EMMA
En compagnie de Peter et Camille, nous nous dirigeons vers l’espace détente. Soraya n’est pas là, elle a obtenu une autorisation de sortie pour l’après-midi.
— Je ne vais pas rester très longtemps, j’ai mon rendez-vous avec le Docteur Martins dans peu de temps. Elle va chercher a pénétrer mon âme , dis-je, d'un ton effrayant.
En même temps, j’imite un bruit de fantôme et gesticule mes bras tel un drap au vent. Camille se met debout sur le canapé, visiblement effrayé.
— Camille, ça va ? demande Peter, dans la même incompréhension que moi.
Ils nous regardent tour à tour et se rassoit.
— J’ai peur des fantômes et de toutes les choses paranormales.
— Toi, Camille Granet, le garçon le plus rationnel et terre-à-terre que je connaisse, a peur des fantômes et des zombies ?
Peter et moi nous mettons à rire. Probablement vexé, Camille quitte précipitamment la pièce.
— Je t’accompagne à ton rendez-vous et je passerai voir Camille.
Nous sortons de l’espace détente et nous dirigeons vers le bureau de la psychologue, à environ 10 mètres de là où nous sommes.
— Tu t’ennuies sans ta petite amie ? dis-je, sur un ton malicieux.
Il soupire.
— Pour la énième fois, Soraya n’est pas ma petite amie. C’est mon amie comme Camille et toi.
Alors que j’allais répliquer, le docteur Martins sort de son bureau et m’invite à entrer.
*
— Et si on allait regarder le télé ? me demande Peter.
— Ok, dis-je, à moitié absente.
En ressortant de ma séance, je me sens ailleurs et fatiguée, comme à chaque séance. Aujourd'hui, on a travaillée sur l’acceptation du divorce de mes parents.
— Tu as pu voir Camille ? demandé-je, regrettant soudainement ma remarque par rapport à sa peur des fantômes.
— Non, il était avec son cahier et tu sais comment c’est dans ces cas là. Lui et les maths. Au fait, il y a une nouvelle. La majorité des gens pensent qu’elle a tentée de se suicider. Certains pensent que c’est des troubles alimentaires mais, personnellement, je ne pense pas.
Je décide de participer à ces paris. Je demande à Peter si il a plus d’infos.
— Elle serait arriver debout, avec 2 femmes. Peut-être sa mère et sa tante. Elle n’a pas voulu me dire pourquoi elle était ici mais j’ai l’impression que c’est son premier séjour en clinique. Elle a l’air sympa. Apeurée, mais sympa. Je pense même que vous pourriez devenir amie. Elle n’est pas très loquace mais tu la rencontreras bientôt avec un peu de chance.
On arrive dans la salle TV où une fille est assise sur une table, en train de plier des feuilles. Elle discute avec Marie. Elle lève la tête et son visage exprime à la fois la terreur et la surprise.
Mon corps se fige. Je me retrouve paralysée. Je sens des fourmillements dans mes doigts et une immense colère m’envahit. Je me demande même comment je fais pour ne pas lui sauter dessus. Elle se lève et fais un pas vers moi lorsque je sors précipitamment de la pièce et que je pars me réfugier dans ma chambre. Je claque la porte. Tout mon corps tremble mais je sens une puissante force m’envahir. Je commence par balancer les coussins de mon lit par terre, puis je retourne le matelas. Je jette toutes les affaires de mon armoire et celle de Soraya par terre. Je tape dans le tablette, qui se retrouve allongée sur le sol. N’ayant plus rien à détruire, je sors précipitamment de la chambre et retourne en salle TV. Elle est toujours là, debout. Je m’approche sauvagement vers elle et lui dit.
— Alors, toi, tu es morte.
J’attrape son cou et la plaque contre un mur. Elle essaie de parler mais les doigts qui se resserrent de plus en plus sur sa peau si blanche l’en empêche. J’entends des personnes courir dans le couloir. Le bruit se rapproche.
— Emma, lâche là maintenant, me crie Magalie.
Je la lâche brusquement. Elle s’effondre au sol et se met à tousser violemment. Marie se précipite vers elle pendant que Magalie m’attrape les épaules et me dirige vers ma chambre. Elle ouvre la porte et constate les dégâts. Elle referme la porte et je finis dans le bureau des infirmières, assis sur une chaise. Elle attrape le téléphone et tape trois chiffres sur le clavier.
— Docteur Martins, c’est Magalie. J’ai besoin que vous veniez maintenant au bureau des infirmiers.
Elle repose le téléphone sur sa base et je me lève pour quitter cet endroit.
— Toi, tu restes ici, me dit-elle, sur un ton autoritaire.
— C’est mort, je ne reste pas une seconde de plus ici. Je pars et personne peut m’en empêcher.
— Soit tu restes assises sur cette chaise, soit je te colle en isolement pendant 2 jours. Tu choisis quoi ?
Le Docteur Martins arrivent essouffler dans le bureau.
— Je suis là, Magalie. Il se passe quoi ?
— Avant toute explication, je vous laisse aller dans la chambre d’Emma.
Elle me regarde et me fais un signe pour me lever et la suivre. Le Docteur Martins marche devant moi, et Magalie derrière, sûrement pour que je ne puisse pas me défiler.
Le docteur Martins ouvre la porte et constate le tsunami qui est passée dans la chambre.
— Mais c’est quoi tout ça ? Il s’est passée quoi, Emma ?
Je tourne la tête et tente de me faire la malle. Magalie me rattrape aussitôt.
— Bon, allons dans mon bureau. Vous aussi Magalie.
— Ah non, ça, ne comptez pas sur moi.
Magalie me regarde, agacée.
— Soit tu nous suis jusqu’au bureau soit c’est l’isolement, qui serait bien méritée vu ce qu’il s’est passée.
Je marmonne des insultes et les suis toutes les 2. Tous les autres enfants que je croise me dévisagent, dont Peter. Le Docteur Martins s’installe sur son fauteuil, Magalie sur le canapé.
— Emma, viens t’asseoir s’il te plaît.
— Non merci. Je suis bien, là, à regarder pour la centième fois les livres que vous possédez.
Je les sens me juger. Magalie explique toute la scène à la psychologue, qui écoute dans dire un mot. Puis l’infirmière me laisse seule avec cette femme qui va me remonter les bretelles.
— Tu m’expliques ce qui t’a pris de détruire ta chambre et d’étrangler Edith ? C’est compliquée pour elle d’être ici, comme ça a été difficile pour toi et les autres enfants ici.
— Ne me comparez jamais à elle. Je ne lui ressemble pas.
Elle me fixe, en essayant de comprendre ce qu’il se passe.
— Depuis quand connais-tu Edith, Emma ?
Je la fixe à mon tour, puis détourne mon attention vers un vieux livre de sa bibliothèque.
— Qu’est ce que Edith t’a fait pour que tu l’étrangles ? Tu te rends compte quand même. Si Magalie n’était pas intervenue, tu aurais pu la tuer. Je pensais plus que tu allais l’aider à s’intégrer. Qu’est ce qu’on fait maintenant ?
Elle commence sérieusement à m’agacer.
— Vous me virez comme ça je quitte cet endroit pourrie. Et vous pouvez vous occuper d’elle, en plus de ça.
Elle me regarde longuement, puis ferme son cahier.
— Nous n’allons pas te virer mais tu vas être sanctionnée. Cette nuit, tu dormiras dans la même chambre que Léa, et Soraya dormira avec Edith, le temps de réparer les dégâts.
Mes yeux se remplissent de colère.
— Il est hors de question que Soraya dorme avec elle. Elle va lui retourner le cerveau.
Son téléphone sonne. Elle sort de la pièce en fermant la porte. Pendant ce temps, j’inspecte les fenêtres. Elles sont toutes verrouillées. Je m’assois alors à son bureau pour tenter de trouver une clé ou quelque chose pour les déverrouiller et pouvoir partir d’ici.
Après avoir passée 10 minutes dans le couloir, elle revient dans la pièce. Je suis allongée sur le canapé.
— Tu as pu calmer ta colère pendant ce temps ou je t’ai laissée ?
Je rouvre les yeux et tourne la tête à droite.
— Ils me semblent que l’on a plus rien à ce dire, Docteur. Je peux y aller ?
Elle me regarde, désespérée.
— D’accord. Mais ne te fais pas remarquer jusqu'à ce soir. Si besoin, tu peux venir me parler. Magalie t’a déposée quelques affaires dans la chambre de Léa. Et je veux que tu t’excuses auprès d’Edith.
Je sors de la pièce sans un mot. Je décide de me rendre dans l’espace détente, en me disant qu’il n’y a personne et que je peux trouver un plan pour tuer cette chère Edith. En arrivant, je suis surprise de découvrir Camille, seul, assis à une table.
— Qu’est ce que tu fais là, tout seul ? Peter n’est pas avec toi ?
Il sursaute puis lève la tête.
— Non. Il ne se sent pas très bien après ce qu’il s’est passée. Il nous rejoindra peut-être après.
Je m’allonge sur l’un des canapés de l’espace détente, bien moins confortable que celui dans le bureau du Docteur Martins. Je m’assoupis un moment. Je me réveille lorsque je sens quelqu’un qui décale mes jambes vers le fond du canapé. J’ouvre difficilement les yeux, éblouis par la lumière vive de la pièce. Camille est toujours là en train de colorier, et Peter est celui qui a décalé mes jambes. Je me redresse. Il n’a pas l’air en forme.
— Qui a t-il, Peter ? demandé-je, d’un tin bienveillant.
Camille s’arrête de colorier.
— Elle mérite de souffrir, Peter. Crois moi. Elle n’a eu que ce qu’elle mérite.
Il se lève, très en colère.
— Tu ne t’es pas dis que, si elle a atterrie ici, c’est qu’elle souffre déjà beaucoup. Je suis allée la voir après ce qu’il s’est passée. Je voulais comprendre. Et maintenant que je sais pourquoi tu t’en ai pris à elle, je n’arrive pas à passer outre. Tu as failli la tuer de tes propres mains, Emma.
— Comment ça tu n’arrives pas à passer outre ? Elle aussi a faillit me tuer, à plusieurs reprises même. Après ce qu’il s’est passé, tu aurait dû venir me voir moi, savoir comment moi j’allais. Et pas cette garce égocentrique !
Camille quitte la pièce en sanglotant et en courant. Je décide de suivre Camille pour le réconforter lorsque je croise Soraya en compagnie de Magalie en sortant de l’espace détente. Puis j’entends Peter dire quelque chose à Soraya.
— Va calmer ta copine, elle a complètement pété les plombs à propos de la nouvelle.
J’ai très envie de lui coller mon poings dans la figure mais je décide de ne pas le faire.
— Tu es vraiment une piètre amie. Tu en as fais pleurer un et tu t’es fâchée avec l’autre. Et, lorsque Peter aura raconter à Soraya que tu as agressée cette pauvre Edith sans raison, elle ne voudras plus te parler. Tu n’as même pas eu le courage de leur dit qui est Edith pour toi.
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A votre avis, qui est Edith pour Emma ?