— Commandant Morthon. J’ai une requête de la commandante O’Brian.
La voix, terriblement neutre et lente de Prisma, m’étonne. Serait-iel un peu fatiguæ aujourd’hui ? Je hausse un sourcil, surpris par cette pensée qui ne m’aurait jamais effleuré auparavant. Enfin, avant que je ne m’aperçoive que mon IV de bord, véritable machine de guerre, était douée d’une conscience semblable à la mienne. Si ce n’est plus.
— Je t’écoute…
— Elle vous demande de la rejoindre le plus rapidement possible à l’État-Major. Une réunion, apparemment.
Je hausse un sourcil. Je n’ai peut-être pas le planning en tête, mais il me semble qu’aucune réunion de ce genre n’ait été prévue. Auquel cas, j’aurais planifié un rappel et n’aurais certainement pas eu de mission ce jour. Je fronce légèrement des sourcils et ordonne à mon pilote officier de nous amener à Pretoria.
Quand nous arrivons, l’été nous accueille. Il continue tranquillement sa course en Afrique du Sud, sans que la météo ne soit aussi impitoyable qu’en Angleterre. Les canicules sont annuelles, on a appris à vivre avec. Et les choses iront de mal en pis.
Quand le vaisseau se pose sur la baie d’amarrage qui lui est dédié, c’est d’un pas décidé que je quitte la frégate. J’aperçois très rapidement la silhouette massive de Reita Nakamura, l’officier commandant du SSAS Megara. Et, un peu plus loin, le chignon rouge vif de ma fiancée se détache nettement de la foule qu’elle traverse tel un transperceneige. Elle est en rogne, sans aucun doute. Nous sommes obligés de presser le pas, avec Reita, pour la rattraper. Et arrivés à sa hauteur, ni lui ni moi ne souhaitons parler, pour la simple et bonne raison que la rage d’Eireann est telle qu’elle me glace le sang.
Je ne me rappelle pas l’avoir vu dans un tel état. Enfin… Si. La dernière fois que je l’ai vu comme ça, c’était à la mort de son père. Je tente de lui parler, elle ne me répond pas. Elle ne m’écoute même pas. Son esprit doit être entièrement tourné vers la colère qui l’anime.
Les locaux de l’organisation militaire se dressent fièrement, ses trois tours s’élevant vers le ciel comme si elles cherchaient à en crever la voûte. Je ne m’intéresse pas plus à l’architecture, oblitérant rapidement l’effet d’écrasement que le bâtiment a toujours eu sur moi. Après avoir passé le contrôle de sécurité, l’androïde d’accueil qui récupère nos noms s’étonne :
— Aucune convocation ne vous a été transmise…
— T’inquiète, grogne Eireann. Tu vas voir que la convocation, ils vont vite pouvoir se la mettre là où je pense.
L’androïde n’est même pas outré, mais Reita me jette un regard en biais. Je comprends le message : c’est à moi qu’incombe de calmer la furie avant qu’elle ne dérape de trop ;
— Qu’est-ce qu’il se passe, Eireann ? tenté-je en lui attrapant la main.
Mon cœur manquerait presque de se briser quand elle se dégage de ma prise. Le regard, haineux, qu’elle me jette, je sais qu’il ne m’est pas adressé. Ça n’en reste pas moins blessant. Je recule d’un pas, et Reita ricane :
— La petite aurait toute sa place sur le Megara.
— C’est pas tellement le moment, Nakamura, soupiré-je.
Un poing s’abat durement sur le bureau de l’androïde, qui ne cille pas. Le visage aussi blanc que ses cheveux sont rouges, la fureur d’Eireann n’a de cesse de croître, alors qu’elle éructe presque :
— Bon ! Ils sont où, les amiraux ?
L’androïde reste figé dans un mutisme qui pourrait très bien faire basculer l’humeur d’Eireann vers quelque chose de pire encore. J’entrouvre les lèvres, presque prêt à supplier l’hôte d’accueil à nous donner cette information, mais l’IA me coupe dans mon élan :
— Trente-septième étage, ils sont en pleine réunion. Mais, vous ne pouvez pas…
Aussi rapide qu’une fusée, Eireann ne prend même pas la peine d’écouter la suite de la phrase qu’elle est déjà près de la cabine d’ascenseur. Elle martèle, d’un geste colérique, le bouton d’appel de l’appareil. Je finis par poser ma main sur la sienne, non sans chercher à la calmer. Je me penche vers elle :
— Quelle que soit la raison de ta colère, tu ne peux pas…
— Quand tu sauras pourquoi, Morthon, tu te demanderas la tête de quel officier finira enfoncée en premier dans son putain de datapad.
— Peut-être. Sauf que tu ne nous as donné aucune information. Difficile de partager ta colère dans ces conditions.
Elle me foudroie une nouvelle fois du regard, alors que l’ascenseur arrive enfin à notre niveau.
— Nos amiraux sont des connards ! crache-t-elle. Des connards et des putains d’inconscients !
Si Reita hausse un sourcil et éclate de rire sans honte, je reste mutique. Ce genre d’injures peut mener à des punitions graves. Eireann en est très certainement consciente, seulement, sa réflexion doit être totalement mise à mal par son humeur. Je reste près d’elle, espérant que ma présence seule suffira à la calmer. Un silence lourd nous enveloppe, l’inconfort s’en mêle tandis que ma jeune compagne refuse catégoriquement de me regarder. Elle rumine, parle dans sa barbe, et quand j’essaie de lui adresser la parole, c’est l’air sévère de Nakamura qui me retient.
Enfin, nous arrivons à l’étage des amiraux. La porte s’est à peine entrouverte qu’Eireann se faufile telle une anguille et file au fin fond du couloir, sans prêter attention aux neuf portes disposées de part et d’autre de l’espace. La dernière, au fond, est gardée par deux agents de sécurité qui arborent fièrement le blason de la Confédération. Et parce qu’elle est uniquement mue par la volonté de faire éclater sa colère, sans aucune considération pour le décorum ou l’étiquette, l’indomptable jeune officière pénètre dans un grand fracas dans la salle de réunion. Elle n’a que faire des gardes qui la somment de rester en retrait, et je m’excuse du bout des lèvres.
Les neuf têtes des officiers généraux se tournent vers nous, et si presque tous affichent une grande surprise, seule Moïra se passe une main sur le visage, de honte. Malheureusement, Eireann se dégage de la prise d’un des agents et vocifère :
— C’est une blague ?
— Plaît-il ? bafouille l’amiral Chapuis. O’Brian, pouvons-nous savoir ce que vous faites ici ?
— Je vous demande si c’est une blague ! répète Eireann, la voix plus haute dans les aigus. Ne faites pas les innocents, vous savez parfaitement de quoi je parle !
Antoine Chapuis reste de marbre, ce qui ne m’étonne qu’à peine. Moïra demeure impassible, seuls les autres officiers affichent un malaise certain. Et ça, ça me gêne profondément. Quoi qu’Eireann ait pu découvrir, c’est suffisamment grave pour que même nos officiers généraux se sentent mis au pied du mur. J’avance alors d’un pas :
— J’aimerais bien comprendre de quoi elle parle…
L’amiral Lancaster désigne trois chaises ; il nous invite à nous asseoir, mais Eireann sort de ses gonds :
— J’ai pas le temps pour ses conneries !
— Vous baissez d’un ton, commandante ! rugit Tsukiyama. Vous n’êtes pas à la foire ici !
Je ferme les yeux. Eireann se contrefiche d’être mise à pied, ou pire, d’être renvoyée. De plus, lui dire de se calmer serait parfaitement inutile. Pire encore ! Elle ricane. De ce rire froid et sarcastique. Elle ne cherche même pas à se calmer et pose une main sur la table devant elle. Elle se penche sur l’avant, comme un prédateur prêt à fondre sur sa proie. En cet instant, rien ne me rappelle la jeune femme que j’ai décidé d’épouser. Un long frisson remonte le long ma colonne, me picote la nuque. Je me surprends même à reculer d’un pas.
— Je vais vous dire pourquoi je me contrefiche de votre étiquette, amirale, lâche Eireann d’une voix lente et mesurée. Je suis allée sur Europe, comme vous me l’aviez demandé. Et vous savez ce que j’ai trouvé là-bas ? Un massacre. Trois androïdes du SCPAU et vingt-et-un civils ont été froidement abattus sans même qu’on ne s’en rende compte.
— Y’a eu une attaque sur Europe, et on n’a pas été mis au courant ? s’exclame Nakamura d’une voix grave.
Moïra secoue la tête, mais reste muette. Eireann se penche un peu plus, Tsukiyama redresse le nez. Les deux femmes s’affrontent, aucune des deux ne baisse les yeux. Les autres amiraux, eux, semblent se tenir prêts à intervenir. Pour autant, je sais que ma fiancée ne fera pas ce genre de faux pas.
— Le pire, reprend-elle d’une voix plus sombre, c’est que cette belle brochette d’idiots nous a caché autre chose ! Et ce quelque chose a été dérobé par Panoptès.
Tsukiyama baisse les yeux, Eireann redresse la tête ; elle a gagné, parce qu’elle vient d’étaler l’erreur des amiraux. Cette fois, c’est sa mère qui tente d’apaiser le jeu. La discussion, comme elle le dit, sera sûrement plus propice que l’affrontement. Mais, ses mots tombent dans l’oreille d’une sourde et elle fusille du regard sa mère.
— Discuter ne servira à rien devant un tel niveau d’inconscience. On m’a souvent reproché ça, d’être inconsciente, mais bordel, si j’avais su qu’il y avait pire que moi, je vous aurais ri au nez depuis longtemps ! Vous avez créé une arme !
Elle inspire profondément, pour maîtriser le ton de sa voix. Et moi, je tombe des nues. Une arme sur une station militaire comme Europe n’est certainement pas un petit pistolet de pacotille. Mes dents pincent mes lèvres, et j’appréhende. J’appréhende la réponse des amiraux ou la suite de la phrase d’Eireann.
— Vous avez créé une putain d’arme destinée à anéantir l’atmosphère des planètes ? reprend-elle À quel putain de moment vous vous êtes dit que c’était une bonne idée ? Vous vous êtes cru dans un film catastrophe de science-fiction ou quoi ?
Une brique tombe dans mon estomac. Détruire l’atmosphère des planètes ?
— Quel intérêt ? demandé-je la voix étranglée. Quel intérêt vous avez trouvé à ça ?
— Vous ne comprendriez pas, soupire l’amiral Singh.
Reita Nakamura éclate d’un rire sonore.
— C’est sûr qu’à ne pas vouloir nous expliquer, on ne comprendra pas grand-chose !
— Et vous allez donner des explications, grogne Eireann. Parce que pour la collaboration entre officiers, on repassera !
Le silence s’abat sur la salle de réunion et les amiraux se regardent, sans répondre. Les poings d’Eireann se serrent et je m’assois finalement. Réaliser que ses supérieurs nous ont menti ou dissimulé une information aussi importante n’est pas agréable. Le pire, dans tout ça, est que cette intelligence soit tombée entre les mains de l’ennemi. Un ennemi qui saura utiliser ça contre nous, en temps et en heure. Car, si nous étions capables de retrouver ne serait-ce qu’un des membres de l’organisation, nous aurions pu avoir une chance de retrouver l’arme.
Hélas ! Ils sont sûrement trop bien infiltrés dans toutes les couches de la société. Sinon, comment expliquer que nous nous battions depuis au moins cinq ans contre de pareils adversaires sans être en mesure de capturer le moindre pion ? Et nous savons que nous sommes nous-mêmes infestés par la vermine.
Eireann reste debout, mais Reita s’installe à mes côtés. Sa jambe droite remue rapidement, son talon frappe le sol. Enfin, l’amiral Lancaster daigne nous donner un semblant d’explication.
— Nous avons jugé, ensemble, qu’il serait de bon ton de prévoir une arme capable de protéger l’Humanité. Le… Mh… Je ne vous cache pas que le Premier Contact est imminent.
— Vous voulez dire que vous attendez incessamment sous peu un retour du Signal WOW !, reformule Eireann. Vous prévoyez une arme pour une réponse qui n’arrivera peut-être jamais ! Trois cents ans ! Ça fait trois cents ans que Hancock a renvoyé le message et est en cryogénie. Et vous prévoyez une invasion ?
— La commandante a raison, interviens-je. Décider de la création d’un engin pareil est pure folie. Et je crois que le pire est que vous n’ayez même pas songé à mettre dans le secret les officiers de bord de vos SSAS. Dois-je rappeler que nos vaisseaux et nos factions ont été sélectionnés et construits pour être en première ligne pour la protection de l’Humanité ?
Reita, dans un sourire froid, termine notre laïus :
— Ne pas nous informer d’une telle chose, c’était une belle connerie, en termes de stratégie.
— Vous n’avez aucune autorité pour juger de nos décisions, souligne l’amirale Tsukiyama.
— En tant que militaire hiérarchiquement inférieur à vous, peut-être, reprend Eireann. Mais en tant qu’humain, vous ne pouvez pas nous enlever ce droit. Et on le prend.
— Vous, vous devriez fermer votre gueule ! Ou c’est la cour martiale !
Des mains s’abattent contre le métal de la table et provoquent un claquement sonore qui nous fait sursauter. Au fond de la pièce, Moïra s’est redressée d’un bon. Tournée vers Tsukiyama, elle la toise de ce regard si noir qu’il m’en ferait presque peur si je ne la connaissais pas.
Ou alors j’ai un peu peur, et je ne veux pas l’admettre.
— Un avertissement pour la commandante sera suffisant, lâche-t-elle avec froideur. Parce que si cette arme reste entre les mains de Panoptès et que la population venait à le savoir, ceux qui mériteraient une balle en pleine tête, c’est nous !
— Je croyais que vous étiez de notre avis, s’étonne l’amiral brésilien. Vous n’êtes plus des nôtres, désormais ?
— Je n’ai pas dit le contraire, susurre Moïra.
Elle s’avance dans la pièce. Elle boitille, un instant, mais retrouve très vite sa prestance. En quittant le demi-cercle des amiraux pour se poster près de nous, elle affiche son soutien tacite, tant à notre présence qu’à nos propos.
— Si l’emportement de la commandante était disproportionné, votre réaction, Tsukiyama, l’était tout autant. Cela étant, nous savons désormais à quel point la situation est d’une urgence vitale et qu’il nous faut retrouver cette arme au plus vite !
L’amiral Chapuis hoche la tête et pose ses mains à plat sur la table de réunion. Distrait l’espace d’un instant, je me focalise sur son index, qui tapote le métal du meuble à un rythme régulier. Du coin de l’œil, je vois qu’Eireann se frotte encore l’oreille. Sûrement son acouphène qui revient. Le Français prend une profonde inspiration.
— Il est évident que Panoptès brouillera les détections. Nos méthodes classiques de traçage de l’arme ne seront plus efficaces.
— Mais, comment faire alors ? se lamente Sisule. On ne va pas déployer les factions pour rechercher cette arme !
— Alors, il faut mener une enquête en sous-marin, rétorque le Français. Il n’y a pas trente-six mille solutions. Nakamura, vos missions en cours sont-elles finies ?
— Non, amiral Chapuis. Je suis revenu en urgence, mais je tiens à ce que la faction Decima reste postée au niveau de Kuiper. Déjà, parce qu’on a toujours un problème de mercenaires, et ensuite parce que, comme vous l’avez dit, si le Premier Contact est aussi proche que vous le croyez, mieux vaut rester alerte dans cette zone.
Je me redresse, non sans me pencher vers Eireann. Quand elle se tourne vers moi, elle roule des yeux, agacée. Je lui souris, avec douceur, dans l’espoir de l’apaiser un peu. Son visage reste impassible, un instant, avant de se détendre et qu’un discret sourire étire ses propres lèvres. Je me dérobe au contact visuel et reprends une attitude plus professionnelle :
— Les factions Nona et Morta se chargeront de protéger les stations et les colonies les plus importantes. De notre côté, à la commandante et moi-même, nous pouvons enquêter. Autorisez-vous l’Alecto et le Tisiphone à mener l’enquête ?
Les amiraux se penchent les uns vers les autres pour discuter à voix basse. À nouveau, Eireann roule des yeux et renverse la tête sur l’arrière, un grognement d’exaspération quittant ses lèvres. Elle s’éloigne de sa place et fait quelques pas dans la pièce, tandis que je rive mon regard sur Moïra, toujours aussi droite comme un i, le visage éclairé d’un léger sourire vaguement carnassier. Personne ne doute de la réponse que les amiraux vont donner. Personne ne doute que Moïra donne son aval. Tout ceci n’est qu’une mascarade et une façade qui, si elle ne m’insupporte pas encore, me tape quand même parfois sur le système. Donner son accord sans faire autant de simagrées, ce n’est pas si compliqué pourtant !
Après de longues minutes de silence, alors qu’on entend les uns et les autres d’autres suggestions soulevées, comme celle ridicule de créer plus rapidement ce quatrième SSAS dans l’espoir toujours vain que ce lieutenant coréen rejoigne nos rangs, l’amiral Pereira se tourne enfin vers nous.
— Très bien. Commandant Morthon, commandante O’Brian, vous êtes en charge de l’enquête. Vous avez carte blanche pour opérer dans tous les secteurs du Système Solaire. Retrouvez cette arme, avant qu’il ne soit trop tard.
Je saute sur mes pieds, salue mes supérieurs, suivi de près par Nakamura. Seule Eireann garde son dos résolument tourné. Évidemment, Tsukiyama ne loupe pas l’occasion de lui lancer une remarque cinglante :
— Quant à vous, commandante O’Brian… Tenez votre langue la prochaine fois. Votre mère ne sera pas toujours présente pour vous sauver la mise.
— Je n’ai pas besoin d’elle pour sauver ma peau, rétorque l’officière passablement agacée. Il n’y aura pas de prochaines fois, sauf si vous prenez à nouveau des décisions aussi…
Elle se tait d’elle-même et balaie l’air de sa main, chassant dans le silence la fin de sa phrase. Son visage, cependant, exprime à lui tout seul toute l’intensité de la violence du mot qui doit trotter dans sa tête. Elle quitte la pièce, sans même écouter la fin du discours de Chapuis, qui espérait être apaisant. L’officier supérieur me jette un regard presque désespéré, alors que Moïra fait disparaître son visage derrière sa main. Désolé serait un mot trop faible pour exprimer mon sentiment. Affligé serait sûrement trop fort.
Nous devrons nous débrouiller. Nous serons seuls, face à des inconnues de plus en plus nombreuses. Nous ne pourrons pas compter forcément sur l’appui de notre organisation et nous devrons nous assurer de nous entourer des meilleurs collaborateurs pour cette mission. Au pas de course, je rejoins Eireann dans le couloir. Elle a le front appuyé contre le mur et soupire ; ses épaules s’affaissent, son visage se baisse. Si l’emportement et la colère lui donnent de l’énergie, j’ai l’impression, cependant, que ça va plus loin que ça.
— O’Brian ?
La voix aux accents chaleureux de Nakamura s’élève doucement dans nos dos. Nous nous retournons d’un même mouvement, et le Japonais tire un carnet de sa poche, ainsi qu’un stylo. Il griffonne quelques mots, arrache une feuille qu’il tend à ma jeune compagne.
— Si vous savez besoin d’aide, dit-il d’un air très grave, vous devriez pouvoir trouver le point de départ de votre enquête chez cette personne.
Eireann jette un œil sur le papier, pâlit un peu, mais ne dit rien. Elle fourre l’information dans sa poche et se contente de hocher la tête. L’air de rien, Nakamura pose sa large main sur l’épaule de la jeune femme avant de murmurer d’une voix sombre :
— Vous prendrez soin de cet informateur, O’Brian.
La menace est lourde, elle pèse durement sur les épaules d’Eireann qui se raidit et se tend. Et le regard qu’elle me lance me hurle un message que je ne parviens pas à comprendre. Nous laissons Nakamura prendre l’ascenseur en premier et elle me laisse enfin lire le papier. Je mordille ma lèvre inférieure avant de soupirer :
— Je te laisse y aller avec ton équipe. Je vais préparer le Tisiphone au départ. On se rejoindra à Tokyo dès que tu me le signales, ok ?
Elle demeure silencieuse, je ne la force pas à parler plus. Nous nous séparons sans un mot de plus, même si mon cœur se serre de ce fossé inutile qui se creuse.
J'ai adoré comment tu as décrit la colère d'Eireann aussi ! Elle était foudroyante et le fait qu'Ethan ne la reconnaisse pas et en ait même peur/ soit mal à l'aise je trouve ça très très réaliste et j'adore !
Pour ce qu'il en est du chapitre entier : OOF
J'ai adoré !! On découvre donc ce que Panoptès à voler et…brr
En tout cas les amiraux vous avez pas très bien gérer pour le coup hein…
J'AI TROP HÂTE DE LIRE LA SUITE
J'adore vraiment trop trop trop <3
Je suis si satisfaite à chacun de tes retours, tu peux pas savoir comme ça me fait super plaisir ToT
Merci beaucoup ♥ Et bonne lecture de la suite ksksks