Épilogue

On prétend que les ténèbres ne quittèrent jamais Ossenoir. Le jour n’y perça plus, et le brouillard épais étouffait toute lumière. Personne ne parla plus de cette ville condamnée, engloutie dans une ombre dense et mouvante, comme si la nuit elle-même avait décidé d’y demeurer à jamais.

Par ailleurs, on ne retrouva jamais la trace d’un certain Clément Droitel, parti à bord d’un train qui n’était plus censé rouler — certains affirment qu’une ombre fidèle l’accompagnait dans ce voyage interdit. On entend parfois, la nuit, un sifflement inhumain, comme si l’ombre du comte avait trouvé un nouveau chemin.

A la lisière d’une forêt ancienne, là où les brumes murmurent qu’une ville maudite fut avalée par les ténèbres, une tombe est apparue — solitaire, sans âge, drappée de lierre et de silence. Nul ne vit qui l’y posa, nul ne sut d’où elle venait.

Mais sur son épitathe, gravée dans la pierre comme un avertissement oublié, on pouvait y lire :

“Brûlé deux fois, le pendu se tut,

Le comte noyé, pourtant survécut.

Ossenoir à jamais oublié,

S’effondra dans l’oubli damné.”