Shyn quitta le buisson ou il avait dormi avant de prendre forme humaine. C’était loin d’être la première fois qu’il se réveillait dans la forêt près du village, mais aussi profondément si. Il reconnaissait cependant encore les alentours.
Cet arbre se penchant vers l’ouest par exemple, courbé comme un vieillard avec le dos couvert d’une cape de mousse. Il lui indiquait qu’il était à deux bonnes heures de marche pour ses jambes d’enfant. Au contraire s’il suivait la direction du bras tendu, il s’enfoncerait encore plus loin, dans un zone qu’il ne connaissait que très peu.
Son ventre grognait, et ses mains, pour une raison inconnue, étaient couvertes de suie. Il prit la direction du village, la femme l’hébergeant grommellerait en préparant l’eau pour qu’il puisse se laver, mais un repas tout chaud l’attendrait quand il aurait fini.
Elle n’était pas méchante, c’était même sa personne préférée au village, le logeant depuis toujours chez elle, le nourrissant, lui fournissant des vêtements. Et le soir, elle lui chantait des chansons à l’air doux et apaisant. Il ne comprenait pas les paroles, pas plus qu’il comprenait le langage.
Il entendait les sons sans problème et parfois il réussissait à comprendre le sens de certains d’entre eux et les retenir. Mais la langue restait un mystère imperméable, en conséquence il n’utilisait que rarement sa voix, ne pouvant parler.
Il avait réussi à comprendre qu’elle préférait qu’il soit sous forme humaine, à l’extérieur de la maison. Les autres enfants le mettaient déjà de côté, allant jusqu’à le bousculer, s’ils savaient qu’il était un dragon… Oui la dame s’occupant de lui était gentille et veillait sur lui, même alors qu’il était incapable de prononcer son nom. Pourtant elle avait un si joli nom comme ses chansons.
Ça faisait un moment qu’il marchait en fredonnant l’air d’une de ses berceuses préférée pour se rassurer. Il ne savait pas quoi, mais il y avait quelque chose dans l’air. Quelque chose de différent, d’anormal.
Pourtant il pouvait reconnaître chaque arbre, chaque buisson et chaque branche sans difficulté. Tout était semblable à hier. Même le nid de l’hublette bleue se trouvait à sa place. L’occupante couvait d’ailleurs ses œufs.
Il l’observa, sachant qu’il manquait quelque chose. Et c’est là qu’il comprit ce qui le perturbait, la forêt était silencieuse. L’oiseau d’habitude chantait, pendant ses cinq courtes années il ne l’avait jamais vue ne pas chanter en couvant, mais là elle se taisait. Tout comme le reste des habitants.
C’était la forêt qu’il connaissait et en même temps ce ne l’était plus.
Il continua d’avancer la boule au ventre.
L’odeur changea avant même le décor. Le parfum des feuilles, de la terre et de l’humus avait laissé place à celui des cendres et du bois vert brûlant. Puis le vert tantôt chatoyant, tantôt terne laissa place au gris.
Le feu avait créé une clairière couverte d’un tapis de cendre et de bras squelettiques tendus vers le ciel, seul restes des arbres hier encore dressés fièrement.
Son petit corps se mit à trembler, quelque chose… quelque chose essayait de se frayer un passage dans sa tête.
Il pouvait entendre le sang battre à ses oreilles. Il serra ses mains ensemble, une seule idée cohérente réussit à se former : celle de rentrer au village, à la maison et se pelotonner contre la gentille dame.
Il traversa les lieux au pas de course, butant sur un crâne humain, mais ne s’arrêta pas. Une partie de lui savait que, quelque part dans ce tapis gris s’en trouvait deux autres.
Le village n’était plus très loin.
Le feu brûlait encore à son arrivée. Des flammes s’élevaient par-ci par-là au milieu des maisons effondrées et brûlées et des cadavres des villageois baignant dans leur sang.
« Ha ha, sa voix ne portait pas loin, trop fluette. »
Des inconnus parcouraient ce qui restait du village, traînant de rares survivants derrière eux.
Des souvenirs se superposaient à ce spectacle, celui du feu avalant les bâtisses sous les rires gras des bandits, le cri de désespoir de la dame alors qu’on l’attrapait par les cheveux.
Ce n’était pas lui qui avait mit le feu au village. Celui éteint de la forêt si.
Il ne vit pas l’homme s’approcher de lui, il ne pouvait que voir l’ordre briller dans de beaux yeux brun, une supplique de la main pour l’inciter à s’enfuir. Des mots incompréhensibles « Va-t-en ! Va-t-en ! S’il te plaît fui. » dont pourtant le sens avait été saisi.
Une main saisit son bras. Shyn leva la tête sa bouche s’ouvrant pour laisser s’échapper un sanglot. La cruelle réalité s’imposait sans scrupule.
Le feu s’éleva haut dans le ciel sous les cris de douleur et de peur. Il était comme une tornade, incontrôlable, furieux et dévorant tout.
Pourtant en son milieux résonnait une faible plainte aussi fluette que le premier flocon de neige. Elle s’éteignit avec les flammes. Mais contrairement à elles plus jamais la voix ne renaquit.
Sympa de découvrir un décor par les yeux d'un protagoniste enfant. C'est d'abord agréable et dépaysant avant un chute noire. Je ne l'avais pas vu venir^^
J'avais l'impression de lire le prologue d'un roman, j'aurais bien continué la lecture xD
En tout cas, une lecture très agréable !
Quelques remarques :
"de certain d’entre eux et les retenir." -> certains
"buttant sur un crâne humain," -> butant
"pas loin trop fluette. »" virgule après loin ?
Un plaisir,
A bientôt !
Merci beaucoup, contente que ça plaise.
Oui visiblement ça fait bien prologue ou début d'histoire, alors que ce n'est pas vraiment le but. Surtout que écrire de cette façon sur du long terme je n'en suis pas capable.
Je corrige ça de suite, merci ^^.
Je n'ai pas bien compris pourquoi ton personnage fait autant de détours dans sa tête autour du nom de sa bienfaitrice. Elle ne peut pas prononcer son nom, mais dans sa tête, elle devrait pouvoir la citer ou du moins quelque chose qui approche.
La base est bonne, un peu de travail sur les formulations rendrait le tout plus poétique.
Plein de courage à toi :)
Alors pour être honnète c'est juste que je n'ai jamais réfléchis à un nom pour elle, donc en écrivant j'ai naturellement fait des détours pour ne pas avoir à la nommer. je ne m'en étais pas du tout rendue compte avant que tu le soulignes.
Merci pour le conseil ^^.
Quelques coquilles mais il y en a toujours malheureusement, nous en sommes tous là !
sans problèmes - sans problème (pas de s quand il s’agit de problème)
d’une de ses berceuse - d’une de ses berceuses
le décors - le décor
Une partie de lui savait que, quelque part dans ce le tapis gris s’en trouvait deux autres. – (manque un mot ou plutôt un de trop)
Le feu brûlait encore à son arrivé - Le feu brûlait encore à son arrivée
Des flammes s’élevait - Des flammes s’élevaient
par ci par là – par-ci par-là (mots composés)
Le feu s’éleva au dans le ciel - Le feu s’éleva haut dans le ciel OU Le feu s’éleva dans le ciel
Juste un extrait de la vie de Shyn, je ne pense pas en faire de suite, même si peut-être un jour je récrirais sur Shyn ça n'a pas du tout été fait dans ce but.
Oulà ça veut dire que la version corrigée est le pdf et que pour une raison quelconque j'ai gardé la version non corrigé pour le format traitement de texte au lieu de garderr que la version corrigé... je me fatigue moi-même. Merci, je vais corriger ça de suite.
En tout cas ça me fait énormément plaisir que tu lui trouve de l'intérêt ^^.