pudeur et intensité”, comme tu dis ! :)
“Je trouve par exemple géniale l'idée d'associer la mort à la naissance du soleil“
>> Ohh merci beaucoup !^^ Je souris à la pensée que tu trouves mon idée “géniale” hihi :))
Merci pour ton beau commentaire, c'est très encourageant !^^
À tout vite !
Nous aurions envie d'en savoir davantage et attendons avec impatience ta nouvelle histoire ;)
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Il me fait chaud au cœur :))
“Nous aurions envie d'en savoir davantage et attendons avec impatience ta nouvelle histoire”
>> À vrai dire, cette petite nouvelle est fortement liée à l'histoire “Comme une mer de larmes” que j'écris actuellement... c'est en quelque sorte un petit “bonus”, qui reprend l'une de ses scènes avec un point de vue nouveau :)
On ressent bien la tristesse et le sentiment d'abandon de notre protagoniste, même en si peu de lignes, c'est bluffant, bravo à toi !
Merciii ! Merci beaucoup, je suis très touchée que l'on ressente si bien la tristesse transmise dans le texte ! :))
En fait, ce n'est pas exactement un premier chapitre, puisqu'il s'agit d'une nouvelle... Mais si tu veux une piste de compréhension, ce texte a un rapport avec l'histoire “Comme une mer de larmes” que j'écris actuellement^^
Enfin, je n'en dis pas plus...