Cette soirée avait vraiment mal débutée. Que ce soit autant pour Billy, que son ami, Nikolaï. Ce soir, ils devaient normalement se rendre au gala de charité du Lord Longrey, qui avait lieu en plein centre-ville. Ceci n'était pas un problème, si son ex-femme ne l'avait pas appelé, paniquée, pour lui demander de venir le plus vite possible.
C'est complètement affolé, se disant qu'il était arrivé malheur à ses enfants, qu'il enjoigna son russe de l'amener dans son ancien quartier, qui se trouvait dans une commune à côté. Une fois arrivé, descendu de la voiture avec le tatoué, après avoir sonné à la porte en panique, que la femme qui lui avait servit d'épouse l'accueillit avec une tête des plus inexpressive et sévère. Lui disant clairement qu'il gardait les gosses ce soir. Billy était alors sur le cul. Elle lui en avait fait, des vertes et des pas mûres, mais ça, lui téléphoner en lui faisant croire à un drame pour simplement venir garder les enfants, c'était un autre level.
Il lui avait alors répondu, médusé, qu'il ne pouvait pas ce soir. Face à cette réponse, la mère de ses enfants avait piquée une gueulante. Billy lui demanda de baisser d'un ton, car les enfants n'étaient pas loin. Elle s'en fichait. Lui disant que ce n'était qu'un raté, que contrairement à lui, elle avait un travail qu'il fallait qu'elle tienne. S'en fut trop pour Nikolaï, qui explosa à son tour. Lâchant un juron en russe dans sa barbe, avant de lâcher son venin. Lui disant qu'il n'était pas un raté, qu'il avait organisé une convention à lui tout seul, qu'il avait un travail et qu'il n'était surtout pas la bonniche de madame. Que si elle voulait faire garder ses gosses, qu'il l'appelle avant pour conclure de la date ensemble.
Sans un mot, Billy acquiesça, il n'avait jamais était hyper à l'aise avec la dominance de sa femme, lui qui était le soumis de service. Donc, se défendre face à méchanceté n'avait jamais été chose aisé, heureusement que Nikolaï avait été à ses côtés. Elle fit d'ailleurs la remarque qu'il redoutait tant.
- Je n'aurais jamais pensé sortir avec un PD !… Alors ça y est, tu vas laisser tes enfants et refaire ta vie !
C'était douloureux, très douloureux, il fallait l'admettre, mais complètement faux.
- Non, c'est toi qui m'empêche de voir mes gosses ! eut-il le courage de lancer en rentrant dans la voiture, ce qui laissa la femme sans voix sur le pallier de la petite maison de lotissement.
Voilà, c'était réglé, grâce à cela, il allait sûrement pouvoir recommencer à voir ses enfants. Surtout qu'il serait enfin dans un appartement digne de ce nom. Toutefois, cette réplique le fit gamberger pendant tout le trajet jusqu'au centre-ville. Elle avait pensé qu'il était en couple, donc… Qu'il était capable de trouver quelqu'un. Mais assumerait-il lui-même d'être en couple avec un homme ? Devant ses amis, sa famille, ses enfants ? Il n'était pas homophobe, au contraire. Simplement, il ne voulait pas se prendre, de ce fait, une vague d'homophobie… Bien qu'il se doutait que le tatoué allait le défendre… Cela le travaillait.
C'est bien une heure et demie après le début du gala qu'ils arrivèrent enfin dans le restaurant après avoir montré leur carton d'invitation. Voyant qu'une annonce allait être faite par les hôtes de la réception, ils se rapprochèrent pour mieux entendre et surtout voir, les deux très curieux de connaître la tête de ceux qui avaient décidés de les convier à tout ceci.
Les deux se regardèrent quelques secondes après. Elliot. Elliot, le styliste brun du Crimson Club était présent ! Il était magnifique sur son trente-et-un et surtout… Très près du couple Longrey. Tout ceci était une très grande surprise pour le couple qui ne pensait absolument pas que le concerné pouvait être de famille aisée.
- Bien ! Écoutez tous ! J'ai une annonce à faire avant que le gala ne commence vraiment ! demanda l'homme, qui devait être le Lord.
Billy remarqua qu'Elliot semblait bien perturbé. Il avait le teint des plus pâles et gigotait sur place. Qu'arrivait-il ?
- Je vous annonce que je vais prendre ma retraite ! Et de ce fait, léguer le titre et les obligations de Lord à mon fils ! Elliot Longrey qui était venu en France pour faire ses études ! finit-il par dire, alors que tous applaudissaient. Sauf Billy et Nikolaï.
- Euh… Ses études ? Son père est au courant de son âge et de son taff au moins ? questionna le russe.
Le blond ne savait vraiment pas quoi répondre. Alors, une fois les autres invités un peu éloignés de la scène, ils choisirent de se rapprocher. Pour venir en aide à Elliot qui semblait des plus démunie.
- Euh… Père ? Mais… Je ne peux pas faire ça… fini par parler le brun, d'une voix blanche.
- Tu crois ça ? Je vais te ramener illico-presto à la maison et on va voir si tu ne peux pas faire ça.
Le père était des plus secs.
- Comme si j'allais laisser mon unique héritier faire un travail de femme des plus humiliant en plus ! Tu vas entrer à la chambre des Lords ! Comme moi !
- Père. C'est hors de question. Vous ne pourrez pas m'y forcer.
- Ah oui ? Tu crois ça ?! il allait alors lever sa main pour le frapper, pour sûrement lui remettre les idées en place.
Sauf, que Nikolaï ne semblait pas du même avis. Il arriva rapidement derrière le père, alors que Billy se rapprochait du brun. Et en un geste fluide et discret, il retint le poignet du Lord, lui évitant de lever la main et donc d'attirer l'attention.
- Je vous conseille de vous calmez… Vous ne voulez pas attirer l'attention sur vous et votre fils, vu que vous organisez ce gala ? N'est-ce pas ? la voix du russe ne pu que faire rougir Billy, qui la trouvait des plus sensuelles.
Le père se dégagea, alors qu'il prenait sur lui pour se calmer. Voyant alors qui était la personne qui avait bien pu oser le toucher et surtout l'arrêter.
- Oui, vous avez sans doute raison, merci… Oh, Monsieur Melkinov ! Comment allez-vous !
Le père venait clairement de changer de visage. Son ami l'avait prévenu que dans ce milieu la guerre des masques était courant. Il le voyait de ses yeux. L'homme avait changé d'attitude, cachant à la perfection sa colère. Le poivre et sel lui serra la main.
- Très bien et vous ? Néanmoins, il me semble qu'utiliser un évènement tel que celui-ci ne soit pas une bonne idée pour forcer votre fils à vos désirs. Tout comme le forcer tout court.
- Vous ne connaissez pas ma famille et d'ailleurs, vous n'avez pas à vous immiscer entre moi et mon fils, répondit sèchement l'anglais.
Billy fini par s'avancer doucement, se tenant entre Elliot et son père, pour prendre la parole, ce qui surprit tous ceux qui le connaissait.
- Au contraire, Monsieur. Nous sommes tous les deux des amis intimes de votre fils. De ce fait, il nous semble normal de nous glisser entre vous pour lui venir en aide.
Billy se retourna doucement, Elliot venant de lui poser une main sur l'épaule, le remerciant avec une petite voix et un sourire qui voulait tout dire. Alors, semblant avoir repris contenance, le brun s'avança vers son père, les yeux pleins de détermination.
- Ils ont raison. Ce n'est pas une façon digne d'un Lord. Et comme je l'avais dit à Mère, je ne ferais plus rien avec vous. J'ai voulus vous faire confiance, et faire plaisir à ma mère, à qui je semble réellement manquer. Mais comme toujours, vous m'avez piégé. Je ne comprends pas pourquoi vous faites ça, je suis votre seul enfant.
La voix d'Elliot était tremblante, entre rage et profonde déception. Billy en eu presque le coeur palpitant d'une émotion forte. Il fini par se rapprocher du tatoué, se sentant soudainement seul. Le père, quant à lui était en train de bouillir de rage. Tellement qu'il n'arrivait plus à le cacher et cette fois… Posa son regard scrutateur sur le couple.
- Tiens, tiens… Melkinov, vous ne semblez pas honteux de votre orientation dans notre milieu.
C'était certes un réel coup de pute, simplement fait pour attirer l'attention sur quelqu'un d'autre que lui, mais aussi pour se venger de ce qu'il venait de subir. Tout ceci était tellement petit que le blond pensa soudainement à son ex-femme. Qui agissait un peu de la même manière.
- Non, nous ne sommes qu'amis. Et si c'était le cas, en quoi cela est-il si horrible ? L'amour ne choisi pas.
Le tatoué avait répondu avec tellement de douceur que cela fit réagir la mère qui se tortillait sur place, félicitant l'homme pour sa façon de pensée si belle. Mais alors, Billy s'approcha de lui, posant ses mains sur son bras, pour se hisser doucement en hauteur sur la pointes des pieds, car le russe était bien plus grand que lui, pour venir poser un baisé passionné, mais court, sur ses lèvres.
- Non, nous ne sommes pas amis. Nous sommes bien en couple, corrigea-t-il à l'attention du père d'Elliot, qui avait écarquillé les yeux avec effroi.
Alors que de son côté, le poivre et sel avait retourné son regard vers le blond, étonné, et surprit. D'une très bonne surprise. Le prenant contre lui, il vint à nouveau l'embrasser. La mère applaudissant même, rejoint par Elliot, qui était tout sourire.
- Arg, quelle honte ! Jamais je n'aurais cru que quelqu'un comme vous puisse se comporter ainsi., cracha le père. Je ne veux plus vous voir ici ! Partez !
Nikolaï gloussa sadiquement, pour plonger ses prunelles grises, brûlantes d'une intention des plus fortes, dans celles du père.
- Ce n'est pas parce que je suis russe que je suis homophobe. Après tout, je vis en France. Et comme je l'ai dit. L'amour ne choisi pas, alors autant profiter de notre vie.
- Eh bien ça ne sera pas ici !
- Très bien. Partons alors.
Le beau russe avait bien sûr fait un clin d'oeil à Elliot pour lui faire comprendre qu'ils partaient ensemble. Alors, sans rien dire, le styliste commença à leurs emboiter le pas. Voyant ça, le père le retint par la manche.
- Non, toi tu restes ici !
- Je ne crois pas non. Vous ne m'acceptez pas et me traitez en esclave ? Alors nous n'avons rien à faire ensemble.
D'un coup sec, Elliot arracha sa manche à la poigne de son père pour se retourner vers sa mère, l'enlaçant, il lui chuchota qu'il était désolé de tout ça. Et enfin, s'en alla hors du restaurant.
- Qu'allons-nous faire du coup ? demanda Billy.
- Rien au Crimson, s'il vous plaît ! Je n'ai pas envie de m'expliquer sur ma tenue à Absynthe…
- Pas de souci… Je sais exactement quoi faire aux alentours., fini par dire le russe, un sourire amusé aux lèvres.
Il les emmena avec lui, non loin du restaurant. Juste en face de l'hôtel en réalité. L'homme qui n'était autre que fortuné, amena les deux amis au restaurant du Grand Théâtre, tenu par le non moins tout aussi connu Philippe Etchebest ! Billy apprenant que c'était un peu comme l'ennemi du Chef du restaurant ou avait lieu le gala. Ils ne se firent pas prier pour profiter de leur soirée. Même si Billy avait du mal avec l'étalage de l'argent, il voulait faire penser à autre chose à son ami styliste.
C'est après avoir bien mangé et passé plus de trois heures dans le restaurant à goûter à des mets d'exceptions et à des vins meilleurs les uns que les autres, qu'ils traversèrent la rue pour aller au Cercle. Une boite de nuit assez huppée dans la ville. Les trois n'étaient pas friand de ce genre d'endroit. Mais vu la soirée qu'ils avaient passer ensemble… Autant tout faire pour se changer les idées, ne plus penser à ce qu'il s'était passé, et surtout… S'ils arrivaient justement à avoir un black-out après cette soirée, qui dura notamment jusqu'au matin, c'était ce qu'ils préféraient.
Autant se rappeler qu'ils s'étaient simplement mit minable tout les trois, pour rapprocher leurs liens d'amitiés qu'autre chose.