La première chose que j’ai entendue, c’est le son de la déflagration ; assourdissant. Pour être tout à fait exact, la première chose que j’ai entendue, c’est la voix de ma mère me disant : « bienvenue au monde, Sophie », car elle croyait dur comme fer que j’étais une fille malgré les échographies, le petit zizi et tout le reste. Puis, dans le millième de seconde qui a suivit, parfaitement synchronisée avec le second flash, la foudre a frappé le haut de la cabine du photomaton et l’a littéralement fait voler en éclats. Qu’est-ce que je faisais dans ce photomaton ? Et bien des photos pour une carte d’identité. Oh ! Je pourrais dire qu’au moment où j’ai écarté le rideau, j’ai eu la certitude absolue que cette journée allait être particulière, que j’ai eu un léger instant d’hésitation où j’ai failli faire demi-tour comme si j’avais pressenti l’imminence d’un destin… blablabla… mais non. Je suis entré, j’ai ôté mon pardessus trempé et je me suis assis sur le siège. Affalé, même. J’ai jeté un coup d’œil dans la glace teintée afin de vérifier si j’étais à la bonne hauteur, c'est-à-dire le visage bien centré dans le cercle. L’image que je voyais s’y refléter, comme chaque foutu matin, était celle d’un homme d’une trentaine d’années au visage fin, presque émacié, illuminé par des yeux bleus très clairs et très tristes, mais dont l’intensité et la profondeur étaient soutenues par des sourcils noirs et interrogateurs. Une fine moustache très « Dumasienne » donnait du relief à une bouche aux lèvres pulpeuses et légèrement boudeuse. L’ensemble n’était pas dépourvu d’une certaine grâce, mais manquait de caractère pour être vraiment intéressant. C’était la réflexion que je me faisais globalement à chaque fois que je me croisais dans une glace. Autant dire que je me rasais le moins souvent possible. Mais comme il fallait quand même que je ressemble à quelque chose, je m’étais machinalement lissé la moustache. Pour être raccord, je devais régler la hauteur du siège, mais le mécanisme était rouillé et quasiment impossible à manœuvrer. Comme je ne suis pas du genre insistant, j’avais très vite renoncé à cet effort supplémentaire et je m’étais installé dans la cabine adjacente. Il s’agit de la cabine qui se trouve à côté. Je le précise car je l’ai moi-même découvert hier par hasard juste à côté du mot « adipeux » dans le petit Larousse illustré. Là, j’avais pu régler le siège à ma convenance, à la suite de quoi, j’avais inséré la somme que me réclamait la machine. J’étais en train de remettre un peu d’ordre dans ma coiffure, peine perdue, j’ai la tignasse réfractaire, quand le premier flash me surpris.
Et vlan ! Une photo de foutue. Zut ! Concentre-toi sur la suivante.
Deuxième flash et…
Boum !!!… L’apocalypse !
Imaginez deux secondes une pauvre pomme de soixante kilos tout mouillé, projeté violemment à travers les débris de la cloison, alors que tout autour de lui, c’est Beyrouth. Je ne pensais pas qu’une si petite glace pouvait exploser en tant d’éclats furieux. J’avais à peine eu le temps de me protéger le visage avec mes deux mains avant d’être éjecté comme une loque à cinq mètres de la cabine. J’ai cru que ma dernière heure était arrivée. Sérieux. La violence de l’impact, inimaginable. Et le bruit. Je crois que je n’ai jamais entendu un bruit comme celui-là. Impossible à décrire. D’ailleurs je ne vais pas essayer de le décrire. Je crois que j’ai vraiment eu de la chance car normalement j’aurais dû être grillé comme un boudin. Je m’en suis sorti avec quelques brûlures sur le visage et toutes les parties où ma peau n’était pas protégée. Incroyable ! Il faut quand même savoir que la température de l'air est très élevée autour d’un éclair, environ 30000 degrés soit 5 fois la température de la surface du soleil ! Je déconseille pour les tartines grillées du matin. J’avais aussi quelques petites coupures sur les avant-bras et sur les paumes à cause de la vitre.
Dans le hall, il ne restait plus rien de la cabine complètement déchiquetée dont les débris fumants jonchaient le sol autour de moi. Je tremblais de la tête et des pieds, et partout entre les deux. J’ai mis quelques bonnes minutes avant de retrouver complètement mes esprits. J’avais bien essayé de trouver appui auprès des gens autour de moi, attirés par la déflagration, mais allez compter sur la compassion des gens quand le spectaculaire s’en mêle. Ils étaient tous autour de ce qui restait du photomaton et faisaient des commentaires sur les probabilités que la foudre puisse tomber à cet endroit. Il y en avait qui estimaient le temps qu’il faudrait aux gens concernés pour nettoyer le bordel, d’autres qui estimaient l’intensité de l’impact en volts. Pour ceux qui aiment savoir, un éclair c’est un courant de 30000 ampères correspondant à une tension de 100 millions volts. En gros c’est comme si tu mettais tes doigts dans 454545 prises de courant en même temps. Même Vishnou serait un peu court sur ce coup-là. Bref, tout ce beau monde se foutait éperdument de moi alors que je tremblais de partout comme si j’avais serré la main de monsieur Parkinson himself. J’étais mal en point et j’avais visiblement besoin de soins. Mais même les ambulanciers, arrivés sur les lieux quelques minutes plus tard, étaient repartis avec un autre type. Dans ces cas-là, il ne faut pas insister. Et dans ce bordel ambiant, dans cette folie furieuse, j’ai vu le truc le plus improbable possible. Par terre, au milieu des débris de la cabine, une petite bande de papier glacé qui dépassait d’un boîtier en métal tordu et noirci. Mes photos ! Envers et contre tout, narguant les éléments déchaînés et défiant les lois de la nature, la petite machine courageuse avait fait son œuvre et accomplit son destin en développant ma bobine. Machinalement, comme dans un rêve pourrait-on dire, je m’étais penché pour les ramasser et les avait fourrés dans mon portefeuille. Si j’avais été un peu moins secoué, j’aurais vu à la place de mon visage une ombre noire.
J’étais rentré chez moi comme j’avais pu, en vrac. Cette nuit-là, j’avais fait des rêves de cataclysmes et de catastrophes naturelles en sons et lumières.
Le lendemain, je me ruais sur Internet et je me renseignais sur les effets secondaires dû à la foudre et sur les éventuels témoignages de rescapés comme moi. Je m’étais, jusqu’alors, peu intéressé aux phénomènes physiques comme l’électromagnétisme ou l’électrostatique. C’est une lacune que je n’allais pas tarder à combler.
A ce moment du récit, il me semble important que nous fassions connaissance. Vous ne croyez pas ? En effet, dans les lignes qui vont suivre, j’ai l’intention de vous dévoiler de larges pans de mon existence alors je trouve logique que vous fassiez de même.
C’est pourquoi l’espace suivant vous est dédié, profitez-en.
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Merci.
A mon tour maintenant.
J’ai toujours trouvé très difficile de parler de soi. Ça fait un peu égocentrique. Aussi, ai-je décidé de prendre du recul et de laisser ce soin à mon historien personnel que je ne nommerai pas (je préfère garder l’anonymat), celui qui, à priori, connaît le mieux ma vie et voici, en substance, ce qu’il dit de moi. Vous êtes prêts ? Prenez une bonne inspiration, c’est parti !
Denis naît dans la souffrance le 8 octobre 1975 à Montreuil sous-bois, Seine St Denis ou encore dans le neuf-trois. Il gardera d’ailleurs de cette douloureuse expérience (pas de naître en Seine St Denis… quoi que si on y réfléchit bien…), deux petites traces de chaque côté de ses tempes ; les marques du forceps qui l’ont arraché à cet endroit si chaud et si doux où, d’instinct, il s’était recroquevillé pour y passer le reste de son existence. Dès sa plus tendre enfance, il se fait remarquer par le manque total d’intérêt que son entourage lui porte. Dernier né d’une famille de quatre enfants, il essaye de s’affirmer tant bien que mal entre une sœur ainé perturbée et fragile, deux demi-frères cadets, des jumeaux dotés d’une nature emportée et ambitieuse qui accaparent toute l’attention maternelle et d’une mère séductrice et volage (Elle a beaucoup changé maintenant) qui maintiendra en déséquilibre permanent le foyer familial. Quant à son père, emporté trop tôt par un AVC foudroyant, alors qu’il est âgé de 11 ans, il en gardera peu de souvenir. Privé d’une figure paternelle et accablé par le reste des membres de sa famille, c’est donc assez naturellement qu’il développe de son côté une nature inquiète. Dire qu’il est peureux est bien en dessous de la vérité. En fait, c’est un effroyable froussard doublé d’un lâche, mais sa gentillesse naturelle compense largement la faiblesse de ses hormones. Il ne s’occupe jamais des affaires d’autrui et ne porte sur lui ni argent, ni montres et autres colliers et gourmettes, rien en fait qui pourrait avoir une quelconque valeur ou qui pourrait attirer l’attention d’une personne mal intentionnée. La vérité, c’est qu’il est si discret qu’il n’attire l’attention de personne ; ce qui en un sens l’arrange, mais dans l’autre le fait passer aux yeux des autres et en particulier aux yeux des femmes pour un ectoplasme transparent, ce qui n’est pas peu dire. La seule fois où une personne du sexe opposé lui adresse volontairement la parole, c’est dans la rue le jour du premier mai. Une jeune femme lui demande alors : « combien ce brin ? » le prenant pour un vendeur à la sauvette alors qu’il vient d’acheter un brin pour l’offrir à sa sœur. Pris de court, il répond : « Heu !... 1 euro », somme que lui remet immédiatement la jeune femme alors qu’il a payé le sien le double.
Denis n’en est pas à sa première mauvaise affaire. En fait, c’est là toute l’histoire de sa vie.
Après une enfance difficile et chaotique qui sera suivie de très près par une adolescence laborieuse et boutonneuse que l’on pourrait qualifier de période : « à côté de la plaque ! », il entre dans l’âge adulte rempli d’appréhension. (je connais quelques mauvaises langues qui insinuent que je ne suis pas encore sorti de cette période. Je tiens à dire que c’est faux) Il échoue lamentablement à la plupart de ses examens avant de réussir d’extrême justesse son C.A.P de chaudronnier, métier qu’il s’empresse d’oublier le mois suivant l’obtention du diplôme. Ensuite, il s’attelle à plusieurs petits métiers. Citons pour exemples : « coursier, maçon, déménageur (vu mon gabarit, c’était plutôt les meubles qui me portaient), tapissier, poissonnier sur les marchés (extinction de voix pendant deux mois), représentant en encyclopédie en Italie, vendeur de gaufres (licencié pour usage abusif du produit), livreur de pizzas, etc. »
Il exerce tous ces petits boulots sans plus de succès que sa carrière théâtrale. Mais aussi a-t-il l’avantage de pratiquer un métier qui se fait pâmer les dames - à partir, il est vrai, d’un certain degré de célébrité - et hautement lucratif. Malheureusement pour lui, n’ayant ni la célébrité ni les agréments financiers qui vont avec, il doit se contenter du plaisir tout simple de faire partie de cette « grande famille » (le milieu du spectacle est une grande famille, c’est vrai. Mais tu n’as pas intérêt à être le cousin éloigné). Cela lui permet de vivre dans l’espoir et, dans une certaine mesure, l’honneur et la dignité. Il affichera d’ailleurs fièrement en lettre dorée - artiste dramatique - sur la porte de son meublée de 15m², rue Paymal à Clichy sous-bois et fera imprimer des cartes de visite avec la même mention ce qui lui vaudra de jeûner pendant un mois.
Mais cela va plutôt bien lui réussir. À l’aube de ses trente ans, Denis va vivre une période faste aussi bien au niveau du travail qu’au niveau des femmes. D’abord, c’est le cinéma qui lui fait de l’œil en la personne d’une jeune première assistante travaillant sur un court-métrage de série Z, intitulé : « Le lundi tombe rarement un dimanche », lui-même remake d’un autre incommensurable navet ayant pour titre : « Il faisait déjà si tard ce soir ».
La rencontre avec la jeune Charlotte change sa vie et le solde de son compte en banque. Charlotte est une charmante gourmande qu’il vaut mieux avoir en photo à sa table plutôt qu’en chair - le mot prendra son sens d’une manière dramatique plus tard - et en os. La belle raffole des dîners chics dans des restaurants coûteux. Un soir, elle ingurgite à elle seule l’équivalant de deux figurations et un petit rôle.
Mais pour la première fois de sa vie, Denis est amoureux. Aussi, l’invite-t-il à chaque fois qu’il en a l’occasion, c’est-à-dire à chaque fois qu’il en a les moyens. À la fin de chaque repas, elle ne manque jamais de laisser une note astronomique sur la table ainsi qu’un généreux pourboire - dont Denis s’acquitte avec grâce - signe incontournable, dit-elle, d’un certain savoir-vivre. Il finit même par trouver un certain plaisir à la regarder manger.
Et puis elle se met elle-même aux fourneaux. Elle prend du volume. D’abord dans la bibliothèque sous la forme d’imposants ouvrages culinaires qu’elle dévore - c’est le cas de le dire - et ensuite dans les hanches lorsqu’elle se met à tester IN VIVO les merveilleux plats qu’elle vient de concocter.
Lorsqu’elle atteint le poids fatidique de 100 Kg, le tout aménagé tant bien que mal sur une charpente fragile et délicate, son mètre 65 se tasse en mètre 55, ses beaux yeux perdent leur éclat et elle est obligée de léguer tous ses habits à Emmaüs pour porter des robes en forme de sacs, voire des sacs en forme de robes, mais qui ont l’avantage à la fois de permettre une grande liberté de mouvement et de camoufler les rondeurs inquiétantes.
En deux mois, elle triple littéralement de volume alors que l’amour de Denis, lui, diminue de moitié. L’équilibre étant faussé, Denis fausse compagnie, justement, à la grosse Charlotte un après-midi de septembre sur le parvis de Notre - Dame. Elle sera malheureuse... le temps de rentrer dans une pâtisserie et de se consoler avec une énorme religieuse ce qui pour elle ne sera pas loin d’un acte de foi et d’une crise du même nom.
Pour Denis, s’en suit une période un peu douloureuse qui coïncide avec sa rencontre avec monsieur B, pseudo metteur en scène et vrai boutiquier, directeur (le mot m’amuse encore), du théâtre : « l’espace Marais » reconnu sur la place publique pour recycler sans vergogne les mêmes spectacles depuis la nuit des temps en sous-payant ses comédiens avec des salaires qui ne donnent droits à aucune rémunération sauf s’ils payent eux-mêmes les charges sociales. Du grand art, passez-moi l’expression.
Mais Denis est aveugle à tous les signaux alarmants que lui envoie sa méchante destinée. On lui offre la possibilité de jouer « Scapin » dans les fourberies du même nom, et il s’embarque dans l’aventure. S’embarquer, c’est bien le mot et Denis ne sait pas encore que c’est à bord du Titanic. Un petit mot sur les conditions de travail, pour vous faire rire ou pleurer. Le lieu tout d’abord. Une loge / bureaux / administration / salle de répet / salle des archives / douche, purement décorative, / WC / entrepôts de décors/ costumes / foutoir. Un espace insalubre situé au sous-sol, où dansent gaiement des souris (pas très vertes), qui s’amusent à « chat » au milieu d’un fatras de fils électriques tellement emmêlés et recouvert de poussière, qu’on a peur qu’ils prennent feu rien qu’en les regardant. Un espace si confiné et exigu que l’on ne peut pas faire un pas sans risquer de marcher sur un bras, une tête ou un sein ou manquer de tomber dans des escaliers aussi traîtres que Judas dans sa grande cène. Il y a tellement peu de place et tellement de monde que dès que l’on pose un objet ou un vêtement quelque part il disparaît instantanément, englouti par la masse fiévreuse et frénétique des accessoires, costumes et comédiens sans cesse en mouvements. Pauvres comédiens. Quelle que soit l’heure de la journée, on est sûr de les trouver ahanants, suffocants et ruisselants, passant d’un costume à l’autre en mode supersonique, la bouche grande ouverte, recherchant désespérément un peu d’air frais au milieu de la moiteur. Il aurait été plus judicieux de rebaptiser cet endroit : « Le manque d’Espace Marais ». Le public est traité royalement. Jugez plutôt. A la fin de chaque spectacle, alors que les derniers applaudissements résonnent encore sur la scène et que les spectateurs se préparent à quitter la salle, une armée de comédiens en sueur envahit le plateau et s’acharne à démonter le décor devant un public ahuri pendant que d’autres comédiens pas encore en sueur, mais presque, essaye de zigzaguer au milieu du bordel avec le décor suivant. Ça se bouscule, ça s’engueule et ça rouspète devant un public encore présent. Pire qu’Avignon, où pourtant certains propriétaires de salle ont une réputation d’exploiteurs. De mémoire d’intermittents, personne n’a jamais vu des gens si acharnés à enquiller avec une telle frénésie et dans un rythme aussi infernal des spectacles les uns après les autres, voir les uns sur les autres. C’est du Tetris théâtral.
L’expérience a de quoi traumatiser les plus blasés et Denis aura beaucoup de mal à se remettre de cette triste expérience.
Heureusement pour lui, même si la vie aime se montrer chienne, il y a toujours un moment où la roue tourne. Et cette roue qui va tourner, se prénomme Vanessa (à prononcer langoureusement sans oublier l’accent tonique sur le E). Incontestablement, la plus jolie fille que Denis ait jamais croisée sur son chemin. Elle travaillait comme vendeuse dans un magasin de confection pour les hommes situé dans la galerie marchande d’une grande surface. Leur rencontre fut pour le moins catastrophique.
Denis était alors dans une de ses périodes de flânerie qui ne le quittait que le soir tombant au moment où il sombrait dans un profond sommeil. Le reste de ses journées passait comme dans un rêve entre farniente et déambulation vaporeuse. Alors qu’il admirait la vitrine d’un magasin, il fut attiré par un beau pull en cachemire et ne vit pas la jeune femme devant lui. De tout son poids, il écrasa allègrement le talon délicat de sa fine chaussure, filant son bas du même coup. Le cri de douleur qu’elle poussa fait rapidement place, après constatation des dégâts, à une bordée d’injures. La jeune femme qui les lui prodiguait devait être championne du monde en ce domaine à en juger par la diversité et la complexité de certaines d’entre elles. Denis ne s’en formalisa pas outre mesure. Pour une fois qu’une jeune femme lui adressait la parole, fût-ce pour l’insulter, il considérait cela comme un honneur. Il lui adressa son plus beau sourire et la jeune femme croyant qu’il ricanait de sa mésaventure le gifla devant tout le monde. Devant son air confus, Vanessa éclata d’un grand rire franc qui résonna longtemps dans le cœur de Denis. Elle l’invita à prendre un verre pour faire passer la gifle, verre qu’il renversa sur sa robe, quelques instants plus tard, mais ceci est une autre histoire.
Vanessa était toujours de bonne humeur. Son esprit fusait de toute part et elle était sans cesse à l’affût d’un bon mot. Sa franche gaieté était communicative et Denis ne fut jamais aussi rayonnant qu’à cette époque (ce fut ma période « Roi soleil »).
Il enchaînait contrat sur contrat. La télévision le recruta même pour une série, certes de second ordre, mais avec un personnage intéressant à la clé. Il incarnait Willy, l’ami de la famille, le bout en train, celui par qui l’imprévu arrivait et, avec lui, un bol d’air frais dans une sitcom qui s’enlisait dans des amours d’adolescents, où les acteurs - de superbes mannequins qui ne savent pas articuler deux phrases de suite sans rouler des yeux exorbités - pataugeaient lamentablement au milieu d’un scénario insipide, lui-même enfoncé par des dialogues de terrasses de café.
Il faut cependant reconnaître que les « acteurs » travaillaient au rythme printanier de 16 à 17 heures par jour, enchaînant parfois des séquences sans queue ni tête avec un texte remis à la dernière seconde, ce qui se soldait souvent par de mauvaises improvisations. Les prises s’enchaînaient plus rapidement que dans un film de kung-fu.
L’ambiance était malgré tout plutôt détendue. La plupart des comédien(ne)s étaient sympathiques et l’on pouvait même passer un agréable moment à côtoyer celles et ceux qui étaient douées de l’usage de la parole. Pour Denis, tout allait pour le mieux. Il filait le parfait amour. Sa carrière semblait enfin lancée. Sous l’influence de sa nouvelle égérie, il commença à s’habiller, à porter des cravates. Les boutons sur son visage disparurent comme par enchantement et ses ongles étaient toujours faits. Il s’achèta même une petite voiture.
Mais chaque médaille ayant son revers, Denis constata à ses dépens que celui de Vanessa était de taille. Pour être précis, de la taille d’une cigarette. En effet, la bonne humeur de sa compagne, sa douceur de vivre - ils partageaient le même appartement depuis un mois - ne parvenait pas à compenser une angoisse chronique qui se manifestait par l’abus immodéré de la petite sœur nicotine. Car il est vrai qu’elle fumait. Elle fumait comme une caserne de pompier. Trois paquets et demi par jour. Chaque objet, chaque vêtement était imprégné de l’odeur du tabac. Elle fumait à table, elle fumait au lit, dans les toilettes. Il n’y a pas un endroit qui échappait aux redoutables volutes de fumées. Il ne restait guère pour Denis que le petit balcon donnant sur le boulevard ; petit coin de paradis pulmonaire si l’on faisait abstraction de la circulation, des échappements, du bruit des moteurs, bref de tout ce qui faisait le charme si particulier de la vie citadine. Petit à petit, son quotidien commença à lui devenir insupportable. Il toussait de plus en plus fréquemment.
Un jour, Vanessa apparut sur le balcon avec un cigare de la taille d’une batte de base-ball coincé entre ses lèvres, empestant à des kilomètres. Elle se blottit, heureuse, dans les bras de Denis, brûlant au passage sa magnifique chemise en soie made in Corée.
Denis recula d’un pas, observa le visage radieux de la jeune femme, puis décida que c’était le moment d’aller acheter du pain. Très loin. Son histoire d’amour s’était, pour ainsi dire, évanouie en fumée, volatilisée.
Il essaya de noyer son chagrin dans le travail, mais le cœur n’y était plus. Cela se ressentit et commença à déteindre sur ses personnages. Willy, par exemple, ne supporta pas la rupture et devint sinistre, angoissé, neurasthénique. Résultat, les scénaristes lui concoctèrent un accident d’avion particulièrement mortel. Exit Willy !
Mais Denis avait appris une chose. Ne jamais perdre courage. Une nouvelle force s’était installée en lui. Une force émanant en partie de Vanessa et de Willy. Cette force le soutiendrait devant l’adversité. Et ce n’est pas les problèmes qui allaient faire défaut au malheureux Denis. À croire que la poisse, maîtresse trop exigeante, un temps, délaissée, s’était mise en tête de reprendre ses droits et recommencer à lui saccager son existence. Et Denis étant du genre à s’angoisser pour un rien, la période s’annonçait plutôt difficile.
Voilà pour ce qui est du résumé de ma vie.
Récit dans lequel j’ai cependant noté quelques petites erreurs. Je n’ai jamais eu de boutons par exemple, enfin très peu, et ce n’était pas une petite voiture. C’était une LADA. Genre frigidaire avec des roues, si vous voyez de quel modèle je parle ?
Ce qui va suivre, vous n’êtes pas obligé de le croire. Et bien que j’en aie été l’acteur privilégié, il m’arrive encore aujourd’hui d’en douter et de croire que j’ai peut-être rêvé tout ça. Je vous laisse seuls juges.
A l’époque où se sont déroulés les événements, je jouais Hamlet au théâtre. Pas le beau prince du Danemark qui faisait se languir la douce Ophélie. Non ! J’avais dégotté un petit rôle de complément dans la personne d’un soldat qui avait la particularité de se faire occire à l’arme blanche dès le second acte. J’avais même failli vraiment mourir après qu’un figurant du nom de Hlupák, qui veut dire : « imbécile » en tchèque, ait trouvé malin de bloquer à l’aide d’un éclat de bois le manche du fameux couteau à lame rétractable qui avait déjà servi à poignarder 3 Polonius, une demi-douzaine de Jules César, Brutus inclus, et une Juliette Capulet enceinte dans une version très controversée et qui avait fait couler beaucoup d’encre. Là, c’est mon sang qui avait coulé. En abondance. Heureusement, la lame avait glissé le long de la troisième côte flottante, avant de se ficher dans une petite artère. Je m’étais quand même retrouvé sur le plateau gisant dans une mare rougeâtre. Dégueulasse. Brrr !
Ce soir-là, la presse unanime avait cru bon de saluer l’avant-gardisme de la mise en scène, autant pour le réalisme cru dont elle avait fait preuve, que par l’engagement intense des comédiens jusque dans les plus petits rôles. Bilan : Cinq articles dithyrambiques et sept points de sutures. L’effet avait été à ce point saisissant que, dès le lendemain, la mise en scène s’enrichissait de pas moins de dix soldats et d’autant de matelots qui mouraient tous en râlant dans des bains d’hémoglobines commandées pour l’occasion en baril de quinze litres.
Et puis ça a commencé. Le 27 juin très exactement.
Ce fameux soir, alors que je faisais une grille de mots fléchés particulièrement ardue de force 1, côté jardin, j’avais ressenti un souffle glacé sur ma nuque et une présence si forte près de moi que celle-ci m’avait chassé des coulisses dans un état de terreur indescriptible. J’étais entré en scène un acte trop tôt, exactement à la scène V, où Hamlet s’entretient avec le spectre de son père. Cela m’avait causé un second choc et c’est à peine si j’avais réussi à balbutier quelque chose comme : « I a antom en ouiss ao our » que l’on aurait pu traduire par : « Il y a un fantôme en coulisse au secours ! » Lors de cette représentation, je ne m’étais pas fait poignarder, mais ma carrière avait été sérieusement compromise. J’avais dû faire amende honorable en offrant une caisse de champagne au metteur en scène et aux techniciens. Grâce à cette petite attention qui m’avait pratiquement ruiné, j’avais pu continuer à jouer dans la pièce. J’avais besoin de cachets pour renouveler mes droits. Mais je n’ai jamais pu oublier cette sensation de froid qui m’a parcouru la nuque, comme si une main glacée avait voulu m’étrangler avant de me précipiter dans les ténèbres. J’exagère à peine. La pétoche de ma vie.
Une seule fois dans ma vie j’avais ressenti une frayeur similaire. C’était l’année de mes 8 ans. Comme tous les étés jusqu’à mes quatorze ans - année où j’ai décidé que dorénavant si je travaillais pendant mes vacances se serait pour empocher l’argent de mon labeur – je m’escrimais pour la beauté du geste à rentrer les foins ou biner les pommes de terre chez mon oncle et ma tante qui vivaient dans la Sarthe près de la Ferté Bernard. Les parents de ma tante, de vieux paysans bourrus et analphabètes, qu’on m’avait assigné comme mes grands-parents bien que je n’aie jamais pu me faire à cette idée, tenaient les rênes de l’exploitation agricole d’une poigne de fer. Particulièrement la grand-mère ; la « sorcière qui pique » comme on l’avait surnommé avec mes frangins après qu’elle nous eût copieusement fouettés sur les bras et les cuisses avec une poignée d’ortie, mémorable fessée qu’il nous arrivait d’évoquer encore aujourd’hui tels d’anciens combattants. Comme tous les enfants de mon âge, immergés pendant deux longs mois en milieu rural, j’aimais observer les différents travaux de la ferme et me rendre utile. Ce que j’aimais par-dessus tout, c’était la tournée de récolte des œufs. Ma sœur Geneviève et moi, on était devenus des vrais champions et on connaissait par cœur toutes les cachettes, même celles des poules les plus retorses. Au cours de notre tournée, on devait obligatoirement longer le bâtiment principal du corps de ferme, et passer devant une porte double en chêne d’où s’échappaient d’horribles grognements étouffés et une puanteur infernale. Notre oncle nous avait dit un jour que c’était l’antre d’un dragon qui s’appelait « Gropor » et qu’il mangeait les enfants désobéissants. Bien entendu, on ne croyait pas vraiment aux dragons, mais ce qui se cachait derrière la porte nous faisait suffisamment peur pour qu’on s’en tienne prudemment à l’écart. J’étais également fasciné par l’élaboration de la crème obtenue par brassage dans une baratte à beurre à l’ancienne. Ce jour-là, allez savoir pourquoi, je m’étais mis en tête de tourner seul la baratte pour avancer le travail. Mais celle-ci n’était pas fermée et au premier tour de manivelle le peu de crème qui restait au fond de la cuve s’était étalée sur le plancher. La sorcière qui pique était alors entrée dans une colère comme seules les personnes dépourvues de sens commun sont capables de le faire. Elle m’avait attrapé par les cheveux et m’avait fait traverser la cour de la ferme en me traînant comme un sac de pelures jusque devant la porte de « Gropor »
Sans penser une seconde à la portée de son acte, la vieille avait ouvert la porte et m’avait expédié manu militari dans l’antre nauséabonde du monstre avant de refermer la porte. Moi, pauvre être innocent qui, quelques instants auparavant, riait de la vie en toute insouciance, je me retrouvais soudainement catapulté au cœur du néant. Debout, cerné par les ténèbres, les jambes se dérobant sous moi, j’avais entendu alors une chose haletante et énorme se déplacer dans ma direction. C’est là que pour la première fois de ma vie, j’avais vraiment cessé de respirer et que j’avais compris le sens du mot apnée. Pas le choix ! J’avais reculé le plus silencieusement possible, senti un mur dans mon dos et m’y était plaqué de toutes mes forces comme pour y disparaître, m’y incruster tout entier. Il y en a qui aimerait être une petite souris dans ce genre de situation, moi j’aurai voulu être une affiche. Et là, j’avais entendu comme une espèce de sorte de reniflement juste à côté de mon oreille et l’instant d’après j’avais senti un frôlement hideux contre ma jambe. Si vous n’avez jamais entendu un vrai hurlement de terreur, vous auriez dû l’entendre celui-là. Dommage que je n’aie pas pu l’enregistrer. Un hurlement de chez hurlement à s’en déchirer les poumons et la gorge. J’avais dû flanquer une frousse au cochon car il s’était mis à courir dans tous les sens et à beugler comme un veau, ce qui pour un cochon est un exploit qui n’a, je crois, encore jamais été égalé. Le cochon et moi on faisait un concours à celui qui gueulerait le plus fort. Je ne sais pas qui a gagné car la porte s’était ouverte et c’est ma mère qui m’avait recueilli, affolé et en larmes, dans ses bras chauds. C’est la seule et unique fois, où j’ai vu ma mère dans un tel état de furie. Elle s’était mise à insulter copieusement la « sorcière » lui disant qu’elle était totalement irresponsable et qu’il était criminel d’enfermer un enfant de 8 ans avec un cochon de 300 kg. Que le monstre aurait tout aussi bien pu le dévorer tout cru et qu’elle avait sans doute traumatisée son enfant à vie. Elle avait giflé la vieille sans aucune retenue et si ma tante n’était pas intervenue, ma mère l’aurait sans doute massacrée. Je n’ai pas compris tout de suite le sens du mot « traumatisé » et il m’a fallu arriver à l’âge adulte et de m’asseoir sur un divan à 90 euros la séance pour en saisir toute la signification. Il faut dire que depuis cette aventure, je ne supporte plus de rester dans le noir total - je dors avec une veilleuse allumée de chez « Nature et Découverte » ; très sympa avec des étoiles et des constellations… et tout ça - et j’ai une sainte horreur du porc sous toutes ses formes. Il m’arrive encore d’avoir des sueurs froides devant un simple pot de rillettes.
C'est totalement par hasard que je découvre cette histoire, alors allons-y pour l'aventure !
Vibrant. Je pense que l'adjectif principal qui me vient à l'esprit pour décrire ce que je viens de lire, c'est vibrant. On se laisse emporter au fil de ces descriptions qui s'enchaînent, cette biographie tragi-comique comme en accéléré. Certains diront sans doute que c'est un peu rapide, et dans un autre contexte ça le serait peut-être, mais j'ai trouvé ça entraînant, pour ma part. Les situations sont hautes en couleurs, avec des détails épars mais qui font curieusement l'affaire. Je suis plutôt exhaustive en ce qui me concerne, donc c'est une agréable surprise que cette façon de faire.
Pour quelqu'un de décrit comme invisible, Denis a eu une existence plutôt mouvementée ! Il est un peu bizarre mais en fin de compte c'est sans doute ce qui le rend tout à fait normal. On lui trouve tout de suite un caractère équilibré, avec qualités et défauts esquissés, ce qui lui donne du relief, et est toujours appréciable. Ce n'est pas un héros unidimensionnel, soit un loser complet, soit à l'inverse un super winner agaçant. Le parti-pris de donner autant de contexte à chacun de ses traits de caractère est intéressant. On hésite souvent à en dire trop d'entrée de jeu, mais encore une fois, je me suis laissée prendre au jeu en l'occurrence. C'est raconté de manière amusante, et donc digeste.
Au niveau du vocabulaire, pas de chochotterie, on a des jurons par-ci par-là. Je ne préconise pas leur usage en règle générale, et ça me surprend toujours quand je commence à les voir, mais au fur et à mesure que le ton se pose, ça colle, ici. C'est familier, oral, et ça convient, finalement.
J'ai bien aimé aussi le renfort d'une part de jeux de mots et d'autre part de références et comparaisons liées à la pop culture/vie quotidienne. Encore une fois, ça pourrait être jugé comme trop, mais ce qui est raconté le permet. Ce sont des faits rapportés, pour le moment, donc au contraire, ça aide à les rendre plus percutants et compréhensibles. Peut-être que dans une action racontée en directe ce serait plus perturbant. À voir. En tous cas, pas d'envolées particulièrement lyriques, et en ce qui me concerne je préfère ça. Des adjectifs vaporeux, c'est joli, mais ça n'aide pas la compréhension.
Mention spéciale au passage sur la grosse Charlotte, que j'ai trouvé spécialement amusant même si un peu cruel. On n'entend plus d'anecdote de ce type, dans le monde moderne étouffé par le faussement politiquement correct, alors que je suis sûre que c'est courant pour quelqu'un de se faire larguer pour un changement physique de cet acabit. Bêtement, j'espère tout de même que la dénommée Charlotte a trouvé son équilibre et n'a pas trop de soucis de santé. Tandis que Vanessa, j'ai un peu moins de compassion. Mais ça, c'est parce que son habitude, contrairement à celle de Charlotte, ne lui fait pas du mal qu'à elle-même. Quoi qu'il en soit, ces deux romances contées en vitesse rapide me laissent curieuse quant à la prochaine qui pourrait tomber sur Denis (ou pas, c'est juste une idée de ma part, pas du tout une attente particulière).
Très étonnant pour un trentenaire de ne jamais avoir entendu l'adjectif "adjacent", mais pourquoi pas. On a tous des trous étranges dans nos connaissances. Et par la suite, on s'aperçoit que Denis est finalement un personnage très dégingandé, qui passe son temps sur des montagnes russes financières et émotionnelles voire sociales, sans vraiment s'en inquiéter (et surtout sans s'en laisser abattre), et donc qu'il n'est pas si étonnant que ses connaissances soient éparpillées. Pour un pleutre auto-proclamé, il a d'ailleurs une part de courage, à tenter pleins de jobs, et s'arrêter sur l'un de ceux à la rémunération la moins stable qui soit, et aussi quitter des demoiselles lorsqu'il comprend qu'elles ne lui conviennent plus. Crois en toi, Denis ! Malgré ta peur des cochons, tu t'en sors bien, en tant qu'être humain, jusqu'ici !
Et pour conclure, je dirais que pour un assez gros bloc de texte (à l'échelle de Plume d'Argent), il y a très peu de fautes. Il fut un temps où je prenais ça pour acquis, mais j'ai appris que ce n'était pas un dû, alors je le souligne. Bien joué ! ;-)
Deux coquilles que j'ai relevées :
- "pendant que d’autres comédiens pas encore en sueur, mais presque, essaye de zigzaguer" -> essayent
- "bout en train" -> boutentrain ou boute-en-train (et apparemment 'boute en train' existe mais serait strictement zoologique, j'en apprends tous les jours ^^)
Enfin voilà. C'est un peu une surprise que cette histoire. Le très bref résumé, malgré les étiquettes de registres, ne m'avait pas fait anticipé ce ton. La part fantastique de l'intrigue n'en est qu'au stade d'ébauche pour le moment, mais vu l'aperçu du tempérament de Denis, ça me laisse présager que le voir gérer un tel développement va être amusant. Je compte donc continuer ma lecture, et te dis à bientôt pour la suite. =)
Par rapport au fait que Denis se dit invisible mais ne l'est pas tant que ça, je ne considérerais pas nécessairement ça comme une incohérence. On est rarement lucide par rapport à soi-même et sa propre personnalité, donc c'est juste un paradoxe humain classique de sa part. ^^
Et en ce qui concerne la longueur de ton chapitre, elle est correcte, ne t'inquiète pas. C'est le support Plume d'Argent qui rencontre parfois des réfractaires dès que ça dépasse les quelques milliers de mots, mais en l'occurrence il n'y a aucun moment où je me suis dit "ah, tiens, il aurait pu couper ici". Il me paraîtrait triste de charcuter ton texte pour des limites arbitraires ; si c'est un bloc autoporteur, alors il se lit d'une traite, et c'est tout. Il est de bonne taille par rapport à la plupart des chapitres qu'on trouve ici (et encore, j'ai sans doute un système d'échantillonnage biaisé) mais ça n'est en rien une critique, bien au contraire.
Très contente si mon commentaire peut t'aider, et à bientôt. ;-)