Je suis dans un train qui regarde défiler les gares. J'ai passé celle où tu m'attendais, dans le paysage bucolique que tu m'as offert. Je t'ai observé par la fenêtre, vêtu de douceur, ton bouquet d'amour à la main. Ton regard a accroché le mien, avec tout ce qu'on aurait pu être. C'est une destination parmi d'autres, une parmi toi.
Tu m'as jeté une promesse au vent dont je n'ai capté que l'essence, sans l'attraper. Alors je me précipite en avant, en essayant de mieux voir tes détails et tout ce qui va me manquer. Tu deviens petit, tout petit, minuscule sur ma rétine, pourtant, rien ne saurait t'effacer. Toi et ton paysage bucolique, dans cette vie que je regrette avant de l'avoir vécu. Toi dont les yeux reflètent envies et espérances : vie à deux, vie de famille, vie pensée, insensée.
C'est un hurlement sourd à cette vision que je m'arrache. Je te crie moi aussi une promesse qui s'envole avec une larme de coeur par la fenêtre. Tu sursautes lorsqu'elle touche ta joue, souris devant sa chaleur et tu t'éteins à son sens.
Maintenant, je regarde ma vie avec une tâche dans l'oeil. Celle que tu m'as laissé quand je t'ai aperçu sur le quai, forte d'une connexion brusquement interrompue. Elle ne m'empêche pas de voir, elle m'enrichit d'un oeil usé au filtre brillant d'une unique paillette.
Alors oui, je suis en deuil d'un rêve,
En deuil de nous.