NEVAN RESTA PÉTRIFIÉ, le cellulaire toujours collé à son oreille. La voix avait disparu la seconde après qu'elle était apparu, laissant derrière elle qu'un vague grésillement sonore. Impossible. Et pourtant cela s'était bel et bien produit. Une personne lui avait répondu. Ce pouvait-il que la maison soit réellement hantée et qu'il se serait embarqué dans quelque chose de paranormal ?
« Tu dis n'importe quoi » grommela-t-il à voix basse. « Franchement, ces genres d'histoires n'existent pas, ce ne sont que des conneries pour faire peur aux enfants lors des soirées d'Halloween. »
Et pourtant intérieurement il était terrorisé. Qui avait bien pu entendre et savoir qu'il venait d'éternuer ? Il faudrait que la personne soit dans la maison, hors il n'y avait que lui. Nevan reposa délicatement le téléphone à côté de lui sur le canapé et le scruta, attendant que celui-ci sonne et qu'un collègue ou ancien ami lui déclare en riant qu'il avait été la victime d'un canular.
Une minutes passa. Puis deux. Puis cinq. Puis la demi-heure se déroula sans que rien ne vint troublé le silence de la pièce. Nevan, ses yeux rivés sur l'appareil téléphonique fini par soupirer longuement. Pas de rappelle, pas d'excuses. Tout ceci était d'une étrangeté des plus infime.
Il regarda alors d'un œil peut enjoué le fond de son verre et le bue d'une traite pour le finir au plus vite. Il n'avait plus envie de rester ici, surtout pas dans le salon. Alors il déposa son verre vide dans l'évier et décida qu'il le laverait au petit matin, ayant rien envie de faire si ce n'était se mettre au lit et se préparer mentalement pour demain, sa première journée de travail.
Lundi 16 Janvier.
Enfilant un pantalon noir, une chemise blanche et un pull avec col en « V » de couleur grise, Nevan sortit également ses chaussures de son placard et les enfila. Puis, jetant un rapide coup d'œil dans sa glass, il remarqua qu'un pan de sa chemise dépassait de son pull et le rentra d'un geste rapide dans son pantalon. Il fallait qu'il soit parfaitement présentable. Il voulait faire bonne impression et ne pas décevoir son patron de l'avoir fait muté ici.
Il quitta alors sa chambre, traversant le couloir peu éclairé et passa devant la mystérieuse porte qu'il aurait espéré voir disparaître. Mais elle était toujours là en chair et en os. Rien de ce qu'y s'était passé hier n'avait été imaginé. Tout avait été réel au plus grand désespoir du jeune adulte. Il s'arrêta quelque seconde devant, les sourcils froncés ne comprenant toujours pas comment elle était apparu ici.
Mais un vilain frisson lui parcourra l'échine en se rappelant de l'intérieur de la pièce et de la soudaine présence qu'il avait ressenti. Il quitta alors prestement les lieux et descendit avaler rapidement quelques barre de céréales qu'ils avait apporté la veille et vit également le verre trôné seul dans l'évier. Il haussa les épaules. Il le laverait en rentrant.
Ce fut une rude journée mais excellente en matière de travail. Nevan n'avait plus ressentit cette excitation depuis longtemps. Nouvel espace, nouveau bureau, nouveaux collègues. Certes il était déçu de ne plus être aux côtés de Tina, mais avoir un nouvel entourage lui avait fait un grand bien. Malheureusement l'adrénaline s'estompa sur le chemin du retour et la fatigue ainsi que le stresse qu'il avait eu lui remonta d'un seul coup. Tous les membres de son corps, furent engourdis et il se décrocha la mâchoire à plusieurs reprises.
Reste éveillé Nevan, ne commet pas un accident à quelques mètres de chez toi pensa-t-il. Heureusement il arriva devant sa maison sans encombre et se donna deux claques sur les joues pour se redonner de l'énergie. Il n'était que sept heure du soir après tout. Il faisait nuit noir. Aucune lumière n'émanait de nulle part. Nevan arrivait à peine à distinguer les contours de son chez-soi.
Alors tout en plissant les yeux, il s'approcha de la porte d'entrer et chercha à tâtons sur le mur la tirette pour allumer la lumière du porche. Après quelques minutes à fendre l'air comme un imbécile, il réussit à attraper le bout de ficelle et tira dessus. Une lumière blanche peu rassurante éclaira d'un seul coup le petit espace, lui permettant de sortir ses clefs et de trouver la serrure pour ouvrir sa porte. La porte grinça à son ouverture et Nevan grimaça. Il n'appréciait point ce bruit. La lumière de dehors éclairait à peine l'entrée de la maison. Il rouspéta. Il allait devoir chercher une deuxième fois l'interrupteur intérieur pour pouvoir y voir quelque chose.
« Éclairage de pourriture... » Grommela-t-il comme un enfant de quatre ans.
Il déposa ses sacs de travail au sol pour avoir plus d'amplitude et se remit machinalement à chercher une surface se détachant du mûr. Ce n'était vraiment pas pratique comme méthode mais il n'avait malheureusement rien de mieux. Vivement qu'il retienne les endroits par cœur où qu'il s'achète un lampadaire beaucoup plus puissant.
« Bon Dieu mais il a disparu lui aussi ou comment ça se passe ?» Commença-t-il à s'énerver.
Nevan n'était malheureusement pas de nature très calme, il était sang-chaud et pouvait devenir rapidement coléreux pour pas grand-chose. Comme à présent.
« Bordel mais ce n'est pas__AAAH !» Hurla-t-il de stupeur.
Il avait trouvé l'interrupteur.
Mais une main y était déjà.
Son cœur se mit à battre à un rythme démesuré. Il avait retiré d'un bon sa main et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Il n'avait pas chaud, il était au contraire pétrifié. Pétrifié de terreur. À qui appartenait -elle ? D'où une personne était rentrée chez lui ? Par quel moyen ? Mais surtout, que lui voulait-il ? Une multitude de questions enveloppèrent son esprit durant un court instant. Il ne savait pas quoi faire, comment réagir.
C'est alors qu'un rire résonna.
Mais pas un simple rire. Non, c'était un rire d'enfant, cristallin, joyeux, rieur. Un rire qui fit dresser les poils de Nevan. Un rire qui le fit déglutir. Un rire qui lui donna froid dans le dos.
Un rire d'un petit garçon de six ans.
Nevan n'osait bougé, sentant une présence non loin de lui. Était-il en train de rêver ? Ou plutôt de cauchemarder ? Il s'était peut-être endormi dans la voiture avant d'en sortir.
Il ferma alors fort les yeux, attendit quelques secondes avant de les rouvrir. Toujours la même pénombre. Mais le silence était de retour. Au moins quelque chose dont il était habitude. Sortant de sa léthargie, d'un bras tremblant il tendit la main vers là où se tenait le bouton et pria intérieurement pour qu'aucune main ne réside. Il se sentait défaillir et était prêt à tomber dans les pommes si quelqu'un – ou quelque chose – se trouvait toujours à l'emplacement.
Plus rien.
Il soupira nerveusement. Il n'était pas près d'oublier ce qu'il venait de vivre. Qui sait, la personne c'était peut-être volatilisée autre part... Ou alors il n'y avait personne et ce n'était que le fruit de son imagination un peu trop débordante.
Il appuya rapidement sur le bouton et la lumière chaude donnant sur le petit couloir avant d'arriver dans le salon lui réchauffa le cœur. Il avait besoin de se sentir en sécurité à présent. Il se rendit compte qu'il tremblait de la tête au pied et tenta vainement de se calmer. Mais il était beaucoup trop secoué pour arriver à faire redescendre son rythme cardiaque bien trop élevé. Alors il repris en main ses sacs et quitta l'entrée pour se rendre dans la cuisine, toujours pas apte à rester dans le salon. Peut-être que manger lui redonnera des forces.
Il se prépara rapidement des pâtes qu'il fit cuire et ne tarda pas à les enfourcher dans sa bouche. Il ne put nier que cela lui fit du bien. C'était sans doute cela. N'ayant pas beaucoup manger le matin ni le midi, il avait dû être en hypoglycémie et avait dû faire des hallucinations qui expliqueraient en partie les évènements qui venaient de se produire. Malheureusement, son côté réaliste n'y cru pas vraiment. Il fallait que ce soit concret et ayant déjà vécu des cas de manque de sucre, il mettrait sa main à couper qu'il n'avait pas été sujet d'hallucinations aussi fortes comme celles-ci. Quelque chose d'autres ne tournaient pas rond. Mais quoi ?
Soudainement remis de ses états, il fit rapidement la vaisselle et sortis son ordinateur. Il était décidé à en apprendre plus sur cette maison au numéro de Satan. Car si c'était bien 666, il se pouvait que tout est un lien... Il tapa alors sans vraiment espérer trouver quoi que ce soit le nom de famille de celle ayant jadis vécue ici et fut surpris de tomber rapidement sur ce qu'il voulait savoir.
Une histoire tragique des O'Dow - 1973
Le titre de l'article toucha sa curiosité et il cliqua dessus pour découvrir le reste du contenu.
La famille O'Dow fut connue de tout le quartier de Fairview a Misterial dans la conté des Etats-Unis.
Ils étaient une petite famille d'un unique enfant de l'âge de trois ans appelé Thomas. C'était tout d'abord une famille rayonnante, chaleureuse, aimante et bien-vu du reste du voisinage.
Mais quelques années plus tard, le petit ayant grandi et arrivé à la barre des six ans, la famille commença à se détériorer. La maman se fit plus violente et le papa plus négligeant et moins attentionné envers son fils. Ils découvrirent sous peu que la mère était en réalité atteinte d'une maladie incurable.
L'encéphalite et le syndrome cérébral organique aigu. Une maladie lui broyant peu à peu le cerveau.
Il n'y eut après, plus de choses vraiment importante. Cela restait vague, ne parlant pas réellement de ce que Nevan attendait le plus : le fameux meurtre. L'article le mentionna une fois mais sans plus de détails précis. Alors le jeune adulte quitta la page et pris un instant conscience de ce qu'il avait lu. Une maladie qui broyait le cerveau. Rien que d'y penser des frissons parcoururent son corps. Nevan fit une grimace. Il ne voulait pas y penser sinon il serait sûr de se retrouver à faire des cauchemars, chose qu'il voulait tout bonnement éviter.
Voyant qu'un dossier était toujours ouvert, il remarqua que c'était son travail de la journée et continua alors de travailler. Peut-être que cela lui ôterai les images horrifiques qu'il avait à présent à contre-cœur dans la tête. Étrangement, il n'eut pas la tête à cela et le souvenir de la vision qu'il avait eu en touchant la hache lui revint en mémoire. Pourquoi maintenant ? Comme s'il n'avait pas assez de problèmes et d'évènements bizarres...
Mais plus il y songeait, plus sa curiosité le poussa à lever son fessier de la chaise et d'aller retrouver l'arme. Et plus il s'en rapprochait, plus il remarquait que cela le hantait et qu'il désirait savoir la suite de la vision, aussi morbide et douteux que cela était.
Il grimpa à nouveau à l'échelle qu'il redoutait, prenant sur lui pour la gravir à nouveau et atterrit dans le grenier ; ou plutôt le nid à poussière. Mais ce qu'il vit le dérouta encore plus. Nevan se questionna sérieusement. La maison avait un véritable problème. Tout ne pouvait être le propre de son imagination. Il y avait vraiment quelque chose d'anormal qui se déroulait, qu'il le veuille ou non.
La photo n'était plus simplement posée sur le carton avec la hache qui reposait en dessous. Non. La photo était accrochée au mur tenue par l'arme positionnée à l'endroit exacte ou le trou était formé. Quelqu'un l'avait mise ici. Quelqu'un était dans sa maison.
Mais ce qui glaça le sang de Nevan fût le rire limpide d'un petit garçon qui remplit la pièce soudainement oppressante.