un.

Dimanche 15 Janvier.
 

TROIS JOURS C'ÉTAIT ÉCOULÉ ET NEVAN emménageait enfin. C'était la première fois qu'il y remettait les pieds. Un sourire étira ses lèvres en apercevant le toit de sa petite maison marron entourée par la cime des arbres aux alentours. Elle était à quelques mètres des bois, il pourrait partir faire des balades pour se rafraîchir les idées ou tout simplement prendre l'air après son travail.

Il s'imaginait déjà ce qu'il allait faire ici. C'était un merveilleux endroit et il était fière d'avoir acheté cette maison dans ce patelin. Comme l'avait dit le monsieur de l'agence avant que tout deux ne repartent dans des directions opposées, Fairvew était un quartier vraiment calme et les résidents étaient d'une gentillesse incarnée.

Il sortit de sa voiture, mis ses mains dans les poches de son gros manteau d'hivers et alla ouvrir lentement la porte pour regarder la demeure qui était à présent sienne. Il avait hâte d'y mettre les pieds, de s'y installer et de profiter jusqu'à ses derniers jours de sa vie ici. Intérieurement, lorsqu'il l'avait vu il y a quelques jours, il s'avait qu'il allait l'acheter et y vivre, peu importe ce que les personnes en disaient.

Il n'avait pas tenue compte de l'histoire fantomatique et tragique de la maison. Il était sûr que ce n'était que des mensonges et que depuis le début le couple n'avait jamais eu d'enfants mais que la mairie c'était trompé sur les papiers. Ou alors si l'accident, ou le meurtre, avait eu vraiment lieu, le père aurait s'en doute voulu supprimer la chambre de son enfant pour oublier le malheur.

L'intérieur donnait immédiatement vue sur le petit salon, meublé de vieux canapés à l'ancienne. Mais il devait d'abord chercher ses affaires. Alors il s'arracha de sa contemplation et retourna dans le vent froid du mois de Janvier et ouvrit le coffre de sa voiture pour en sortir ses bagages. C'était la première fois qu'il emménageait dans une maison rien qu'à lui. Quand il était encore à Laney, sa ville d'avant, il habitait dans un petit appartement au-dessus d'une boulangerie.

Ce n'était pas fameux comme endroit mais il s'y était fait, n'ayant pas encore un salaire assez gros pour que ses économies lui permettent de se payer plus chère. Jusqu'à ce que son patron lui annonce il y a deux semaines qu'il allait être promu et devrait aller muter dans la ville de Misterial à Fairvew. Alors les quelques jours qui suivirent sont départ, il ne faisait qu'annoncer la nouvelle à quiconque qui lui adressait la parole, trop heureux de le garder juste pour soit. C'était un changement radical dans sa vie, il avait besoin de l'exprimer.

Nevan n'était pas de nature vantard mais pour une mutation de travail il n'avait pu se retenir. Il avait agi comme un enfant attendant le père noël, tout excitée à l'idée de partir d'ici et découvrir une autre ville et un mode de travail encore plus fort. C'était son rêve. Cela faisait plus de douze ans qu'il travaillait dans cette boîte, il voulait du renouveau, du changement. Et il en avait eu.

Même ses parents en avaient été fière malgré le fait qu'il leur parlait peu, depuis qu'il leur avait annoncé qu'il n'avait toujours pas de petite amie ou fiancé alors qu'il avait déjà trente-cinq ans. Pour ses parents, ils avaient échappé peu à la crise cardiaque lors de cette nouvelle. Mais après plusieurs mois sans adresser la parole à leur fils unique, ils avaient compris qu'il n'était pas prêt à s'engager et avaient décidé de respecter alors son choix.

Il inspira fort et entra doucement dans la maison, à nouveau fasciné par le charme qu'elle dégageait. Souriant béatement, il déposa un premier sac dans la cuisine puis se dirigea à l'étage pour laisser le reste de ses affaires dans sa chambre. Ce soir-là il n'avait pas prévu de travailler. Il avait plutôt opté pour regarder n'importe qu'elle chaine sympas à la télévision accompagnée d'un verre de whisky pour célébrer son arrivé ici.

Alors pendant l'heure qui suivit il déballa ses affaires, rangea le tout correctement dans les tiroirs et ne cessa de jeter des regards ébahit de partout. Il était chez lui. Malheureusement il eut beau serrer ses affaires dans la commode, impossible de pouvoir y mettre ses vêtements d'été.

Grognant, il se releva et sortit de sa chambre avec le carton dans ses mains, la tête fixant le plafond. Il n'y avait qu'un endroit où il pourrait les stocker et c'était le grenier, la fameuse trappe qu'il avait aperçue il y a quelques jours. Il la repéra bien rapidement, le seul bout de bois foncé contrastant avec le reste du plafond et s'avança jusqu'à celle-ci. Comme par magie, une échelle était sur le côté, attendant sagement d'être dépliée et utilisée. Nevan fronça les sourcils, ne se rappelant pas l'avoir vu la semaine dernière lors de sa visite. Mais ne voulant pas se prendre la tête, il haussa les épaules et commença à grimper, le carton dans les mains.

Ce fut une rude épreuve pour arriver en haut. Nevan eut pratiquement lâché à deux reprise le carton ce qui l'avait fait ensuite chanceler sur la vielle échelle qui s'était mise à grincer encore plus fort qu'elle ne le faisait déjà à chacun de ses pas. Mais il était finalement arrivé. Soupirant et en s'essuyant le front, il chercha à tâtons l'interrupteur. Un petit click se fit entendre et une ampoule s'illumina, grésillant.

« Super enchantant... » Marmonna-t-il.

L'homme de l'agence n'avait pas eu tort. Cet endroit était un nid de poussière. Pourtant, peu de meuble résidaient. Seul une veille armoire avec une dizaine de cartons étalés sur le sol à ses côtés. Pas une petite fenêtre ne donnait un rayon lumineux de dehors. Il était comme enfermé sans issu, si ce n'était le petit trou par lequel il était monté. Nevan déglutis, se sentant immédiatement compressé dans cet étroit renfermé.

« Foutu claustrophobie. »

Il inspira et déplaça rapidement son carton aux côtés des autres, prêt à repartir immédiatement en bas. Mais une photo posée sur une des boîtes proches de la sienne attira son attention. Elle avait un trou au milieu. Il se pencha pour la saisir sauf que ce qu'il découvrit en dessous le fit frissonner et écarquilla les yeux de stupeur. Une hache, reposant calmement sur une pile de vêtements. Il déglutit, sentant les couleurs de son visage partir. À la fois terrorisé et curieux, il ne put s'empêcher de s'en emparer, voulant l'examiner de plus près.

Mais il n'aurait jamais dû.
 

Une personne tenait fermement l'arme avec ses deux mains, la brandissant devant elle en courant follement à travers un couloir tremblant à la poursuite d'un enfant.
 

Il lâcha soudainement l'arme en poussant un cri d'effroi, la regardant s'écraser lourdement sur le sol. Il haletait. Qu'était-ce ce qu'il venait de voir ? Qui pouvait en vouloir autant à un enfant ? Et puis pourquoi une personne s'élancerait derrière lui avec un tel objet ? Une multitude de question traversèrent l'esprit de Nevan. Il n'en revenait pas. Que c'était -il passé ? Secouant la tête pour chasser le tout et reprendre ses esprits, le jeune homme, dégouté et pétrifié qu'une autre sorte de vision lui apparaisse s'il empoignait l'arme, décida de la pousser de son pied en se préparant à le retirer le plus rapidement possible. Il ne voulait plus assister à une telle horreur. Il frissonnait, complètement secoué. Et dire qu'il était simplement venu déposer son carton d'affaire pour l'été...

Il soupira fort, tentant d'évacuer le stress qui était monté en flèche dans son corps. Mais malgré cet incident étrange, la photo l'intriguait. Alors il l'a saisi et la regarda attentivement. Elle avait bel et bien un trou au milieu, séparant les deux adultes à l'extrémité de la photo.

Bizarre, songea Nevan. Quelqu'un avait dû l'a trouer pour une bonne raison, effaçant une personne visiblement en trop. Vu d'un œil, Nevan supposa que la personne en question avait dû l'a perforer avec un marteau... Ou une hache. Mais la marque n'était certainement pas anodine. Celui qui l'avait fait avait eu une raison derrière la tête. Il l'a retourna, espérant trouver des informations supplémentaires. Quatre petits mots étaient griffonnés d'une écriture en italique.

Maman, Papa et Thomas

Il retourna à nouveau la photo, et passa ses doigts sur les visages des deux supposés parents.

« Maman, Papa » murmura-t-il.

Ses doigts virèrent sur le trou.

« Et Thomas. »

La lampe du plafond se mit soudainement à grésiller plusieurs fois, baissant peu à peu de luminosité avant de s'éteindre complètement, plongeant Nevan perplexe dans le noir. Qu'est-ce qu'il se passait encore ? La maison était-elle vraiment hantée ?

Les paroles du monsieur de l'agence lui revinrent en mémoire, le faisant déglutir. « Ils disent qu'elle est malfaisante. Il y aurait des rumeurs comme quoi la mère aurait tué son petit. »

La hache.

La vision d'une personne pourchassant un petit. Se pourrait-il ? Nevan refusa de penser plus loin. Tout ce qu'il fit fut de chercher son téléphone et d'allumer l'écran pour pouvoir avoir un semblant de lumière. Il n'était pas du tout rassuré dans la pénombre de la petite pièce.

Tout flageolant par les événements, Nevan se dirigea à reculons vers la trappe, maintenant la lumière devant lui pour suspecter n'importe quel mouvement louche.

Il atteignit l'échelle et débuta son ascension, soupirant de soulagement en retrouvant les couleurs chaudes de sa maison. C'était officiel, il ne remettrait plus les pieds en haut, beaucoup trop de chose se passait inexplicablement.

« AH ! »

Au moment où il avait posé ses deux pieds sur l'une des dernières barres, celle-ci se brisa en un craque affreux et Nevan ne put se rattacher à quoi que ce soit. Il s'écroula lourdement sur le sol, haletant par le poids du choc dans son dos. L'impact lui avait momentanément coupé le souffle. Il resta quelques minutes allongées sur le sol, abasourdi. Mais que ce passait-il ? D'abord la hache, puis la lampe et maintenant l'échelle songea-t-il.

Tout ceci était loin d'être normal.

Grognant, il se releva difficilement en grimaçant et jeta un regard noir vers l'échelle à présent cassée. Cet instant avait ruiné sa confiance envers ses escabeaux. Nevan inspira une énième fois et tourna le dos à sa chambre, bien décidé qu'il avait à présent bien mérité un bon vers de whisky. Cette pensée lui redonna le sourire qui fut rapidement remplacé par des sourcils froncés.

Une porte en vieux bois marron se tenait sur sa droite. Pourtant il aurait juré ne pas l'avoir vu en montant tout à l'heure, encore moins lors de sa visite avec l'agence. Peut-être était-ce simplement la salle de bain, mais une autre porte résidait sur la gauche. Suspicieux, il ouvrit celle-ci en premier et tomba sur la douche. Mais alors qu'elle était celle juste en face ? Ne se sentant point à l'aise, Nevan appuya sur la poignée et laissa la porte s'entrouvrir.

« Dites-moi que je rêve... » Marmonna-t-il stupéfait.

C'était une chambre d'enfant.

Toute simple, contenant un petit lit avec des draps de voitures, une petite armoire pour y ranger s'en aucun doute ses affaires, un vieux tapis effiloché qui trônait au milieu de la pièce et quelques jouets éparpillés un peu partout. Même si les meubles étaient rudimentaires, l'aspect que donnait l'endroit n'était pas moins déchiffrable. Cela sautait même aux yeux. L'odeur. Une vielle odeur d'enfant. Nevan ne s'était jamais douté jusque-là qu'un enfant avait une odeur. Mais à présent il en était persuadé. Il avait à peine plongé la tête qu'une vague odeur de bois et vanille lui attaqua les narines.

Mais il y avait autre chose. Quelque chose dans l'air qu'il n'arrivait pas à détecter. Poussant la porte plus loin, il pénétra à petit pas lent et hésitant dans la chambre, frissonnant pour il ne savait quelle raison. Peut-être avait-il tout simplement froid...

Le soleil se couchait déjà, laissant les dernières lumières traverser les rideaux, faisant apparaître une fine couche de poussière. Ou alors c'était cet endroit qui lui donnait la chair de poule. Instinctivement il se frotta les bras, regardant de tous les côtés pour un indice sur ce sentiment qui l'entourait. Cette odeur, qu'était-ce ?

La porte grinça tout à coup, le faisant légèrement sursauter. Il l'a fixa. Elle s'était pratiquement refermée.

Il déglutit, sentant une froideur lui parcourir le corps, peu rassuré. Il eut soudainement peur. Peur de ce qu'il se passait autour de lui. La peur songea-t-il. Voilà ce que c'était, ce sentiment inexplicable. Comment avait-il fait pour le savoir ? Il n'en avait pas la moindre idée, le mot lui était juste parvenu à l'esprit comme par magie. Mais que se passait-il ? Comme pour rajouter une couche à son embarras, Nevan eut la forte impression d'être tout à coup épié.

De plus en plus paniqué, il s'extirpa au plus vite de la pièce et referma brusquement la porte derrière lui. Il s'adossa à celle-ci et passa une main sur son visage. Il n'en croyait pas ses yeux. Tout ceci était impossible. Il n'avait même pas encore fini de s'installer qu'il s'était retrouvé dans une chambre dite introuvable depuis des décennies.

Il souffla. Son ventre émit un bruit dans le silence de la maison. Le vent dehors rageait, faisant claquer les volets contre les parois des fenêtres et les branches d'arbres avoisinantes grattaient sur les vitres. Le soleil avait disparu, laissant place aux nuages qui peuplaient à présent le ciel. Nevan regarda sa montre. 18 heure 45. Cela allait être l'heure de manger, pas étonnant que son estomac est grogné.

Alors il descendit et sortit d'un des cartons posés dans la cuisine un verre et pris une bouteille de whisky qui trainait sur le plan de travail. Puis il s'échoua dans le canapé, sentant le poids des évènements précédents s'abattre sur lui. Il ne s'en était toujours pas remit. Calme extérieurement mais intérieurement Nevan était toujours secoué. Une gorgée de la boisson le détendit. Il ferma les yeux un instant, savourant le fait d'être bien installé dans un canapé douillé. Il n'en avait pas dans son ancien appartement.

Quelque chose lui chatouilla subitement les narines et il éternua. Le silence ampli à nouveau la pièce. Mais la seconde d'après son téléphone vibra. Il ne fit pas attention à son interlocuteur et répondit.

« Allô ? »

Un grésillement résonna à l'autre bout du fil. Nevan fronça des sourcils et s'apprêta à raccrocher lorsqu'une voie uniforme murmura :

« A vos souhaits ».

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