En Terre Rouge

Notes de l’auteur : Cette histoire s’inscrit plutôt dans un registre loufoque et humoristique, car la plupart des textes sont nés lors d’ateliers d’écriture informels et amicaux. Il m’est venu l’idée de les rassembler afin de donner un sens global, une vision plus claire de ce qu’il se passe dans ma vilaine caboche quand elle doit affronter le regard de l’autre, dévoiler un pan de mon intimité. Pour moi, il s’agit de comprendre la signification de tous ces signaux que je reçois et transmets, comme une balise de signalisation, en plein océan, tenterait de faire connaître sa position, de sauver quelque navire perdu. Peut-être qu’ainsi, je pourrai, un jour lointain, répondre à la question :
« Mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? »
JeanPignon

Le camion

Le gosier complètement à sec, le chauffeur du poids lourd s’arrêta au relais routier. Arrivant du 89, il avait roulé toute la nuit. Malgré la fatigue, il aurait échangé sa roue de secours et son cric contre une seule nuit à l’hôtel avec la jolie mariée qui stationnait sur le parking, manifestement en panne de voiture, attendant quelqu’un qui ne venait pas.

Elle était sublime et il ne put s’empêcher de faire un rapprochement étrange, suivi d’un calcul grotesque :

Un verre de vin… le département du 89… 89 moins 20…

Rouge de confusion, il ne termina pas la soustraction.

Avec un soupir, il descendit du camion, s’assit sur le rocher qui marquait l’entrée du snack-bar et se mit à rêver. La jarretière, le buffet, son propre mariage brisé par son manque de loyauté. … Rahlala, tous ces souvenirs…

Bah, une bière bien fraiche et la magie de l’amour reviendra un jour, pensa-t-il, triste, mais tourné vers l’avenir.

De son côté, la belle désespérée, coincée dans ce lieu désert, restait pensive en observant le routier fourbu.

Bien que j’apprécie l’élégance vestimentaire, je ne fais guère attention à l’aspect débraillé, presque sale et l’œil torve de ce chauffeur poids lourd, pensa-t-elle vaguement étonnée.

En rade au milieu de nulle part, elle se demandait, finalement, si cette panne providentielle était un signe favorable du destin. Ce type louche avec son marcel et sa casquette de travers avait un je ne sais quoi de sexy qui lui faisait bouillir la marmite.

Elle réalisa tout à coup que le jeune et riche apollon, qui l’attendait à l’église, devenait bien fade comparé à ce Torero de la route, tout moche, mais… au regard si prometteur.

Hésitation…

Décision…

Elle se dirigea vers lui dans sa robe blanche, exagérant inconsciemment son déhanché, accompagnée par un joli petit bruit de talons. Arrivée près de lui, elle murmura, sensuelle :

— Une bière bien fraiche ça vous tente ? 

À ces mots, comme par magie, les kilomètres s’effacèrent instantanément au compteur mental du chauffeur fatigué.

— Je connais un petit motel près d’ici où tous vos désirs seront comblés, y compris les boissons les plus fraiches du monde ! Je vous y emmène le pied au plancher, si vous me tenez la main.

Hé oui, les rencontres les plus improbables et les plus décalées sont souvent celles qui nous marquent le plus. Nos deux tourtereaux l’apprendront sur la route, à grande vitesse.

La mariée en fugue et le routier en marcel crasseux n’étaient pas les seuls à rouler avec le plein d’hormones. Sans aucun lien avec ces tourtereaux dans leur folle aventure, JeanPignon fonçait vers sa quête à lui. À bord de son antique bagnole poussée au maximum, il était en état de choc, deux idées fixes en tête : retrouver sa dulcinée et arracher, poil par poil, la moustache d’un type inconnu.

Il n’arrivait pas à croire ce qu’il venait de vivre en rentrant chez lui. Ne voulant pas réveiller sa belle Patricia qu’il avait laissée endormie pour faire la fête et picoler avec ses copains ivrognes, il était rentré au bercail, tard dans la nuit. Là, il s’était déshabillé sans un bruit et glissé sous les draps. Tout à coup, Il avait décidé qu’il ne sentait plus la bière, le tabac et les trois joints fumés dans la soirée. Transformé dans la seconde en Don Juan irrésistible, une expression de prédateur sur le visage, il s’était rapproché doucement vers sa compagne endormie.

Sous sa main caressante, il n’avait trouvé qu’un petit carnet. Un geste nerveux vers la lumière, la chambre était vide. Dégrisé instantanément, il déchiffra les quelques lignes tracées élégamment sur le premier feuillet :

« Bonsoir mon Chéri. Je suis allée danser la java avec mon amant. Il est petit, chauve et moustachu, mais quand il pose ses mains calleuses sur mes fesses, je grimpe aux rideaux. Demain matin, si je rentre, pense à faire le petit-déjeuner, car j’ai toujours faim après l’amour. Ta femme »

***

La voiture

— Non, non, non. La moustache, ce n’est pas possible. Il en chialait de désespoir. Je sais où ils sont en ce moment, cinq minutes en voiture et je la rejoins. Il le faut ! Nous nous aimons, pas vrai ? Oui, bien sûr ! Il posait les questions et y répondait tout seul. Pratique et rassurant.

Tout en roulant, il repensait avec nostalgie à sa douce bien-aimée, baignant dans une lumière chatoyante, posant pour lui dans son atelier de photographe, nue et ingénue comme il aimait la voir pendant les séances photo. Temps heureux et lointain. Les larmes brouillaient le pare-brise de sa vie.

— Il faut que je la revoie à tout prix, dit-il tout haut, les yeux brillants d’excitation. En me voyant, elle va tomber dans mes bras, c’est sûr. Espoir, toujours, ne rien lâcher !

Fort de son hypothèse, il poussa le levier de vitesse, appuya sur le champignon, négligeant la bretelle d’accélération. Il se sentait comme dans un vaisseau spatial, en route vers une galaxie lointaine. Dans un bond époustouflant, son engin atteignit la vitesse de la lumière, aux limites de la rupture neuro-quantique, provoquant un amincissement des frontières spatio-temporelles entre lui et sa femme adorée.

En bruit de fond, la radio diffusait un reportage en milieu rural, cocasse, mais qui laissait le chauffeur de glace :

— Mes chers zoditeurs, « MédiaPorc », la Radio agricole libre et indépendante, vous invite à partager un reportage exclusif chez un éleveur, en direct de chez un confiné profond qui se nomme ?

— Bon, Jean Bon, répondit l’éleveur de cochons, très sérieux.

— Euh, nooon, vraiment ? Euh… OK. Vous êtes, cher monsieur JeanBon (hahaha), confiné comme tout le monde. Quel est votre sentiment en ce moment ?

— Mon cher baveux, j’va vous dire mon sentiment, qu’est point le même que celui que j’ai pour ma Marie, Hôoo, loin d’là ! La révolte grrronde dans ma cervelle, les mots se bousculent aux portillons de l’étable, les pensées sont comme une espèce de chèvre des bois prise de folie végéta-vorass, pire encore que des légionnaires allant au bordel après deux ans de campagne, c’est vous dire ! Et j’m’y connais !

— En effet ! C’est la cacaphonie là-dedans, mais est-ce que nos zoditeurs peuvent avoir un aperçu de ce qui surnage à la surface de cette caboche, certes paysanne, mais pleine de bons sens ?

— J’dis qu’au gouvern’ment, au lieu de nous aider, ils ont tout raté dans c’t affaire.

— Euh, Pourquoi dites-vous qu’ils ont tout raté ?

— Ils ont échoué parce qu’ils n’avaient pas commencé par le rêve, répondit JeanBon, avec toute la sincérité de son humanisme de terrien extraterrestre.

— Euh, le rêve ? Qu’entendez-vous par là ?

— Le rêve, c’est pas une oreille, imbécile ! Le rêve, c’est quand les gens oublient leur port’feuille d’égoïste pour partager, écouter, comprendre, aider les autres et vivre d’amour, tout simp’ment. Et maint’nant, foutez-moi l’camp, sinon, c’est la chevrotine dans vos fess’ de grenouille ! Crénom de crénom !

— Chers zoditeurs, je sais que vous rayonnez de plaisir avec ce JeanBon (hahaha) et ce reportage, mais il faut vite rendre l’antenne, à vous les studios !

Oubliant de couper le micro, il reprit, nerveux :

— Euh, les gars, il a l’air décidé le bougre, on se tire avant qu’il ne tire. Dans deux minutes, ça va rayonner du plomb, si on reste avec le JeanBon.

***

Silence radio

Silence tout court…

Ouvrant un œil, il se demandait ce qui était arrivé. Tout allait pourtant bien jusqu’à ce que… Mais qu’était-il arrivé ? Cette question, il se la posait maintenant depuis des… heures ? Il ne savait plus. Tout était si embrouillé dans sa tête depuis que… quoi donc ? C’était à devenir fou… Le monologue intérieur recommençait encore et toujours, le hamster dans sa roue…

Voyons, quel est le dernier souvenir qu’il me reste ? Ah oui, je sais… heu, non, je ne sais plus. Ah si ! À la radio, ils avaient parlé d’un rayonnement, d’un jambon ?

Il n’y connaissait absolument rien aux rayonnements, hormis celui qui, comme un halo merveilleux, illuminait le regard pétillant de sa femme quand elle lui souriait, faisant fondre ses neurones et disparaitre le monde tout autour de lui.

Aaaaaah oui, ces instants magiques il s’en souvenait, ils remontaient en lui comme une irrésistible marée :

***

Le lit

L’horizon, masqué par un brouillard épais, était insondable. La mer se mit à rugir. Le ciel, jusque-là rempli de merveilles, se mit en chemise de nuit. Patricia, sans un mot, évita un requin furtif et continua de nager vers l’île déserte. Sur sa bouée de sauvetage, elle rêvait de repos, de bière et de cacahuètes. Sortant du sommeil, elle ouvrit les yeux. Elle était dans son lit avec JeanPignon.

Lui, en adoration, l’observait. Appuyé sur un coude, son amoureux prenait le temps d’observer Patricia. Avec son air angélique, elle était là, les fesses en l’air, mais résistant à ses assauts depuis des heures. Pourtant, il avait tout essayé : fondre sur elle comme un épervier sur un lapereau, lui brandir à l’improviste son casque d’aviateur sous le nez… Hélas, elle restait là, un air moqueur et mutin sur le visage, joueuse.

Dans ces cas-là, Il ne lui restait plus qu’une option : la prendre par le cœur. Il lui sourit amoureusement sans rien dire, elle fondit dans un soupir…

Elle comprit tout de suite que son tyran de mari se préparait à lui faire une douce guerre qui allait durer toute la nuit, ne laissant aucun vainqueur, mais seulement deux victimes épuisées. Elle ôta son masque de fille pudique et se planta effrontément devant lui. La réaction ne se fît pas attendre, il se jeta sur elle, renversant au passage le vase rempli de fleurs coupées. Roulant enlacés dans un combat qui s’annonçait aussi doux que passionné, le parfum puissant des fleurs écrasées les enivra tous deux. Des heures durant, les affrontements firent deux victimes consentantes.

Quelques semaines après cette épopée, il se retrouvait enfin seul. Cette nuit d’enfer avec sa femme, vécue comme une guerre de Cent Ans condensée en quelques heures de bataille furieuse, avait porté des fruits inattendus : un enfant allait naître. Il ferma les yeux, la table étroite destinée à langer les bébés lui apparût en vision au milieu d’une salle de tortures moyenâgeuse, parmi les roues, croix et chevalets d’usage à cette époque, destinés à faire souffrir les pauvres malheureux. Il eut un hoquet en ouvrant les yeux, agrandis par la peur : « Si c’étaient des jumeaux ? » Cette pensée forma un rictus de souffrance sur son visage, atténué par les souvenirs des batailles gagnées cette nuit-là.

Les yeux dans le vague, parcourant les tapisseries jaunies semblables à de vieux magazines défraichis, il gisait là, insensible aux mouvements solaires qui éclairaient alternativement les murs de la chambre. Il avait besoin de prendre du recul face à ses responsabilités de futur père et se laissait aller dans les draps du lit en bataille, comme un marin se reposerait sur ses voiles affalées. Il sortit dans la rue, marmonnant des bonjours grognons aux tenanciers du rez-de-chaussée de l’hôtel. Sortant du village à la croisée des chemins marquée par un ange de pierre, il entra dans la forêt. Il fuyait tous ces gens et, surtout, voulait mettre de la distance entre lui et ce satané miroir dans la chambre d’hôtel qui le perturbait de ses images tour à tour suggestives et barbares.

Inutile de détailler les évènements de sa vie, survenus en d’autres époques, le résultat était devant lui, compliqué à outrance et formant des nœuds qu’il ne pouvait même plus comprendre. Songeant à sa vie, il pensait : « Malgré cela, il faut continuer coûte que coûte à reconstruire ce qui peut l’être, à imaginer notre avenir avec le poids de notre passé. La gloire et la fortune n’ont plus aucune importance, l’or et la soie ne sont pas les ingrédients du bonheur. Je suis un grand militant des valeurs humaines et nous bâtirons un monde qui nous ressemble. Avec nos quadruplés à venir (il envisageait toujours le pire), nous constituons déjà un embryon de bonheur, en route pour l’aventure !

De retour à l’auberge, l’image renvoyée par le miroir au plafond était grotesque, il ressemblait à un pantin jeté là par quelque adolescente fâchée par une futilité. Ce miroir avait pourtant renvoyé bien plus qu’il ne pourrait raconter. En soupirant, l’homme revoyait dans le verre suspendu, immobile, ses nuits de guerre amoureuse. Mais la cruauté de la surface glacée le rappelait à l’ordre. En survêtement trop ample, il ne ressemblait à rien d’autre qu’à un pitre. La petite chambre, meubles compris, se mit à danser devant ses yeux assoupis, hypnotisés par les tapisseries semblables à des parchemins barbouillés d’écritures à l’encre de Chine, formant des lettres, puis des mots, puis des prénoms d’enfants puis celui de sa femme adorée.

Sa tête se mit à tourner, il ferma les yeux à nouveau… « Demain, je rentre et on refait la guerre ! »

Secouant la tête, il dispersa ces pensées qui l’éloignaient du temps présent. Non, non, j’en étais au rayonnement. Ce rayonnement-là, ils disaient qu’il venait du jambon. Ah oui, c’est ça, du jambon. Quoi ? Mais ça ne veut rien dire !

Il essayait de se concentrer sur du concret, mais, rien à faire, une force immense, comme une vague l’éloignait toujours un peu plus du réel, l’obligeant à fermer les yeux. Il se vit transporté en Afrique, au milieu d’une ville endormie sous le soleil, dans la pénombre humide de son atelier d’artiste.

***

L’afrique

Alerté par la rumeur qui montait de la rue, JeanPignon regarda par la fenêtre. Ses yeux, d’abord éblouis par le soleil, s’écarquillèrent d’un seul coup. Une jeune beauté africaine s’avançait, nonchalante, traversant la route d’une démarche féline. Les zébus qui encombraient le passage regardèrent mollement cette apparition et se tournèrent vers notre rêveur éveillé comme s’ils avaient compris qu’une déflagration silencieuse s’était produite dans sa tête.

Parler d’une explosion était, de toute évidence, un doux euphémisme. En fait, une bombe atomique avait éclaté dans le cœur du bonhomme, le rapprochant dangereusement d’un lit à quatre planches par faiblesse cardiaque.

Le blanchisseur, son ami et voisin au dehors, vint à son secours en fermant brutalement les volets de la fenêtre. En toute confidence, il conjuguait avec facilité le travail et la prévention des risques…

Le craquement de son nez extirpa notre héros de son rêve.

Il se souvenait bien de cette aventure, son profil de boxeur le lui rappelait tous les jours dans la glace. Longtemps après le K.O. technique, il s’était retrouvé face à un policier posant un tas de questions sur son accident nasal. Il expliquait, faisait des pauses, poussait un soupir et avalait de pleines gorgées de whisky, les yeux dans le vague.

— Comment c’est arrivé ? questionnait le flic avec la patience de celui qui a tout entendu dans ce satané métier.

— Je ne sais pas, tout est devenu flou dans ma tête depuis cet après-midi où je peignais dans mon atelier. Une fille est passée et le blanchisseur m’a pété le nez en fermant la fenêtre.

Le policier hocha la tête comme s’il comprenait et ferma les yeux. C’est ce soir ou jamais, pensa-t-il, je boucle cette affaire de nez pété et je demande sa main à ma belle fiancée avant qu’elle ne fasse encore des ravages dans cette rue.

Tout comme le blanchisseur, le gardien de la paix savait conjuguer le sens pratique et le sens du devoir.

Depuis ce jour, le flic s’était barré avec la belle Africaine de ses rêves et lui avait fait trois enfants. De son côté, l’artiste maudit s’était immergé dans les idées noires. Pendant des jours, il avait cherché à comprendre et finit par conclure que personne ne pouvait l’aider, Il était seul face au vide sentimental.

Ce sentiment de solitude extrême le replaça instantanément dans la réalité : le rayonnement du jambon. Ça, c’était la cause de tous ses problèmes ici et maintenant, il en était sûr.

Il fallait sortir, voir des gens et comprendre pourquoi son cerveau était devenu une passoire pleine de nuages, d’eau salée et de vaisseaux fantômes du passé qu’il voulait absolument oublier, maintenant qu’il avait épousé la femme de sa vie.

Il tâtonna dans l’obscurité remplie d’objets en vrac, trouva un interrupteur. Clic, clic. Pas de lumière. Dans la pénombre, il trouva la sortie. Dehors, c’était l’obscurité, les gens erraient comme des spectres sans but apparent. Dans un frisson de panique, il gémit faiblement :

— Mais, c’est l’apocalypse !

S’asseyant lourdement sur un muret, il ferma les yeux pour retrouver son calme.

Cette erreur lui couta un degré de réalité supplémentaire. Il se trouva propulsé vers un moment du passé où il avait éprouvé un besoin vital de calmer son angoisse, de contrôler ses émotions. Pari difficile.

***

Le parachutiste

Dos à la paroi, JeanPignon, en grimpeur débutant, observa la cascade blanche qui grondait près de lui. Il claquait des dents et se demandait ce qu’il faisait là, accroché à une ficelle, risquant sa peau au lieu de siffler un cocktail glacé, ou simplement une Dodo bien fraiche, en regardant la mer. Il soupira en pensant à la belle conquête pour qui il avait fait ce voyage. Il était vraiment prêt à tout pour lui plaire, y compris jouer les rossignols au milieu d’un cirque à la Réunion.

Sombrement, il décrocha son mousqueton et sauta dans le vide, … tout en déclenchant le parachute.

La chute était vertigineuse.

C’était le bon temps quand je travaillais à la construction de la Tour Eiffel, songeait-il, les yeux exorbités, les oreilles vibrant dans le grondement du vent, la bouche grande ouverte dans un grand cri silencieux. Il tombait, tombait, tombait… et son parachute qui s’obstinait à rester dans son sac.

C’était de la gnognote ! pensait-il en se revoyant serrer des boulons à cent mètres de hauteur, bien sanglé, à cheval sur une poutrelle, en parfaite sécurité, mais la peur au ventre…

Il tombait toujours, de plus en plus proche du sol.

Cependant, sa grimace d’horreur se tordit en forme de sourire en voyant tout en bas, avec l’acuité d’un rapace fondant sur sa proie, le visage émerveillé de sa belle, remplie d’admiration pour lui. Au moins aurait-il réussi à se distinguer d’une manière ou d’une autre.

Il ferma les yeux, attendant le choc fatal, quand soudain, son parachute sortit enfin de son sac et s’ouvrit dans un claquement…

… lui broyant le testicule gauche, celui qu’il préférait.

Encore une fois, la douleur restée intacte dans son moi profond l’avait tiré de sa torpeur. Grimaçant, il se leva. Je dois trouver une explication, je dois parler à quelqu’un, voir un docteur ! Surtout, ne pas fermer les yeux, ne plus rêver ! Aller quelque part !

***

L’errance

JeanPignon errait dans la ville déserte, à la recherche d’une âme perdue comme lui. Une pensée tournait en boucle dans sa cervelle enfiévrée « Dans quel état j’erre ! » Cette vieille blague datait du temps où il avait encore une vie sociale, des amis, du vin et du fromage et cette litanie s’était incrustée peu à peu dans son mental comme une rengaine dont on ne se débarrasse jamais. C’était comme ça depuis que la grande « cacatastrophe » l’avait privé de tout et vidé les rues comme une vague se retire après un « tsunami », emportant au loin les bienfaits (malfaits ?) de la civilisation. Il restait peut être un « tsun » quelque part, mais plus un seul « ami ».

Et toujours en boucle : Dans quel état j’erre !

Avec un rictus, il finit par penser tout haut : normal, je suis une erreur et un errant erratique, donc une erreur errante erratique riant de l’horreur. Réalisant qu’il délirait, il marmonna entre ses lèvres : mon esprit malade me torture, mais, finalement, pas beaucoup plus que d’habitude. Cette dernière pensée le rassura.

Se penchant, il farfouilla machinalement sous un tas de décombres, dérangeant quelques morpions ayant sans doute survécu à la grande « cacamachin » comme il aimait l’appeler. Sa main rencontra un truc tout aplati qu’il prit d’abord pour une pile plate, cette petite flasque de rhum pas cher et dégueulasse.

— Hé Hé, enfin une bonne nouvelle, siffla-t-il en se léchant déjà les babines. De plus près, il aperçut une lueur faible et palpitante dans un coin de la chose couleur marron merde.

— Merdalors un téléphone ? Le doigt tremblant, il composa son propre numéro et porta la chose malodorante à son oreille sale.

— Si c’est une erreur, on se rappelle plus tard, fit une voix lointaine et nasillarde. Ses yeux se tournèrent vers l’intérieur…

Il s’évanouit.

***

Le crocodile

Ouvrant les yeux encore une fois, Le besoin d’agir se fit impérieux dans l’esprit embrumé du sinistré permanent. JeanPignon se hissa péniblement sur ses jambes et, d’un bond, se jeta sur le premier inconnu qui passait. Il sourit intérieurement à sa propre attitude qui devait le faire ressembler à Tarzan se balançant sur une liane. Un grognement rauque et amusé s’échappa de sa gorge brûlante.

Étrangement, l’autre ne fit pas de manières, et parut même heureux de trouver quelqu’un qui s’intéresse à lui. Il voulait noyer tout ça dans l’alcool et faire la fête dans un endroit aussi bruyant et aviné que possible, car son histoire, jamais personne ne la croirait.

Devant le comptoir du bar où ils avaient atterri, l’inconnu soliloquait sans regarder personne :

— Par Toutatis ! À l’origine, le crocodile n’aime pas la chantilly, ne passe pas une main folâtre entre les roues des bagnoles en poussant des hululements sauvages comme s’il était en train de rêver, non ? Bon. D’accord, ça, c’est à l’origine. Mais après !... Aaaaaah oui, mais après ! …

De plus en plus affalé sur le zinc, il s’accrochait à la bordure glissante d’une main. De l’autre, il leva son verre tout en déployant un doigt nerveux, pointé vers le loufiat comme s’il s’agissait d’un Magnum 357, prêt à tirer des balles de Glenfiddich, à partir du gros verre de whisky pur malt (23 ans d’âge !) qu’il venait de se faire servir par le barman.

Sifflant entre ses dents, celui-ci pensait en grommelant :

— C’est un beau gâchis de boire des whiskys pareils avec des glaçons dedans… ça gâche le goût… cet ivrogne est déjà rond comme une queue de pelle… mais bon, ça, c’était dans la tête du louf, et on s’en fout de lui, c’est pas son histoire.

Tout à ses pensées, le Nestor de la limonade regardait maintenant le radoteur d’un œil goguenard et l’écoutait comme on écoute son millième client raconter sa millième histoire sans queue ni tête… de saurien. Cette comparaison grotesque le fit sourire, ce qui encouragea le brave type imbibé à continuer de baver sur son affaire. La suite de ses élucubrations fit dresser l’oreille de l’officier de comptoir :

— J’étais peinard sur la route 66 avec ma vieille Cadillac… commença le soiffard… quand, sans savoir ni pourquoi ni comment, un camion qui roulait devant moi a perdu un carton sur le macadam, pile à un mètre de mes roues, continua-t-il. Ben ouais, malgré mes réflexes aiguisés comme des lames de sabres chaponais,… savonna-t-il lamentablement, j’ai pas eu le temps d’éviter le machin, j’ai tourné le volant comme un fou, mais j’ai quand même roulé dessus !! Ça a fait BANG !! BANG !!

Le garçon commençait à apprécier le suspense, arrêtant de frotter les verres avec son torchon crasseux, pour le plus grand bonheur du prochain client qui aurait moins de chances de ramasser son paquet de microbes en croyant se faire du bien.

Le matamore, lui, commençait à gesticuler, ouvrant la bouche pour raconter la suite et agitant maladroitement la main, de sorte que trois glaçons bondirent hors de son verre pour passer dans le col de sa chemise ouverte, rebondirent sans s’arrêter sur sa moquette de poils si épaisse qu’elle l’empêcha de sentir le froid. Les trois explorateurs de l’extrême, en pleine aventure, s’insinuèrent en glissant jusque dans son pantalon trop large et finirent par calmer l’énergumène en fondant sur ses couilles brûlantes.

Il accusa le coup en avalant sa salive, l’œil brillant de fièvre et reprit plus bas dans un souffle :

— Je sors de la bagnole, et qu’est-ce que je vois ?

Le barman en apnée, penché au-dessus du zinc, arrondissait tous ses orifices, tendu comme un ado devant un poster de Maryline au plus haut de sa gloire.

Engloutissant une gorgée de whisky sans glaçons, le tartarin de la route 66 tonitrua : « UN CROCO ! » deuxième gorgée, puis, sur un ton de comploteur :

— il était sorti du marais où il était caché sous une épave de bateau au bord de la route et il se léchait les babines avec les boites de chantilly issues du carton que je venais d’exploser avec mes pneus tout neufs ! Le salaud, il passait ses mains griffues jusque dans la roue de secours, égratignant la carrosserie et léchant la chantilly qui avait giclé de partout sous la bagnole ! Un vrai dingue !!, pas moyen de le faire lâcher prise, il hululait comme un drogué en manque, les yeux roulant dans leurs orbites comme si le rêve de sa vie se réalisait ! 

— J’étais tellement choqué que j’ai bu toute l’eau de Cologne tiède que j’avais dans ma valoche de VRP en rêvant d’un Glenfiddich bien glacé. Quand nous avons été tous deux satisfaits, après avoir poussé un soupir simultané, nous nous sommes regardés d’un air complice, le crocodile m’a tapoté l’épaule en souriant de toutes ses dents maculées de chantilly, j’ai roté.

— Il est rentré dans son marais, je suis rentré dans ma bagnole.

Le barman posa un regard sceptique sur le pardessus du client et laissa échapper son verre et son chiffon quand il aperçut des traces de griffures mêlées à de la chantilly sur le costume déchiré du voyageur de commerce. Ahuri, il bredouilla :

— Cette histoire de fou était donc vraie ?

***

La clinique

Le whisky, les glaçons et l’eau de Cologne avaient fait remonter les pensées de JeanPignon dans un passé où il luttait contre ses désirs d’auto délabrement inconscients. Il se souvenait de cette clinique d’où il était enfin sorti vainqueur par la grande porte, souriant au gardien qui le regardait fièrement. Celui-ci hochait la tête dans sa direction en murmurant :

— Bonne chance p’tit gars, et qu’on ne te r’voie plus par ici.

Rasé de frais, habillé pour la circonstance, il espérait lui aussi ne plus jamais revoir ce gentil sale type qui l’avait rattrapé à chacune de ses évasions.

Régulièrement et sans pitié, il avait été humilié devant tous les clients du cabaret, se faisant traîner lamentablement par le col de son blouson comme un enfant désobéissant. Les premières fois, il s’était débattu comme un beau diable, tout rouge et les yeux fous, vexé à mort. Puis, d’évasions en escapades, il avait capitulé progressivement. On ne lutte pas contre une armoire à glace, une force tranquille, un tracteur de ferme qui ramène sa bête au vétérinaire.

Avec l’habitude, il s’en foutait complètement, il laissait traîner ses pieds, les bras en l’air, le col tirant sur sa glotte. L’esprit embrumé par l’alcool, sous les quolibets, il traversait de part en part la boite de nuit dans laquelle il se réfugiait à chaque fois qu’il s’enfuyait, gigotant à peine pour respirer. Dans ces moments-là, il pensait sincèrement : Drogue, argent, sexe, alcool, c’est bien l’endroit idéal pour refaire sa vie, non ? Merdalors. Et il se laissait embarquer vers la sortie.

Hé oui, il payait cher le deal qu’il avait passé avec la clinique en acceptant sa cure de désintox. Il se constituait prisonnier volontairement pour se débarrasser de son vice pinardier, par tous les moyens. Il n’avait pas pensé que les moyens seraient si expéditifs !

Aujourd’hui : libre ! Il avait enfin tenu le coup pendant le délai du contrat, tant bien que mal, et le voilà reparti à zéro ! Nouvelle vie, nouvelle copine, nouveau job. Pour l’instant, il n’avait ni copine ni boulot. Bon, OK. Il se dirigea donc vers un lieu que son pécule de sortie lui permettait de fréquenter, l’objectif étant de mettre ses hormones à jour, tout en fêtant sa sortie en mode light, sans glaçons. Poussant la porte d’un bar louche, il entra dans une pièce pauvrement éclairée.

Au bout du comptoir, il avisa une grosse matrone qui buvait goulument une pinte de bière allemande. L’œil de notre zigoto s’alluma, mais il évita soigneusement de regarder le pichet glacé. S’approchant, il poussa du coude la femme au teint pâle et au téton plat qui buvait un liquide sans odeur et sans saveur, l’air triste.

— Pouah ! Les méfaits de la chimie, pensa-t-il en faisant la moue. C’est pas demain que je me mettrai à picoler de « l’achedeuzo » de contrebande. Trop dangereux !

La junkie s’effaça et il fit face à la plantureuse Teutonne. Bizarrement, il semblait tout près des obus de 50, mais très loin du visage de la fille… il resta songeur. Celle-ci l’observa d’un œil connaisseur et, inclinant la tête en arrière, avala de trois coups de glotte le restant de son godet. Posant sa cruche vide puis son œil salace sur notre JeanPignon, tout frais dans ses habits neufs, elle se prit les nageoires pectorales à deux mains, les extirpa de leur sac respectif et affirma sans appel :

— Un litre de bibine dans chaque bonnet Z, ça nourrit sa bête ! Tu veux goûter ?

Vaincu, il tomba à genoux devant la Teutonne, tâtonna, trouva un téton têtu et téta la tatie au délicieux goût de houblon.

***

Le chocolat

Revenant doucement au présent après s’être désaltéré goulument dans ses rêves, l’image se focalisa de nouveau sur l’ivrogne au crocodile et son barman abasourdi. Décidément, au lieu d’apporter des réponses, cette compagnie ne faisait qu’augmenter la confusion dans l’esprit de JeanPignon. Il se demanda ce qu’il faisait là, à observer les deux duettistes dans leur numéro absurde. En urgence, il chercha la sortie pour essayer de rassembler ses esprits et comprendre ce monde qui tourbillonnait de plus en plus vite dans sa tête.

Fuyant le bruit du cabaret par la sortie des artistes, JeanPignon était fourbu. Il s’arrêta dans la ruelle mal éclairée, trouva une dernière clope dans son paquet qu’il froissa et jeta au loin. Sortant son briquet orné d’un lapin en chocolat, symbole de la boite de nuit, il alluma le poison en protégeant la flamme de sa main, puis poussa un soupir qui expulsa une fumée épaisse dans l’air frais de la nuit.

Dans sa tête se bousculaient des images floues : un crocodile, une stripteaseuse déguisée en lapin, les sourires débiles des clients, les mains baladeuses semblables à des nageoires gluantes se hasardant sur sa croupe… Sa tête allait de droite à gauche, animée par ses sombres pensées.

Il tira sur son mégot, souffla…

Derrière lui, un bruit de porte, le brouhaha, puis le silence. Il se retourna d’un mouvement instinctif.

Holà ! Quel choc ! … Quel choc holà !

Ses jambes se dérobèrent sous lui comme un unijambiste débutant sur une patinoire. À deux mètres de lui, une jeune femme en jupe ultra-courte lui court-circuitait le mental, faisant bouillonner ses neurones dans son crâne comme une casserole de café oubliée sur un réchaud allumé.

Oh oui, l’expression était bien appropriée. Quel chocolat ! La donzelle portait un plateau d’œufs en chocolat, ainsi que deux obus de 24 de la même couleur, soutenus par des rubans de soie. Ces liens délicats faisaient le tour de son délicieux cou de moineau, pour revenir entourer son décolleté dans un tourbillon visuel qui donna le tournis à notre héros, bouche ouverte. Même la chute de sa clope ne rompit pas le cercle vicieux que ses yeux avaient entamé dans une sarabande hypnotique, infinie comme le bleu du ciel dans le regard de la belle fille.

— Ça va ? La voix douce et sensuelle fit son effet, les yeux du sinistré cessèrent de tourner, sa bouche dessina un sourire tellement niais que la donzelle sourit.

Dans le lointain, il s’entendit bavasser un « Ouais, ouais, fait chaud ce soir » savonneux, phrase choc qui lui renvoya sa propre image en boomerang : un imbécile qui bavait devant une femme tellement sexy qu’il en perdait le nord, lui qui ne s’égarait jamais en grande randonnée, même sans boussole.

La jeune femme, d’un ton suave : Je suis nouvelle dans la boite au lapin en chocolat, et toi ?

Retrouvant ses esprits, JeanPignon déclara comme on fait une déclaration de paix avec des vibratos dans la voix :

— Je connais toutes les ficelles de ce satané cabaret et je vais m’attacher à te les montrer une par une, nuit après nuit, pendant des années s’il le faut.

Dans le cerveau embrumé de JeanPignon, la magie du chocolat avait réduit son âge vénérable à une vingtaine d’années.

Avec un sourire à faire dessécher un JeanPignon frais, la belle tourna les talons, faisant virevolter sa jupette. Non sans avoir vérifié, du coin de l’œil, que le gracieux mouvement avait bien produit l’effet escompté, elle disparut par la porte de service.

L’apparition chocolatée sortie de son champ de vision, il se retrouva seul dans l’impasse silencieuse. Il respira profondément, ressentit confusément une sorte de libération, comme un moment d’éternité qui l’extirpait doucement de toutes ces folies.

 Levant la tête, il regarda les étoiles et se mit à rêver qu’un magicien le téléportait au paradis des Lapins Chocos pour un adieu définitif à sa condition de bête de foire, trimballé contre son gré par les uns et les autres dans tous les coins de la ville, aux prises avec tous les clowns de cette vie, ceux-là mêmes qui s’étaient apparemment donné rendez-vous sur sa route depuis… depuis quoi déjà ?

Souriant enfin, il décida que tout ça n’avait aucune importance, qu’il suffisait de lâcher prise, de vivre l’instant présent. Enfin, il comprenait la signification de ces expressions à la mode de son temps, mais que personne n’appréhende mieux que JeanPignon après une telle virée. Fermant les yeux profondément, il se sentit partir loin, loin…

***

En Terre Rouge

Au lieu de décoller vers le Nirvana, il atterrit doucement sur le sol. Il venait à peine de poser son pied en Terre Rouge que des dizaines de mains de femmes se mirent à le frôler.

— Mais… Mais… bêla-t-il bêtement.

Son étonnement était si grand, qu’il avait de la peine à articuler ses mots. Il ferma la bouche et jeta un regard circulaire sur le lieu dans lequel il s’était senti projeté en une fraction de seconde. La surprise était de taille ! Il y avait des centaines de belles femmes qui accouraient pour le frôler de leurs mains légères ! Le détail qui le fascinait était la couleur de leurs ongles : le même rouge cramoisi que le sol sous ses pieds.

Plus loin, en retrait, se tenait un vieillard chenu qui l’observait d’un air goguenard. Il voulait l’interpeller, mais les femmes aux formes généreuses et aux ongles cramoisis insistaient à s’interposer entre eux, le caressant de plus belle. Il se détendit.

Au bout d’un temps d’éternité, le vieillard s’approcha en glissant sur le sol, sans remuer ses jambes velues, mais soulevant un fin nuage de poussière rouge. JeanPignon en resta tout baba d’étonnement. Il était maintenant tout près, révélant un faciès étrange : il était cornu et portait une barbichette de bouc bien taillée. Il approcha, presque à le toucher, souriant.

— C’était une « promo bonheur » avant le grand saut dans les flammes éternelles, lui susurra-t-il dans le creux de l’oreille.

Aussitôt après, une grande flamme rouge et brûlante enveloppa JeanPignon.

Pendant son transfert, il perçut enfin cette douleur lancinante au milieu du crâne que son esprit refusait obstinément de lui faire sentir depuis qu’il avait quitté sa voiture, il ne savait pas du tout dans quelles circonstances. Le grand mystère.

Tout en goûtant aux joies du séjour en Terre Rouge, il ne cessait de réfléchir. Il avait largement le temps, s’il fallait en croire le vieillard à la porte d’entrée.

Il finit par admettre qu’il n’y avait pas plus de « rayonnement de jambon » à la radio que de rouge à lèvres au cul d’une vache. Seulement un trente-huit tonnes flambant neuf qui avait voulu l’embrasser, plus solide que sa voiture.

D’une certaine manière, c’est avec soulagement qu’il comprît enfin le sens de son aventure.

En Fin !

 

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