Exorcisme un : Le baptême du feu d’Azaël Walker

Par Ascal

Du haut de ses quinze ans, Azaël Walker pouvait déjà affirmer avoir vécu beaucoup de choses. Des épreuves qui avaient fait de lui un adolescent bien plus mûr que la moyenne. Enfin, lui, il ne savait pas réellement si c’était vrai. Mais les adultes du clan le lui avaient souvent répété, en tout cas ! Pourtant, aucun des obstacles qu’il avait pu surmonter dans le passé ne l’avait préparé à celui qui lui faisait actuellement face.

Le jeune homme se balança sur ses talons, mal à l’aise. Ses doigts vinrent se glisser dans l’élastique qui retenait ses cheveux roux mi-longs et il se recoiffa nerveusement. Il sentait son portable à clapet peser dans la poche de son pantalon d’uniforme. Devrait-il appeler Sengo ? Aussitôt cette pensée avait-elle traversée son esprit qu’il la repoussait. Non, hors de question qu’il aille déjà pleurnicher dans les jupes de son mentor ! C’était sa première mission en solo et il la mènera à terme, foi d’exorciste !

Mais en attendant, il devait trouver un moyen de déchiffrer cet énigmatique puzzle… Azaël sursauta en sentant une main se refermer soudainement sur son épaule. Une petite dame l’observait avec inquiétude.

  • T’es perdu ?

L’adolescent, cligna des yeux surpris. L’inconnue leva un doigt orné d’une bague en forme de tête de tigre rose et pointa la devanture d’un café de l’autre côté de la route.

  • C’est que, je suis assise là-bas depuis ce matin. Rudy, le serveur, il me met toujours à ma table préférée pour que je puisse regarder les passants. Et tu es planté là depuis vraiment longtemps… Alors, je m’inquiétais.

Le jeune homme sentit des plaques écarlates s’incruster sur ses joues et il s’abîma dans la surface vernie de ses souliers. Amusée, sa nouvelle amie lui tapota l’avant-bras.

  • Où tu veux aller ?
  • Ah, le lycée Sisoa, s’il vous plaît !
  • Pas besoin d’être si poli.

Son interlocutrice se mit sur la pointe des pieds et indiqua un cercle rouge sur la carte des transports.

  • Voilà, c’est là ! Tu prends le tramway 2 jusqu’à l’arrêt Ascal Willma et tu y seras.
  • Merci !
  • Tiens, voilà ton tram, d’ailleurs. Courage.

Un gros serpent de métal venait de déboucher dans l’horizon de cette fraîche matinée de septembre. Lorsque les portes coulissèrent, un flot de voyageurs affairés en déferla. Azaël n’eut même pas le temps de remercier l’inconnue ; déjà les voyageurs forçaient le passage pour monter à bord du wagon, l’entraînant malgré lui à l’intérieur. Le signal sonore retentit et le tramway se mit de nouveau à glisser avec nonchalance sur les rails. L’adolescent se fraya un chemin entre les collégiens renfrognés, les adultes fatigués et les enfants survoltés. Il parvint à se trouver une petite place dans un coin du train où il se cala. Sa besace de cuir à ses pieds, il prit une grande inspiration puis ferma les yeux. Il pouvait sentir à travers les épaisseurs de sa veste et de sa chemise la fraîcheur des parois métalliques. Le mouvement de balancier l’aida à se concentrer.

Lorsque les rails amorcèrent une douce montée, l’adolescent se concentra de nouveau sur son environnement. C’était la première fois qu’il prenait les transports en commun. Il aperçut par une fenêtre la ville qui se déployait, telle une fleur d’acier et de bitume. Dans le lointain, perdue entre les ombres titanesques des gratte-ciels, la mer n’était qu’une vague tache de lumière mouvante. Le tramway empruntait un chemin surélevé, si bien qu’Azaël avait devant lui un panorama imprenable de Honeda. Et même s’il vivait dans cette ville depuis sa naissance, il n’avait pourtant jamais assisté à un tel spectacle.

Les rues labyrinthiques se déployaient sous ses yeux où bus, voitures, vélos et piétons se disputaient la place. Tous se faufilaient avec agilité dans l’effervescence matinale. Même les bâtiments de verre et d’acier semblaient bourdonner, telles des ruches en pleine activité.

À un arrêt, de nouveaux voyageurs s’invitèrent à bord du wagon. Du coin de l’œil, Azaël repéra des adolescents vêtus de la même tenue que lui : une chemise blanc cassé, un pantalon à carreaux gris et une veste bleue marine ourlée de fils de bronze. Son cœur se mit à battre plus lourdement dans sa poitrine. L’uniforme scolaire de Sisoa… Il approchait du but. Soudain, il vit déboucher à l’horizon quatre tours perdues au cœur d’un vaste parc. Dans les rayons pastel du soleil levant, ces colosses semblaient prêts à égratigner le ciel de leurs toits coniques. Le jeune homme sentit sa bouche s’assécher. Il y était…

L’heure de sa première mission solo avait sonné.

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  • Walker, vous dites ?

Azaël approuva du chef, intimidé. En face de lui, la secrétaire d’accueil remonta ses lunettes carrées sur son long nez étroit et se pencha sur l’écran de son ordinateur. Ses doigts maigres tapaient une à une les touches de son clavier.

  • Walker, Walker, marmonnait-elle. Ah, voilà votre dossier d’inscription ! Il était bien caché !

Elle se redressa si brusquement que le postiche perché sur son crâne tangua dangereusement. La femme fit rouler son fauteuil de bureau en arrière pour saisir une épaisse liasse de documents. Elle laissa tomber ses fiches sur son bureau avant de les pousser vers l’adolescent.

  • Voici les papiers à faire signer par vos parents. Vous trouverez aussi votre emploi du temps, et le règlement interne de notre lycée, veuillez scrupuleusement le lire.
  • Bien sûr ! assura son interlocuteur. Je le ferai.
  • Bien sûr, répéta la secrétaire avec sarcasme. Vous intégrez la classe de 2nde 8 aujourd’hui. Veuillez-vous présenter au cours de mathématiques au troisième étage. Je n’ai pas besoin de vous parler du fonctionnement de notre prestigieuse école, n’est-ce pas ? Alors filez, la cloche a déjà sonné !

Azaël aurait bien voulu répliquer qu’elle ne remplissait pas ses obligations, mais il avait comme instruction de faire le moins de vague possible, aussi préféra-t-il garder le silence. Il remercia poliment la vieille dame avant de quitter son bureau. Son regard parcourut le vaste hall qui s’étendait devant lui. À vrai dire, il avait plutôt l’impression d’être dans une cathédrale que dans un lycée. Les épais murs de pierres étaient percés de larges fenêtres aux vitraux chatoyants. Mais le plus impressionnant restait le puit de lumière, surmonté d’une immense rosace aux couleurs de Sisoa. Elle représentait un arbre dont les branches chamarrées se déployaient comme un éventail.

Azaël parcourut un moment l’allée jalonnée de colonnes puis repéra à son grand soulagement une large carte plastifiée, à côté d’un tableau en liège regroupant foules d’annonces en tout genre.

Son doigt parcourut les quatre tours imprimées. Il comprit qu’il se trouvait au rez-de-chaussée de celle du centre. Il fallait qu’il se rende au premier étage pour pouvoir changer de bâtiment, puisque chacun d’entre eux semblait être consacré à un niveau de classe : seconde, première et terminale. Quelle étrange organisation… À moins que ce soit courant ? Le jeune homme avait été retiré du système scolaire à l’âge de sept ans, lorsqu’il avait rejoint le Clan. Ses souvenirs de primaire n’étaient que de vagues images sépia noyées dans la brume de ses souvenirs.

  • Je suis vraiment en retard, je ferai mieux de me presser, marmonna l’adolescent après avoir consulté d’un coup d’œil sa montre à gousset.

Il ajusta la lanière de sa sacoche de cuir avant de se presser vers la magistrale volée de marches en colimaçon. Il gagna rapidement le premier étage où il eut l’impression de faire un bond dans le temps. Il laissait derrière lui un décor qui sentait la poussière pour se retrouver dans un univers moderne. L’escalier débouchait au centre d’une salle ronde tout en verre et poursuivait sa route vers le plafond. Face à lui se dressaient trois portes. Grâce aux parois transparentes, Azaël s’aperçut que toutes trois se poursuivaient par des tunnels vitrés et menaient aux autres tours de Sisoa. Décidemment, l’architecture de ce lycée était vraiment atypique…

Délaissant ses pensées de côté, il se dirigea vers le premier portail et en repoussa le battant. Il fallait qu’il arrête de se laisser distraire. Il avait une mission à accomplir, et il comptait bien le faire en un temps record. Alors peut-être que son mentor le féliciterait… Cette perspective lui arracha un sourire. Il ne le décevrait pas !

Le jeune homme pressa le pas sans davantage prêter attention à son environnement. En compulsant son emploi du temps, il apprit la localisation précise de sa salle de classe. Quand il y parvint enfin, il frappa sans hésiter trois grands coups à la porte. Rapidement, un homme aux cheveux bouclés désordonnés vint lui ouvrir, appréciant visiblement peu qu’on interrompe son cours.

  • Bonjour, professeur ! clama le nouveau venu sans lui laisser le temps de s’exprimer. Je suis Azaël Walker, je rejoins la 2nde 8 aujourd’hui ! Merci de m’accueillir !

Sans lui accorder davantage d’attention, l’adolescent le dépassa et alla se planter au centre de l’estrade. En face de lui, organisés en rangs d’oignons, des lycéens murmuraient entre eux, curieux ou moqueurs. Cependant, le jeune homme n’en avait cure. Il était là pour accomplir sa mission, rien d’autre. Ses yeux grenat parcoururent les visages. « Alors, se demanda-t-il, lequel d’entre eux est possédé ? »

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Dès qu’il avait rejoint le Clan, Azaël avait été entraîné pour devenir un exorciste. Les arts du combat et de la sorcellerie lui avaient donc été inculqués depuis ses sept ans. Aguerri par de nombreux combats, il avait estimé qu’il serait amplement à la hauteur lorsqu’on lui avait confié sa première mission en solitaire. Enfin, les événements ne s’étaient pas exactement déroulés de cette manière…

En effet, à la base, ils devaient agir en groupe. Parce que, lorsque leurs informateurs leur avaient rapporté qu’ils avaient repéré un whisperer au sein de Sisoa, le plus prestigieux lycée du pays, le Clan avait décidé d’infiltrer l’établissement afin de connaître l’identité de leur cible. Seulement, sur l’ensemble des exorcistes en activité, seuls dix pouvaient prétendre être des lycéens. Et un seul avait réussi le concours d’entrée.

C’était ainsi qu’Azaël avait dû se séparer de ses compagnons pour la première fois. Dans sa poitrine se disputaient l’angoisse et la fierté. S’il parvenait à faire ses preuves aujourd’hui, alors peut-être que demain, il recevrait le titre d’exorciste certifié.

  • Hé bouge de là, le nouveau !

Un coup d’épaule manqua de lui faire lâcher son plateau. Des lycéens en uniforme lui jetèrent un regard peu avenant avant de passer devant lui. L’adolescent se retint de pousser un soupir. Décidément, ce n’était pas son jour. Entre l’épreuve de la carte des transports et celle qui lui faisait maintenant face, il avait l’impression d’être entré dans une arène sans être armé. Et il détestait cette sensation…

Une tape dans son dos attira son attention. Derrière lui se dressait une jeune fille au sourire solaire. Ses cheveux noirs étaient rassemblés sur son crâne en un complexe assemblage de tresses, au sommet desquelles trônait une azalée. Intrigué par la présence de la fleur, Azaël ne remarqua pas tout de suite que la nouvelle venue lui avait adressé la parole. Il s’ébroua et lui demanda timidement de répéter. Loin de s’offusquer de son inattention, son vis-à-vis éclata de rire.

  • Enchantée, camarade ! Je m’appelle Édith, Édith Okuni ! On est dans la même classe.

Elle se posta à ses côtés, son plateau sous le bras.

  • Viens, je vais te montrer le fonctionnement des lieux !

Soulagé, le jeune homme lui emboîta rapidement le pas à travers la cantine. Édith se révéla être un guide volubile. Elle parlait fort, à grands renforts de gestes. Ses doigts, en particulier, ne cessaient de bouger, comme s’ils étaient investis d’une volonté propre. La lycéenne entraîna l’exorciste derrière elle pour lui apprendre les moindres secrets du réfectoire.

  • Ici, c’est le secteur « cuisine » est aux commandes. Et ce n’est pas pour me déplaire. En même temps, ce sont des dieux !

Derrière de larges fourneaux s’activaient des adolescents à peine plus âgés qu’eux sous la supervision étroite de professeurs. Azaël comprit qu’il s’agissait d’élèves. Il se rappelait vaguement qu’il y avait une option « art culinaire » dans ce lycée, mais il ne s’attendait pas à ce spectacle particulier. Édith envoya un baiser aux cuistots et des rires retentirent derrière les casseroles. Plusieurs élèves firent semblant de se battre pour la caresse, ce qui amusa grandement la jeune fille. Azaël préféra ignorer ce comportement étrange pour se concentrer sur l’élaboration d’un menu diététique.

Les deux lycéens remplirent copieusement leur plateau avant de se diriger vers les caisses. L’exorciste n’avait jamais utilisé de carte de crédit jusqu’ici, mais il avait répété la manœuvre de nombreuses fois, il savait donc comment agir. Fièrement, il tapa son code puis récupéra son ticket de caisse. Il était sur le point de s’en aller lorsqu’Édith le retint par le coude.

  • Ta carte, indiqua-t-elle.

Rouge d’embarras, le jeune homme constata qu’il s’apprêtait à partir sans avoir récupéré son bien. L’adolescente rit de sa nouvelle maladresse. Elle paya à son tour puis lui indiqua de la suivre d’un geste de la tête.

  • Suis-moi, camarade. C’est ton premier jour, je vais te présenter aux gens les plus cools du campus.

Azaël fut tenté de refuser. Il aurait voulu manger rapidement afin de pouvoir explorer les alentours. Cependant, la jeune fille lui était venue en aide spontanément, alors ce ne serait pas poli de refuser. Résigné, il accepta donc son offre. Ravie, la jeune fille fusa à travers le réfectoire, sans même prendre la peine de voir si le jeune homme la suivait. La cantine se situaient dans une salle immense, aux murs vitrés. Des panneaux de riz richement peints séparaient la pièce en trois zones. Chacune d’entre elles, apprendrait plus tard l’exorciste, était consacrée à un niveau de classe.

Édith s’arrêta devant une table à l’écart de toutes les autres où étaient assis trois étudiants qui échangeaient vivement. Leur amie signala sa présence en claquant bruyamment son plateau sur la table, manquant de renverser sa nourriture au passage.

  • Camarades, regardez ma nouvelle trouvaille !

Les intéressés levèrent la tête en chœur vers Azaël qui se tenait en retrait. Édith l’encouragea à s’asseoir face à elle d’un large sourire. Une fois qu’il eut obtempéré, elle se glissa elle aussi sur un siège.

  • Camarades, je vous présente Azaël Walker, il vient d’arriver dans ma classe. Azaël, là, c’est Morgane Glinda, elle est en 2de 2. Et les deux gars, ce sont Kim Hari et Léonard Gostein, ils font tous les deux partis de la 2de 16.
  • Les boursiers, les pauvrets, les fauchés, c’est nous, compléta théâtralement le dénommé Léo en passant une main sur son crâne rasé. Bienvenue dans ce splendide traquenard qu’est Sisoa.

Traquenard ? L’exorciste sentit ses épaules se raidir. Un rire mécanique acheva de le mettre mal à l’aise. Kim venait de faire surgir son téléphone dans sa main et avait mis en route une bande son enregistrée. Son visage était d’une neutralité absolue, comme s’il portait un masque. Édith, à la vue de l’air perdu de son nouvel ami, rit à son tour.

  • Ne fais pas attention, Kim ne parle jamais. Il utilise la technologie pour communiquer avec nous.
  • Ah…

Voici tout ce qu’il trouva à répondre. Dans quoi s’était-il embarqué ? L’exorciste choisit de se concentrer sur sa salade d’œufs. Le goût, aussi fin que délicat, le surprit agréablement.

À son grand soulagement, les quatre amis s’embarquèrent bientôt dans une grande conversation mouvementée, si bien qu’ils l’oublièrent. Il en profita pour les observer à la dérobée. Morgane semblait être la plus calme du groupe. Ses larges boucles rousses auréolaient son visage et rebondissaient à chaque mouvement de sa tête. À sa droite se trouvait le dénommé Léonard. Sa peau tannée faisait ressortir le brillant rose qui ornait son menton imberbe. Quant à Kim… L’exorciste préférait éviter son regard, mal à l’aise en sa présence.

  • Sinon, Azaël Walker, tu n’es pas bien bavard. Timidité ou désintérêt ?

La question avait justement été posée par Kim, ou plutôt par son téléphone. Encore une fois, le jeune homme n’avait pas ouvert la bouche, mais utilisé une application vocale sur son portable. Le nouveau lycéen cligna des yeux, surpris d’être tiré de ses pensées.

  • Ce n’est pas du désintérêt, assura-t-il.
  • C’est inhabituel, un élève transféré à cette période de l’année, indiqua Morgane de sa voix enjôleuse et grave. Tu sais déjà vers quel secteur tu souhaites te diriger lorsque tu seras en première ?

Azaël ouvrit la bouche pour répondre, mais son regard fut captivé par un détail dans la chevelure flamboyante de la jeune fille ; un minuscule chapeau à haut de forme rose était perdu dans ses boucles sauvages. Il perdit le fil de ses pensées, fronça les sourcils, puis tâcha de répondre :

  • Heu, non, pas encore. Vous, oui ?

Les quatre amis échangèrent des regards entendus.

  • Secret ! déclarèrent-ils en chœur, tels des chenapans ravis du tour qu’ils venaient de jouer.

Les secteurs… En plus d’enseigner le programme national, Sisoa mettait un point d’honneur à développer le plus possible les talents de tout un chacun, que ce soit en art, en musique, en sport, en littérature, en science ou encore en technologie. Les élèves suivaient des cours théoriques poussés, mais ils avaient aussi des plages horaires dédiées à leur pratique personnelle. En seconde, les élèves pouvaient expérimenter toutes les options, appelées communément « secteurs ». Mais en première, ils devaient choisir une spécialité et s’y consacrer entièrement. La réputation de Sisoa s’était bâtie sur cette formation d’excellence et le corps enseignant entretenait vigoureusement la compétition entre les classes, persuadé que les rivalités étaient source d’inspiration. Chaque année, les journaux consacraient plusieurs articles à cette « guerre des secteurs » dont la réputation n’était plus à faire.

Le lycéen acheva rapidement son repas sans plus prêter attention à ses compagnons de table. Il s’excusa ensuite auprès d’eux et les abandonna sur place, non sans qu’ils protestent vivement. Azaël déposa son plateau vide sur un chariot de débarrassage puis quitta le réfectoire. Dès qu’il eût dépassé les portes, il fut accueilli par le calme ambiant. Un soupir de soulagement monta dans sa gorge. L’exorciste n’était pas habitué à tant d’agitation. En temps normal, il déjeunait avec ses compagnons d’armes dans un silence réconfortant. La quiétude du Clan lui manquait.

  • Récapitulons, murmura-t-il à l’intention de lui-même. Pas de cours cet après-midi, il faut que j’aille récupérer la clé de ma chambre dans l’internat puis…

Le fil de ses pensées se rompit brusquement lorsqu’une épaule rencontra la sienne, violemment. Il eut juste le temps d’apercevoir une paire d’yeux améthyste d’une noirceur peu commune avant que celui qui venait de le bousculer ne se perde dans la foule. Un frisson remonta le long de l’échine du jeune homme pour se faufiler parmi ses cheveux roux avant de dégringoler dans son dos en une coulée de sueur froide. Quelle sensation glaçante ! C’était comme si…

  • Un whisperer… s’étrangla-t-il.

Serait-ce lui ? Sa cible ? N’écoutant que son instinct, Azaël se lança à la poursuite de l’inconnu. Où était-il passé ? Le garçon portait un sweat-shirt gris sous sa veste d’uniforme, il devrait pouvoir le retrouver ! Pourtant, ses sens aiguisés d’exorciste ne parvenaient à capter de présence maléfique. Aurait-il rêvé ?

  • Hé, toi !

Deux élèves masculins avec des chemises noires venaient de se mettre en travers de son chemin. Ils le détaillèrent de la tête aux pieds, sourcils froncés.

  • Tu es en seconde, tu n’as rien à faire ici. Ce couloir mène à la tour des premières.

Ils lui désignèrent le col de la veste de l’exorciste, où était épinglé un badge représentant une couronne de laurier, symbole de son niveau de classe au sein de Sisoa. Ses interlocuteurs, eux, possédaient deux badges.

  • Je suis désolé, s’excusa Azaël en feignant un sourire innocent. Je suis nouveau et je me suis perdu alors que je cherchais l’internat.
  • Ah, je comprends, s’adoucit le plus grand de ses interlocuteurs. C’est vrai que Sisoa est un labyrinthe, on s’y perd facilement. Viens avec moi, je vais te montrer le chemin.
  • Merci beaucoup !

Rien ne servait d’insister, l’autre garçon était loin dorénavant. De plus, s’il était entré dans le bâtiment des premières, c’était qu’il ne s’agissait pas de sa cible. Sûrement son imagination lui avait-elle joué un mauvais tour. Il fallait dire qu’il n’avait pas beaucoup dormi la veille, stressé à l’idée de mener sa première mission en solitaire.

Oui, il s’était fait du mauvais sang pour rien… n’est-ce pas ?

--

Le Roi Léo : Étrange, ce nouveau, vous ne trouvez pas ?

Kim Possible : Je dirai même, étrange ! Je n’ai trouvé aucune information sur lui. Pas de compte sur les réseaux et un dossier d’inscription d’une banalité à en pleurer d’ennui.

La Fée Morgane : Si tu n’as rien trouvé, Kim, ce n’est pas étrange, c’est carrément bizarre ! Tu es le roi des stalkers !

Kim Possible : C’est un titre pleinement revendiqué et, surtout, mérité. Ta date de naissance, c’est bien le 15 mars, d’ailleurs ?

La Fée Morgane : Non, le 10 janvier.

Kim Possible : Je l’ajouter sur ma liste des possibilités. Un jour, je saurai percer le mystère qui t’entoure, ma chère amie.

La Fée Morgane : Je t’aiderai bien, mais tu sais bien que j’ai perdu la mémoire lors de mon accident de pégase, il y a trois ans.

Kim Possible : C’était avant ou après que tu ais soi-disant assassiné le roi des elfes ?

Le Roi Léo : Dieu Warhol, aidez-moi, mes amis sont stupides… 

La Fée Morgane : Bref, je ne suis pas le sujet de cette conversation !

– Édith Piaf s’est connectée –

Édith Piaf : Salut, camarades ! Alors, je vous l’avais dit qu’il était marrant, ce nouveau ! Quand je l’ai vu débarquer dans ma classe, je me suis tout de suite dit qu’on allait beaucoup s’amuser.

Le Roi Léo : Édith, tu trouverais amusant une personne qui se tranche la main.

Édith Piaf : Si cela se produit, appelez-moi, que j’enregistre le bruit ! Je suis certaine que ça ferait un sample d’enfer pour un morceau de métal.

Kim Possible : Sur cette image réjouissante, mes chers, je quitte le chat pour le moment, je vous retrouve tout à l’heure.

Le Roi Léo, La Fée Morgane et Édith Piaf : Bye !

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Rouky
Posté le 25/09/2025
Salut ! ^^

J'aime beaucoup ce premier chapitre, et le nom des personnages est intéressant. J'aime aussi les titres des chapitres, ça attise la curiosité et nous donne envie de continuer. Et c'est bien ce que je compte faire, à bientôt ! ^^
emilie LSN 2
Posté le 04/09/2025
je viens de terminer se premier chapitre et je peut dire que je trouve cette histoire originale j'aime bien ces histoire mystérieuse et dans une école j'aime beaucoup je trouve sa agréable et passionnant a lire mais je trouve que on connait pas assez Azaël bon après ses pour garde son mystère sa se comprend en tout cas j'ai apprécier se chapitre
MélanieH
Posté le 20/08/2025
Salut ! ^^

Comme Cléooo j'ai été intriguée par le pitch, et j'apprécie toujours une histoire qui se passe dans une école pleine de mystères, c'est toujours agréable et passionnant à lire ;-)
Je rejoindrai surtout le précédent commentaire sur le fait que malgré qu'Azaël soit le personnage principal, on a l'impression de ne pas le connaître plus que ça. Après tu dis que c'est pour garder un peu de mystère, donc ça peut se comprendre aussi. Je pense que l'ennui de publier chapitre par chapitre c'est de s'arrêter dès le premier chapitre pour relever ce qui ne va pas, alors que si on lisait le début du livre d'une traite ces "critiques" ne se feraient peut-être pas (j'espère que c'est clairement expliqué ah ah, je me perds dans mes explications).
Bref, ce premier chapitre est tout de même agréable à lire et intéressant, je me plongerai dans la suite ^^
Ascal
Posté le 27/08/2025
Hello Mélanie. Merci tout d'abord pour avoir lu ce chapitre ! j'espère que tu as aimé ce début. Effectivement, les remarques sur Azaël, je ne les aies pas eu avec les lecteurs qui ont tout lu d'une traite :) Je suppose que tout dépend aussi des goûts de chacun
Cléooo
Posté le 13/07/2025
Hello Ascal ! Me voilà enfin ici :D

Je viens de terminer ton premier chapitre et je te fais mon retour à chaud.

Tout d'abord, je dois dire que le pitch m'avait intriguée, je trouve que ça peut être assez original comme histoire. Je pense que tu as une inspiration manga assez assumée, à la fois dans l'univers et dans la thématique, et moi j'aime bien les mangas donc ça me convient. Bref le thème global est intéressant !

Si je rentre un peu plus loin dans ton chapitre, je trouve qu'il y a des choses bonnes et d'autres moins bonnes.

Je commence par le moins bon :
1) Azaël. À la fin de ce premier chapitre, je n'ai l'impression de connaître Azaël, de savoir le caractériser. Il me semble par moment maladroit (à l'arrêt de bus du tram, puis à la cantine) et parfois au contraire froid et détaché ("Un soupir de soulagement monta dans sa gorge. L’exorciste n’était pas habitué à tant d’agitation") et j'ai un peu de mal à lier ces deux comportements en un seul. Il est aussi animé par une touche de nostalgie par moment, envers son clan, mais comme il vient juste de les quitter, je ne sais pas trop quoi en faire.
2) Il y a trop d'exposition, à mon goût, dans ce chapitre. C'est peut-être un goût personnel, mais j'aime vraiment qu'on distille l'information, presque que je puisse deviner des choses pour ensuite les voir être confirmées. Ici il y a une longue exposition d'avant l'arrivée au lycée (ex : la scène avec la secrétaire, est-elle capitale?), du lycée lui-même, de ceux qu'on devine seront les amis d'Azaël, de comment fonctionne Sisoa. Une suggestion tout à fait personnelle, mais demande-toi si ton lecteur a besoin d'avoir toutes ces informations d'emblées. Personnellement, un peu moins de temps sur le fonctionnement des cuisines et un peu plus sur le Clan d'Azaël m'aurait paru plus équilibré. Faut-il qu'on rencontre le groupe d'ami dès ce chapitre ? Pourquoi pas plutôt après, qu'on ait d'abord lu ce petit extrait de chat qui nous laisserait comprendre qu'Azaël est spotted?

Pour les choses que j'ai trouvées meilleures ! Je trouve que tu as un style d'écriture très fluide, ça se lit bien, et tes descriptions sont très vivantes. Moi-même je fuis la description dans l'écriture, si je peux m'en passer, je m'en passe, mais tu rends la vision de la ville très nette, idem pour le lycée qu'on visualise sans mal.
Tes éléments "déclencheurs" sont bien amenés, même si j'aurais voulu un peu plus sur l'élève de seconde possédé. La bousculade avec le garçon aux yeux d'améthyste est joliment amenée aussi, ici c'est du bon jardinage, bien planté pour resservir après.
Le changement de point de vue du chapitre à la fin m'a surprise. On est quand même sur le point de vue d'Azaël sur tout ce chapitre donc c'est étonnant, et en même temps ça me rappelle les fins d'épisodes d'anime après le générique quand tu as un petit truc d'un autre point de vue, donc pourquoi pas. Je suis curieuse de voir si ça se répètera en revanche, ça pourrait être dommage si ça n'arrive qu'une seule fois ! Mais agréable surprise.

Je te fais aussi quelques remarques diverses et variées que j'ai notées au fil de ma lecture :
- "Enfin, lui, il ne savait pas réellement si c’était vrai. Mais les adultes du clan le lui avaient souvent répété" -> Il ne sait pas si quoi est vrai ? Qu'il est mûr ? Ou qu'il a vécu beaucoup d'épreuves ?
- "Ses doigts vinrent se glisser dans l’élastique qui retenait ses cheveux roux mi-longs" -> toujours difficile de faire une description fluide en début de texte. Elle fait un peu forcée ici et attention aux variations dans les descriptions, tout le monde ne devrait pas être réduit à ses cheveux (le postiche de la vieille secrétaire, le prof au cheveux bouclés désordonnés, puis encore Édith "Ses cheveux noirs étaient rassemblés sur son crâne en un complexe assemblage de tresses", "Léo en passant une main sur son crâne rasé", Morgane "Ses larges boucles rousses auréolaient son visage"... J'arrête là mais tu auras compris l'idée ^^)
- "Lorsque les portes coulissèrent, un flot de voyageurs affairés en déferla. Azaël n’eut même pas le temps de remercier l’inconnue ; déjà les voyageurs forçaient le passage pour monter à bord du wagon" -> du coup, il se trouvait juste devant l'arrêt de tram ? Pourquoi la petite vieille a cru qu'il était perdu, et pas qu'il attendait son tram ? Attention, on dirait presque que tu cherches à attirer l'attention sur cette bague en forme de tête de tigre rose!
- "Décidemment" -> décidément*
- "En effet, à la base, ils devaient agir en groupe." -> tournure un peu lourde selon moi
- "Ici, c’est le secteur « cuisine » est aux commandes" -> à reformuler
- Qu'Édith l'appelle tout le temps "camarade" me fait terriblement penser au communisme ^^'

Je ne te ferai pas un commentaire aussi long à chaque chapitre, mais le démarrage c'est très important :p J'espère que ça te convient comme ça, mais si tu préfères que je laisse certaines choses de côtés, n'hésite pas !

À bientôt :)
Ascal
Posté le 13/07/2025
Hello Cléo ! Merci pour ton retour très complet, je note bien toutes les informations que tu as relevées ! Je comprends ton point de vue sur l'exposition, mais c'est toujours dur de s'en passer, surtout dans un premier chapitre !
L'idée est de laisser un peu de mystère autour d'Azaël et du Clan, de faire découvrir Sisoa du point de vue naïf du personnage et ensuite rentrer un peu plus dans les détails.
Je ne m'étais pas rendue compte que j'attirais autant l'attention sur les cheveux des personnages, c'était surtout pour donner un détail qui accroche l'attention, mais je vais voir pour varier, en effet haha !
Merci encore pour ton retour !
Alex3393
Posté le 10/07/2025
Bonjour Ascal,

J'ai beaucoup aimé ton premier chapitre, l'idée de l'exorciste en mission me plait et j'ai vraiment hâte d'en savoir plus sur ce whisperer. J'ai toujours beaucoup aimé les histoires qui se déroulent dans des écoles genre Harry Potter ect, j'espère que ce sera le cas car Sisoa à l'air d'être une école magnifique qui réserve beaucoup de secrets.
J'aime bien tes personnages aussi et la scène du réfectoire est top pour les présenter. Le coup du chat à la fin aussi est bien pensé!
J'ai noté deux petite choses qui m'ont un peu perturbé dans ce premier chapitre:
Dans le deuxième paragraphe, la concordance des temps me parait bizarre. Dans le reste du texte ca me parait logique mais dans ce paragraphe en particulier j'ai du le relire plusieurs fois, j'ai l'impression que ca colle pas.
Dans la scène ou ton héros arrive dans sa salle de classe, on est transporté directement après au réfectoire. J'ai trouvé que la transition était bonne mais un peu brutal, peut être ajouter une petit phrase pour lisser la transition?

A bientôt sur ton deuxième chapitre !
Ascal
Posté le 11/07/2025
Bonjour Alex ! Merci pour ton retour :) Je suis contente que ça t'ait plu ! Sisoa a encore en effet beaucoup de secrets à livrer. Je prends note de tes remarques, je verrai pour rectifier au mieux ces passages.

À bientôt sur le prochain chapitre !
Edouard PArle
Posté le 08/06/2025
Coucou Ascal !
Déjà, bienvenue sur plume d'argent !
J'ai beaucoup aimé ton premier chapitre. Déjà parce que tu as une écriture très fluide, un style agréable et sans fioritures, qui colle bien avec tes persos et ton univers. L'univers justement est très chouette, avec ce lycée très strict / compétition que l'on découvre par les yeux du héros infiltré et ces petits éléments de fantastiques : elfes, exorcisme... qui, on l'imagine, vont prendre de l'importance au fur et à mesure.
Les personnages sont très chouettes aussi. Tu as trouvé la voix de ton narrateur, et le petit groupe qu'il découvre est très chouette aussi. Même si on les connaît encore qu'en surface, on devine des personnalités très affirmées. La caractérisation est très cool. J'ai beaucoup apprécié la partie après le chapitre avec le chat, très intrigante !
Mes remarques :
"Il aperçut par une fenêtre la ville qui se déployait, telle une fleur d’acier et de bitume." joli !
"Ses souvenirs de primaire n’étaient que de vagues images sépia noyées dans la brume de ses souvenirs." joli !
"Décidemment, l’architecture de ce lycée était vraiment atypique…" couper un des deux adverbes pour alléger la phrase ?
"Édith se révéla être un guide volubile." une guide ?
Un plaisir de découvrir ton histoire,
A bientôt !
Ascal
Posté le 11/06/2025
Hello Edouard !
Merci beaucoup pour ton message. Tu es le premier à poster un commentaire sur mon histoire depuis mon arrivée sur la plateforme, cela me fait énormément plaisir !
Je suis ravie que ce premier chapitre t'ait plu ! Et merci pour tes remarques, j'en prends bonne note :)
J'espère que la suite des aventures de mon exorciste un peu maladroit te plairont :)
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