Le Temple Maudit
Chapitre 1
Deux semaines plus tard. Dans un village proche du temple.
La tempête de neige sévissait depuis plusieurs heures. Nila avait marché dans le froid pendant longtemps pour arriver à ce village. La femme qui faisait partie de la section des Chasseurs de l’Agence ne pensait qu’à un bon repas chaud et une bonne bière. Lorsque son guide lui cria à travers la tempête qu’ils étaient arrivés, elle crut atteindre le nirvana.
Ils allèrent se réfugier dans la plus grande baraque du village. Pendant qu’il commandait à boire et à manger, son guide lui expliqua que cette baraque était utilisée comme mairie lors des évènements importants, mais que la plupart du temps c’était une auberge. Nila regarda autour d’elle. C’était pas bondé. Il y avait quelques hommes emmitouflés dans leurs peaux de yack tentant de se réchauffer. Dans une cheminée taillée avec style, un feu réchauffait la salle.
Les personnes présentes lui jetèrent quelques regards curieux mais ils reprirent leurs affaires dès qu’elle leur rendait le regard. Ils ne devaient pas beaucoup voir de femme noire dans le coin. Son regard farouche lui évitait de se faire ennuyer par les hommes.
- Votre ami n’est pas ici ? demanda le guide.
- Non. Il est toujours en retard.
- J’espère qu’il ne lui ai rien arrivé dans la tempête, pensa à haute voix le guide.
Le guide, qui s’appelait Nurbu, avait impressionné Nila par son endurance lors de la tempête de neige. Il portait plus de poids qu’elle, mais cela ne l’a pas empêché de revenir l’aider à plusieurs reprises. Il avait toujours un visage accueillant et souriant qui renvoyait des ondes de douceur et d’honnêteté, ce qui contrastait avec sa peau dure et tannée à force d’affronter les éléments. Il plaisait beaucoup à Nila, et elle sentait des papillons dans son ventre à chaque fois qu’il plissait ses yeux pleins d’étoiles pour lui sourire. Dommage qu’elle soit autant timide quand il s’agissait de séduire.
- Non, c’est un vaillant, il va s’en sortir, répondit-elle.
- J’espère, les montagnes sont parfois sans pitié. Maintenant qu’on est au chaud, vous n’allez toujours pas me dire ce que vous allez faire ici ? Vous n’arrêtez pas d’éviter la question depuis le début.
- Non, Nurbu. Je suis désolée, ce n’est pas contre vous, mais je n’ai pas le droit de vous en parler. Cela fait parti de mon métier.
- D’accord…
A ce moment-là, la porte de l’auberge s’ouvrit de manière spectaculaire. Une grande silhouette émergea à la lumière du feu. Emmitouflé dans de grosses peaux de yack, on aurait dit un homme de Cro-Magnon s’étant téléporté dans le temps. Il enleva ses peaux et dévoila un visage bourru, marqué d’une longue cicatrice qui tranchait son œil.
- Arthur ! l’appela Nila.
- My man !!! s’exclama-t-il.
Il remua sa tête chevelue et fit tomber de la neige partout. Il s’avança vers la table de Nila et Nubur. Il serra la main de Nubur et pris dans ses bras Nila.
- Ça faisait un bail qu’on n’avait pas fait une mission ensemble ! Ça fait du bien de te revoir Nila ! dit-il d’une forte voix qui emplissait la salle.
- Oui, je suis contente de voir que tu as traversé la tempête sain et sauf ! Assis toi, réchauffe-toi avec nous. Nubur, je te présente Arthur, mon coéquipier.
- Enchanté, dit Nubur, impressionné par la taille du grand homme. Où est votre guide ?
- Il a fait demi-tour. Il avait peur de se perdre dans la tempête.
- Vous avez fait le chemin tout seul ? demanda le guide, estomaqué.
Arthur soupira : « ouais, j’ai cru que j’allais crever plusieurs fois. »
- T’es un grand malade, dit Nila.
- Elle a raison, renchérit Nubur. C’est très dangereux de traverser la tempête sans connaître le chemin. Vous auriez pu mourir.
- Bah ! C’est pas aussi dangereux que de traverser le Sahara avec les djihadistes qui nous collait au cul, répondit Arthur avec un clin d’œil à Nila.
Celle-ci lui lança un regard sévère.
- Toujours aussi discret…
Les trois mangèrent en discutant. Ils montèrent ensuite dans leurs chambres respectives. Arthur s’écroula dans son lit et s’endormit tout de suite.
Nila et Nubur restèrent un petit moment à parler, sirotant une bière, la tempête de neige faisant fureur à l’extérieur.
Nila s’étira en baillant.
- Bon, Nubur, il faut que j’aille dormir, la traversée de la tempête m’a épuisé. Merci de m’avoir guidé, sans vous je ne sais pas comment j’aurai fait.
Sur le pas de la porte, Nubur lui prit les mains entre les siennes. Nila ne s’y attendait pas, elle sentit son cœur battre.
- Je suis heureux de vous avoir rencontré, Nila, dit-il en la regardant droit dans les yeux. Je ne sais pas ce que vous venez faire ici, mais je n’ai pas envie de vous quitter aussi vite. Peut-être avez-vous besoin d’un guide pour la suite. Je connais la région aussi bien que ma poche.
Nila sentait les mains chaudes de Nubur et cela lui fit du bien. Elle se sentit rougir.
- Je ne sais pas, il faut que j’en parle à mon co-équipier demain. Bonne nuit Nubur, dit-elle en se libérant.