Autour de lui, des éclats de rire et des discussions animées résonnaient depuis les tables remplies. Il avait toujours apprécié l’ambiance chaleureuse et conviviale de la salle à manger, mais aujourd’hui, ça lui donnait envie de pleurer. Le contraste avec sa table silencieuse et tristement vide était affligeant. Il comprenait mieux pourquoi Thalion avait détesté cette salle grouillante de monde après avoir passé autant de temps seul.
Penser à lui le fit soupirer. Encore une fois, il n’avait pas voulu se lever pour aller prendre son petit-déjeuner. Son état mental l’inquiétait. À l’infirmerie, Thalion avait été plutôt apathique, mais depuis qu’il était sorti, il ne semblait plus avoir envie de rien. Et cette constatation lui glaçait le sang. Lui qui s’était toujours relevé après chaque coup reçu, n’avait jamais paru aussi abattu. Ça illustrait à quel point la trahison d’Eris l’avait affecté. Mais il n’était pas le seul complètement bouleversé.
Son regard dériva de son assiette pleine d’œufs brouillés vers l’unique personne assise avec lui. Cally fixait ses tartines d’un air absent. Voir chaque jour ce regard vide creusait la peine de Nohan. Elle paraissait complètement éteinte. Il savait qu’elle culpabilisait de ne pas avoir remarqué le mal-être de son amie plus tôt, et d’y avoir même contribué, volontairement ou non. Elle le lui avait avoué en fondant en larmes dans ses bras. Découvrir que la personne que tu pensais connaître n’était qu’un mirage devait être affreusement douloureux, d’autant plus quand c’était une amitié de longue date. Affecté par sa tristesse, Nohan se promettait de l’aider à retrouver son sourire.
De son côté, il avait sincèrement aimé Eris et l’avait considérée comme une excellente amie. À maintes reprises, elle avait montré qu’on pouvait compter sur elle. Mais il n’avait jamais eu la même amitié fusionnelle qu’entretenaient Thalion et elle. Ni comme lui avec Roxy qui avait été comme une sœur pour lui. Dire que Thalion avait assisté à son agonie jusqu’à son dernier soupire… Il ne pouvait concevoir ce que son ami avait dû ressentir. Ça le mettait hors de lui de l’imaginer seul dans cette cabane. Il aurait préféré l’accompagner dans ce drame.
Une colère amère lui noua l’estomac. Il n’avait jamais été du genre à détester quelqu’un. Perdre son temps et son énergie à éprouver du ressentiment ne l’intéressait pas. Pourtant, il en voulait terriblement à Eris d’avoir mis Thalion et Cally dans cet état. Le pire pour lui était de ne pas savoir comment améliorer leur moral. Il aimerait bien aspirer leur douleur pour les en débarrasser, mais il ne pouvait rien faire d’autre que de les soutenir du mieux possible. Il se sentait impuissant. Ses mots étaient comme un pensement sur une plaie béante. Quel pitoyable ami il faisait !
— Nohan ! l’appela Aglaé de sa voix ensoleillée.
Il tourna la tête vers la magérienne qui s’assit à côté de lui. Elle salua Cally qui lui adressa un pâle sourire en guise de salutation.
— Il n’est pas venu ? demanda-t-elle en voyant les places vides.
Nohan secoua la tête, les épaules affaissées.
— Je vois… Ma mère s’inquiète beaucoup pour lui.
— Elle n’est pas la seule…
Depuis qu’Eris leur avait dévoilé son vrai visage, Thalion n’était plus que l’ombre de lui-même. Lorsque Nohan l’avait rencontré, le magérien lui avait fait penser à un jeune prince solitaire. Il gardait toujours la tête haute, ses yeux noisette rivés droit devant lui, indifférent aux commérages dont il était victime. Il restait fidèle à lui-même et faisait preuve d’humour, pareil à une étoile qui persistait dans le noir. On le qualifiait d’insensible, mais c’était le contraire. Simplement, il avait appris à se préserver. Et en voyant la manière dont certains le traitaient, Nohan comprenait sa méfiance. N’importe qui agirait de cette façon après avoir reçu autant de haine. C’était inhumain, à tel point qu’on pourrait se demander qui étaient les vrais monstres dans cette histoire.
Aglaé saisit la carte en soupirant.
— S’il continue d’inquiéter ma mère, je vais aller le secouer pour lui remettre les idées en place. Je sais que la trahison d’Eris est dure à digérer, mais ça ne lui ressemble pas de se lamenter aussi longtemps.
Nohan demeura silencieux, jouant avec sa nourriture du bout de sa fourchette. Il était d’accord avec elle, mais il soupçonnait Thalion de cacher certaines informations qui expliqueraient son état. Il avait toujours eu du mal à se reposer sur les autres, et après les récent évènements, ça ne l’étonnerait pas d’apprendre qu’il avait tenté d’assumer les conséquences seuls. Des séquelles, il y en avait forcément. Eris ne l’aurait pas poussé à fabriquer cette potion sans y trouver un intérêt. Nohan avait d’autres raisons de croire que l’affaire de la Cabane ne l’avait pas laissé indemne. L’une d’elles pénétraient justement dans la salle…
Camille. Son expression était aussi renfermée que celle de Thalion. Ce dernier était encore à l’infirmerie il y a deux semaines au moment où Mme Luciphella les avait interrogés sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Nohan et Cally lui avaient raconté qu’ils avaient encouragé Thalion à trouver une solution pour guérir et lui avaient conseillé la potion d’éveil trouvée dans un des livres de la bibliothèque. Livre dont ils avaient étrangement oublié le titre. Ils avaient également mis l’accent sur l’insistance d’Eris, la dépeignant comme la grande fautive qui avait manipulé et forcé Thalion à boire malgré ses doutes ce soir-là. Le but était de mettre le magérien en position de victime pour lui éviter le renvoie. Nohan n’avait jamais autant sué en relatant… une vérité légèrement déformée, et avait cru qu’il allait se faire dessus quand le regard inquisiteur de la proviseure adjointe se plissa. Si elle avait perçu le mensonge qui tapissait certaines paroles, elle n’en dit rien. Le témoignage qui importait le plus était celui de Camille. Il était le seul à pouvoir témoigner de la mort de Roxy et à avoir vécu une partie de l’épisode de la Cabane. Son récit était… affreux. Sa voix dénuée d’émotions et son regard vide rendait les faits d’autant plus bouleversants. Nohan crut qu’il allait vomir en l’entendant évoquer la torture d’Eris. Mais lorsqu’il détailla la façon dont lui et Thalion s’étaient échappés, il devint plus hésitant, butant sur certains mots. Mme Luciphella lui demanda plus de précision, mais il hurla que c’était suffisamment difficile comme ça de revivre son pire cauchemar. Elle n’osa pas le reprendre devant l’affliction qui teintait sa voix. De son côté, Nohan soupçonnait une intervention des Ombres. Si ça avait pu les sauver, tant mieux, mais Thalion en payait-il le prix en ce moment ? Était-ce à cause d’elles que le magérien souffrait en silence ?
Le témoignage de Camille avait été décisif car à l’issu de l’enquête, le proviseur prit la décision de ne renvoyer personne. Il argua que la potion d’éveil n’avait jamais engagé que Thalion et qu’Eris, en saisissant cette opportunité, avait mis les élèves en danger pour faire diversion. Son choix avait entraîné de vives réactions, mais tous finirent par l’accepter. Ils n’étaient pas exemptés de punition non plus. De nombreuses règles avaient été transgressées pour la préparation de la potion. Les magériens étaient tous privés de club et confinés aux dortoirs en dehors des cours. Un œil d’Argos surveillait aussi le moindre de leur mouvement hors de leur chambre. Seul Camille y échappait, même s’il avait quelques heures de colle pour être sorti en dehors du couvre-feu.
Nohan jeta un bref coup d’œil à leurs globes oculaires respectifs qui demeuraient dans un coin de la pièce sans cesser de les fixer. À force, on s’habituait à être épié en permanence. Son attention se reporta sur Camille qui traînait des pieds jusqu’à une table un peu plus loin. Il s’assit, indifférent aux regards qui se tournaient vers lui, et prit la carte. Un peu plus loin, sa bande d’amis riaient à gorge déployées et Nohan les surprirent à lui jeter quelques coups d’œil moqueurs. Le cœur du magérien se serra. Le traitement qu’on réservait à Camille pouvait s’apparenter à un juste retour de flammes après son comportement passé, mais Nohan n’avait jamais souhaité qu’il subisse ça.
Deux magériens s’approchèrent de lui.
— Salut, mec. On est désolés pour Roxanne. Ça doit être dure.
— Ouais, vous formiez le meilleur couple de l’académie.
Camille leva brièvement les yeux de son bol, l’air ennuyé.
— Hm, merci…
— Tu manges tout seul ?
— Ouais, se contenta-t-il de répondre froidement.
Les étudiants échangèrent un regard gêné. Avec sa position de copain de la défunte, on pourrait s’attendre à ce qu’il attire la sympathie et le soutien de tous, et c’était le cas au début. Mais leur empathie dissimulait surtout une curiosité déplacée qui ne plaisait pas du tout à Camille.
— Ouais, on comprend… Mais en même temps, c’est dingue d’avoir été témoin de tout ça !
La mâchoire de Camille se contracta.
— Pardon ? lâcha-t-il d’une voix acerbe.
— Ce n’est pas c’que mon pote voulait dire ! s’empressa d’intervenir son ami. C’est juste… Tu es un survivant ! Un héros, même !
— Je ne vois pas en quoi, dit-il, l’air sinistre.
— Mais si ! Tu as tenu tête à Eris et Corvus.
— Après ce qui est arrivé à Roxanne, c’est normal que tu cherches à le protéger pour ne pas t’attirer d’ennuis avec lui, mais on sait tous que Corvus est responsable de sa mort.
Nohan ressentit la terrible envie d’hurler que Thalion n’était pas coupable des actes d’Eris, mais ce serait crier dans le vide. Dès le lever du soleil, toute l’école savait que la magérienne était celle qui avait maudit les fées et qui avait le sang de Roxanne sur les mains. Sa culpabilité était prouvée par sa disparition et les recherches menées sur elle, si sérieuses que la chambre qu’elle partageait avec Cally et Aglaé avait été fouillée. Pourtant, des hypothèses s’étaient répandues selon lesquelles Thalion aurait incité Eris à commettre ce meurtre ou l’aurait ensorcelée pour, ou encore que la malédiction des corbeaux avait contaminé la jeune fille, le rendant ainsi indirectement responsable.
— Ouais, il a dû se débrouiller pour manipuler ou tromper les profs, mais nous, on ne se fera pas avoir. Tu sais, tu peux nous raconter, ça te fera du bien…
Il n’en fallait pas moins pour que Camille réagisse au quart de tour. Il se leva brusquement en tapant des mains sur la table. De sa place, Nohan percevait la haine qui assombrissait son regard.
— Mais foutez-moi la paix, bande de gobelins écervelés ! J’en ai marre de jouer l’attraction de service ! Votre pitié me donne envie de vomir, ce n’est même pas sincère ! Vous voulez juste m’entendre dire du mal de Corvus ! Espèce d’abrutis finis ! Vous êtes tous incapables de comprendre quand j’vous dis qu’il n’a rien à voir avec sa mort ! Il m’a même sauvé la peau ! C’est fou, hein ? Tellement que vous ignorez complètement ma version des faits que vous réclamez pourtant tous les jours ! Bordel, quand allez-vous m’écouter ?! Eris. est. la. seule. coupable !
Il lança son bol de céréales sur eux. Les magériens évitèrent le projectile qui se fracassa au sol en mille morceaux. Ils le dévisagèrent avec des yeux ronds, comme toute la salle, alors que le bruit retentissant résonnait dans leurs oreilles tel un écho dans le silence. Chacun avait délaissé ses occupations pour écouter Camille insulter copieusement l’académie entière, jusqu’à ce que M. Vandré arrive, alerté par l’esclandre, et parvienne à l’entraîner ailleurs.
L’air abasourdi, les apprentis l’observaient quitter la salle sans qu’il ne cesse de s’égosiller. Même Cally avait délaissé la vue de ses tartines pour observer la scène. Lorsque ses cris furent noyés dans le silence, les réactions survinrent, mêlées d’incompréhension et de colère.
— La fausse compassion des gens est abjecte, commenta Aglaé, mais peut-être que ça lui servira à comprendre certaines choses, notamment vis-à-vis de Thalion.
Était-ce une raison pour voir sa détresse ignorée et sa douleur incomprise ? Personne ne semblait sincèrement se soucier de lui. Ses amis s’étaient lassés de lui, ou plutôt, avaient fui sa peine trop difficile à consoler ainsi qu’à supporter pour eux. Après ce que Nohan avait enduré, ses rapports avec lui restaient compliqués, mais ils avaient tous les deux perdu Roxy. Nohan n’avait pas pu s’empêcher de compatir pour Camille. Son regard au moment où il avait tenté de le réconforter un peu était gravé dans sa mémoire.
— Tu te soucis trop des autres, Nohan, le réprimanda Aglaé en le surprenant à fixer Camille. Pense un peu à toi de temps en temps.
Le magérien fit la moue. Il contempla les œufs brouillés qui luisaient dans son assiette, sans qu’ils ne titillent son appétit. Penser à lui… Quand il agissait de manière égoïste, les choses se compliquaient toujours. Sa relation avec Roxy en était la preuve.
En tant qu’amis d’enfance, ils avaient passé une grande partie de leur temps ensemble avant et pendant leurs années à l’école Bélathus. N’aimant pas attirer l’attention, il avait l’habitude de se cacher dans l’ombre de Roxy tandis qu’elle aimait le protéger de ceux qui pouvaient l’embêter à cause de son manque de confiance. Ça lui donnait probablement l’impression d’être forte et de se sentir utile. Mais en grandissant, il avait ressenti le besoin de ne plus dépendre d’elle et d’évoluer par lui-même. Malgré ses explications, elle l’avait pris comme une trahison. Nohan et elle s’étaient réconciliés, mais quelque chose s’était brisé entre eux. Quelque chose qui ne pourrait plus jamais être réparé.
Même si on pouvait reprocher de nombreuses choses au comportement de Roxy, il était convaincu qu’elle ne méritait pas ça.
Il planta sa fourchette dans les œufs et en prit une bouchée. La nourriture fondit dans sa bouche, mais son goût lui parut teinté d’amertume.
— Comment ça se passe dans ta classe ? demanda-t-il en délaissant son petit-déjeuner.
La tartine dans laquelle Aglaé s’apprêtait à croquer resta suspendue dans l’air. Elle poussa un soupire en laissant son dos retomber sur le dossier de sa chaise. Son regard perdu dans les vagues fixait l’épaisse couche de confiture à la myrtille qui recouvrait le pain grillé.
— La classe des Mourioches va être dissoute l’année prochaine. On va être répartis chez les Fions, les Jetins et les Nutons.
— Ah bon ? s’étonna Nohan.
C’était la première fois qu’une telle chose se produisait. En général, on conservait la classe intégrée en première année jusqu’à ce qu’on quitte l’établissement. Nohan aimait bien ce principe car ça renforçait les liens et formait comme des petites familles. Enfin, à condition de bien s’entendre avec ses camarades…
— C’est le mieux à faire, honnêtement. L’ambiance est devenue… macabre. C’est insoutenable. Roxanne n’était pas la fille la plus sympa, mais elle savait se faire entendre et n’hésitait pas à s’imposer, même devant les professeurs. C’était la voix des Mourioches. Son absence laisse un gros trou, et ce silence... Un jour, elle est là, aussi pimpante que d’habitude, et le lendemain… Sans elle, notre classe n’est plus la même.
Aglaé croqua dans sa tartine pour dissimuler sa tristesse et noyer les trémolos de sa voix. Nohan était désolé pour elle. Il comprenait qu’une perte aussi brutale rende l’absence d’autant plus flagrante et difficile à gérer, mais éprouvait un certain soulagement à l’idée que sa mort ne récolte pas que de l’indifférence ou pire, de la satisfaction. C’était peut-être ce qui le peinait le plus dans son décès : Roxy laissait derrière elle l’image d’une fille mesquine et ne restait en mémoire que sa bassesse. Savoir que Camille et lui n’étaient pas les seuls à avoir perçu plus que ça d’elle était réconfortant.
— Et vous ? Ça se passe comment chez les Fions ? s’enquit-elle pour détourner la conversation de Roxanne.
— Eris était aussi une des principales têtes de notre classe donc… je t’avoue qu’on a connu des jours meilleurs. Mais elle n’est pas morte donc l’impact n’est pas le même, et comme elle est responsable du « Carnage des dortoirs », elle s’attire plutôt l’antipathie des élèves…
Paradoxalement, le Carnage des dortoirs était un épisode qui avait rapproché la classe malgré les stigmates qu’il avait laissé à certains. Si la déprime les avait atteints au début, il avait suffi que Léosus face un récit héroïque de sa lutte acharnée contre un Néphalin et considère sa cicatrice comme une preuve de son courage pour que chacun retrouve le moral. Désormais, tout le monde voulait être le héros d’une épopée, survivant d’un combat épique et jouait à celui qui avait vécu le pire. Les récits devenaient exagérés et beaucoup enjolivaient les faits, mais si ça permettait de mieux vivre les évènements, ce n’était pas plus mal.
— Votre classe n’avait déjà pas bonne réputation à cause de son nom et de la présence de Thalion, mais là, on va bientôt vous appeler la classe maudite, le charria-t-elle.
Nohan se rembrunit. Cally se contenta de mâcher son morceau de pain, l’air morne. Effectivement, ça n’aidait pas. Mais ce qui pâtissait le plus des actes d’Eris n’était pas tant la popularité de la classe que celle de Thalion. Malheureusement, même quand il était aussi une victime, on lui faisait porter le chapeau.
— Au final, la rumeur était vraie… dit une fille à la table d’à côté.
Un groupe de magériens discutaient, leurs voix perçant le chahut ambiant. Nohan serra des dents en devinant rapidement leur sujet de conversation.
— Ouais… Eris est à la botte de Corvus.
— C’était pas du mytho cette histoire, en fait.
— Ça veut dire que Nohan pourrait bien être sous son emprise, finalement ?!
Avec la mort de Roxanne, la rumeur qui s’était répandue en début d’année avait pris la forme d’un avertissement que personne n’avait cru. Forcément, si la spéculation refaisait surface, on remettait de nouveau en cause son libre arbitre. Nohan n’en pouvait plus d’être sans cesse réduit à une jolie poupée incapable de prendre ses propres décisions. De n’être qu’un beau visage à protéger. S’il était l’ange que les bien-pensants voulaient sauver pour se donner une bonne conscience, Thalion était l’ange déchu qui s’était vu couper les ailes avant même d’avoir pu s’envoler dans le ciel.
— C’est pour ça qu’elle est morte… Ils ont voulu la faire taire.
— Par les dieux, c’est injuste… Pauvre Roxanne…
Nohan serra la fourchette dans sa main, la colère bourdonnant dans sa poitrine. Ce qui était injuste, c’était la façon dont Thalion payait toujours pour les pots cassés. Il avait redouté que sa compagnie leur porte préjudice pour qu’au final, ce soit lui qui se retrouve blessé. C’était d’autant plus rageant de le voir garder le silence, trop habitué pour y réagir. De toute façon, nier servirait-il à quelque chose ? Ils étaient incapables de prendre en considération le témoignage de Cally, Camille ou Nohan, pourquoi accorderaient-ils du crédit à celui qu’ils considéraient comme le cerveau de l’affaire ?
Le brouhaha des échanges enjoués parut soudainement assourdissant aux oreilles de Nohan. Tout le monde riait, heureux d’être en vie et persuadé que Thalion était la cause de tous les maux. Comment réagiraient-ils en apprenant que l’Enfant Sanglant avait son rôle à jouer ?
Un frisson parcourut Nohan en pensant à ce mage noir qui jusque-là, se rapprochait plus d’un mythe ou d’une figure perpétrée pour effrayer les enfants que d’un véritable danger. Son existence remontait à si loin dans l’Histoire des magériens que l’imaginer en vie à l’époque moderne était tout bonnement inconcevable. Était-ce vraiment lui ? Il aurait trouvé un moyen de survivre et vécu tant d’années depuis les origines pour ne se manifester que maintenant ? Quel était son objectif ? Thalion pourrait peut-être les éclairer sur une partie du mystère, mais il s’obstinait à garder le secret. Bon, Nohan attendrait le temps qu’il faudrait tant que des gens étaient là pour le protéger, donc eux et les professeurs qui le surveillaient. Dans tous les cas, qu’il soit le véritable Enfant Sanglant ou juste un imposteur, il devait être un mage puissant. Eris ne se serait pas associée à n’importe qui.
D’ailleurs, Nohan se demandait où est-ce qu’elle se trouvait en ce moment. Désormais, c’était une fugitive recherchée pour meurtre. Elle ne pourrait jamais retrouver sa vie d’avant. Si le Conseil l’attrapait, obtiendrait-elle la peine de mort ? Dans le monde, les apprentis magériens étaient les trésors des gouvernements et représentaient leur nation. S’en prendre à eux était un acte politique fort, même si Eris n’avait sûrement pas fait ça dans cette intention. Qu’allait-elle faire, maintenant ? Quelle était la suite de leur plan ? De nouvelles attaques allaient-elles suivre ? Chercheraient-ils encore à attenter à la vie de Thalion ?
— Quelque part, c’est peut-être mieux que Thalion ne soit pas venu. Au moins, il n’entend pas tout ce qu’on dit sur lui… jugea Aglaé, interrompant ses réflexions.
— Crois-moi, il le sait déjà, assura-t-il, la mine sombre.
Même s’il feignait de ne pas y faire attention, Nohan savait que le magérien entendait tous les ragots sur lui, d’une manière ou d’une autre. Au début de l’année, il avait espéré à tort que les rumeurs n’arrivent jamais jusqu’à ses oreilles. Et rien qu’en passant ces derniers mois avec lui, Nohan avait constaté que ceux qui médisaient n’étaient jamais très discrets.
— Tu y crois, toi, Aglaé, à l’innocence de Thalion ?
La magérienne termina d’étaler la confiture sur sa nouvelle tartine avant de répondre.
— Oui. Je me base sur les faits et vos témoignages vont tous dans le même sens. Même celui de Camille, et pour qu’il le défende, c’est que ça doit être vrai. Honnêtement, j’ai réalisé par moi-même que Thalion n’avait souvent rien à voir avec ce que disent les rumeurs et qu’il valait mieux ne pas s’y fier.
Les muscles de Nohan se détendirent. Il y avait au moins une personne qui était de son côté.
— Je pense aussi que ça rassure les élèves d’imaginer que seuls les corbeaux sont capables du pire, ajouta Cally à la surprise générale. Mettre toute la faute sur la malédiction, ça donne une raison aux actes. On nous a appris que les corbeaux étaient toujours la cause des problèmes, les méchants de l’histoire, et que si on les évitait, on était à l’abri. Envisager qu’un magérien de n’importe quel signe puisse être une menace de sa propre volonté, c’est tout de suite plus effrayant car il n’y a pas l’excuse d’une malédiction.
Nohan était content de la voir sortir de son état amorphe, même pour une brève intervention. Ça démontrait qu’elle n’était pas non plus totalement détachée de la réalité et suivait la discussion, même si ce n’était que d’une oreille. Il tâcherait d’y penser quand il ferait la discussion à côté d’un magérien renfermé et d’une magérienne aussi impliquée dans la conversation qu’un fantôme. Il se sentirait moins seul.
— N’empêche, tout ça n’aide pas Thalion à aller mieux… soupira-t-il.
— Ne t’inquiète pas, le rassura Aglaé, s’il y a quelqu’un qui peut le ramener du fond du trou, c’est bien toi.
Nohan en avait surtout la responsabilité. Il avait été le premier à montrer au magérien la chaleur d’une amitié, et il ne le regrettait pas, même si Thalion avait fini par se brûler à cause ça. Maintenant, il devait trouver un moyen de rallumer l’étincelle en lui.
Il se leva, délaissant son assiette à moitié entamée.
— Dans ce cas, je vais essayer de le sortir de son trou, histoire qu’il se nourrisse un peu.
Quand Nohan se retrouva devant la porte en bois de leur chambre, une boule d’appréhension se logea dans le creux de son estomac. Il expira tout l’air de ses poumons, puis ouvrit timidement la porte. Il avait l’impression d’être de nouveau au début de leur relation, quand s’approcher du magérien nécessitait une bonne dose de courage.
— Tu vas la fermer, oui ? demanda sèchement Thalion.
Nohan se figea. Il crut d’abord que ces mots lui étaient destinés avant de réaliser qu’il n’avait encore rien dit. Confus, Nohan fixa la bosse que formait la couette, le cœur tambourinant dans sa poitrine.
— Vraiment, ne te sens pas obliger de me rappeler ta présence en permanence. Je la subis suffisamment comme ça depuis des années.
Nohan pénétra davantage dans la pièce, élargissant l’ouverture de la porte. Par les dieux, à qui parlait Thalion ?
Ce n’était pas la première fois que Nohan le surprenait à échanger seul. Enfin, il l’avait surtout entendu jurer, lançant des insultes à quelqu’un sans s’adresser à personne en particulier. Même Camille lui jetait des coups d’œil perplexes en l’entendant marmonner dans sa barbe. Une fois, Il avait fixé si intensément un livre que Nohan crut qu’il allait se frapper le front avec.
Thalion pouvait se parler à lui-même s’il le désirait. Cependant, quand on savait qu’il n’était pas toujours seul dans sa tête, c’était inquiétant. Officiellement, les Ombres n’étaient pas réapparues depuis son duel contre Camille au club, mais tout portait à croire que leur dernière visite était plus récente que ça. Lui parlaient-elles en ce moment ? Nohan avait des doutes car ses yeux devenaient noirs lorsqu’elles prenaient possession de lui et n’apparaissaient que dans les moments de fortes émotions, mais le fonctionnement de ces entités restait relativement mystérieux.
Le grincement du bois lorsqu’il s’avança alerta Thalion de sa présence. La bosse sur la couette s’immobilisa quelques secondes avant de se mouvoir. Des boucles noires et des prunelles marron clair émergèrent des draps. La moitié de son visage étant dissimulé, seuls deux yeux plissés étaient visibles.
— Nohan ? Tu as déjà fini ton petit-déjeuner ? l’interrogea-t-il d’une voix distante.
— Non. J’aimerais le finir avec toi.
Dans le regard de Thalion, Nohan crut y déceler l’éclat de la culpabilité, mais ce fut trop bref pour en être certain. Le visage de son ami se referma et il disparut de nouveau sous la couette.
— Je n’ai pas faim, répondit-il d’un ton sans appel.
— Thalion. Tu dois te nourrir.
— J’irai juste avant que le service matinal se termine.
— Tu mens. Tu m’as dit la même chose les fois précédentes sans pour autant le faire.
— Oups. Me voilà démasqué, se contenta-t-il de répondre sans une once de remord.
Nohan se pinça l’arête du nez avec l’impression de se retrouver devant sa sœur de six ans.
— Ce n’est pas en te laissant dépérir que ton état s’arrangera. Écoute, quoi que tu traverses, je suis…
— Nohan, t’as pas mieux à faire que de me materner ? Cally a d’avantage besoin de toi que moi, alors va t’occuper d’elle.
Nohan tâcha de ne pas se sentir blessé et croisa les bras sur son torse.
— Et toi ? Qui s’occupe de toi ?
— La Mort s’en chargera, dit-il en ricanant. En attendant, tu devrais te trouver un autre martyr à prendre sous ton aile. Je n’ai pas d’avenir alors ne perd pas ton temps avec moi.
Sa réponse prit Nohan au dépourvu, ses bras retombant mollement le long de son corps. La stupeur laissa rapidement place à de la colère. Les poings serrés, ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair alors qu’il sentait ses yeux piquer.
— Je déteste quand tu te comportes comme un idiot, Thalion. Mais n’espère pas me faire fuir comme ça. Ça fait longtemps que je suis habitué à ton idiotie.
Puis il s’en alla en claquant la porte. Sur le paillasson, il inspira profondément pour se retenir de pleurer. Bon, ce n’était pas de cette façon qu’il avait prévu de gérer les discussions. Mais Nohan n’avait pas besoin d’être un géni pour comprendre qu’en l’état, il était inutile de forcer. C’était comme parler à un mur. Thalion avait envie d’être seul, et si c’était ce dont il avait besoin, le magérien respectait ça. Mais dans ce cas, pourquoi percevait-il autant détresse derrière chacune de ses paroles ? Pourquoi l’agressivité de Thalion ne dégageait qu’un parfum de souffrance ? Pourquoi lui qui faisait tant d’efforts pour le repousser, lui donnait l’impression d’hurler des appels à l’aide silencieux ?
Il bascula la tête en arrière pour empêcher ses larmes de couler. Il avait fait le fier en lançant ces derniers mots, et bien qu’il les pensait sincèrement, son comportement l’atteignait quand même. Être ainsi repousser lui faisait mal.
Désormais, Thalion était redevenu Corvus. Ce garçon froid et antipathique qui employait toujours un ton cinglant pour repousser les autres. L’accès à son cœur avait été refermé à double tour. Nohan essayait de ne pas se sentir vexé par son rejet. Il était juste blessé et ne savait pas comment se protéger autrement. Malgré tout, Nohan voulait retrouver leur complicité, se chamailler et se prendre la tête quand Thalion agissait comme un crétin.
Son meilleur ami lui manquait.
Son regard s’attarda sur la bague à son majeur. Depuis leur échange télépathique, le bijou n’avait plus réagi. En tâchant de se faire discret, Cally et lui avait cherché à la bibliothèque des informations dessus, mais ils n’avaient rien trouvé. De toute façon, même si Nohan savait comment s’en servir, il ne l’utiliserait jamais pour violer l’esprit de Thalion et découvrir ce qu’il cachait. Il se confierait à lui de son plein gré, ou Nohan préférait encore être maintenu dans l’ignorance.
S’il restait sur le pallier, il finirait par pleurer, alors il entreprit de retourner dans la salle à manger en espérant que la faim lui revienne en cours de route. Lorsqu’il descendit les escaliers, il croisa Ayden qui retournait dans sa chambre. Nohan ne parvint à soutenir son regard dur et s’en détourna, mal à l’aise. Il tâcha de se faire le plus petit possible quand le magérien passa près de lui. Il ne voulait pas entrer en confrontation avec lui. Lorsque le danger s’éloigna, Nohan soupira en quittant Sombrécorce. Eris avait su dissuader Ayden de continuer son harcèlement à l’égard de Thalion. Maintenant qu’elle n’était plus là, plus rien ne le découragerait de vomir sa haine des corbeaux. Nohan doutait d’être aussi dissuasif que la magérienne.
Il monta sur Azrel qui s’envola dans le ciel. Une douce brise souffla sur son visage, et il s’efforça de l’interpréter comme un vent d’espoir. Il craignait d’échouer et de voir Thalion, l’étoile éternelle, s’éteindre complètement. Mais Nohan comptait bien lui rendre son éclat. Quoi qu’on en pense, Thalion méritait d’être heureux.
Merci pour tous tes commentaires ! Si l'envie t'en dis de lire le tome 2, j'espère que la suite te plaira !
J'ai quand même de la peine pour Camille, même si c'est un juste retour de bâton.. Je suis sûre qu'il rejoindra le groupe de Thalion pour la suite, ça pourrait être sympa.
Sinon, les élèves de cette école ne sont décidément pas très sympa... La peur obscurcit leur jugement. Il faudra que Thalion soit fort lorsqu'il sortira de l'infirmerie, mais je ne doute pas que ses amis l'aideront !
Pour moi, il manque peut-être juste un petit quelque chose, une mini révélation ou autre, pour me faire mourir d'impatience en attendant la suite (mais cela dit on l'a déjà avec Apocryphos au chapitre précédent).
Dans l'ensemble, j'ai adoré suivre les aventures de Thalion ! Alors j'espère vraiment que tu nous écriras la suite, à nous, pauvres lecteurs condamnés à devoir attendre =D
Oui, Camille en bave même s'il n'a que ce qu'il mérite... Mais effectivement il ne restera pas aussi isolé dans le prochain tome !
La peur vécue et transmise depuis des générations fait ressortir le pire de l'humain !
Je t'avoue que niveau révélation, j'en ai plus trop en stock pour l'instant xD mais j'ai prévu de retravailler la fin de cette épilogue pour le rendre un peu plus... vivant ? poignant ?
Je suis ravie que son histoire t'ait plu ! Promis, écrire la suite est prévu xD
Merci pour tous les commentaires que tu as laissé !
Je me suis demandée si tu allais reparler des bagues à la toute fin par exemple. Imagine Nohan qui surprend les pensées de Thalion sur Apocryphos dans les dernières lignes =O (je m'emballe!)
Alors j'attendrais la suite avec plaisir =D
Pardon, comme souvent j’ai lu le chapitre rapidement après la sortie, mais j’ai eu du mal à trouver un moment pour le commenter. ^^’ Je l’ai reparcouru et j’ai vu que tu avais ajouté l’altercation entre Camille et d’autres élèves, suite aux commentaires. :O
Globalement, je suis d’accord avec ce qui a pu être dit. Finir avec le point de vue de Nohan, c’est une bonne idée (ça permet aussi de garder le suspense de comment se passe la cohabitation Thalion/Apocryphos pour le tome 2). C’est aussi très cool de prendre le temps de nous montrer comment les autres sont affectés par tout ce qui s’est passé. Par contre, je suis d’accord pour dire qu’il y a un peu trop de choses qui sont rapportées quand elles gagneraient à être montrées.
Du coup, montrer Camille envoyer bouler les autres au lieux de le raconter, c’est mieux. Par contre, j’ai trouvé l’exécution un peu maladroite. ^^’ Particulièrement, cette phrase :
« — Je préfère ça plutôt que d’être sans cesse submerger de questions qui me font ressasser ces choses que j’aimerais oublier. »
Cette réplique m’a paru peu naturelle. Je pense que Camille pourrait se contenter d’un « Ouais. » un peu froid, et le reste de la scène finit très bien d’illustrer pourquoi il préfère manger seul.
De façon général, je crois qu’il y a plein d’explications (sur les motivations et sentiments des personnages) dont tu pourrais te passer dans la narration, car tout ça transparaît déjà très bien dans les dialogues et les actions de chacun.
Aussi, ce passage là « Rapidement, il ne supporta plus d’être entouré de gens uniquement à l’affût des potins. Cette attention malsaine n’était pas celle qu’il désirait. Dont il avait besoin. Chose que les élèves avaient un peu de mal à saisir. » ça donne l’impression qu’on a basculé dans la tête de Camille pour quelques phrases. Nohan peut faire des suppositions sur ce que pense/ressent Camille, mais il a aucun moyen d’être sûr que c’est ça qu’il ressent.
Si je peux me permettre une autre suggestion, je crois que l’autre chose qui gagnerait à être illustré par une scène plutôt que rapporté, c’est l’état psychologique de Thalion et comment ils repoussent maintenant ses amis. Tout ce que tu expliques dans les paragraphes à partir de « Depuis qu’Eris leur avait dévoilé son vrai visage... » jusqu’à « Son meilleur ami lui manquait. », je crois que tu pourrais le remplacer par une petite scène, à la fin du chapitre, ou Nohan essaye une fois de plus d’aller tirer Thalion de leur chambre et ce dernier l’envoie froidement promener. Peut-être même assez violemment ? Ce serait plus fort que simplement rapporter que Thalion a reprit ses distances. D’ailleurs, en approchant de la chambre, Nohan pourrait aussi surprendre Thalion en train de parler seul, et on pourrait voir Nohan se poser des questions et s’inquiéter de ça à ce moment ?
C’est une idée que je pose comme ça ! Évidement, tu es seule maître de ta fin (qui reste très bien, hein). Mais voilà, très personnellement je pense que ce serait plus poignant de finir par une scène qui montre l’état dans lequel est la relation Thalion-Nohan, mais qui s’achève sur la détermination de Nohan à ne rien lâcher. Y a plus d’émotion s’il se dit ça sur le pas de la porte qu’on vient de lui claquer au nez plutôt qu’en mangeant ses tartines.
Pour te faire un retour plus général sur le tome, le défaut que je pointerais à ce premier jet, c’est que t’as tendance à en écrire beaucoup. :p Parfois ça traîne un peu, ça tourne en rond. Rien de dramatique. Avec un peu de recule, éventuellement l’aide d’un ou deux béta-lecteurs, tu devrais facilement repérer les longueurs. À part ça, j’ai pas grand-chose à redire. L’univers a son originalité, ça oscille habilement entre loufoquerie et noirceur, ça retourne des tropes, l’intrigue est intéressante, les perso aussi. Et j’adore Thalion. <3 Il a tout ce qu’il faut.
Compte sur moi pour lire la suite !
Je suis contente que l'idée de mettre le point de vue de Nohan te plaise !
Merci pour tes suggestions ! Je vais retravailler le passage de Camille pour rendre le tout plus naturel et logique. En fait à chaque fois j'ai peur que le lecteur ne comprenne pas donc j'en fais un peu des caisses pour être sûr qu'il comprenne ^^' Mais ça rend le truc lourd donc je vais corriger ça.
Pour Thalion, j'avoue que je ne savais pas trop comment l'introduire tout en rendant son intervention intéressante, mais j'aime bien ta proposition. Je me sens même un peu bête de pas y avoir pensé x)
Je suis d'accord avec le défaut que tu pointes, et j'essaye déjà d'y remédier d'ailleurs en repassant sur certains chapitres comme le passage de l'harcèlement. Je me rends compte que j'ai tendance à trop insisté sur certains point, notamment sur le pathos ^^'
Sinon je suis contente que l'univers et l'histoire t'ait plu ! Et je suis ravie d'avoir su rendre Thalion attachant ^^
Merci beaucoup pour tous les commentaires que tu as pris le temps de laisser ! Ils ont été très intéressants à lire !
Le point de vu de Nohan est bien choisi pour illustrer cette clôture, je pense que si nous aurions eu le point de vu de Thalion nous n'aurions pas totalement assimilé la peine qui envahit ses vrais amis, Camille, Aglaé et même la sienne.
Car nous avons compris à quel point ils ont été impacté
Ce qui est tellement énervant ce sont les médisances qui continuent malgré les témoignages, ne comprennent-ils pas qu'ils sont la source de la Malédiction ? Leur haine alimente la haine.
L'Homme est mauvais, il veut détruire ce qu'il ne comprend pas.
J'ai hâte de connaître la suite de tout ça.
Je te souhaite beaucoup de motivation pour la suite de ton histoire, que j'attendrai, comme beaucoup d'autres.
Merci pour ce premier tome, il était incroyable, bien évidemment ma parole est apodictique ;)
(Quand je pense qu'il avait tout fait pour faire renouer ces deux là...Ahala)
Oui, je me suis dit que le point de vu de Nohan pourrait apporter une vision de l'histoire, une autre perspective de la situation que l'angle de Thalion ne permettait pas. Empêtré dans son désespoir, ça aurait été difficile de bien faire comprendre leur peine à tous.
Malheureusement, les humains manquent parfois de bon sens...
Merci sincèrement pour tes commentaires et tes encouragements ! Je suis heureuse que ce tome ait autant plu et j'essaierai d'écrire une suite à la hauteur !
(C'est vrai que quand on y pense, c'est triste... :') )
Voilà enfin le point final de ton histoire, ou en tout cas de cette première partie.
J'ai bien aimé l'idée de faire basculer la narration vers Nohan, ça change le point de vue de l'histoire et c'est rafraichissant. Est-ce un aperçu de ce qui va arriver dans le deuxième livre, ou juste une envie soudaine le temps d'un chapitre ?
Je rejoins un peu l'avis de Reveanne concernant ce côté "relaté" et "compte-rendu". Je te rassure, tu n'as pas "foiré" comme tu le dis car le chapitre reste agréable à lire et donne un éclairage intéressant sur ce que Nohan et Cally ont pu ressentir et la manière dont la trahison d'Eris a pu être vécue par les autres élèves. Mais ça pourrait sans doute être chouilla plus vivant, histoire de laisser une bonne impression au lecteur. Après, il s'agit de ton dernier chapitre et je ne doute pas que tu le reprendras un bon millier de fois, c'est toujours difficile d'écrire le dernier morceau et on n'est jamais complètement satisfait de sa fin ^^
Un point qui me chiffonne un peu et qui pourrait ajouter un effet "attente" pour le 2ème livre : au final, tu évoques beaucoup le ressenti des uns et des autres sur ce qui s'est passé, mais très peu leurs craintes et leurs attentes pour ce qui va advenir. Tu évoques la fusion de la classe d'Aglae avec les autres, tu mentionnes vite fait l'Enfant Sanglant à la fin d'un paragraphe mais... c'est tout.
À mon sens, Nohan devrait se demander "et maintenant ? Que va-t-il se passer ? Où est Eris ? Que va-t-elle devenir ? Est-ce que l'Enfant Sanglant est bel et bien encore en vie ? (on parle quand même du pire "mage noir" de l'histoire si je ne m'abuse...).
À toi de voir si tu souhaites intégrer ou non cette suggestion et de quelle manière, mais en tout cas je pense qu'après tout ce qu'il vient de vivre, il devrait s'inquiéter un peu plus que ça de ce qui pourrait leur tomber dessus :)
J'ai bien aimé cette idée que "Thalion est redevenu Corvus" et ton insistance sur les commérages à son sujet. Ça rappelle bien à quel point la trahison d'Eris l'a brisé et a entraîné une "marche arrière" dans sa lutte intérieure.
En tout cas, ce fut un réel plaisir de suivre cette aventure et je serai au rendez-vous pour la suite le moment venu. N'hésite pas à me solliciter si tu as besoin d'aide ou d'un avis lors de tes corrections !
Au plaisir,
Ori'
Contente que ce changement de point de vu te plaise ! Honnêtement, c'était par simple envie. je trouvais que son point de vue pouvait être intéressant pour clore ce tome. Mais je songe à intégrer certains chapitre de son point de vue pour le prochain tome.
Merci de me rassurer sur ce dernier chapitre ! J'avoue avoir essayé d'effacer au mieux l'effet compte rendu avant de poster le chapitre, mais une partie de moi imagine toujours qu'un peu de simplicité est ce qui correspond à une fin, comme une retombée en tension, du coup j'hésitais. Mais après le retour de Reveanne j'avais décidé de prendre en compte son avis et avait entamé les modifications. Puis j'ai eu ton retour et j'ai trouvé que tu avais raison et que je n'abordais pas trop le futur, même si après la réécriture du chapitre précédent j'évoque un peu les questions sur l'Enfant Sanglant. Donc rebelote xD Normalement, le chapitre est un peu plus vivant maintenant (j'ai essayé du moins) et j'ai axés certaines inquiétudes de Nohan sur l'avenir. Si l'envie t'en dit, tu peux me dire si tu trouves ça déjà mieux ! Mais effectivement je me rends bien compte qu'écrire la fin d'un roman est bien plus compliquée que ce que j'imaginais x) c'est délicat et on trouve qu'on peut toujours faire mieux T-T
Merci à toi pour tous tes commentaires qui m'ont énormément aidée et appris ! Sache que j'ai retravaillé la plupart de mes chapitres après tes passages, tellement que tu ne reconnaitrais même pas certains chapitres en les relisant xD Je garde ton conseil en tête, et encore merci pour tout !
M'en fout j'ai préparé un cachot dans ma cave, avec un traitement de texte, pour t'enfermer et t'obliger à écrire la suite! Hop, enchaîné au mur, au pain sec et à l'eau tant que t'a pas écrit la suite.
Bon, trêve de plaisanterie.
Quelques coquillettes (espaces manquantes surtout)
Et c'est vraiment dommage d'uniquement raconter et non de montrer. Ca fait un peu "je finis vite fait pour me débarrasser", et ça me rend un peu triste. Ca va trop vite, j'ai l'impression qu'on ne faire pas le texte, qu'on ne dit pas au revoir à Thalion.
Bon, voilà, Thalion va me manquer, je m'y suis attachée. :'(
J'espère le revoir vite. :'(
Désolée pour les espaces, exceptionnellement j’ai posté le chapitre sur mon téléphone et pas mon ordi, et je crois que ça a eu un impact dessus ou je ne sais quoi. Je vais essayer de corriger ça vite !
Mince, j’ai essayé de rendre le chapitre intéressant et d’éviter un effet trop compte rendu mais j’ai dû foirer un peu 😭 en fait je voulais surtout faire un chapitre du point de vu de Nohan, montrer la façon dont il pouvait vivre les choses. J’ai hésité à développer l’interrogatoire avec luciphella mais j’avais peur que ce soit trop long sans être vraiment intéressant. Je voulais faire un chapitre simple pour clôturer ce tome mais si ça provoque ce ressenti je réfléchirai à un moyen de le rendre plus agréable à lire, de plus « montrer ».
En tout cas je suis quand même contente de voir que j’ai su rendre le personnage de Thalion attachant et son histoire la plus addictive possible. J’espère aussi vite écrire la suite pour pouvoir la partager :’)
Merci pour tous tes conseils et tes commentaires !