Epilogue et Fin

Blotties au creux d’une des méridiennes, Lara et Éloïse écoutaient Nils raconter. Sur l’île, la magie réglait toute la vie du prisonnier, mais il n’avait manqué de rien.

  • Ma mort n’intéressait pas Ivanov, expliqua-t-il. J’étais, en quelque sorte, un sujet d’expérience.
  • Mais pourquoi faire ? questionna Lara.
  • Il avait de grands projets me concernant…
  • Mais il n’y est pas arrivé.
  • Non, parce que je ne me suis pas laissé faire.
  • Ça a fait mal ? demanda Éloïse.
  • C’était plus épuisant que douloureux mais, heureusement, il ne venait pas trop souvent me voir et puis un jour, il n’est plus du tout venu.
  • Ça, c’est grâce à Hyppolite. Il te faisait quoi, en fait ? insista Éloïse, jamais satisfaite par les réponses trop simples.
  • C’est difficile à expliquer et je crois que je ne le sais pas vraiment mais j’ai très vite compris une chose, une chose essentielle...
  • Quoi ?
  • Il ne pourrait jamais m’atteindre parce que j’étais protégé et ça, Ivanov ne pouvait pas le comprendre.
  • Toi aussi tu as une bonne fée, alors !
  • J’avais beaucoup mieux. J’avais l’amour de ma famille et contre ça, le mage était impuissant.
  • Et Hyppolite, ajouta Lara en saisissant la main du brave cocher. Tu avais aussi Hyppolite !

Tous les regards convergèrent vers le pauvre cocher, bien embarrassé soudain d’être l’objet de tant d’attention.

  • Hyppolite, fait partie de la famille, dit Lysie, depuis longtemps déjà, même s’il s’obstine à nous donner du maître et à s’occuper de Fagotin. Il est tout comme un grand-oncle pour vous.
  • Comment on dit oncle en russe ? voulut savoir Éloïse.
  • On dit : dyadya.
  • Dyadya, c’est un joli nom. Ça chante.
  • Oui, approuva Lara. Hyppolite, tu es notre dyadya et c’est comme ça qu’on t’appellera. Tu veux bien ?

Hyppolite avait sorti un grand mouchoir à carreaux de sa poche pour s’essuyer les yeux. Trop de bonheur lui coupait la parole, il hocha simplement la tête, conquis.

  • Quant à toi, grand-père, tu seras notre Popochka à nous. On est toutes les deux d’accord avec Éloïse.

***

Les grandes retrouvailles avaient été pleines d’une émotion contenue. Il fallut, pour les fils et le père, apprendre à se connaître, apprivoiser les visages, réapprendre les gestes, redécouvrir les mots.

La vie reprit son cours tranquille au manoir où les années semblaient ralentir leur course comme pour offrir à Nils et Lysie un peu de ce temps perdu.

Lara et Éloïse débarquaient dès que l’occasion se présentait, cette aventure avait scellé entre elles un lien profond qu’aucun désaccord jamais n’entama.

L’hiver blanc demeura à jamais leur saison préférée.

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Edouard PArle
Posté le 20/11/2024
Coucou Hortense !
Jolie conclusion !
Je me permet une petite remarque sur l'ensemble du récit. Tu fais miroiter les grands projets d'Ivanov au lecteur, la menace des hommes qui l'assassinent. Et au final on n'en reparle plus avant l'épilogue avec un simple "il n'a pas réussi parce que je ne me suis pas laissé faire", ça donne une petite sensation d'inachevé à cette histoire. Après, développer tous ces éléments la rallongerait sans doute et j'imagine que ce n'était pas ton idée ici^^
Sinon, de belles retrouvailles, j'ai bien aimé que le rôle d'Hippolyte soit mis en lumière, c'est vrai qu'il s'est bien démené^^ J'aime bien l'idée qu'ils essaient avec Nils de regagner le temps perdu.
La dernière partie de l'épilogue est très belle, j'adore ta phrase de chute, bel ode à l'hiver (=
Petit passage qui m'a bien plu :
"oncle en russe ? voulut savoir Éloïse. On dit : dyadya. Dyadya, c’est un joli nom. Ça chante." trop chou !
Voilà, un plaisir d'avoir lu cette histoire, d'avoir replongé dans la douce ambiance de tes écrits.
A très bientôt, j'espère !
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