Dans les cordes

Par Dan

— Elle est prête à te recevoir.

Francisca la regardait comme si on venait de lui diagnostiquer un cancer du pancréas. En fait, en ce lundi matin, l'ambiance à la mairie avait des airs de veillée funèbre. Un jour de deuil pour l'amour-propre de Merci. Et probablement pour sa carrière.

Elle quitta les poires à billes du salon d'attente avec autant de grâce que possible, c’est-à-dire aucune, en se souvenant de ses convocations chez le proviseur et de l'absolue sensation de fin du monde qui les accompagnait. Merci aurait donné n'importe quoi pour écoper de deux heures de colle et d'un mot dans son carnet, aujourd'hui.

— Entrez ! répondit une voix forte quand elle frappa pour s'annoncer.

Elle prit une grande inspiration et s'exécuta. Ses yeux s'acclimatèrent lentement à la pénombre tamisée par les persiennes, redessinèrent les contours familiers des bibliothèques, glissèrent sur les diplômes encadrés qui ne suffisaient plus à cacher le plâtre écorché, puis s'arrêtèrent sur la petite ombre de Marianne Landry. Une odeur ambigüe de fer et de moût de raisin la précéda quand elle s'avança dans un bruissement de jupe crayon. Là, elle se planta sous les yeux fuyants de Merci et lui tendit la main - elle avait pris l'habitude de présenter la gauche plutôt que la droite, comme sa femme.

Merci dut hésiter une seconde de trop à la serrer, car Madame la maire fronça des sourcils impeccablement épilés et lui écrasa les phalanges dans une poigne de forgeronne.

— Asseyez-vous. Café ?

Elle lui offrit une tasse "J'❤️ la fonction publique" sans attendre de réponse et s'installa de l'autre côté d'un bureau en bois de vigne qu'elle réussissait à rendre à la fois propre et surchargé. Les étiquettes et la couleur des dossiers changeaient souvent, mais les piles ne diminuaient jamais. Entre ses obligations de maire et celles de cheffe d'entreprise, Merci se demandait encore quand Marianne Landry trouvait le temps de dormir.

— Comment allez-vous, agent Barrilleaux ?

Par un procédé inexplicable, elle avait réussi à éradiquer tous les sous-entendus de sa question. Merci pouvait croire qu'elle s'inquiétait seulement de son état après sa mésaventure de samedi - un coup de chaud, ou un effet secondaire du don du sang. Rien de bien méchant, en somme. Pourtant, elle savait que sa santé physique n'était pas sa seule préoccupation. Merci avait dégainé son arme de service et menacé un homme. Un voyou, de son point de vue, mais dont l'unique faute avérée pouvait passer pour une très mauvaise blague.

— Ça va mieux, mentit Merci en prenant une gorgée de café tellement corsé qu'il lui retroussa les gencives.

Son estomac réagit avec la même véhémence. Elle n'avait pas réussi à manger ce matin. Ni la veille. Elle avait dormi presque toute la journée du dimanche et s'était réveillée avec des nausées en prime de son habituel mal de tête - qui avait muté en migraine. Merci avait même envisagé de se faire porter pâle aujourd'hui, mais se cacher dans son lit n'aurait rien arrangé à son humiliation.

— Bien, je suis heureuse de l'apprendre, dit Madame Landry avec un sourire qui fit monter des larmes traîtresses aux yeux de Merci. J'ai parlé à Alberto, mais j'aimerais avoir votre version de l'histoire.

Evidemment. Evidemment qu'il lui avait tout raconté. Tito assurait la sécurité des Belmontois quand Merci grignotait encore ses crottes de nez. Il avait essayé de la mettre en garde et elle n'avait rien voulu entendre, alors il n'allait certainement pas se taire pour la couvrir. Au contraire : avec assez de détails et d'emphase, il pouvait s'assurer qu'elle retienne la leçon une bonne fois pour toutes. Merci se demandait s'il accepterait de l'embaucher comme serveuse aux Yuccas quand Marianne Landry l'aurait renvoyée de la police municipale.

Merci chercha son courage dans une nouvelle lampée de café, puis entama son récit. Elle ne négligea rien : ni le convoi de voitures en excès de vitesse, ni les omissions suspectes de l'étranger, ni sa conviction qu'il connaissait Marianne Landry avant de faire halte au bistrot. Elle ne parla pas d'abuela Sebastiana, en revanche : quelqu'un qui prenait les lubies de la sorcière pour des indices pouvait s'asseoir sur sa crédibilité, et Merci n'avait vraiment pas besoin de se tirer une balle dans le pied.

Elle enchaîna sur l'épisode de la foire en essayant de ne pas trop incriminer Victor. Après tout, il avait repoussé l'étranger et refusé son offre, ce qui le disculpait des pires délits. Mais ce que Merci voulait réellement éviter, c'était de vexer Marianne Landry, ou de l'inquiéter. De toute évidence, Victor avait toujours de mauvaises fréquentations, ce qui faisait de Merci une bien meilleure juge de caractère que Madame la maire, le concernant. Et elle ne voulait pas que son employeuse l'interprète comme un "Je vous l'avais bien dit".

Quand elle eut terminé, Marianne Landry replaça ses courts cheveux cendrés du plat de la main. Ils la vieillissaient un peu, et si sa peau très blanche lui donnait généralement un air souffreteux pour ces latitudes, elle paraissait franchement malade, maintenant. Merci n'avait pas osé lui demander la raison de son absence à la foire, mais quelque chose lui disait qu'elle venait d'ajouter un tracas sur une pile déjà bien dodue.

— De la poudre rouge, vous dites ?

— Oui. Je suis absolument certaine de ce que j'ai vu.

Si le boudin n'avait pas été une illusion, alors le sachet non plus. Merci réalisa qu'elle avait bu presque tout son café et, avec l'adrénaline, elle n'était pas loin de jouer des maracas avec ses dents. Parce que Madame Landry ne l'avait pas interrompue, pas tournée en dérision. Tout l'inverse, en fait. Elle la prenait assez au sérieux pour lui poser des questions et pour attendre fébrilement ses réponses. Et si Madame la maire estimait qu'il y avait matière à s'interroger, rien de ce que pouvaient penser Tito et Salut ne comptait.

— Vous êtes mise à pied, agent Barrilleaux.

Son ventre gargouilla et Merci ravala un petit rot plus amer que le café.

— Quoi ?

— J'ai besoin de vous, et je ne veux pas vous licencier, reprit Marianne Landry. Mais je suis obligée de réagir, vous comprendrez, surtout après ce qui s'est produit avec Luis. Je pense que trois semaines suffiront.

— Quoi ?

— Vous devrez laisser votre badge en partant, Alberto nous a déjà ramené votre arme.

— Hein ?

La maire soupira.

— Ne me rendez pas la situation plus pénible qu'elle ne l'est déjà, Mercedes.

— Mais… vous êtes d'accord avec moi, pourtant, non ? Il se trame bien quelque chose de bizarre et…

— Merci.

Elle décida de croire que c'était une façon stricte et affectueuse de l'interrompre plutôt qu'une façon passive-agressive de la congédier. Dans tous les cas, l'issue était la même, et Merci ferma son clapet. Elle avait la gorge trop serrée pour parler, de toute façon, et les jambes trop molles pour se lever. Face à elle, depuis le mur, les portraits officiels des trois dernières maires Landry l'observaient avec toute la gravité de la République - portraits peints, et pas photographiés, qui leur donnaient un petit air d'aristocrates du XVIIème siècle encore plus implacable.

Merci évita de croiser le regard de la vraie Marianne Landry en posant sa tasse, épousseta son uniforme en se redressant, puis décrocha son insigne et l'observa un moment. Les rameaux de chêne et d'olivier qui entouraient la carte du pays, "La Loi" en lettres dorées. Elle aurait préféré se séparer d'un rein. Lâcher l'ovale de métal sur le bureau lui fit tout aussi mal.

Merci supporta assez mal son premier lundi de chômage, qu'elle passa à dormir et à se morfondre. Le lendemain, elle remonta la Grand Rue jusqu'au Rex, où on tenta de lui vendre l'expérience CinéMAX en plus de son seau de popcorn au piment. Elle écouta poliment le projectionniste lui décrire la séance enrichie : un employé en combinaison noire secouerait son siège pendant les courses-poursuites et lui brumiserait le visage pour l'enterrement pluvieux. Finalement, elle jeta son dévolu sur un film obscur daté d'au moins dix ans, sous-titré avec la mauvaise bobine dans une langue inconnue, et elle s'endormit au bout d'une demi-heure.

Le surlendemain, elle entama l'un des innombrables livres qui patientaient sur sa table de chevet, emprunté à la bibliothèque depuis tellement longtemps qu'il valait maintenant plus cher en amendes de retard qu'en prix unique. La jaquette ne correspondait pas à la couverture et le résumé ne correspondait pas au roman, mais peu importait puisque tout était médiocre.

Après trois jours d'oisiveté forcée, Merci était à peu près sûre qu'elle allait crever d'ennui. Alors elle fit ce qu'elle savait faire le mieux, même si on le lui avait interdit : le jeudi matin, fraîche, dispose, vêtue de son bermuda le plus confortable et munie de la bicyclette de son père - elle avait perdu son fidèle gyropode avec ses prérogatives de garde-champêtre -, Merci se tenait prête à aider son prochain.

M. Ruiz avait fait une malheureuse sortie de route, du côté de l'aérodrome, mais il refusa son coup de main pour sortir sa charrette du fossé ou récupérer son cheval, qui broutait des arbousiers dans le champ voisin. Mme Lopez lui réserva le même accueil quand Merci voulut porter ses courses, et sa contribution à la communauté se limita finalement au sauvetage du chat de Mme Etchart coincé dans un acacia. Vendredi, un peu refroidie, Merci se lança dans une longue randonnée durant laquelle elle ne put s'empêcher de déblayer les sentiers de la Sierra et de repeindre les balises sur les rochers, redoutant à chaque instant d'être prise en flagrant délit de cantonnerie prohibée.

Pour ne rien arranger, Tito s'obstinait à "passer dans le coin par hasard" aux heures des repas et Salut lui laissait une ribambelle de messages que Merci n'écoutait pas. Le premier avait suffi, dimanche dernier : "Je suis désolée d'avoir appelé ton père à la rescousse, à la foire… Je savais pas quoi faire et… je voulais pas que tu te mettes en danger." Ce qui, du point de vue de Merci, sonnait atrocement comme "Tu l'as bien cherché".

Merci n'avait pas passé de semaine aussi pénible depuis qu'une crise d'oreillons lui avait fait manquer son stage de scoutisme en classe de cinquième. Finalement, l'inactivité était devenue moins douloureuse que le regard méfiant de ses concitoyens. Alors, quand son portable sonna, le samedi soir, elle faillit ne pas trouver la force de décrocher.

— 'Lô ?

— Merci ? C'est moi.

Patxi ne prononçait jamais son nom au téléphone - qui savait combien d'agences gouvernementales les espionnaient ? Merci elle-même jeta un coup d'œil prudent alentour, mais elle était seule avec sa bouteille de bière tiède au bord du stade où les ados jouaient au ballon devant le soleil couchant.

— 'Lut, répondit Merci.

— Des problèmes de diction ?

— Qu'est-ce qu'y a ?

— Le réseau a fait remonter une info.

Une façon bien mystérieuse de dire que quelqu'un parmi les voisins vigilants avait vu un truc louche en écartant les rideaux. Enfin, peu importait que Patxi donne des airs de conspiration internationale à la moindre rumeur de quartier : leur club de commères constituait la meilleure arme dont Merci pouvait rêver contre le crime ordinaire. Nombre de vandales de poubelles et de délinquants à la petite semaine avaient été arrêtés grâce à leur délation.

Elle les avait missionnés pour espionner l'étranger dès son débarquement, mais cette fois-ci, c'était à Patxi qu'ils avaient fait leur rapport. Elle éloigna le téléphone le temps de pianoter sur l'écran tactile et de constater qu'on l'avait exclue de leur groupe WhatsApp. Temporairement ? Merci l'espérait. Quelque chose remua au fond de son estomac. Elle se souvenait du café trop fort de Marianne Landry et la bière n'aidait pas.

— Pas exactement l'info que t'attendais, crachota la voix de Patxi. Mais le fils de Fanny Lopez a vu Victor se prendre le bec avec la sorcière, au parc.

Merci ne trouva rien à dire. Elle s'était attendue à beaucoup de choses venant de cette petite crapule, mais pas à ce qu'il se mette à malmener les vieilles dames. Un frisson la prit en traître en repensant à l'apparition d'abuela Sebastiana sur le parking des Yuccas. Son naufrage professionnel n'avait rien arrangé à ses cauchemars : la nuit dernière, la Santa Muerte avait débarqué dans ses rêves en corbillard décapotable. C'était l'étranger qui conduisait. Il avait ralenti le temps qu'elle dégaine sa faux ; alors, d'un revers, elle avait décapité Merci qui cueillait des saucisses sur le bas-côté.

— Merci ? Tu m'écoutes ?

— Je suis suspendue.

— Pas lobotomisée.

Sur le terrain, un tacle souleva une motte de terre sèche. En représailles, l'un des ados de l'équipe adverse s'empara de la balle à pleines mains et courut vers les cages. Les lignes blanches tracées sur l'herbe jaune ne correspondaient ni au foot ni au rugby, ni d'ailleurs au baseball ou au criquet, alors les règles du jeu étaient floues et tous les étaient coups étaient permis. Merci les enviait.

— C'est trop risqué, répliqua-t-elle en essayant d'ignorer la brûlure de la honte et la démangeaison de la curiosité. Tout le monde me regarde comme si l'affaire Luis recommençait.

Trois ans passés à essayer de faire oublier ce fiasco à coup d'attentions charitables, et aujourd'hui, tout était à refaire.

— Tu sais ce que j'en pense, fit Patxi. T'avais raison pour Luis. Comme j'ai raison pour le Prince Charles et pour les chupacabras de la Sierra, mais les gens sont des moutons.

— Peut-être, répondit prudemment Merci, pour qui les théories acceptables s'arrêtaient à la zone 51. Mais si Madame la maire apprend que j'ai encore fourré mon nez dans…

— Attends, attends… Ce gars, la poudre rouge, sa conversation avec Victor ? Tu crois pas que ça vaut le coup de creuser ?

Merci ne perdit pas de temps et d'énergie à se demander comment Patxi savait tout ça. Il prenait son hobby de journaliste très au sérieux et, d'après lui, il y avait toujours une foultitude de mystères à creuser, par ici. Patxi était apparemment convaincu que cet intrus en faisait partie, et si l'enquête de Merci lui ramenait un scoop pour son podcast, il saurait la récompenser en abonnements gratuits à la bibliothèque, ou en annulation de pénalités.

— Tu tiens forcément quelque chose, Merci. Je le sais. Tu le sais. Et je pense que Landry le sait aussi, mais qu'elle ne veut simplement pas l'admettre.

Ses mots mirent un moment à percer le flou de l'alcool et de la chaleur. Quand ils atteignirent son cerveau, Merci posa sa bouteille et se redressa. Et s'il avait raison ? Si Madame la maire avait dû sauver les apparences, lors de leur entretien ? Puisque la rumeur courait que leur garde-champêtre dégainait dès qu'on agitait un boudin dans sa direction, elle avait dû prendre des mesures disciplinaires officielles. C'était son rôle. Pourtant, derrière cette façade, il y avait bien eu de l'intérêt et de l'inquiétude. Madame Landry se méfiait aussi de l'étranger et de son étrange trafic ; peut-être dans une moindre mesure, mais quelle importance ? Dans tous les cas, elle ne pouvait pas l'avouer à Merci tant qu'elle était sur la sellette.

Et Merci n'avait plus besoin de se l'entendre dire. Elle avait juré d'être les yeux et les oreilles de la maire, de protéger les Belmontois, badge ou pas. Elle ferait la liste de ses torts et de ses erreurs plus tard, quand tout serait rentré dans l'ordre. Pour l'instant, il fallait agir, parce qu'elle ne pouvait pas offrir trois semaines d'avance à cet emmerdeur. Pas même un jour de plus.

Réfléchir. Prioriser. Relancer l'investigation. Avait-il foutu le camp après leur altercation à la foire, par précaution ? Merci ne savait pas où il logeait, ni même si on l'avait aperçu à Belmont avant qu'il repointe le bout de son nez au marché. Quant aux autres conducteurs de vieilles voitures, d'après les joueurs de pétanque, ils avaient continué vers l'Est dès le premier soir, et personne n'avait revu de Monte Carlo, de Mustang ou Camaro depuis ce jour-là. Tout portait à croire que l'étranger faisait bande à part, ici.

À moins qu'on l'ait envoyé en éclaireur ? Ou que ses acolytes aient infiltré d'autres villes le long de la route qui longeait la Sierra ? Merci ravala un grognement de frustration. On lui avait interdit l'accès aux services de la mairie, et donc aux bases de données de la police nationale ; impossible alors de rechercher la plaque d'immatriculation de la Chevrolet photographiée sur le parking du bistrot. Elle ne pouvait pas non plus risquer de contacter un confrère d'une commune voisine sans ses accréditations.

Restait Victor.

— J'ai deux services à te demander, annonça-t-elle à Patxi en se levant.

Elle vida son reste de bière dans la poussière, jeta sa bouteille dans la benne de tri et se mit en selle, l'oreille toujours vissée à son portable. Une demi-heure plus tard, elle plongeait dans l'odeur de fumée et de viande carbonisée qui flottait sur le parc. Elle était entrée par l'Est, par le Passage des écoles - une venelle flanquée de fresques colorées que des générations de petits Belmontois complétaient année après année. Personne ne traînait là-bas, le samedi soir, à part une bande de ratons-laveurs adeptes des toboggans : un arrêté municipal imposait la fermeture des aires de jeux pour chiens et des enclos pour enfants à vingt-et-une heures. Une mission qui incombait d'habitude à Merci, et qu'un collègue du service des loisirs avait sûrement endossée en son absence. Elle avait vérifié : portails verrouillés, fontaines éteintes et poubelles vides. La machine de la mairie continuait à tourner sans accroc. Sans elle.

Toutes les têtes se dressèrent dans sa direction quand Merci contourna la zone de pique-nique où les barbecues publics crachaient des panaches de suie dignes de hauts fourneaux. Personne ne leva la main ou la spatule pour la saluer. Personne ne l'invita à partager une salade de haricots rouges ou des aubergines grillées. Ça tombait bien : elle n'avait pas faim, et elle était déjà en retard.

Elle prit à gauche au premier embranchement. S'éloigner de la Grand Rue, fuir l'animation : là-bas, on jouait aux boules derrière le bistrot de Tito et à la trompette sous le kiosque à musique, derrière la salle des fêtes. Il fallait de la tranquillité et de la discrétion pour ce qui se profilait, alors elle avait choisi un point de rendez-vous plus au sud, où les chemins de terre battue devenaient des sentiers et où les bosquets bien agencés devenaient des morceaux de forêt. Quand elle arriva à destination, le parc commençait déjà à s'effilocher dans les côteaux de la Sierra.

Merci laissa son vélo et combla les derniers mètres sans faire de bruit. Une lumière rouge mouchetée de petits insectes remplissait la clairière. Un adolescent y faisait les cent pas. Le craquement des aiguilles sous ses santiags avait réduit les grillons au silence et on n'entendait plus que le flap-flap des franges de sa veste.

— Salut, Victor.

Il s'emmêla dans ses propres jambes en se retournant brusquement, ce qui permit à Merci de dresser les mains en signe de paix et de dire :

— C'est moi qui ai demandé à Patxi de te rencarder. Pas de panique. Je veux juste te poser quelques questions.

Mais Victor paniquait. Les genoux fléchis, le teint blême, il la scannait du regard, et il fallut un moment à Merci pour réaliser qu'il cherchait son arme.

— S'il te plaît ! lança-t-elle alors qu'il esquissait un mouvement pour s'enfuir. J'ai besoin de toi !

La surprise le coupa dans son élan, ou la peur de la voir se ruer à sa poursuite pour le molester à coup de branche morte, faute d'arme de poing. Merci lui laissa le temps de mieux l'observer, son accoutrement inoffensif, son air suppliant.

— J'ai rien à vous dire, répliqua Victor. J'ai rien fait. Je veux pas d'embrouilles.

Merci non plus ne voulait pas d'embrouilles. Elle prenait un très gros risque en incluant Victor dans son enquête clandestine : s'il caftait à Marianne Landry, c'était le licenciement assuré. Elle avait même envisagé d'envoyer Patxi à sa place. Heureusement que Victor n'avait pas assez de jugeotte pour mesurer son avantage.

Merci n'était d'ailleurs pas certaine de pouvoir vivre dans un monde où Madame la maire continuait à employer Victor Hébert et pas elle. L'avait-elle convoqué, lui aussi ? Dans son bureau du domaine Landry ? Avait-elle voulu entendre sa version de l'histoire avant de le mettre en garde ? Il n'avait concrètement rien fait de mal - pour l'instant -, mais la réputation du domaine viticole reposait en partie sur celle de ses employés. Si le grand public commençait à l'associer aux agissements d'un dealer du dimanche - ou du samedi, en l'occurrence -, l'image et le portefeuille de la famille Landry allaient en prendre un sacré coup. Alors, finalement, peut-être que les mots de Merci avaient un fond de vérité :

— Je viens pas en ennemie, mais en alliée, parce que je pense qu'on a un objectif commun.

Victor la regarda comme si elle venait de l'inviter à danser.

— Tu veux te débarrasser de cet étranger, toi aussi, non ? insista Merci. C'est ce que t'as dit, à la foire. "Dégagez".

Il avait aussi dit "Vous avez aucune chance", mais aborder ce point lui semblait encore un peu prématuré. De toute façon, Merci avait une assez bonne idée de ce que ça sous-entendait : Victor avait eu le monopole sur le trafic de substances illicites, jusque-là. Personne n'avait pris sa place de petit caïd depuis que Marianne Landry l'exploitait à l'usine de bouchons, ce qui confortait Merci dans l'idée que Victor n'avait pas renoncé à ses activités criminelles - il avait simplement trouvé un moyen de les exercer plus discrètement.

Sa réaction face à l'étranger étayait la théorie de Merci, d'ailleurs : il défendait son territoire. L'intrus débarquait avec sa poudre rouge, lui faisait concurrence, et Victor roulait des mécaniques sous son nez - lui qui, de notoriété publique, faisait ses marges en mélangeant sa marijuana aux herbes aromatiques de sa mémé. Oh, comme Merci aurait aimé pouvoir le reprendre la main dans le sac. Mais elle avait d'autres priorités, maintenant, et elle décida d'interpréter le silence de Victor comme un encouragement :

— Est-ce que tu l'avais déjà vu, ce type ?

Victor détourna les yeux et sonda la forêt, peut-être pour se donner le temps de broder un mensonge, peut-être pour s'assurer que personne ne les épiait. Merci connaissait la réponse, dans tous les cas : si Victor s'était frotté à l'étranger avant la foire, il n'aurait jamais eu le culot de lui parler comme ça.

— Non, confirma Victor en tirant sur ses boucles d'oreille.

— Alors comment il savait qu'il fallait s'adresser à toi pour ce genre de commerce ? Tu… Arrête de me faire cette tête de gecko. Je porte pas de micro sous mon t-shirt, je bosse pas pour la brigade des stups. Je bosse même plus pour la police municipale. J'essaye juste d'avoir une conversation, là. J'imagine que t'as pas écrit "premier fournisseur de fumette à Belmont" sur ton CV, alors je me demande comment ce gars pouvait savoir à qui s'adresser.

— Je sais pas.

— Pourquoi il voulait que t'essayes son produit ? Pour le revendre ensuite ? Il a besoin d'un distributeur local ?

— Je sais pas.

— C'était quoi, dans le sachet, exactement ?

— Je sais pas.

— Victor !

— J'ai pas le droit de vous le dire !

— Tu…

— Rafi Torres.

— Quoi ?

— L'étranger, il a dit qu'il s'appelait Rafi Torres. Et c'est pas la peine de me demander autre chose, parce que…

Ils sursautèrent à l'unisson. Le bruissement se répéta, plus proche. Un bruit comme des pas sur des feuilles mortes. En écarquillant les yeux pour percer l'obscurité, Merci réalisa que la nuit était tombée.

— C'est elle, souffla Victor, qui s'était rapproché dans son dos. La sorcière.

Elle voulut lui ordonner de se ressaisir, au moins de lâcher sa manche, mais elle n'avait plus assez d'air pour parler. Les voisins vigilants avaient vu Victor perdre patience avec abuela Sebastiana, sûrement parce qu'elle avait tenté de lui refourguer une de ses amulettes en carcasse de rat, ou parce qu'elle lui avait tenu la jambe avec un énième monologue en patois. Le fils Lopez n'avait pas voulu raconter ce que la sorcière faisait dans le coin, quand il l'avait vue, et si Victor l'avait mise en rogne, elle lui préparait peut-être une très mauvaise surprise.

— Señora ? appela Merci quand elle eut retrouvé sa voix.

Nouveau froissement, de l'autre côté cette fois. Merci s'empara du bâton qu'elle avait envisagé de mettre en travers des guiboles de Victor et le brandit comme un sabre. Elle s'usait les yeux à sonder les sous-bois, tournant lentement au centre de la clairière où une vague lueur rougeâtre dessinait encore les contours des arbres, mais rien ne bougeait hormis l'ombre de Victor vissée à ses talons.

Puis tout bougea d'un coup. Les branches, le ciel, même les étoiles. Un souffle pareil à une bourrasque secoua la forêt et un épais nuage sombre s'éleva vers le nord, engloutissant Victor et Merci qui se protégeaient la nuque en hurlant. Quand Merci osa relever la tête, elle distingua des battements dans le grésillement continu et des formes dentelées dans la marée noire. Des ailes. Leurs remous emportaient ses cheveux, mais rien ne la heurtait : debout au milieu du chaos, elle était comme un rocher sur lequel la tempête se fendait. Après deux ou trois longues minutes, enfin, le calme retomba. Les dernières chauves-souris avaient disparu.

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Nosir
Posté le 13/01/2023
Wahou! Encore un super chapitre! Quel style impeccable et fluide! Cela se lit d'une traite sans même souffler! Je suis d'accord avec tout ce que dit Nothe dans son commentaire (à part que je n'avais pas du tout pensé que la Maire pouvait être un vampire, hihihi), sauf peut-être pour le rythme. Pour moi le rythme est toujours aussi effréné, et je trouve ça très bien. Peut-être les autres lecteurs ressentent-ils un ralentissement à cause du fait que Merci soit un peu malade et pommée car démise de ses fonctions. Mais pour moi, le récit s'envole toujours dans un tourbillon de pensées et d'émotions qui ne laisse pas souffler le lecteur. C'est super!
Merci, effectivement, donne l'impression de souffrir d'un grand vide intérieur qu'elle cherche à compenser en se rendant utile aux autres. Cela donne de la profondeur au personnage.
Du coup, j'ai vraiment été étonnée de la réaction des gens à son égard. Qu'est-ce qu'ils sont durs! Mais cela donne un conflit supplémentaire à la protagoniste, ce qui est toujours bon pour l'intrigue! Bravo, c'est extrêmenent bien ficelé.
Quant à moi, je pense que Marianne a quelque chose de pas très honnête à cacher, héhé. J'ai hâte de lire la suite...
Est-ce qu'il s'agit à la base d'un roman jeunesse? Car pour les adultes c'est palpitant aussi.
Dan Administratrice
Posté le 25/02/2023
Salut Nosir !

Ravie que ça te plaise toujours ! Merci pour tous tes compliments :D Pour le rythme, j'imagine que c'est une perception assez personnelle, mais je suis d'accord avec Nothe pour dire qu'il faut alterner les passages effrénés et les petites pauses bienvenues ! En tout cas, je suis très contente si tu t'y retrouves pour l'instant.

C'est vrai que les autres sont un peu durs avec elle, mais elle a un certain passif, aussi, même si je ne fais que le sous-entendre. Le côté un peu caricatural de cette communauté m'a fait aller jusque-là, mais si ça paraît franchement exagéré j'essayerai de mitiger un peu.

Je ne dirai rien sur Marianne ! Et pour le public cible, j'avoue que je ne me suis pas vraiment posé la question, pour l'instant je m'éclate juste à écrire et ça me suffit :D

Merci encore pour ta lecture et ton commentaire !
CelCis
Posté le 23/12/2022
J'ai ri! Avec ce "elle avait décapité Merci qui cueillait des saucisses sur le bas-côté."
Et puis touchée, un peu attristée pour Merci, de voir que tout le monde lui tournait le dos. Bref, je rentre tout à fait dans les émotions en lisant tes textes.

Tours une écriture très maîtrisée, où tout est lié.

Petit détail (vraiment), je ne dirai pas qu'une jupe crayon bruisse. Je pense que ce sont les jupes qui serrent tellement (bonjour les cuisses qui collent) et qu'elles font rarement du bruit. Mais les expériences peuvent être différentes.

Je trouve que le texte, qui avait déjà pris de l'espace, prend maintenant de la profondeur. Vivement le 4e!
Dan Administratrice
Posté le 07/01/2023
Re-coucou !

Contente que mon humour douteux fonctionne... ! Et que tu arrives à entrer en empathie avec Merci, ce qui reste un de mes gros doutes...

C'est noté pour la jupe, tu as raison ! Je verrai comment je peux modifier ça.

Merci beaucoup pour ta lecture et ton retour, j'espère que la suite te plaira !
itchane
Posté le 11/12/2022
Oooooooh mais oui !
Quel plaisir de découvrir qu'un nouveau chapitre de Mordicus est sorti ! ^^

Je trouve celui-ci différent des précédents, le rythme se pose un peu, surtout à la fin comme le souligne Nothe et j'ai beaucoup aimé ce contraste. Par contre j'avais senti ce rythme déjà ralentis tout du long, pas que à la fin, contrairement à Nothe, donc pour moi c'est tout le chapitre qui est un peu un souffle par rapport à la course aux émotions et à l'action du précédent et ça fait du bien ^^

Je trouve très intriguant que l'ensemble des habitants tournent le dos à Merci, devenir si vite 'persona non grata' alors qu'elle semblait au contraire proche de tout le monde dans le premier chapitre, le revirement est vraiment très contrasté, comme si l'ensemble des éléments de ton univers fonctionnaient en tout ou rien, chaque action peu vraiment avoir une incidence hyper forte sur la suite... cela renforce les enjeux qui deviennent tout à coup hyper importants pour le lecteur autant que pour Merci, alors même que pour l'instant, si on prend du recul, rien de vraiment extraordinaire ne s'est passé encore.

C'est fou, de se surprendre à laisser la flamme intérieure de Merci nous coloniser, on s'imagine aussi des supers complots de fou... alors qu'il n'y a aucun élément encore pour le soutenir x'D

Bref, j'ai beaucoup aimé ce chapitre, le mystère est toujours aussi prenant et c'est vrai que les images sont très belles !
J'ai hâte de découvrir la suite : )
Dan Administratrice
Posté le 07/01/2023
Coucou itchane !
Désolée pour le temps que j'ai mis à répondre...

Il me semble qu'il fallait ralentir un peu, oui... Je suis aussi en train de revenir sur ces premiers chapitres pour rajouter quelques descriptions, donc j'espère que ça permettra de souffler un peu parce qu'ils sont effectivement assez mouvementés !

Pour la réaction des habitants par rapport à Merci, c'est effectivement assez radical (y a pas beaucoup de nuances dans ce début, mais surtout aucune nuance dans l'esprit de Merci et ça reste son interprétation) ; mais il y a aussi un certain passif là-dessous, qu'il faudrait peut-être que je rappelle. Enfin, ils ont des raisons de s'inquiéter de son comportement, disons.

Haha mais tant mieux si la passion acharnée de Merci est contagieuse même si oui, concrètement, il s'est rien passé pour le justifier x'D

Merci beaucoup pour ta lecture et ton retour !
Nothe
Posté le 11/12/2022
AH BAH ENFIN ! (quelle horreur cette phrase, désolé x))

Non mais en vrai, coucou ! Trop content de pouvoir suivre la suite de l'histoire, et très honteux de ne pas avoir commenté les premeirs chapitres, que j'avais pourtant dévorés à leur sortie. J'avais plein de trucs à dire en plus, et puis j'ai un peu oublié les détails... Mais j'ai encore les traits généraux : ton écriture est toujours très maîtrisée, et pour moi il y a vraiment ce côté où on a l'impression que toutes les phrases sont liées les unes aux autres comme des rouages : c'est pas seulement que ça coule de source, c'est que tout s'enchaîne très logiquement et *nécessairement*. Ca donne l'impression de "marcher tout seul" ! Je ne sais pas si ça a du sens comme métaphore, mais pour moi j'ai vraiment le même sentiment d'admiration que devant une grande mécanique ! C'est à la fois mystérieux et évident d'adresse.

En plus des fois tu te permets des petites acrobaties où t'es obligé de te dire "woahhh" genre "Elle y avait rongé son frein et sa touillette à café" (j'adore cette figure de style !) et franchement ça ajoute beaucoup à ce côté abasourdissant (ce mot n'existe pas). T'écris vraiment super bien, quoi !!

Bref ! Et sinon pour plus de détails - c'est marrant que plusieurs lecteurs dans les commentaires aient dit qu'ils n'arrivaient pas à éprouver d'empathie pour Merci, ça m'a fait pas mal réfléchir. Effectivement, c'est une personne qui, sans pour autant être antipathique, ne va clairement pas bien et ne se l'avoue qu'à moitié. J'aime beaucoup le fossé que tu creuses entre la manière qu'elle a de s'occuper d'elle-même (très mal) et l'énergie qu'elle met au service des autres - on sent que ce n'est pas forcément que par bonté d'âme, mais surtout pour se sentir vivre/exister, pour se donner un sens (c'est un peu pour ça que l'inactivité la ronge). Effectivement, ce n'est pas *noble*, mais c'est très réaliste.

Sa solitude est aussi très frappante ? Des gens tournent autour d'elle, mais ils ont l'air très secondaires dans sa vie. Je sais pas ! Sa détresse est parfois drôle, parfois très amère, mais du coup je trouve que ça en fait une figure très intéressante et j'ai hâte de voir comment elle va évoluer. Genre elle a l'air tout à fait capable de commettre des actes très égoïstes, et c'est bien ! Ca fait une histoire !!

Et sinon rien à voir, mais alors je *sais* que tout le monde est en mode patati patata la chaleur du Mexique, MAIS EN VRAI un truc que j'aime vraiment pour l'instant dans ton histoire, bah c'est vraiment les scènes que tu peins et les décors/couleurs que ça évoque. Evidemment, plein de choses se passent la nuit, mais le village lui-même a des couleurs très chaudes, et je sais pas si c'était voulu, mais ce clair-obscur entre les teintes fauves/mordorées que les rues de Belmont évoquent et le bleu/noir de la nuit rendent les scènes TELLEMENT stylées ? Toute la dernière scène est hyper cinématique - les dernières lueurs rougêatres dans le ciel qui fait écho à la Sierra, le vert brun des arbres, la grande envolée de chauves-souris et l'impression de temps suspendu, limite de ralenti quand Merci se relève... Troooop cool ! (d'ailleurs, je suis très content que tu aies dit que les chauves-souris ne se heurtaient pas à elle, parce qu'effectivement contrairement aux idées reçues c'est très rare de se faire beugner par une chauve-souris, elles te voient à dix mille kilomètres, donc aucun risque que Merci s'en prenne une :p Donc c'est une scène jolie ET réaliste !! Que demande le peuple ?)

Sinon rien à voir ! Mais du coup je me demanderais bien si Marianne Landry ne serait pas un peu........ tu sais........... *mime de grosses canines* - genre le fait qu'elle soit genre... Pâle... Et puis un commerce de vin (enfin, ok, de bouchons en liège, mais voilà elle est dans la bouteille) bah c'est facile de dire "ahahahah ouiiii mes supers crus dans la cave ouh là là du bon rouge ça".... Enfin bref......... Hashtag théorie hein.....

Et un dernier truc, mais ça on pourra en rediscuter - je pense qu'une des raisons pour lesquelles cette dernière scène, et en particulier ce moment de flottement à la fin, m'a aussi beaucoup tapé dans l'oeil, c'est que j'ai eu l'impression que c'était un des seuls moments où la narration se posait un peu. Comme pas mal d'autres lecteurs, j'ai l'impression que le texte enchaîne très vite les actions - il le fait très bien, mais du coup il y a rarement des moments de pause pour engrainer les infos qu'on vient d'apprendre. Je suis assez partagé sur l'effet que ça me fait. J'ai l'impression que quelque part ça colle très bien au personnage de Merci, qui est justement dans l'action perpétuelle et ne prend *pas* le temps ni de réfléchir ni de souffler. On suit son histoire, donc ça a du sens que la narration reflète sa personalité. D'un autre côté, c'est vrai que parfois j'ai l'impression d'être un peu assommé. Un moment comme ça, par exemple, c'est à la fin de sa convo avec Patxi, où tu enchaînes instantanément sur son déplacement, avec très peu de battement entre "j'ai besoin de deux faveurs" et "allez j'y go là". Du coup pour moi la scène n'est "pas finie", et il faut que je continue si je veux comprendre l'action dans son entièreté !

Bref, dans l'idée ce n'est pas si grave, mais je pense que ça dépend beaucoup de l'intention que tu avais. Si c'est voulu que ce soit un rythme très effréné, c'est réussi, mais il y a définitivement un risque que ça devienne costaud sur la longueur 🤔 Que quelqu'un fasse prendre des vacances à cette pauvre fille....

Enfin voilà ! Bon j'ai pas dit grand-chose de constructif mais je suis vraiment content de lire cette histoire ! Je suis vraiment happé par l'univers et le "redesign" d'une esthétique un peu engoncée dans son gothisme, et j'ai super hâte d'en apprendre davantage sur les mystères que tu offres (parce que tu sais très bien gérer les tensions d'enquête !) J'attends le chapitre quatre avec impatience :D

Bisous !
Dan Administratrice
Posté le 07/01/2023
Ah oui puis je traîne autant pour poster que pour répondre aux commentaires c’est un scandale !

Coucou ! Mais y a pas de honte à avoir, franchement, on en parle à côté et puis de toute façon y a absolument aucune obligation. Merci beaucoup pour tous tes compliments, plus je lis l’Euphrosyne et plus je mesure quelles louanges c’est <3 Ha mais oui le zeugme meilleure figure de style ever Ery serait d’accord ! Si je m’écoutais j’en mettrais partout.

C’est marrant parce qu’il y avait énormément de choses auxquelles j’avais pas forcément réfléchi, ou en tout cas que j’avais pas « conscientisées » avant de lire ton commentaire concernant Merci. Faut dire que je prépare pas forcément de fiche personnage ou quoi, et souvent je me rends compte de leur comportement ou de leurs faiblesses au fur et à mesure. Mais c’est extrêmement vrai ce que tu dis : elle essaye de compenser quelque chose. Elle se pense proche de tout le monde mais finalement elle est proche de personne, même si y a des gens qui s’acharnent à rester auprès d’elle. Et clairement c’est pas sain. Elle a complètement le syndrome du sauveur, je pense, et moi ça m’aide beaucoup de pouvoir mettre des mots dessus pour savoir où je veux l’emmener.

J’étais plutôt partie sur des éléments plus « extérieurs » pour gérer son évolution, disons comment calmer son sens de la justice radical, son manque de nuances, mais grâce à ton retour je vois que ça englobe beaucoup plus de choses qui touchent à sa nature profonde et c’est hyper stimulant de réfléchir à l’histoire sous cet angle-là.

Alors je vais finir par vraiment passer pour une quiche mais j’avais pas non plus spécialement réfléchi aux couleurs... (à quoi pense-je, finalement?). J’ai des images dans la tête et j’essaye de les retranscrire le plus fidèlement possible mais c’est difficile de savoir si elles sont perçus à peu près de la même façon, alors merci pour ton retour là-dessus, encore une fois tu trouves la classe là où je l’attendais pas mais tant mieux <3 Hehe et tant mieux aussi si la dernière scène satisfait ton œil amateur de chauve-souris, c’est un soulagement !

Je serai absolument muette concernant Marianne. Y a juste des gens qui bronzent pas, c’est ainsi. Mais elle fait bien du commerce de vin ET de bouchons, donc l’enquête se poursuit… :p

Je comprends complètement pour le rythme. C’est un truc pour lequel je tâtonne à chaque nouvelle histoire et là j’ai bien conscience que ça va très vite. Comme je disais à itchane, je suis en train de repasser sur les premiers chapitres pour ajouter un peu de gras et en profiter pour glisser les petites étrangetés que je voulais donner au village à la base. Typiquement, le passage que tu cites, j’avais prévu une plus grande pause à un moment, et puis j’ai condensé de peur d’ennuyer le lecteur, ce qui est pas forcément une bonne tactique non plus. D’habitude il se passe beaucoup plus de temps entre l’écriture et la publication donc c’est aussi nouveau pour moi, y a pas mal de choses à ajuster, encore !

Tu rigoles c’était hautement constructif !! Merci vraiment pour ta lecture et tes retours !
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