La gare approche. J’ajuste ma vieille casquette de conducteur – vestige familial qui me sert de grigri – sur mes rares cheveux bruns. Il fait encore froid malgré l’arrivée du printemps et puis j’essaie de me concentrer sur autre chose que sur ce nez qui me chatouille.
Il ne faut pas que je rate la marque qui indique que le freinage peut commencer. Il faut aussi que je sécurise la voie, la sortie des usagers. Un vrai casse-tête avec ce nez perfide.
Renifler pour la cent cinquantième fois depuis le début du trajet, il y a trente-huit minutes, ça me soûle au plus haut point. Et encore, j’ai fini d’éternuer comme un possédé.
J’essaie d’éviter le fiasco de la semaine dernière :
« Mesdames et messieurs, le train arrive en gare du Nord. Atchoum, atchoum. Veuillez attendre… atchoum l’arrêt de l’appareil et l’ouverture des portes. »
Pourtant je la sens, cette goutte pleine de menace qui jure par tous les dieux qu’elle parviendra à se jeter du haut de mon mètre quatre-vingt pour une chute fatale, celle qui la verra s’écraser sur le sol dans un concert de mines dégoûtées.
Un genre de Fuck le système mais à l’échelle de mes allergies.
Marius me tend un mouchoir. C’est mon second. Il grimace à chaque fois que j’éternue. Et pas juste le petit regard blasé, non, une répulsion sauvage, un genre de phobie.
Je glousse en essuyant la goutte rebelle.
Sacré Marius. Il est d’habitude tout mon contraire : posé, silencieux, lisse d’expression comme de caractère, ses cheveux noirs gominés, son costume impeccable. Il a un côté gendre idéal.
On s’imagine souvent que c’est lui le conducteur. Il en a la prestance, le phrasé puissant.
Et puis, on comprend que c’est moi, avec ma vieille casquette, ma veste rapiécée et mon visage ridé, qui vais conduire ce train jusqu’à sa prochaine destination. Ma foi, entre deux mouchoirs et quatre éternuements, je m’en sors toujours plutôt bien.
J'espère que tu as encore d'autres idées pour ce recueil de nouvelles car c'est vraiment bien, tous tes personnages sont différents et originaux, et ton écriture et vraiment agréable et pertinente!
A bientôt ^^
J'en ai pas d'autres en stock pour l'instant. J'essaie de finir la relecture et les premières petites corrections de Christmas Barbarians avant de le mettre en pause et de m'attaquer à un autre projet.
Mais j'ai le début d'une nouvelle qui parle d'un grain de poussière et de sa vie palpitante ^^
À très vite !
(Je file lire la suite de ton roman.)
Je vais pouvoir m'attaquer à un autre de tes ouvrages alors ^^
A très vite
Claire
Tu parlerais de quoi toi, si tu devais faire un portrait lié à la gare ? (Je cherche un peu l'inspiration en ce moment)