Je caresse toujours tes objets les plus vieux,
Ceux que ta main habile a tant de fois serrés
A cuisiner pour nous tes plats les plus fameux,
Coudre nos vêtements, repriser, tricoter.
Tu étais de ces fées qui mènent humble vie
Entre le buffet blanc la table en formica,
L'odeur du café frais et le gâteau qui cuit
Entre gelée de coings et flacon d'arnica.
Ta carrière n'était que de celle d'épouse
Et de fille et de sœur et de mère à plein temps.
Ton âme n'était pas de ces âmes jalouses
Avares de bienfaits et prodigues de vent.
Tu restas la dernière une fois le nid vide
A fermer les volets chaque soir sur la nuit,
Mais touchant d'aile émue chaque cœur trop aride,
Et donnant à chacun, goutte à goutte, ta vie.
Tu partis un matin à pas de loup (sans doute
Pour qu'on ne pleure pas ou alors pas trop fort)
Rien ne fleurissait plus sur ta terrestre route,
Plus loin tu trouverais à qui donner encore.
