Et si la vie existait ailleurs ?

Nous trinquons et buvons cul sec. L'effet est immédiat. Les corps se convulsent et se durcissent. Les yeux se révulsent et la minute suivante nous retrouvons le palais de « Dieu ». 

L'analyse des fragments prend beaucoup de temps. Nous commençons à nous ennuyer et pour tuer le temps, nous essayons d'imaginer un Nouveau Monde dont on serait les instances. Nous nous prenons au jeu. Mais très rapidement, nous comprenons ce qu'il se passe ici haut. Faire cohabiter des planètes, même factices, n'est pas un jeu d'enfant. Les matières d'Univers sont instables et les planètes ont trop d'influence les unes sur les autres pour pouvoir permettre à chacune d'être libre de son activité. Les tensions s'expliquent. Si la vie est apparue sur Terre, elle n'aurait pas pu habiter les planètes voisines de la même façon. Cela aurait été néfaste à l'équilibre trouvé dans la galaxie. J'interviens :

- « Dieu » a eu de la chance. Sa planète est juste bien située pour y développer de la vie facilement. Il a pris les autres instances de court. Mars a de l'eau sur son sol, mais son arrivée a été beaucoup moins simple que sur Terre et « Dieu » a rapidement assouvi sa domination en termes de vie planétaire.

- Et cela expliquerait un comportement jaloux de la part d'une autre instance – intervient Lucy.

- Oui, mais qui ? L'installation qu'on a trouvée était d'origine humaine – coupe Noé.

- Mais quel genre d'humain ? – reprend Léa – et si la vie s'était développée ailleurs ? Dans une autre galaxie ?

- Et l'auteur de nos faits aurait pris contact avec l'instance responsable pour lui prêter un « humain » qu'il a installé dans Terre pour réaliser sa mission...

Tout le monde acquiesce ma conclusion. La piste semble solide. Sans attendre, nous rapportons notre trouvaille à Adam. L'idée le pique. Son regard s'illumine dans un premier temps et s'assombrit aussitôt. Sa voix prend un ton grave.

- Ce que vous vous apprêtez à faire ne sera pas aisé. Vous aurez le temps pour le faire. Je m'arrangerai pour faire trainer les procédures avant la grande réunion.

- Savez-vous quelle planète a des êtres doués d'une intelligence suffisante et d'une résistance particulière pour réaliser cette mission ? — osé-je

- Je n'en ai aucune idée. Il est vrai que seule une sorte de vivant spécifique a été capable de survivre à cette mission. Mais de là à vous dire laquelle... Mais prenez le temps de vous renseigner avant de partir tête baissée. Je vais vous autoriser l'accès aux archives planétaires pour que vous puissiez commencer votre enquête.

On ne se fait pas prier. La salle des archives planétaires est immense. Les murs mesurant plus de 20 mètres de haut sont tapissés de tiroirs classés en fonction de la Galaxie, du nom et de la présence ou non d'être vivants. La première étape est de trouver la fiche de Terre. Pour savoir à quelles conditions notre criminel devait résister, nous devons les trouver.

Seule, cette recherche nous prend l'espace de trois ans. Mais ici haut ça ne compte pas.

Léa trouve enfin. Le noyau de Terre est particulier. Non seulement il est extrêmement chaud, mais le temps agit aussi autrement en son sein. Véritable planète au cœur d'une autre, le noyau de Terre possède son propre équilibre dans son propre système. Donc, le seul moyen d'y entrer c'est soit comme nous l'avons fait soit par le biais d'une instance. Cela commence à confirmer notre piste. Maintenant, nous savons que nous devons trouver un être capable de survivre dans une chaleur avoisinante celle du soleil. Mais cette dernière information me fait sursauter.

- Et nous ? comment se fait-il que nous ayons su survivre ? Quelque chose cloche. Nous savions mourir, car c'était le moyen de partir. L'atmosphère du noyau nous aurait directement tués en temps normal. – interpellé-je

- C'est vrai, ce n'est pas normal – renchéri Lucy – renseignons-nous encore, il doit exister une exception dans le système de ce noyau.

Les recherches prennent encore trois ans à nouveau. Mais bon... vous le savez maintenant.

À nouveau, c'est Léa qui trouve l'information que nous cherchons. Il existe bien des exceptions. Près des puits énergétiques, où nous avions trouvé la machine, l'atmosphère est viable, au moins pour un certain temps, car des gaz nocifs restent présents dans l'air. À terme, nous aurions péri là-bas. Donc nous cherchons maintenant un être capable de survivre longtemps à cette atmosphère et assez doué pour fabriquer la machine et l'utiliser.

- Cela réduit déjà le champ des recherches ! – crie Léa, déjà perchée sur une des imposantes échelles mises à disposition dans la salle.

Devinez combien de temps encore il nous a fallu pour faire cette recherche ? Bien. Et doutez-vous qu'ici... Enfin bref, voilà.

Et aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est encore... mais enfin ! C'est moi qui raconte ! Oui encore Léa...

Bref. La recherche est fructueuse. Nous trouvons enfin un suspect. La planète en question est née dans une Galaxie très éloignée de la nôtre. Cependant, cette dernière est beaucoup plus vieille et entame sa phase terminale. Dans cet état, la vie ne doit plus exister sur sa croûte, léguant probablement cette chance à une autre planète dans son système. Autre chose que nous découvrons : une planète en fin de vie est écartée de son orbite initiale (ce qui tue les restes de vie encore présents). Cette action permet aux autres planètes de s'arranger entre elles pour retrouver un équilibre. Si les règles sont bien établies, cela se passe sans le moindre heurt.

Cette planète se nomme « Dernier Bang ». Elle est l'ultime descendante de « Big Bang », cette super-planète qui a donné vie aux autres galaxies en mourant. Les planètes de type « Bang » ont été les laboratoires en temps réel des instances pour créer les meilleures planètes que possible pour constituer Univers comme on le connait. Cette planète a été le laboratoire de la vie. Cela explique sa possible implication dans notre affaire. Nous pressentons que l'instance chargée de la planète n'est pas le responsable, mais il saura peut-être nous dire qui a repris le genre vivant que nous cherchons.

Pour y accéder, nous apprenons qu'il existe un portail. Seul hic, il est bien gardé. Trop bien gardé même et au vu des tensions actuelles, cet endroit est devenu très sensible. Il faut ruser. Pour que nous puissions passer, nous devons motiver nos intérêts devant une assemblée impressionnante. Les débats durent également trois ans.

Nous obtenons un laissez-passer. Nous sommes dirigés vers les instances responsables de la galaxie hébergeant « Dernier Bang ». La sensation du passage est étonnante. Chaque atome de notre corps se décompose pour se recomposer de l'autre côté. Pratiquement, nous ressentons une petite décharge électrique et un bref étourdissement. 

 

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