État du monde en 2086

Notes de l’auteur : Premier des deux textes d’introduction

Retrouvée dans les ruines du quartier général civil de l’armée spatial à Sydney, cette transcription tapuscrite du discours de Ernst Kofer est un document exceptionnel. En effet, il est le dernier document sur l’état de la planète et les solutions qui étaient proposées avant la dernière guerre humaine de 2094.

Mesdames, Messieurs,

Nous pouvons dire maintenant que la maison a brûlé et que nous avons regardé ailleurs. Ce qui, il y a encore quelques générations, n’aurait pu être qu’une sombre dystopie est devenu notre quotidien. De grandes surfaces de notre planète sont désormais inhabitables pour l’homme, et ce, non seulement du fait du réchauffement climatique galopant que nous avons connu et que nous connaissons encore, mais aussi des guerres qui ont ponctué le XXIe siècle.

Depuis le début du siècle, un quart des espèces animales et végétales ont disparu et les prospectives nous annoncent que si rien n’est fait, un autre quart disparaîtra avant la fin de celui-ci. Il est désormais plus que probable que notre espèce ne verra pas la fin du XXIIe siècle ! Et ce si rien n’est rapidement et sérieusement envisagé pour enrayer la dégradation rapide de notre biosphère.

L’avenir s’annonce donc sombre… Nous pourrions assister avant la fin de notre propre vie à un monde où la diversité biologique sera ramenée à celle qui existait après la chute de la météorite qui annonça le début de l’ère tertiaire : il y a 66 millions d’années.

Si au début du XXIe siècle, les efforts envisagés pour préserver notre biosphère pouvaient, selon nos critères actuels, être minimes, il n’en est plus de même aujourd’hui.

De fait, si je me tiens aujourd’hui devant vous, ce n’est pas uniquement pour brosser un triste tableau de notre monde, mais aussi pour vous proposer des solutions, dont certaines auraient dû être appliquées, dès le début du siècle. Car certaines de ces voies auraient limité l’empreinte de l’homme sur ce qu’il convient d’appeler, sans plus aucun doute possible : l’anthropocène.

Pourquoi ces solutions n’ont-elles pas été appliquées ? Probablement pour des motifs qui aujourd’hui nous sembleraient futiles et qui étaient souvent liés à leurs impacts économiques. Mais aujourd’hui, la question ne peut plus se poser étant donné l’urgence de la situation.

En effet, si nous voulons sauver notre espèce et notre biosphère, nous le pouvons encore ! Même si celle-ci ne redeviendra jamais comme celle qu’ont connue nos parents et nos grands-parents. Mais pour arriver à reconstruire notre monde, un plan à l’échelle de la planète et d’une fermeté jamais vue dans l’histoire humaine devra être mis en œuvre.

Tout d’abord, nous devons limiter notre population. Même si elle n’est plus aujourd’hui que de 2 milliards, cela reste trop pour nos ressources limitées. En effet, les études nous ont permis de définir qu’afin que nos enfants aient des conditions de vie supportables, je dis bien supportables. ! Il nous faut amener ce chiffre à seulement 1 milliard. Mais pour une fois, ne faisons pas cette réduction de population par la guerre !

Car toute nouvelle guerre qui éclaterait sur notre terre ne ferait que nous emmener toujours plus proche du tombeau !

 De fait, seule une limitation des naissances est désormais possible.

Ensuite, il est temps de comprendre que pour que nous puissions survivre en tant qu’espèce, il faut que notre biosphère nous survive.

Pour cela, un plan en trois parties doit être mis en œuvre :

Premièrement, ne plus gaspiller nos maigres ressources en de futiles banquets comme on l’a vu trop souvent dans l’histoire humaine.

Pour exemple, l’aluminium qui était encore relativement abondant au début du siècle a presque été entièrement dilapidé dans des objets à usage unique, rarement recyclé.

Deuxièmement, redonner à la nature sauvage le droit d’exister dans nos sociétés.

Pour ce faire, créer d’immenses zones où l’homme n’aura plus le droit d’intervenir pour quelques raisons que ce soit. Mais ce point ne pourra être réaliste que si nous nous engageons à recréer par génie génétique ou par transplantation, les espèces que nous et nos parents avons fait disparaître.

Le troisième et dernier point pour sauvegarder notre biosphère est peut-être le plus important et le plus ambitieux de tous.

Il s’agit tout simplement de coloniser l’espace proche pour y exploiter et raffiner les ressources naturelles que l’on peut y trouver. Et ce pour nous permettre de continuer à nous développer sans jamais prélever la moindre once de matériaux sur Terre. En effet, nos mines et usines ont provoqué dans notre histoire la destruction de trop grandes zones de notre planète.

Nous devons donc dire adieu à nos industries à la surface terrestre et déplacer celle-ci à la surface de corps stellaire inerte.

Ces points peuvent paraitre simples ou extrêmement complexes selon le point de vue, mais ce n’est qu’ainsi que nous aurons une petite chance de sauvegarder ce qui fait de notre planète la perle de son système solaire : la présence d’une biosphère riche et variée, et donc de pérenniser, par effet domino, la survie de notre propre espèce.

Si jamais nous n’arrivons pas à faire ces quelques pas, non seulement utiles, mais également indispensables à l’échelle mondiale pour notre survie, je peux, sans avoir besoin d’une quelconque forme de voyance, vous annoncer que nous vivons actuellement les toutes dernières décennies de l’humanité sur Terre.

 

  Ernst Kofer

28 Juin 2086

      Sydney

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ZeGoldKat
Posté le 18/10/2022
Salut,
Toujours intéressant de lire comment les auteurs projettent la suite de l’humanité. L'exercice de pensée a quelque chose d'inquiétant, j'oserais pas m'y essayer personnellement haha, mais du coup lire les projections des écrivains (plus courageux que moi, pour s'y essayer) c'est stimulant.
Je pense que "En effet" au tout début est superflu. L’enchaînement est déjà logique. Pour les guerres aussi ça aurait été cool de les développer un peu sans forcément trop entrer dans le détail. C’est pas l’actu qui manque pour s’inspirer malheureusement. Genre guerres des superpuissances au travers du numérique en mode guerre froide. Les guerres lancées par Poutine. Les combats côté Moyen Orient. Quelles conséquences auront ces guerres sur l’humanité à ce moment-là ? On parle quelle langue ? C'est toujours l'anglais qui est hégéminique ? Le discours là par exemple, c'est en quoi qu'il est prononcé. Quel genre de parti politique a le vent en poupe dans le monde ? Quid des mouvements de population ?
Ok je vais peut-être un peu loin et si ça se trouve ton texte apportera des pistes plus tard, mais je voulais quand même livrer mes sentiments de lecteur curieux.
Pour "66 millions d’années" ça passe mieux écrit en lettre je crois. Et petit truc aussi, pour un discours ça pourrait avoir plus de punch. Genre avec des questions oratoires pour relancer l’attention, un peu plus d’exclamations, de jeux sur des structures parallèles style "Accepterons-nous que…. ? Accepterons-nous que… ?"
Sinon j’aime bien. Je suis curieux des solutions que la suite du texte va illustrer. Et comment ça va foirer surtout, sinon il n’y aurait pas d’histoire haha. Bref les thèmes sont cool. J’attends de découvrir quels genres de personnages tu vas installer dans cet univers.
A tantôt
Edouard PArle
Posté le 06/06/2022
Coucou !
C'est original comme prologue. Au vu du propos, ça aurait pu être ennuyeux mais je trouve que tu tournes bien la chose, c'est intéressant et percutant. Et pas tant éloigné de ça de ce qui se dit aujourd'hui, en terme d'écologie.
Après une telle entrée en matière, je suis curieux de voir où tu vas nous emmener. Sur une SF post-apocalyptique ? On verra...
Ton style est agréable à lire.
Une petite remarque :
"est un document exceptionnel, en effet" point après exceptionnel et virgule après en effet ?
Un plaisir,
A bientôt !
Liame Xerwake
Posté le 07/06/2022
Bonjour

Merci pour le problème de ponctuation, je viens de le corriger (dire que je l’avais relue).
Sinon, pour le postapocalyptique ça sera amené par petite touche, car les personnages n’ont connu que ça dans leur vie. Donc ce qui pour nous est du postapocalyptique et pour eux leur quotidien.
Au plaisir
Edouard PArle
Posté le 07/06/2022
Tout à fait !
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