Épisode 14, partie 4: Elliot

Par Reiko

Bien qu'habituellement, Elliot attendait la soirée du vendredi avec impatience, il ne pouvait que stresser ce soir-là. Sachant très bien que Nathaniel allait être là. Toute cette histoire qui avait débutée à son appartement lui était revenu en pleine face quand il s'était justement rappelait que l'avocat venait à leurs réunions hebdomadaires. Quel idiot il avait pu être, c'était tellement nul de sa part.

Le styliste avait beau remarquer certaines choses, quand ça n'allait pas et être de bons conseils, il était en partie un très mauvais ami. Au départ, il avait vraiment pensé qu'il était bipolaire, pour changer de façon d'être du jour au lendemain, sauf que ce n'était pas ça, bien évidemment. Simplement… Il était un peu tête en l'air, ne faisait pas trop attention à certaines choses. Et puis, il fallait bien avouer que selon les moments, Luciole était une véritable peste.

Et c'était comme cela qu'il s'était comporté avec le brun une fois Equinoxe de partie. Une peste, même si au début, sa demande avait été timide et vraiment sincère, son comportement avait dérivé, sans qu'il ne s'en rende compte. Comme le Titanic fonçant toutes chaudières ronflantes vers l'iceberg qui signa sa perte.

Bien évidemment, quand il avait compris l'impact de ses dires, il avait voulu rectifier le tire, sauf que c'était bien trop tard. Nathaniel était en rage, le fusillant de son regard noir avant de purement et simplement claquer la porte derrière lui en s'en allant. Il avait bien envoyé des messages au brun, pour s'excuser platement, lui expliquant qu'il n'avait rien voulu de tout ça. Mais pour le coup, ça n'avait pas vraiment eu l'effet qu'il escomptait. Au contraire, il ne lui avait même pas répondu. Ni appelé pour l'engueuler, ni message pour lui dire d'arrêter de lui parler. Juste… Ghosté. Était-ce volontaire ou non ? C'était ça qui faisait peur à Elliot.

Il ne voulait pas être responsable d'un chagrin de sa meilleure amie. Si l'avocat rompait, c'était tirer un trait sur son amitié avec la tatoueuse. Et puis, quand il avait vu Nox' seule arriver ce soir… Son angoisse monta d'un cran. Nathaniel n'avait rien dit à la jeune femme. Au contraire, il l'évitait tout comme lui. Pourquoi ? Que ce passait-il ? Ce n'était pourtant pas la faute de la soumise. Elle n'avait absolument rien à voir dans cette histoire. L'inquiétude se faisant sentir. S'il ne donnait de nouvelles à personne, ce serait vraiment très alarmant. Sursautant alors qu’Absynthe attirait son attention pour savoir si ça allait. Il tenta de cacher sa nervosité, en essayant de calmer son esprit. Ne penser à rien… À rien.

Sauf qu'il croisa le regard d'Erwann, qu'il n'avait même pas vu s'asseoir à la table. Sa mâchoire se crispa, ce mec était la pire raclure qui exister. Il avait passé la plus affreuse soirée de sa vie dans son Club. Il fallait tout de même avouer que la présence de l'entrepreneur avait le mérite de distraire les pensées trop nombreuses et anxiogènes du styliste, qui tout du long que le brun aux cheveux longs parlait, l'observait, le jugeait même. Lui lançant des éclairs mental, espérant que ça l'atteigne. Mais alors que la soirée défilait, son animosité pour lui diminua petit à petit. Il reconnaissait ses tords et faisait de gros efforts pour tout arranger. C'était ma foi honorable de sa part.

Sauf que voilà, le super carburateur qu'était le cerveau du pansexuel ce soir ne voulait pas se mettre en pause. Son moteur montait dans les tours, le faisant gamberger de plus en plus, son esprit tourmenté divergeant sur plusieurs sujets. Nathaniel, avec cette affreuse dispute et la peur qu'il laisse tomber sa meilleure amie. Equinoxe, qu'il souhaitait soumettre depuis dès années, mais n'avais jamais oser lui en parler clairement, sans plaisanter. Erwann, pour qui il avait, sans le connaître développé une rancune féroce après la torture qu'il avait subie à cause d'un de ses employés complètement incompétent. Léo, qu'il avait embêté en attirant ses étudiantes un soir à leur table. Il s'en voulait tellement face à ce qu'il venait de leur avouer… Et enfin… Ses parents. Ses parents qu'il essayait de fuir depuis temps d'années. Apparemment, la soirée n'était pas toute rose pour tous. Bien que la moitié du cercle d'amis assit à cette table semblait couler des jours heureux.

Il aurait pensé qu'après la soufflante que Nikolaï et Billy avait mis à son père, ses géniteurs l'aurait laisser tranquille une fois pour toute. Mais non… Maintenant qu'ils l'avaient enfin retrouvé, ils s'accrochaient à lui comme une moule à son rocher. Extrêmement compréhensible de la part de sa mère, qui devait véritablement s'ennuyer de lui. Elle n'avait jamais été très stricte, suivant plutôt aveuglément les directives de son mari. Façon de pensée d'une autre époque et d'un autre monde qu'il détestait de tout son être. Car même si Elliot avait de l'argent et qu'il faisait, comme eu partie des gens riches, il ne s'était jamais comporté comme tel.

N'étalant aucunement son argent, sauf chez lui, pour son plaisir personnel et intime. Il fallait dire que les accessoires BDSM étaient des plus coûteux. De plus, il était seul, et contrairement à certains, comme le russe en face de lui, il n'avait jamais envisagé de payer des gens pour le satisfaire de cette façon ou juste de faire office de simple présence. Ne jugeant pas ses amis comme inférieurs à lui. Il ne voulait rien du milieu dans lequel il était né. Il avait donné une chance à sa mère, mais bien évidemment, il aurait dû prévoir que son père allait profiter de l'ouverture qu'il avait laisser en baissant sa garde pour lui planter un couteau dans le dos.  

Le faire organiser une fête, faire son métier pour créer une belle robe à sa mère… Tout pour lui faire croire qu'ils avaient changés. Alors qu'en réalité, son père avait choisi une grande soirée exprès pour le prendre au piège. Il ne pourrait pas nier l'annonce faite devant autant de gens aisés après tout. Faute d'être la risée de ce milieu. Ce qui l'avait profondément angoissé. Lui n'était pas de nature à stresser, sauf quand cela concernait sa famille. Heureusement, grâce au couple d'hommes, il avait fait table rase de tout ceci dans sa tête, et avait pu leur tenir tête. Il se fichait des apparences, sauf… Que cela n'avait pas arrêté son père pour autant…
- Luciole ?… Tu es vraiment sûr que tout va bien ? demanda la petite voix inquiète, de sa meilleure amie.

À nouveau, il sorti de ses pensées, pour regarder autour de lui. Tous le fixait. Sans doute quelqu'un lui avait parlé avant elle, et comme il ne répondait pas, elle avait fini par lui demander si tout allait bien. C'est avec un sourire un peu honteux, parfait pour cacher son stress, qu'il attrapa sa longue queue de cheval coiffée en tresse. Depuis la soirée, il la coiffait ainsi, ça lui donnait un air féminin qu'il aimait beaucoup. Jouant avec les mèches de cheveux, sous la table, il prit encore la parole.
- On y va Erwann ?
- Pardon ? Ou ça ?

Euh, merde. Il avait raté quelque chose ?
- Eh bah… Au Clovis, abruti ! Pour ta réunion du personnel !… s'écria-t-il, presque énervé qu'il ose se défiler ainsi après une discussion si animée sur cette fameuse réunion.
- Mais Elliot, la soirée n'est pas finit. Il n'est même pas vingt-trois heures… intervint Absynthe.

Une sueur froide des plus glaciales coula soudainement tout le long du dos du styliste, le faisant se cambrer et presque gémir. Il était tellement absorbé par tout ce qu'il se passait actuellement dans sa vie qu'il n'avait même pas fait gaffe à ses amis. Pourtant, cela ne lui ressemblait pas. Habituellement, il était toujours disponible, jamais méchant, ni en colère. Ne faisant absolument pas étalage de ses problèmes personnels qui jusqu'à présent n'étaient pas si énorme et insoluble que ça. Il voulait avoir cette image de marraine la bonne fée pour son entourage. C'était l'idée, le modèle de l'ami qu'il souhaitait être. Mais apparemment, ce soir était une exception. Il n'y arrivait pas, son corps et son esprit lui refusait violemment ce rôle.
- Ah… Euh… Pardon, excuse-moi de m'être emporté, j'étais perdu dans mes pensées, je n'ai pas fait attention.
- Ne t'excuse pas. C'est à moi de m'excuser, parler du Clovis a dû te rappeler de mauvais souvenirs un peu trop violent, peut-être…, s'excusa avec sincérité le patron, qui semblait… Étrangement comprendre ce qu'il avait vécu dans cette chambre… Qu'avait bien pu lui faire Absynthe pour qu'il comprenne aussi bien ?

Il ne préféra même pas y penser en réalité. Lui souriant avec remerciement. C'était agréable, il fallait l'admettre, que quelqu'un lui dise qu'il pouvait comprendre. Sauf que son cerveau ne marchait pas comme ça. Connaître enfin la place de l'ami qu'on écoute plutôt que d'être l'oreille attentive lui faisait un choc. Un choc tel, qu'il repensa à ses parents. L'envie de pleurer le prenant violemment à la gorge. Produisant le bruit d'un sanglot, ses larmes éclatèrent sous la surprise de tous, qui se levèrent pour la plupart pour se rapprocher de lui. Erwann se levant pour laisser sa place à Absynthe.

C'était tellement inhabituel de voir Elliot pleurer que chacun avait été des plus alarmés et inquiet. On lui passait des mains chaudes dans le dos, le frottant pour le rassurer, le prenant contre soi pour qu'il se laisse aller, lui disant qu'ils étaient tous là pour lui. C'était tellement beau à voir. Il se sentait tellement entouré soudainement, que cacher tous ses problèmes ne semblait pas utile. Comme si soudain, il ressentait le besoin de se confier sur le plus grand malheur de sa vie…
- Je… Mes parents… Mes parents s'acharne sur moi, je n'en peux plus…
- Tes parents ? demanda surprise, Absynthe qui avait la mine aussi ébahie que Charlotte.

Aller, il fallait qu'il se calme. Après avoir essayé de calmer ses sanglots et de s'être mouché pour pouvoir parler, il baissa les yeux, jouant avec ce mouchoir entre ses doigts, nerveux.
- Oui… Nox' et Nathaniel sont au courant… Comme Billy et Niko'… Mais vous non… Mes parents se sont pointés il y a quelque temps… En fait… Ils m'ont retrouvé… Je suis de milieu aisé et je les fuis depuis dès années car mon père… Il… Il n'accepte pas qui je suis, il veut me modeler à son image…

Tous écoutait, attentif, Equinoxe le soutenant, une main sur son épaule pour l'encourager à en dire plus.
- Je pensais qu'ils m'avaient pardonnés. Qu'ils voulaient simplement passer du temps avec leur fils, car je leur manquais. Mais non… Finalement mon père m'a fait un coup de pute la semaine dernière… Je pensais qu'il allait baisser les bras et rentrer en Angleterre… Mais non… Tous les jours… Il m'appelle sur mon portable, sur mon fixe, même à la boutique, pour m'insulter de tous les noms. Comme quoi je suis un fils indigne…
- Il ne faut pas l'écouter Luciole… murmura Equinoxe. Tu es la personne la plus formidable que je connaisse…
- Oui… Peut-être… Mais comment veux-tu que je n'écoute pas !…

Ce fut Absynthe qui prit la parole, avec une voix aussi douce que celle de sa meilleure amie.
- Il essaye de te casser, pour te faire plier. Mais ça n'arrivera pas, d'accord ?

Elliot ne put que répondre par des grands signes de la tête, signifiant qu'il était d'accord, ses larmes coulant toujours en silence.
- Tous les soirs, je viendrais à la boutique et chez toi pour effacer les messages, sans que tu les écoutes, donc ne leur réponds pas et met ton téléphone en silencieux.
- Oui… Merci Absynthe… Merci…
- Mais ça ne va pas se calmer à force, alors, tu me donneras leur adresse de résidence actuelle. J'irais les voir, et je discuterais avec eux pour qu'ils te laissent à nouveau tranquille.

La phrase raisonna dans sa tête un long moment avant qu'il percute. Relevant son regard vers elle, il n'en croyait pas ses oreilles.
- Tu… Tu ferais ça pour moi ?…
- Bien sûr, tu es mon ami. Et j'ai commit de nombreuses erreurs avec mes amis. Je ne ferais plus cette même erreur.

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