Dragon noir
Toi que les héros ont banni
Au fond de cet océan froid,
Ce chaos informe et maudit
Où tu rodes, à l'instar d'un rat,
Parmi les cités englouties
Que la pensée ne souille pas.
De toute mon âme damnée
Qui hurle au milieu du désert ;
Dragon noir, je veux t'invoquer.
Pour qu'avec tes dents et tes serres,
Si terriblement aiguisées,
Tu déchires toute la terre.
Aux arbres à la fière ramure
Qui offrent aux amants des fruits beaux
Et ronds, inflige ta brulure.
Pour empoisonner les ruisseaux,
Crache ton souffre et ton mercure
Et les enfants n'auront plus d'eau.
Tes écailles parfaites et noires
Nous emmènerons jusqu'au ciel,
Sur l'olympe où l'air est si rare.
Pour voir la création mortelle
Et tes flammes aux couleurs du soir
Former un bucher éternel.
Mais... Tu n'es qu'un petit serpent
Aveugle dans le sable brun,
Rien qu'un pauvre animal rampant.
M'accorderas-tu ton venin
Pour en finir ? Car oui, vraiment,
J'ai bien trop soif et bien trop faim.