Je suis dérangeant. Je suis perturbant. Je ne suis pas le grain de sable qui vient gripper le mécanisme, non – je suis le mécanicien qui pointe le grain du sable du doigt. Car le mécanisme a toujours été grippé ; simplement, nous préférons faire comme si de rien n’était. On nous apprend à l’ignorer. Nous baignons constamment dans une culture de déni. Déni de nos sentiments, de nos émotions. Déni de la parole, déni de la liberté. Déni de nous-mêmes, et plus important encore, déni de l’autre.
Dans un monde d’acquis, je veux tout remettre en question. Je veux poser les questions auxquelles on ne sait pas répondre, celles auxquelles on préfère ne pas réfléchir, car elles nous dérangent. Elles nous perturbent. Parfois, c’est la réponse qui dérange. Par son évidence, par sa simplicité, qui nous mettent face à nos propres contradictions. Par ses contradictions, qui nous mettent face à nos propres raccourcis, à nos schémas de pensée trop rôdés pour être sensés.
Et alors, les gens se braquent, se défendent alors que personne ne les attaque. Retombent dans la facilité, dans le déni. Contre-attaquent. Dévient. Passent à autre chose. Oublient. Parce que ce sont les règles du monde dans lequel nous avons grandi : bouffer ou être bouffé. Soit les autres veulent te détruire, soit ils veulent profiter de toi. Il n’y a plus de place pour l’amour, l’entraide, la solidarité, le faire ensemble plutôt que contre. Dans un monde où les autres ont forcément tort et chacun cherche à avoir raison, toute question dérangeante est perçue comme une agression. Une intrusion. Là où je ne cherche qu’à faire grandir. Quand je pose une question, les autres cherchent à deviner quelle est la réponse que je veux leur faire dire plutôt qu’à chercher au fond d’eux-mêmes. Par réflexe. Je ne peux pas nous blâmer : c’est ce qu’on nous apprend à faire depuis tout petit à l’école. Conditionnés pour réagir plutôt que pour réfléchir.
Dans un monde où chacun se doit d’avoir une opinion sur tout, je préfère n’en avoir sur rien. Je préfère poser des questions. Creuser. Construire, chercher à deux ou à plusieurs. Le connais-tu, ce frisson d’excitation quand l’autre répond à une de tes questions par une question encore plus passionnante ?
Je veux être dérangé. Je veux être perturbé. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour comprendre les autres, celles et ceux que je ne parviens pas à comprendre, celles et ceux que je ne veux pas comprendre. Celles et ceux qui ont le plus besoin d’être compris. Je veux cultiver mon amour, car c’est lui qui me guide dans ma vie. Je veux prendre soin de mon empathie, car c’est elle qui me rend humain. Je veux continuer à me poser des questions, à poser des questions aux autres, pour rendre le monde meilleur que je ne l’ai trouvé. Car on ne peut qu’avancer en se posant des questions : c’est quand on fige les réponses qu’on recule. Alors, non, je ne cherche pas à t’emmerder quand je te pose des questions. Je cherche à te déranger, à te perturber. A nous faire avancer. A nous faire grandir. Me demander d’arrêter, c’est comme enfermer une plante dans un placard. Sans eau ni soleil, elle dépérit. Sans questions, je stagne. Je croupis.
Je ne sais pas encore pourquoi j’écris ce texte. Je ne sais pas non plus pour qui. Mais je te promets d’y réfléchir ; et si tu le lis, c’est que j’ai trouvé une partie de la réponse. Une partie seulement, car une réponse complète est une réponse figée, morte.
Je veux rester enfant, car je veux continuer à grandir. Et toi, pourquoi me lis-tu ?
Que veux-tu ?
Qui es-tu ?
Quelles sont tes questions ? Et pourquoi ne les poses-tu pas ?
Pourquoi ne les oses-tu pas ?
Oui! Et quand ça arrive, c'est un double cadeau : celui d'être compris dans sa façon de questionner le monde et soi, et celui d'être saisi par l'expérience d'une "amplification" de soi que créent certaines altérités.
Bon je vais poser une question classique, mais sait-on jamais, tu auras peut-être une belle réponse, une AUTRE réponse, ou alors une autre superbe question :D
Pourquoi il y a de la vie dans l'univers ? Quel est son but ? Et pourquoi l'univers d'ailleurs ? C'est-à-dire pourquoi faudrait-il qu'il y ait quelque chose plutôt que rien ?
"Et toi, pourquoi me lis-tu ?"
Parce que je n'avais jamais vu ce livre et que je suis de nature touche-à-tout, j'étais curieuse ^^
'Que veux-tu ?"
Rien de spécial, juste lire.
"Qui es-tu ?"
Je suis moi, Elora.
"Quelles sont tes questions ?'
J'en ai une, scientifique ou philosophique, ça dépend du point de vue.
Pourquoi, quand on lance un objet, par exemple dans une voiture, il retombe à l'endroit où on l'a lancé et pas en arrière ?
"Et pourquoi ne les poses-tu pas ?" "Pourquoi ne les oses-tu pas ?"
Je l'ai posé, je l'ai osé.
P-S : très beau style d'écriture, j'ai bien aimé !
N'hésite surtout pas si tu en as d'autres ! :p
- Parce que j'aime bien les trucs courts.
- Me lever le matin sans avoir envie de changer d'univers à chaque jour de ma vie tellement celui qu'on a là pue.
- Une écrivaine au genre pas encore très bien déterminé qui s'accroche à ce qu'elle peut pour avoir le sourire.
- Ca dépend de la situation.
- Parce que... j'ai pas envie d'avoir l'air ridicule ? Même si je vois pas pourquoi, des fois, c'est un peu la peur habituelle de passer pour une idiote.
- Parce que j'ai toujours peur que si j'ose, ça se casse la gueule ou on me prenne pour une arrogante. Les deux cas me sont déjà arrivés. Plus jamais ça. J'ai juré.
(pour le reste, même si je suis une personne pessimiste, je vais être honnête avec moi-même et dire que beaucoup de choses ici sont vraies et que le cynisme, ça pue)
Merci pour ton honnêteté, j'espère que tu arriveras à garder le sourire aussi souvent que possible. C'est d'ailleurs l'une des deux raisons pour lesquelles j'écris : redonner le sourire à celleux qui l'ont perdu... :)