Épisode 14, partie 1: Léo

Par Reiko

Depuis la fin de la convention, Léo ne s'était pas vraiment montré au Club. Tout le monde semblait croire que le blond avait sans doute un travail monstre sur les bras, mais ce n'était pas complètement la vérité. Pendant l'évènement, deux de ses étudiantes étaient venues pour le faire chanter. Depuis, il était en proie à un stress des plus intenses. Se sentant démunie et ne sachant pas comment arriver à gérer cette crise. La seule chose qu'il avait pu faire en tant que le soumis pathétique qu'il était avait été d’acquiescer et de répondre aux moindres désirs de ses enfants…

À cause de cela, il n'avait pas fait de séance avec Absynthe, l'évitant au possible. Heureusement, elle ne se doutait de rien, lui laissant son espace vital. Elle ne faisait cela vraiment qu'avec lui, c'était assez particulier, mais au moins, ce lien fort qui les unissait lui servait bien. Bien qu'il n'en fut pas des plus fier.

Pendant ses deux longues semaines qui le séparait de la fin de la convention, il n'avait eu aucun répit. Ses étudiantes le plaquant sans vergogne derrière une porte d'une des salles de classe de l'université, pour lui lier les poignets et l'exciter sans son consentement. Cela lui faisant verser des larmes à chaque fois. Il se sentait tellement faible face à tout ceci. Et pour les séances qu'il organisait pour elles, pour les initier à la domination… Il était bien sûr obligé de se rendre dans d'autres Clubs, mais seulement ceux qui ne connaissaient pas son visage, et autant dire qu'il y en avait peu. Il allait donc souvent au Clovis, certain que là-bas, personne ne pourrait le reconnaître et ainsi vendre la mèche à sa meilleure amie et dominante.

Ce soir, il devait se rendre au Club, pour que personne n'ait trop de soupçons. Mais il avait la boule au ventre, il fallait bien le dire. Terrifié que ses deux pestes le suive et viennent s'incruster à la table de la bande. Peur que tout son monde s'écroule à cause de ça. S'il avait pu rester chez lui, sous une couette à pleurer, comme il le faisait presque tous les soirs depuis lors, il le ferait…

Cette fois-ci, il ne joua pas le jeu, gardant son costume qu'il avait porté en cours. Sa chemise cachant à merveille les marques de contraintes encore fraîches sur ses poignets, tout comme les bleus des suçons qu'il avait au cou… Il était devenu non pas un soumis… Mais un esclave et c'était ça qui le brisait au plus profond de lui.

C'est bien à reculons que le professeur se rendit alors au Crimson, la mine grise et les yeux tristes. Arrivant devant, il se frotta le visage pour reprendre un peu de couleur et essayer de se mettre dans l'ambiance. Il fallait tenir le coup, pour ne pas que tout ceci apporte des problèmes au Club et surtout à Absynthe. Elle avait tellement eu de choses à gérer en ce moment, entre Equinoxe, Charlotte et Erwann… Non, vraiment, elle n'avait pas besoin de tout ça.

En entrant, il observa attentivement l'intérieur de la salle. Cherchant bien évidemment une rousse et une blonde, pas forcément ensemble, car elles étaient des plus stratèges… Mais ne vit personne qui aurait pu leur ressembler, de près ou de loin. Soupirant de soulagement, il alla directement au bar pour se prendre une boisson, il en avait bien besoin ce soir. Remarquant alors que Hiacynthe n'était pas au bar, il tourna le regard vers leur table et ne pu s'empêcher de soupirer. Il aurait pensé que la barmaid serait avec Charlotte, mais rien, elles ne semblaient pas encore clairement ensemble. Tiens ? Il semblait y avoir un tout autre couple près d'elle… Billy avec un homme bien plus âgé que lui. Serait-ce celui qui avait voulu le draguer la dernière fois ?

Alors, il se passa une main dans les cheveux, prenant une gorgée de courage dans son verre pour aller lui aussi s'asseoir, tout le monde le salua, mais manque de pot, tous se rendirent compte de sa mine passablement épuisée. Remarquant que justement, Erwann Morel était aussi de la partie ce soir. Il avait en soit bien fait de se montrer… Beaucoup de choses allait être dites, assurément.
- Pourquoi Nathaniel n'est pas là cette fois ? demanda Absynthe, sans aucune trace de ressentiment. Elle semblait juste s'inquiéter pour Equinoxe. C'était bien, c'était un grand pas pour elle.
- Oh… Je ne sais pas vraiment. Il m'a juste dit qu'il ne se sentait pas bien…

Léo, toujours aussi silencieux et se faisant aussi discret que possible remarqua autre chose. Elliot, il avait l'air étrange ce soir. Fixant Equinoxe d'une façon… Particulière. Comme s'il se reprochait quelque chose qu'elle ne semblait en aucun cas soupçonner. Absynthe aussi le remarqua, comme toujours…
- Elliot ? Tu es sûr que ça va ? demanda-t-elle.
- Oui, oui, super ! Des problèmes personnels, rien de grave, ne t'en fais pas, mais je n'arrive pas à me vider la tête, c'est affreux.

Comme il pouvait comprendre le brun… Tellement bien le comprendre… Mais ses problèmes ne devaient pas être si grave comparait à lui… Cela devait concerner ses collections de vêtements, des retards éventuels de commandes… Sauf si… Cela concernait l'absence de Nathaniel ? Mais pour le coup, l'intérêt de Léo n'était pas très présent ce soir, il n'en avait cure.

Malheureusement, plus la soirée défilée et les conversations s'enchaînaient, moins Léo ouvrait la bouche, restant campé sur son verre d'alcool. L'envie de s'enfuir, de partir, sans rien dire, pour retourner dans la forteresse qu'était son appartement était de plus en plus fort. Peut-être simuler une gastro ? Comme à la convention ? Car plus il posait ses yeux sur Absynthe, plus il sentait le touché de Véronica en train de passer ses doigts sur ses bras et son torse. Cela produisit d'ailleurs un frisson au soumis. Un frisson si fort qu'il n'arriva pas à le cacher aux autres, qui relevèrent les yeux vers lui, comme s'il était soudainement le centre d'attention de la soirée. Relevant son regard à son tour, les yeux emplit d'angoisse, pour arriver à deviner ce qu'ils allaient lui dire.
- Tu as froid, Léo ? Tu veux que j'aille chercher ma veste au vestiaire ? demanda des plus gentiment Equinoxe. Cette bonté lui réchauffa un peu le coeur, même si une envie de vomir commençait doucement à remonter le long de sa gorge. Non, il n'avait pas froid, il était frigorifié par ses traumatismes.
- N… Non, merci Nox', c'est adorable, mais ça ira. Je vais me réchauffer.

Il essaya de lui sourire le plus sincèrement possible, contrôlant ses lèvres qui ne voulaient que trembler. Baissant à nouveau la tête, tel un enfant, ne sachant comment réagir.
- Tu es sûr que tu n'es plus malade, Léo ?

Il releva alors d'un seul coup sa tête, la voix l'ayant fait sursauter. Cette voix qu'il aimait à en mourir, mais qui pouvait le mettre dans des états de peur indescriptible. Absynthe. La patronne venait de lui poser cette question avec sa voix stricte mais à la fois inquiète. On pouvait voir dans ses yeux mauves une pointe d'interrogation.

Pendant quelques secondes, son attention fut portée sur l'homme assit près d'elle, qui comme lui n'avait presque pas dit un mot depuis son arrivée. Il s'était simplement présenté rapidement. Revenant alors vers l'intéressé, Léo fit des yeux ronds. Ne sachant vraiment que répondre. Mais il fallait qu'il trouve, absolument.
- Euh… Non, bien sûr que non, sinon je ne serais pas là ce soir. Tu le sais bien, je fais attention à ma santé. J'ai simplement dû mal digérer le repas que j'avais pris pendant le salon. Rien de grave.

Cela sembla rassurer tout le monde, mais bien évidemment, et cela, il le savait pertinemment, que cela n'avait en rien rassuré Absynthe, qui n'y croyait sans doute pas une seconde, vu la gueule que le professeur devait tirer. Autant, avoir un lien des plus profonds avec sa meilleure amie était la meilleure des choses, autant… Elle était la pire des malédictions quand on voulait lui cacher quelque chose. Inspirant alors un grand coup, comme pour signifier justement que non, ça n'allait pas fort. Autant arrêter de cacher la vérité, mais de ne pas forcément la dire…
- En fait, ce n'est pas au niveau de ma santé, mais plutôt de mon travail que c'est hard…
- Comment ça ? enchaîna sa dominante.

Aller, il fallait qu'il se calme. Vraiment, car ses mains s'étaient mise à trembler autour de son verre légèrement.
- C'est Jack.
- Jack ? C'est ton éditeur, c'est ça ? demanda Charlotte, qui devait en effet, se souvenir de la tête du mec qui était toujours en train de regarder par-dessus l'épaule du professeur pendant la convention.
- Oui, c'est bien ça.
- Eh bien quoi, Jack ? s'impatienta la brune aux yeux mauves.

Nouvelle inspiration, puis une gorgée d'alcool pour Léo. Il pouvait le faire… Il pouvait lui mentir…
- Il me met une pression de malade…
- Ah bon ? Mais je pensais qu'il avait été content du salon ? Que vous aviez beaucoup vendu ?
- Oui… Mais là du coup… Il… Il voudrait que je… Que je finisse rapidement… Rapidement…

Merde… Merde… MERDE ! Léo ne pouvait pas. Il pensait pouvoir y arriver. En énonçant une semi-vérité. Oui, c'était vrai que Jack lui mettait un coup de pied au cul pour avancer et terminer son prochain roman. Mais ce n'était pas une source de stress pour le professeur.

Non, il ne pouvait décemment pas mentir, dire un mensonge aussi gros à la personne la plus importante de sa vie. De sa misérable vie… Tous semblait pendu à ses lèvres, et alors qu'il se mettait à bégayer… Il fini par exploser en sanglot, les larmes lui crevant la barrière qu'était ses yeux. Brûlantes, les larmes rendaient sa vision des plus floue, n'arrivant plus à distinguer qui était qui, il se retrouva prit dans les bras de quelqu'un. Posant sa tête contre l'épaule de l'inconnu, qu'il reconnu comme étant Absynthe. Elle était si douce de le prendre ainsi contre elle.
- Calme-toi… Je suis là… On est là… On est tous là pour toi Léo… Qu'est-ce qui ne va pas ? Ne garde pas tout ça en toi… Je te connais, tu vas finir par te détruire…

Elle le rassurait avec sa voix douce et tendre. Comme quoi, elle pouvait l'être quand elle le souhaitait, mais seulement avec certaines personnes. Ce fut ses phrases réconfortantes qui brisa les verrous qui enserrait son coeur depuis ce salon BDSM… Sanglotant une derrière fois, il attrapa un mouchoir qu'on lui tendait pour essuyer ses larmes, se voûtant du dos pour éviter le regard de tous, et simplement fixer ce mouchoir, alors que la brune lui caressait les cheveux. Elle devait être morte d'inquiétude…
- Pendant… Le salon… Deux de mes étudiantes sont venues… Elles m'avaient vu un soir ici… Elles avaient découvert que j'écrivais des romans érotiques… Elles n'arrêtaient pas de me tourner autour… Et là… Elles sont venues me voir… Et m'ont montré des photos de moi sur la scène… Elles ont réussit à trouver des photos qui pourraient… Qui pourraient… Me faire perdre mon travail et ma crédibilité en tant que sociologue… Elles me font chanter… Elles… Elles veulent que je les initie à la domination… Elles… Je n'ai pas mon mot à dire… Je suis littéralement leur esclave…

Doucement, il déboutonna un bouton de sa manche gauche pour montrer les marques de corde. Se redressant lentement, il croisa le regard de sa Déesse… Et son coeur se brisa. En elle bouillait une rage qui ne demandait qu'à exploser, mais pas contre lui, contre ses étudiantes… Il se sentait si mal… Il ne voulait pas qu'elle ressente ce genre de chose à cause de lui. Mais alors, une voix raisonna, une voix qu'il ne connaissait pas.
- On te soutient tous Léo. On va tous t'aider à traverser cette épreuve, ensemble.

C'était l'homme poivre et sel, qui s'était présenté comme étant Nikolaï. À ses mots, tous, même Absynthe, le rassurèrent en trouvant des mots capable de le réconforter et d'arrêter ses pleurs. Même Billy alors qu'il était sans doute le plus timide et peu sur de lui de la bande.

 

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