J'ai oublié quel jour on est, avec un peu de chance je vais m'en rappeler dans la journée.
Cher journal.
(Oui, pour l'instant je mets en suspend mes propositions de nom. Je reviendrai vers toi lorsqu'une idée me paraîtra intéressante.)
Je me suis réveillée étrangement vidée de mon énergie, comme si je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai pourtant sacrément bien dormi, j'ai même rêvé, ce qui n'arrive pas très souvent chez les sorciers. Pour nous, rêver est un signe que notre esprit est désordonné, et les rêves permettent aux idées de se remettre en place. J'avoue cependant ne pas comprendre ce que voulait me dire mon subconscient en me faisant rêver d'un cheval qui parle sous mon lit, d'un salto arrière sur une scène, et de sel. Il y avait beaucoup de sel dans ce rêve. Par contre, j'ai bien compris que mon esprit était désordonné, et je sais parfaitement que c'est à cause de ce qu'il s'est passé hier : j'ai perdu le contrôle de mes émotions, et ce bien plus rapidement que ce que je pensais. J'ai perdu patience trop vite, et je me suis mise en colère. Je savais que la vie sur Terre allait être difficile, irritante, et allait me rendre à fleur de peau. Il suffit de voir ma haine pour les transports en commun pour se rendre compte d'à quel point être humain, ça craint. Nous les sorciers, nous sommes censés avoir une grande patience, un contrôle exemplaire de nos émotions, car nous avons observé l'un des plus grands défauts des humains : ils sont incapables de gérer leurs émotions. Ils se vexent trop vites, démarrent au quart de tour, deviennent violents, méchants, insultants, ont un ego surdimensionné, ne savent pas réfléchir avant d'agir, et j'en passe. Leur mode de vie est une des explications de ce comportement, mais ce n'est pas la seule. Certains scientifiques de Moonstone désirent étudier l'humain au niveau même de ses gènes pour essayer de comprendre. Ce serait assez logique de découvrir un élément biologique chez l'humain, qui le différencierait de nous les sorciers. Mais alors, pourquoi ai-je agi comme une humaine hier ? Pourquoi un changement de comportement aussi radical et rapide ?
Je crois que j'ai la réponse. Enfin, c'est une hypothèse pour être plus précise. Nous n'avons pas de patience.
On pourrait croire qu'on a une patience infinie à Moonstone, puisque les gens contrôlent vraiment bien leurs émotions. Cependant, je pense que c'est faux. Nous n'avons jamais forgé notre patience, puisqu'il n'y en a pas besoin. Nous, sorciers, avons été éduqués pour êtres polis, courtois, faire tout dans la dentelle, dans la mesure, pour maintenir la paix et éviter à tout prix le conflit. Nous ne faisons pas face à la méchanceté, la malveillance, l'irrespect. Nous n'avons pas entraîné notre esprit à supporter ce que certains considéreraient comme des "dérapages", or ces "dérapages" ne sont pas des événements isolés chez les humains. C'est tous les jours, tout le temps. Si l'on veut vivre avec eux, il faudra faire des compromis : forger notre patience, tout en apprenant aux humains à bien mieux gérer leurs émotions, les rendre moins méchants. Encore faut-il que ce soit possible de changer les gens à ce point, surtout que nous ne savons pas encore si c'est simplement culturel, ou biologique. Seule, je n'ai pas d'autre choix que de m'adapter. Les filles de l'association féministe ne me semblent pas un problème, puisqu'elles réagissent de la même façon que moi face au comportement du crétin d'hier.
J'aurais dû consulter les rapports d'expérimentation de mes prédécesseurs. Peut-être ont-ils eu le même constat que moi lors de leur vie sur Terre ? Peut-être pourrai-je y trouver des astuces pour gérer tout ça ? J'ai encore mes identifiants pour la bibliothèque nationale de Moonstone, j'y trouverai certainement quelque chose d'intéressant.
C'est donc désireuse de me recoucher pendant environ trois jours que ma journée a débutée. Il m'a fallu quatre verres de jus d'orange et une dizaine de minutes sous l'eau brûlante pour que mon cerveau accepte de se remettre en route. Dans le métro, je tirais la même tronche que les humains : je n'avais clairement pas envie d'être là aujourd'hui. Mais en arrivant à la fac, je me suis étrangement sentie mieux. J'ai beau avoir eu une mauvaise expérience hier, je suis contente de venir ici. J'espère que ça va durer.
Cette fois-ci, j'ai pris TOUTES mes précautions. J'ai enregistré le chemin pour l'amphithéâtre, la salle de tutorial, la cafétéria, les toilettes, l'association et la bibliothèque. Pas question de me faire avoir à nouveau. J'ai rapidement retrouvé les filles, qui attendaient Kate devant la machine à café. Cette dernière m'a fait un petit signe de la main, tandis que les autres m'ont fait la bise. Si Agatha avait son énergie habituelle, Kate et Ntina semblaient épuisées. Elles avaient des cernes immenses, aussi gros que le canyon de Narama. C'est un gros canyon de Moonstone, qui est apparu après une expérience ayant mal tourné.
— Il a de la chance qu'on l'adore, Mr Mbongo... Parce que cours magistral à huit heures du matin, c'est pas compatible avec moi... soupira Kate.
Ntina approuvait en secouant frénétiquement sa tête. Effectivement, huit heures du matin, ça pique. Ca pique très fort même. Je pense que ça explique mon étrange fatigue : mon corps n'était pas prêt à se lever aussi tôt.
Nous sommes entrées dans l'amphithéâtre en même temps que le prof : un homme noir portant un costume cravate impeccable. Son costume était tellement impeccable que je suis quasi certaine qu'il transporte un mini fer à repasser dans son sac. Je suis jalouse, moi aussi je veux avoir des vêtements non-froissés en permanence... Je crois qu'un sortilège de ce genre existe. Si ce n'est pas le cas, j'irai l'inventer quand j'aurai un peu de temps. Mr Mbongo s'est tranquillement installé au bureau placé tout en bas de l'amphithéâtre, et a commencé par nous expliquer le but du cours.
— Bonjour à toutes et à tous, et bienvenus pour cette nouvelle année. Je vais vous enseigner, durant ce semestre, la littérature anglaise coloniale et post-coloniale. Cette matière a pour but de vous apporter un contexte historique et un regard critique sur la période coloniale et post-coloniale de la Grande Bretagne par le biais de la littérature, principalement sur les périodes du 19eme et 20eme siècle. Nous étudierons de nombreux enjeux liés à la colonisation, afin de bien vous rappeler que non, la colonisation n'était pas une bonne chose. Et encore, je suis assez gentil en disant "pas une bonne chose". Vous verrez plutôt, à travers de ce cours et des Tutorials - que je gère moi-même cette année pour m'assurer que tout se passe bien -, que la colonisation était en réalité un processus monstrueux. Je vais m'arrêter ici, il serait dommage de trop vous en dire dès le départ.
Je me suis sentie très rapidement intéressée par ce cours. A Moonstone, on étudie la thématique de la colonisation, et on y apprend tout ce qu'il s'est réellement passé durant ces périodes : massacres, exploitations des populations, annihilation de la culture, violences racistes et sexuelles... quand j'ai appris tout ça, il m'a fallu plusieurs semaines pour digérer ces informations. Ce n'était pas mon peuple qui était concerné, car les sorciers et les humains, malgré leurs similitudes, sont deux espèces différentes avec des cultures très différentes, mais ça m'a fait un choc malgré tout : si j'avais été humaine, juste parce que je suis noire, j'aurais pu subir tout ça, ainsi que tous les effets futurs de cette période. J'ai réalisé à ce moment la chance que j'avais d'être née à Moonstone et pas sur Terre, j'étais privilégiée d'ignorer tout cela. Même encore aujourd'hui, je ne peux pas imaginer ce que les humains victimes de la colonisation endurent, parce que je ne l'ai jamais vécu à Moonstone, et que je ne le vivrai probablement jamais. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle j'ai voulu passer une année chez les humains, pour apprendre et essayer de comprendre. Cependant, exprimer mon choc et ma tristesse pour eux ne sert strictement à rien et est inutile dans leur lutte, ce qu'il faut, c'est avoir conscience de ce qu'il s'est passé, et apprendre pour que ça ne se reproduise plus jamais. Enfin, ce sont surtout les humains qui doivent apprendre de leurs erreurs. Je me souviens que Ntina m'avait parlé d'une autre association luttant contre le racisme. Je ne sais pas si j'aurai le temps d'y participer et de m'y inscrire, mais pour sûr, j'irai à leurs conférences. Si je peux apprendre quelque chose, c'est bien avec ce prof, et bien avec cette association.
Mr Mbongo s'est ensuite attaché à expliquer la bibliographie et les modalités de l'examen. Encore une dissertation, pour l'instant rien de bien original. Pendant l'heure de pause, Ntina m'a parlé un peu plus de ce prof.
— Ce que j'adore chez lui, c'est qu'il ne mâche pas ses mots. Certaines personnes s'offusquent quand on dénonce la dure réalité de l'époque coloniale et de son impact encore bien présent de nos jours mais lui, il n'en a rien à foutre de l'ego si fragile de ces individus ! D'ailleurs, il s'est inscrit dans notre association, et y participe beaucoup. C'est souvent grâce à lui que nos conférences sont super. Quand on aura le programme je te le passerai ! Et en plus, il a de bons goûts musicaux. Ça, c'est très très important.
— Ses goûts musicaux ?
— Oh oui. Deux reines : Rihanna et Beyoncé ! Ce sont ses artistes favorites. Je lui ai conseillé d'écouter Lizzo et Janelle Monae avant les vacances, j'ai hâte qu'il me dise ce qu'il en a pensé !
Lorsqu'elle m'a parlé de ces artistes, je me suis rendue compte d'un truc assez important : je n'ai AUCUNE connaissance en matière artistique du monde des humains. Je connais des classiques de la musique, comme Mozart ou Bach, mais les noms de ces quatre personnes m'étaient totalement inconnus. Si je voulais me fondre dans le décor, approfondir de telles connaissances étaient vitales.
— Et toi ma petite Opale, t'aimes bien quoi comme style de musique ?
Ntina me regardait avec un grand sourire, et des yeux remplis d'espoir. Mes aïeux, elle m'a posé une colle. Je vous jure qu'à cet instant, je ne savais pas quoi faire. Réutiliser le nom des artistes citées précédemment au risque de m'enfoncer dans le mensonge et que ça se termine mal ? Tenter une réponse vague de type "oh, j'écoute un peu de tout !" ? Faire une feinte très technique me permettant de changer de sujet sans avoir l'air suspecte ? J'étais au pied du mur. Bon sang Opale, t'aurais dû prévoir un truc pareil ! J'ai même songé à utiliser mes pouvoirs pour que je puisse simuler au mieux un malaise...
Heureusement, Mr Mbongo a sauvé ma peau. Comment, me direz-vous ? Simplement en entrant à nouveau dans l'amphi et en annonçant que le cours allait reprendre.
— Ah zut, la pause est déjà finie. Bon, on va en reparler ce week-end, car notre tutorial est juste après, et je dois rentrer chez moi ce midi !
Finalement, le prof a pris tant de temps pour terminer ses explications, que le véritable cours n'allait commencer que la semaine suivante. J'ai accompagné Kate et Ntina pour notre séance de tutorial, tandis qu'Agatha retournait à l'association en attendant que vienne l'heure pour son groupe. Contrairement au désastre d'hier, ce tutorial était parfait : enfin une vraie méthodologie pour la dissertation !! Mr Mbongo était calme et patient, et en plus, il a même pensé à Kate, car tout ce qu'il a dit, il l'a écrit et lui a donné pour qu'elle puisse bien suivre le cours.
— Je suis contente, il n'a pas oublié... la prof d'hier a eu du mal quand je lui ai dit que j'étais sourde et qu'il fallait qu'elle s'adapte... murmura Kate.
Et en plus, cerise sur le gâteau : pas de dissertation à faire avant la troisième séance. Bien que je sois habituée à travailler à la faculté, il reste naturel pour tout un chacun d'être ravi lorsqu'il y a moins de boulot à faire. Même si ça ne se dit pas vraiment à Moonstone, nous sommes tous contents d'avoir du temps pour glander. J'adore ne rien faire. Ce que je préfère, c'est m'allonger dans mon lit de façon sereine, tout en sachant que je n'ai aucune responsabilité derrière : pas de devoirs qui m'attendent, pas de révisions, pas de tâches ménagères, pas de responsabilités administratives... et je profite de ce moment de sérénité. Mon âme est en paix.
Après un petit tour à la cafétéria, j'ai dit au revoir à Ntina, et j'ai accompagnée Kate à l'association. Lorsque nous sommes entrées, Jenny était en train de débattre avec une fille en fauteuil roulant qui m'était inconnue.
— Ah, Kate, t'es là, c'est parfait. Et toi, t'es la nouvelle, tu vas pouvoir nous dire ce qu'il s'est passé hier avec l'autre abruti de Dickens !
Kate s'est installée tranquillement à côté de la fille et a sorti son plat préparé, prête à manger.
— Oh, pardon, je ne me suis pas présentée. Lisa, je suis la présidente de l'association des handicapés de la fac, les "Handicapables". Stylé comme nom hein ! C'est moi qui l'ait trouvé, j'ai eu une illumination pendant mon sommeil. Bref, assieds-toi, on a un truc important à régler, on fera connaissance plus tard.
— Oh, okay !
J'étais un peu déconcertée en m'asseyant, mais je suis passée outre. Ce qui m'a surtout étonnée, c'est que tandis qu'elle parlait, elle faisait des grands gestes un peu étranges. J'ai sorti mon sandwich, et j'ai écouté la dénommée Lisa.
— Donc, je disais. Je n'arrive pas à croire qu'ils ont encore renouvelé le contrat de cet idiot ! J'avais pourtant envoyé des courriers salés à l'administration concernant son manque d'efforts envers Kate ! Non mais sérieusement, dire à une élève sourde de "faire un effort" et "d'arrêter de jouer la comédie pour faire chier le monde", on est où là ? Ils m'avaient dit qu'ils allaient faire quelque chose, mais que dalle ! Heureusement que t'es pas avec lui cette année, sinon je serais allée lui écraser les jambes avec mes nouvelles roues !
— Heureusement que Ntina m'expliquait tout... mes notes auraient été catastrophiques sans ça... même si je n'ai rien dit, je suis aussi énervée que toi de le voir encore exercer. Et encore, t'as entendu ce qu'il s'est passé hier je suppose ? répondit Kate, qui visiblement avait compris toute la conversation alors que Lisa débitait ses mots à une vitesse folle.
— Oui, et c'est pour ça que je suis ici. Jenny, j'ai besoin de ton aide, j'ai l'impression que mon association ne sera pas suffisante pour faire sauter Dickens. Ntina t'a sûrement parlée de ce qu'il a dit à la nouvelle, Opale c'est ça ? avait-elle dit en s'adressant cette fois-ci à moi.
— Oui, Opale Starlight. Je viens tout juste d'arriver... Il a dit un truc comme quoi j'étais une grognasse qui voulait se la péter.
Et la grognasse, elle s'était bien vengée après. Bon, Opale, n'y pense plus, tu dois te contrôler.
— Ce qu'il a dit, ce n'est pas normal. Je sais que ça va être difficile d'accumuler les informations pour qu'il dégage, mais il va sûrement recommencer, me répondit Lisa. Ma petite Jenny, je te propose une alliance hors conférence. Une alliance pour faire pression sur l'administration ! Tu as tout appris de Jameela, et mélangé à ta propre force mentale, tu es une puissante négociatrice qui obtient toujours ce qu'elle veut. Personne n'a oublié ton exploit concernant les anti-ivg qui manifestaient devant la fac, chaque étudiant a encore cette image de toi qui les a trainés au sol pour les éloigner et pour qu'ils ne reviennent plus jamais.
A l'entendre, Jenny n'avait pas fait que négocier avec eux. A moins que les humains aient une notion de la négociation différente de la nôtre. J'ai observé Jenny, et j'étais surprise de voir une lueur de fierté dans son regard.
— C'est vrai que j'avais fait fort, en plus c'était pendant ma première année... j'avais adoré pouvoir affirmer ma position en tant que féministe. C'était d'ailleurs grâce à Samira que j'ai pu obtenir toutes les infos pour les faire dégager, le mérite se doit d'être partagé.
— C'est tout naturel, venant de la soeur du "Diamant". Nous comptons d'ailleurs aussi sur l'aide de Samira, que dis-je, de ton association entière !
— Et tu l'auras, Lisa. Je n'étais pas intervenue l'année dernière car je pensais à tort que ton action suffirait, mais on ne va pas laisser passer ça.
Par curiosité, Amanita et moi avons regardé des films de mafieux et de gangster. Dans ces films, lorsque deux clans se rencontrent, parfois pour parler affaires, parfois pour se massacrer, il y avait toujours une sorte de tension. En voyant les regards enflammés de Lisa et de Jenny, j'ai cru apercevoir deux mafieuses s'alliant pour frapper un grand coup contre leurs ennemis. Je n'ai pas pu m'empêcher d'être admirative. Elles se sont d'ailleurs serrées la main d'un air satisfait.
— Tu m'en vois ravie. J'en informerai mon association ce soir.
Oh wow. Vraiment une ambiance très sérieuse. Du moins ça l'était, jusqu'à ce que cette atmosphère s'effondre quand elle a demandé à Jenny si des activités conjointes pour leurs deux associations allaient être prévues cette année.
— J'ai pensé à pleins de trucs ! J'ai fait toute une liste, il faudrait qu'on se rencontre un samedi avec nos assos autour d'un verre pour gérer tout ça !
— Ce sera avec plaisir ! Tout s'est vraiment bien passé l'année dernière, toutes nos actions ont été un franc succès. D'ailleurs, il faut que ton secrétaire me passe sa recette de mousse au chocolat, j'y pense tous les jours depuis que j'y ai goûté.
— Tristan ? Je lui passerai le mot. Bon, c'est pas tout ça, mais je reprends à 14h, il faut que je mange. Je peux rester avec vous ? Ça me donnera l'occasion d'apprendre à te connaître ! me lança Lisa.
Le repas du midi est passé très vite en discutant avec Lisa. Elle étudiait la médecine, et était présidente de l'association des étudiants handicapés depuis sa première année. Elle avait très vite accroché avec Jenny, et avait beaucoup de respect pour la fameuse Jameela, qui étudiait justement le droit de la santé. Elle était paraplégique depuis un accident de voiture qui avait failli lui coûter la vie lorsqu'elle était adolescente. Depuis, elle se bat pour que ce soit la société qui s'adapte aux non-valides, et pas l'inverse. Accessoirement, elle fait aussi de la prévention routière, elle m'a donc expliqué pendant un quart d'heure que si je prenais le volant en étant bourrée, j'étais monstrueuse et inconsciente. Je n'ai jamais bu d'alcool et je ne compte pas apprendre à conduire, mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle a raison.
Tout le long de la conversation, elle avait continué ses grands gestes. Intriguée, j'ai fini par lui demander à quoi ça correspondait.
— Oh ça ? C'est une habitude que j'ai prise quand Kate est ici, tout ce que je dis je le traduis en langue des signes, comme ça elle comprend la conversation sans avoir besoin de nous écouter !
Ce genre de langue n'existant pas à Moonstone, il était normal que je ne comprenne pas sa signification. Les humains sont tout de même ingénieux. Je pense que je vais me mettre à apprendre la langue des signes, et je vais apprendre comme une humaine, puisqu'aucun sortilège n'existe concernant cette langue. C'est peut-être l'occasion d'en inventer un... j'y réfléchirai ce week-end.
PS : on est le 7 septembre. On va dire que c'est le temps que ça monte au cerveau.