Mais de quoi rêvent les oiseaux ?
Quand je rêve, je me frotte frénétiquement au tissu et au duvet qui me protègent. J'y dépose toute la sueur que mon corps peut sécréter.
A travers le monde, dans tous les monts et les vallons, une chorale animale accompagne d'une berceuse le roulis que font mes pupilles, sous des paupières closes comme des futs.
Des futs où un vin fermente une folle sarabande. Proches aimés, défunts regrettés et amours espérés y sont réunis dans un grand champ de blés, où châteaux et cathédrales bâtis sur le sable de l'enfance font face aux montagnes ensanglantées.
Derrière les volets en vieux chêne et les nuages cotonneux poussés par le vent, la lune sourit de toute sa rondeur étrange au spectacle que Morphée et Psyché tissent entre mes tempes. Avant que les rayons du soleil conquérant ne le déchirent de toute leur réalité.
Alors je m'ébranle d'une foulée encore faible. Remué que je suis par les eaux bouillonnantes du fleuve de l'oubli qui lave mon esprit. Mes yeux que portent des cernes obscurs s'ouvrent sur l'herbe humide, où glissent le grésillement des sauterelles et le piaillement de mille merles et moineaux. Et je me demande. Quels rêves ont inspiré leurs chants ?