Episode 6 : L'attaque du camp romain

Par Sin
  1. EXT. Forêt: Camp romain – NUIT 

 

Des flammes partout. Les tentes romaines brûlent tandis que les quelques soldats présents tentent d’éteindre les incendies, sans succès. Des cris de paniques se mélangent aux cris de douleur et d’agonie des soldats brûlés vifs. Un homme inconnu, torse nu et de dos, se tient devant le brasier, immobile et une torche à la main. Les flammes se reflètent dans ses yeux sans qu’il ne réagisse, il admire le spectacle. Vu de dos, révélant diverses marques et cicatrices parcourant tout son dos. Ses avant-bras sont fraîchement brûlés, un romain rampe jusqu’à ses pieds et agrippe sa cheville. Son visage, sali par la boue et les cendres, le montre terrorisé et à bout de force. 

Soldat romain 

Aidez... Aidez-moi... 

L’inconnu le prend à la gorge et le relève. Il lâche sa torche et attrape avec son autre main son épée et la sort de son fourreau. Le soldat bouge à peine, trop épuisé par l’incendie. L’inconnu le jette violemment par terre et l’achève en lui plantant son épée dans la poitrine. Les cris continuent. 
Au loin, un soldat parvient avec difficulté à s’échapper, boitant avec une jambe en sang et des cendres partout sur son uniforme. Il se retourne vers le camp et le regarde disparaître dans les flammes, il s’agit de Caïus Camilius. Il part et s’enfonce dans les bois.  

Générique de début. 

  1. INT. Château de Kaamelott: chambre d’Arthur – JOUR 

Arthur et Guenièvre sont allongés dans le lit, tous deux en tenue de nuit. Arthur fixe l’ouverture de la fenêtre, l’air inquiet. Guenièvre se réveille tout juste. 

Guenièvre (la voix encore fatiguée) 

Hmmm… Qu’est-ce qui s’est passé cette nuit ? C’est moi où on a entendu des cris ? 

Arthur 

Pas seulement. Les cris m’empêchaient déjà de fermer l’œil, mais en les ouvrant j’ai aperçu une lueur menaçante au loin. 

Guenièvre 

Ah bon ? Mais d’où ça venait ? 

Arthur 

Mais comment voulez-vous que je le sache, il faisait nuit, j’étais crevé et c’était à plusieurs lieues d’ici. 

On entend frapper à la porte de la chambre. 

Calogrenant (off) 

Sire ! Sire, c’est une urgence ! 

Arthur commence à sortir du lit. 

Arthur 

Je sens que ça concerne cette nuit. Et que ça va pas me plaire. 

Il se dirige vers la porte de la chambre. 

  1. INT. Château de Kaamelott: couloirs des chambres – JOUR 

Calogrenant se tient devant la porte de la chambre. Des cendres et du sang recouvrent son visage et ses mains. Arthur ouvre la porte, encore en tenue de nuit. Il aperçoit le sang et les cendres sur Calogrenant et écarquille les yeux. 

Arthur 

Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! Qu’est-ce qui vous est arrivé ? 

Calogrenant 

Ce n’est pas moi, Sire. Il faut que vous veniez. Et tout de suite. 

Arthur 

Mais où ? 

Calogrenant 

Un camp romain a été attaqué dans la nuit. Complètement rasé. 

Arthur 

Quoi ?! Mais qui a fait un truc pareil ? 

Calogrenant 

C’est justement pour ça que je suis venu à vous, Sire. L’un des romains a survécu, c’est votre ami Camilius. Il est venu frapper à nos portes peu avant l’aube, nous demandant de l’aide. Il vous attend dans la salle du trône. 

Arthur 

Merde. Bon. Seigneur Calogrenant, allez-y et dites-lui que j’arrive. Je mets une meilleure tenue et je vous rejoins. 

Calogrenant 

Bien, Sire. 

Arthur 

Et faites venir Merlin, qu’il puisse le soigner, enfin en espérant qu’il puisse le soigner. Et traînez pas. 

Calegronant hoche la tête et s’en va. Arthur retourne dans la chambre et ferme la porte. 

  1. INT. Château de Kaamelott: Salle du trône – JOUR 

Camilius est allongé sur une table, très mal en point. Merlin est debout à côté de lui, au niveau de sa jambe blessée et en train de la soigner. Calegronant et Léodagan sont assis à la même table. Arthur, en tenue, arrive dans la salle et constate l’état de Camilius. 

Arthur (à Caïus) 

Bon dieu ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! 

Merlin 

Mais doucement ! Vous voyez pas qu’il est mal, regardez sa jambe. 

Arthur 

Oui, bah sa jambe, on voit que ça. Ça lui a pas ôté la parole, que je sache. 

Merlin 

Bah... Aux dernières nouvelles, non. 

Caius (la voix très fatiguée) 

Non, mais c’est bon. Je peux parler. Mais faîtes gaffe, aussi vous. A moins que vous vouliez m’arracher la guibole. 

Merlin 

Oui, bah ça va, hein ! Je fais ce que je peux, mais si vous n’arrêtez pas de bouger on va pas s’en sortir. Tâchez de vous ménager. 

Léodagan 

Mais dites-vous bien que ça aurait pu être pire, mon petit pote. Bien pire. Si ça n’avait tenu qu’à moi, vous seriez démembré à l’heure qu’il est. Et ça, juste pour avoir franchi l’enceinte du château. 

Arthur 

Oui, euh... Beau-père, là exceptionnellement on va se passer de vos commentaires. Vos réponses à la je-crame-tout, vous vous les gardez. 

Calegronant 

Je suis assez d’accord, Sire. Si c’est une ruse, un plan des romains, on ferait mieux de le balancer dans le caniveau. 

Caius 

Mais une ruse de quoi ? 

Léodagan 

Une ruse de pute de romain pour nous casser les noyaux comme vous le faîtes depuis toujours. 

Arthur 

Je connais Caius, et c’est pas vraiment le genre à s’automutiler pour nous amadouer. Bon. Qu’est-ce qui s’est passé, cette nuit ? 

Caius 

Mais j’en sais rien, moi. Tout s’est enchaîné trop vite. Un type a débaroulé de nulle part, à quatre plombes du matin. Il a neutralisé tous les gardes, et a foutu le feu au campement. Qu’est-ce que voulez de plus ? 

Léodagan 

Mais de toute façon, qu’est-ce que ça peut nous foutre, que son camp ait été attaqué ? 

Arthur 

Je vous rappelle, bande de poissons rouges, que la Bretagne est une nation fédérée à Rome. Et l’attaque de ce camp représente une offensive délibérée contre Rome. C’est une faute lourde, très grave qui pourrait nous mener à des représailles du genre violent. Ça vous aligne les globes, maintenant ? En particulier si le responsable vient de chez nous. D’ailleurs, qui c’était ce type ? 

Caius 

J’en sais rien, moi. Il faisait nuit, j’étais à peine réveillé. J’ai pas pu voir son visage. 

Arthur 

Mais... Rien qui puisse nous aider ? Combien vous étiez dans ce camp ? 

Caius 

Bah... Quand les incendies se sont déclarés, j’ai juste pu voir de loin, mais les flammes rendaient le tout trop flou. Et on devait être une bonne dizaine. 

Arthur 

Vraiment rien ? 

Caius (la voix de plus en plus faible) 

Je ne l’ai vu que de loin, mais je crois aussi avoir vu des sortes de brûlures sur le haut du dos. Mais rien d’autre, pas de visage, que dalle... vraiment riennnn… 

Caius s’endort sur la table. 

Arthur (commençant à paniquer) 

Caius ? Caius ?! 

Merlin 

Pas de panique, il s’est simplement endormi. Vous imaginez bien qu’après avoir cavalé dans les bois toute la nuit dans cet état, monsieur ne tienne plus debout. 

Léodagan 

Mais vous pouviez pas lui donner un truc pour lui donner un coup de fouet ? Parce que là, avec ce qu’il nous a donné, on va pas vraiment s’en sortir. 

Merlin 

Le forcer à rester éveillé ? Non mais vous êtes pas bien. Son cœur tiendrait pas et il claquerait dans l’heure, voire dans la minute. 

Arthur 

Et on serait encore moins avancés. 

Merlin 

Exactement. Maintenant, je vais vous demander de le laisser. Il doit se reposer. Allez, du balai, de l’air. 

Arthur 

Nous, on va le laisser, et vous, tâchez de pas le laisser crever.(à Léodagan et Calegronant) Que tous les chevaliers présents dans le château se réunissent à la Table Ronde. 

Léodagan 

Vous pensez vraiment à ces glands pour résoudre ce problème ? 

Arthur 

Ce sera toujours mieux que ne rien faire ou attendre que la situation empire. Maintenant secouez-vous l’oignon, tous les deux. 

  1. INT. Château de Kaamelott : Table Ronde – JOUR 

Autour de la Table Ronde, Arthur, les chevaliers Léodagan, Calegronant, Amaury, Lancelot, Bohort, Perceval et Karadoc sont assis, en armure. Le père Blaise est debout derrière son pupitre, des parchemins disposés dessus. Arthur regarde autour et constate qu’il manque des chevaliers. 

Arthur (au Père Blaise) 

Mais... C’est moi où il en manque ? J’avais pourtant demandé TOUS les chevaliers présents. 

Blaise 

C’est-à-dire que tous les sièges sont pris, Sire. On ne peut pas vraiment en accueillir davantage. 

Arthur 

Non, mais là, exceptionnellement ils se seraient tenus entre les sièges. Parce que là, c’est une situation exceptionnelle, donc on prend des mesures exceptionnelles. (A Léodagan) Beau-père, il m’a semblé avoir vu votre fils, il est où encore ? 

Léodagan 

J’en sais rien. Je lui ai vaguement expliqué la situation, il m’a dit “Si c’est pour que j’aille me brûler par le feu, je préfère rester dans ma chambre.” 

Arthur 

D’accord, bon lui on l’élimine. Et je parie qu’il est allé voir son pote Gauvain et que celui-ci est resté avec lui. 

Lancelot 

Sire, sommes-nous obligés de leur chercher des excuses ? On devrait peut-être se concentrer sur le problème. 

Blaise 

Je suis assez d’accord. La situation est plutôt problématique, pour ne pas dire critique. 

Arthur 

Pas faux. Bon tout le monde a plus ou moins compris le problème ? 

Tous les chevaliers acquiescent. Amaury lève la main et prend la parole.  

Amaury 

On a bien compris, mais j’ai encore du mal à comprendre en quoi ça nous concerne. 

Arthur 

Mais qu’est-ce que vous avez du mal à comprendre ? 

Amaury 

Aux dernières nouvelles, Rome, ou du moins ce qu’il en reste, ce sont les ennemis du monde breton.  Pourquoi on ne peut pas considérer cette attaque comme une victoire ? 

Léodagan 

Eh bah vous, on sent que vous avez mis les pieds en terre inconnue. 

Amaury 

Eh bien allez-y, monseigneur Léodagan, expliquez-moi. Je suis tout ouïe. 

Léodagan 

Mais vous vous démerdez, mon petit pote. 

Arthur 

Est-ce que, exceptionnellement, pour une situation pareille, vous pourriez mettre vos différents de côtés ? Est-ce que c’est trop demandé ? A toujours vous chercher des crasses, ça vous fatigue pas ? Et ça vaut de même pour tout le monde ! La situation est suffisamment grave comme ça, on va avoir besoin de tout le monde !! 

Amaury et Léodagan 

Pardon. 

Arthur 

Et pour répondre vite fait au seigneur Amaury, il s’agit d’un acte terroriste infligé à l’encontre de Rome, qui, je vous le rappelle, est à l’origine de la fédération bretonne. Et non seulement le responsable de cette attaque est dans la nature, mais il risque la survie de la Bretagne. Nous devons découvrir le responsable, et rapidement si nous ne voulons pas risquer un conflit ouvert avec Rome. C’est plus clair, maintenant ? 

Amaury 

Oui, sire. En gros, c’est la merde. 

Blaise 

En gros. 

Amaury 

Cela dit, des romains en moins ça nous fera de l’air. 

Léodagan 

Ne plus vous entendre aussi, je vous ferais remarquer. 

Arthur 

Mais bouclez-la, bon dieu ! 

Lancelot (à Arthur, voulant recentrer le sujet) 

Est-ce qu’on sait s’il y a des survivants, autre que Caius ? 

Arthur 

Bonne question. A l’heure actuelle, aucun n’a donné signe de vie. Et d’après Caius, ils étaient environ une dizaine dans le camp. 

Lancelot 

Ce que je propose de faire, sire, ce serait de nous rendre au camp. Même s’il a été rasé, il doit forcément y rester des traces, ou des indices qui nous permettraient de retrouver les survivants. 

Arthur 

Bonne initiative, seigneur Lancelot. Qui en est ? 

Bohort commence à avoir le visage pâle.  

Bohort 

Nous y rendre ? Avec tous les potentiels cadavres que nous y trouverons ? Ainsi que toutes les traces de violence ? 

Amaury 

Il va bien falloir se faire à l’idée que tous les romains n’aient pas survécu, seigneur Bohort. Certains y sont sans doute restés. 

Perceval 

Bah, c’est plutôt une bonne chose s’ils y sont restés. On pourra les interroger.  

Lancelot 

Je crains que non, andouille. 

Perceval 

Bah pourquoi ? 

Karadoc 

Ils y sont peut-être, mais comme ce sont des ennemis, ils voudront pas dire grand-chose. 

Perceval 

Ah ouais, j’y avais pas pensé. 

Léodagan 

Ce qu’a voulu dire le nouveau, c’est qu’il est fort probable qu’ils soient tous morts. Alors, pas trop d’espoir, mes cons. 

Bohort est de plus en plus mal à l’aise en entendant ces mots.  

Bohort 

Tous morts ? Euh... Sire ? 

Arthur 

Quoi ? 

Bohort 

Ça vous embête si je m’évanouis, là maintenant ? Rien qu’à l’idée de joncher des corps sans vie, j’ai des vertiges. 

Arthur 

Bon, voilà ce qui va se passer. Les seigneurs Léodagan, Lancelot, Calegronant et Amaury, vous viendrez avec moi au camp romain. Histoire de voir ce qu’on peut y trouver. Quant aux seigneurs Bohort, vous accompagnerez Perceval et Karadoc dans les villages environnants, et vous questionnerez les habitants au sujet de cet incendiaire. Des fois qu’ils aient vu quelque chose qui pourrait nous aider à le trouver. 

Bohort 

Merci de m’épargner ces visions d’horreur, Sire. Nous ferons de notre mieux. 

Amaury 

Je me demande ce qui sera le plus difficile dans votre mission. Leur faire comprendre vos questions ou comprendre leurs réponses ? Je vous souhaite bon courage, seigneur Bohort. Faites de votre mieux. 

Arthur 

J’espère bien. Je vous fais confiance, à tous les trois. 

Karadoc 

On peut commencer par la taverne, si vous le souhaitez. 

Amaury (sur un ton très sarcastique) 

Et passer pour des rince-pintes, très bonne idée. Hésitez pas à regarder bien en dessous du purin, peut-être que l’incendiaire s’y trouvera. 

Karadoc (bégayant) 

Merci du conseil. 

Arthur 

Non, sans déconner si vous allez à la taverne et que j’apprends que vous y avez passé plus de temps à picoler qu’à interroger la populace, je vous flanquerai mon pied au cul, à tous les trois. C’est clair ? 

Karadoc et Perceval (en même temps) 

Oui, Sire. 

  1. EXT. Forêt: camp romain – JOUR 

Arthur, Léodagan, Lancelot, Calegronant et Amaury marchent et arrivent au camp rasé. En voyant les ruines qui en restent, l’effroi se lit sur leurs visages. 

Lancelot 

Par tous les saints... 

Calegronant 

Sire, vous escomptez toujours trouver des survivants dans ces ruines ? 

Arthur 

Il n’y a qu’une façon de savoir. Allons-y. 

Les cinq chevaliers s’approchent des ruines et se frayent un chemin dans les décombres. Ils examinent les corps les uns après les autres. 

Amaury 

Rien à faire pour celui-ci. 

Léodagan 

Celui-là n’est plus à sauver. 

Lancelot 

Pareil ici. 

(À Arthur) 

Sire, il semble évident que nous n’en trouverons aucun. Regardez cette endroit. 

Arthur ne répond pas, se tenant devant la tente de commandement qui lui paraît familière. Il entre dedans. 

Générique de fin. Les crédits défilent. 

  1. INT. Camp romain: Tente de commandement – JOUR 

Arthur entre dans la tente et observe la décoration. Elle est identique à celle de son arrivée en Bretagne. Rien ne semble avoir brûlé et au milieu se tient un plastron romain ainsi qu’une bague. Arthur s’en approche et reconnaît le plastron, à ses couleurs et ses motifs, comme celui que portait Macrinus. Mais il reconnaît aussi la bague comme étant celle de son mariage avec Aconia. Il les observe attentivement. 

Macrinus (off, dans la tête d’Arthur) 

Quand j'ai été affecté ici, j’ai cru que c’était une punition. Puis on m’a expliqué que c’était un honneur. Et toi ? T’as pas l’impression que c’est une punition ? C’en est une. 

Amaury (off) 

Sire ? Vous êtes là ? 

Amaury entre à son tour dans la tente, suivi de Léodagan. Ces derniers observent à leur tour que cette tente est intacte. Arthur s’empresse de cacher la bague. 

Léodagan 

Ils ont des tentes renforcées, maintenant ? Y a rien qui a cramé ici. 

Amaury 

Sans déconner, j’avais pas remarqué. Merci pour vos yeux de lynx. 

Arthur 

La ferme, tous les deux. Tout a été installé APRÈS l’incendie, c’est évident. 

Amaury 

Pourquoi l’incendiaire aurait fait ça ? 

Arthur se relève et montre aux deux chevaliers le plastron. 

Arthur 

J’en sais rien. Mais je sais où aller et à qui demander. En espérant que cela ne soit pas ce que je crains. 

Léodagan 

Et pourquoi vous nous montrez ce plastron ? Vous savez à qui il appartient ? 

Amaury 

C’est quand même pas à vous, Sire ? Si ? 

Léodagan 

Et pourquoi ce serait à lui ? 

Arthur 

Non, ce n’est pas à moi. Mais je vais devoir partir. 

Amaury 

Mais pourquoi faire, Sire ? 

NOIR 

Arthur 

Parce que je sens que cette affaire d’incendiaire risque d’être longue. 

FIN 

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