Déchue

Le donjon est un endroit dans lequel le roi Ronald a toujours évité de se rendre. Ce n’est pas un lieu digne de ce nom pour un souverain. Seulement, aujourd’hui il fait exception à la règle étant donné le prestige de la prisonnière, la reine qui l’attend. 

- Maria…souffle-t-il.

Elle lève les yeux sur ce visage, qu'elle n'avait plus vu depuis un long moment. Les prunelles noisettes du roi lui indiquent la fin. La fin du monde. 

- Tu sais que tout est terminé. N’est-ce pas ?

- Depuis le jour où il m’a touché, tout était déjà terminé pour moi. Répond Maria le visage fixant le sol. 

- Le père de cet enfant ? 

Elle émet un rire froid. 

- Regarde nous Ronald ! Nous sommes si loin de la promesse que nous nous sommes faite. Je vois bien dans tes yeux que tu boues d’envie de me libérer et de reprendre le cours de notre vie comme si de rien n'était. Mais je vois aussi cette nouvelle lueur m’indiquant que tout est brisé. Le roi émet un mouvement de la bouche pour parler mais elle l'interrompt. 

- Ronald attend ! Avant de me rejetter la faute tu dois me laisser la chance de m’exprimer. Je ne t’es pas trompé. 

- Est-ce tout Maria ? Cet enfant est-il le fruit du saint esprit ?

- Ne hausse pas la voix ainsi !

- Tu t’es enfuie comme une lâche Maria ! Tu m’as ridiculisé et brisé !! Comment as-tu pu ? Pourquoi ne pas m’avoir parlé ?

- Il m’a forcé ! Espèce d’idiot ! 

Voila ! Elle a lâché la bombe, la balle n'est plus dans son camp. Les larmes auraient bien coulées si Maria avait encore un minimum d’énergie mais ce n’est absolument pas le cas, après être restée trois jours enfermée. Il ouvre la cellule et entre à l'intérieur. Sous le regard perplexe de Maria, il lui prend la main et l’attire dans ses bras. 

- Tu n’aurais jamais dû me partager cette confidence. Car à présent je me trouve dans l’obligation de t'éliminer. 

La reine décolle sa tête de la poitrine de son mari et le regarde droit dans les yeux. Elle chuchote un remerciement presque contre les lèvres du roi et l’embrasse. D’un geste mortellement lent le roi dégaine le poignard accroché dans son dos et poignarde sa femme. Il ferme les yeux tel un enfant essayant d'échapper au monstre caché sous son lit. 

Dans un tout dernier souffle, la reine déchue lui murmura “ Ronald brûle cet enfant avant qu’il ne soit trop tard……..”.

- Gabriel sera son prénom. Proclama le roi presque simultanément. 

***

Il est tout à fait courant, étant souverain, de posséder des secrets qui ne peuvent être révélés sous aucun prétexte. Certains sont d’origines politiques, démocratique, personnels. Le roi Ronald n’est pas une exception à la règle, lui aussi possède ses secrets dont un qui pourrait changer le cours de l’histoire à tout jamais. 

Les décisions que nous prenons quotidiennement changent le cours de notre propre vie. Quels choix ont été faits et par qui ? Pour que la citée souveraine se retrouve baignée dans son propre sang ?