Encart •

Blonde est la furie qui adorerait sûrement m'arracher les yeux en cet instant bien précis. Nonchalamment installé devant l'écran de mon ordinateur, je lève le nez vers la jeune femme qui fait les cent pas dans mon bureau. Ses boucles rebondissent sur ses épaules, son nez est retroussé, ses lèvres pincées.

— T'es complètement con putain ! On a perdu Karen à cause de toi !

— Disons que j'ai été plus surpris par le retournement de situation. Je ne m'attendais pas à ce que la petite soit aussi vive, répondé-je très calmement.

Elle va vraiment finir par m'arracher la tête à mains nues, et elle en est tout à fait capable. Autant psychologiquement que physiquement. Les circuits imprimés verts qui courent du bout de ses phalanges jusqu'à ses épaules, brillent avec plus d'intensité. Un sourire caustique s'invite sur mon visage, alors que je balaie dédaigneusement la conversation d'un revers de la main.

— Elle n'est qu'une Naturelle !

— C'est la putain de fille de l'amirale O'Brian ! Tu t'es mis à dos la dernière personne qu'on doit se mettre à dos ! Et on nous l'a bien fait comprendre !

— Je ne pense pas que la gamine soit comparable à sa génitrice. On la sent encore bien trop fragile. Elle ne fera pas long feu.

Mais, ma jolie blonde ne semble pas de cet avis. Elle me fusille de ses grands yeux bleus, avale la distance qui nous sépare. Elle s'apprête à m'incendier de nouveau, mais je lève la main pour la faire taire et me redresse. Nous ne sommes pas dans l'intimité de mon appartement, ni même dans celui de mon lit, mais bien sur notre lieu de travail. Et si je fais confiance à mes employés pour se taire s'ils venaient à entendre quelque chose, bien trop effrayés à l'idée de perdre absolument toute leur vie en un claquement de doigt, la méfiance reste quand même de mise.

Ma langue vient humidifier ma lèvre inférieure et je quitte mon fauteuil confortable.

— Nous sommes mille fois plus augmentés qu'elle, mille fois plus compétents, mille fois plus puissants. Et si tu viens à craindre une imbécile d'une vingtaine d'années, Léna, tu me déçois.

— Nate, soupire-t-elle. Ce n'est pas pour sa force physique que je la crains, mais pour son obstination. Imagine qu'elle soit comme sa mère !

— Alors, si tel est le cas, il sera toujours temps de s'en débarrasser au cours d'une mission si nos chemins venaient à se croiser de nouveau.

Léna fronce des sourcils, elle soupire.

— J'ose simplement espérer qu'elle ne te tapera pas dans l'œil d'une façon ou d'une autre. Parce que je te connais, Nathanaël ! Dès lors qu'une femme ou un homme te paraît digne d'intérêt, pour une quelconque raison que ce soit, tu perds les pédales et pars en vrille.

— Crois-moi que je n'irai pas pactiser avec l'ennemie, lui assuré-je, un rictus mesquin aux lèvres. Eireann O'Brian n'est qu'un vulgaire insecte sur ma route que je me ferai un plaisir d'écraser si elle m'envahit trop.