//_______ . ▓f .. : ■Ꜽ--_Chapitre ll : Frêle esquif charnel. –---- ☻ |☺

J’ouvre les yeux. Ou plutôt les paupières. Pas en même temps : un léger décalage de microseconde qui parut durer des siècles aux bactéries et autres champignons tapis dans l’humidité de mes coins d’œil. Mes longs cils, noirs de chagrin et de tout ce qu’ils ont vu, se détachent lentement, dans un ballet coordonné par mes orbiculaires, ces fines membranes protectrices de tout ce qui compte encore en ce monde. Le mouvement, répété toute une vie, se termine… et révèle la fadeur inégalée d’une paire d’yeux à peine marron. Banals. Mais avec tout de même l’éclat si caractéristique, d’un marron.

Tous mes membres craquent à l’unisson lorsque je me déplis verticalement, tandis que dans un fracas d’os mon dos se déplace vertébralement, à ce moment une clef s’échappe de ma gorge et un cri de douleur de ma poche. Je la ramasse péniblement, elle ne ressemble à rien, jamais je n’ai vu une clef de cette forme, une clé non plus...

- Hmm…

Perplexifié par cette découverte, je m’en allais de suite en faire une seconde, puisque je remarque la présence d’un homme debout à quelques mètres. Il a l’air perdu, ses yeux plongent dans l’horizon par delà les nuages et le sommets des dunes, là où la mer d’étoiles rectangulaires forme des grilles incandescentes. Je m’avance prudemment jusqu’à attirer son attention. Je le fixe, il me fixe. Quel étrange visage.. Quelle forme peu conventionnelle. C’est comme si on avait retenu sa génitrice captive d’un micro-onde durant son accouchement… Mais néanmoins, en dépit de malgré tout et cependant, par delà les apparences (et dépassant toute forme de préjugé) : Je secoue la clé dans les airs juste à côté de ma tête et lui lance :

- Tu sais à quoi elle sert ?

- Ouais. À fermer la merde, dit-il.

- Quelle merde ?

- Celle qui sent mauvais !

Et il partir. Sans explication. Ni conjugaison.

Je repris mon périple d’une marche, lente, désorientée et pénible comme un récit qui s’éternise sans savoir où il va. Je jette un œil fatigué à l’intérieur de ma gourde : Elle est toujours pleine, certainement dû au fait que je n’ai toujours pas eu le temps de boire… Hm. Mais c’est en regardant plus attentivement le sol, par delà la gourde, que je m’aperçu que le sable perdait petit à petit de sa couleur. Le jaune vif laissant place à une teinte désaturé, puis au bout de quelques mètres, à du blanc pur.
Le baisé agréable de la chaleur sableuse sous ma plante devint progressivement la morsure du froid insupportable et l’éprouvante ascension qui commençait alors à peine, n’avait pourtant déjà que trop duré. Les plaques de glaces, la neige et ma douleur épousaient la pente de la montagne, plus j’avançais, plus l’air se chargeait d’une odeur que je connaissais sans parvenir à la nommer. Après encore quelques pas, je compris : c’était une odeur de vieux papier mouillé et d’os qui sèchent.

Je levai les yeux, frappé par la révélation que je me trouvais en présence d’un être éminemment supérieur. Je pouvais le ressentir jusqu’à la racine de mes ossent, de par sa simple présence et son odeur pestilentielle. Son aura irradiait le lieu et le reste de la montagne sur laquelle son temple se tenait perché. Les oiseaux tombaient du ciel, tant son effluve abominable, stigmate des relents millénaires d’un échec hygiénique, déchirait l’air, la matière et l’espace-temps lui-même.

Il était chauve, les yeux entièrement teintés d’un blanc vitreux et profond, le visage marqué d’un air sérieux mais habile. Un habit traditionnel boudiste orange couvrait son corps frêle. Une chevelure blanche écarlate lui tombait jusque sur les épaules, et le vert de ses yeux était perçant comme un couteau. À la commissure de ses lèvres se trouvaient, délicatement déposés sur chaque côté de sa bouche, deux petits tas de salive séchée comme l’on en retrouve souvent chez les personnes âgées. Il était très petit et possédait une jambe en forme de bras et inversement.

Soudain il leva la tête et m’assenit d’une parole qui me frappa de toute sa sagesse :

- Ce qui est coupé est coupé ! Nul ne saurait le restaurer ! 

Il agita son moignon avant de rajouter : 

- En revanche, ce qui est coupé… !

Cette courte pause marquée à la fin de sa phrase m’invitait clairement à la terminer à sa place. J’hésitai, ma boîte à bidoche faisant des cabrioles pour tenter de résoudre cette insondable devinette torturée…

- Que voulez-vous dire sage homme avec vos sages paroles qui sont les vôtres et que je perçois si sage et si dense qu’elles me sont invisibles au cerveau nu ?

- Ce que je dis, jeune précipité, c'est que si il y a bien une chose dont l'homme n'a jamais manqué, et ce en tout temps ! C'est la capacité à mépriser son prochain… Oui.

La nécessité d’un temps de réflexion se fit lourdement sentir alors que mon visage se décomposait d’incompréhension. Mais poussé par l’envie de paraître plus intelligent que je ne le suis, et de très loin, je m’élançai cette fois de toutes mes féroces intension :

- Deeeee… j-Je… Jea-aaah… Uuuu… Oui. Échouais-je lamentablement devant lui.

Le vieil homme secoua sèchement la tête sur elle-même tel un pendule hors de contrôle mais aussi hors de ses gonds.

- Écoute mes enseignements jeune pousse !

- Oui vieille branche, j’ouïs vaut maux.

- CE que j’ai retenu de mes interminables péripéties, et ce en tout temps !… C’est : bonjour avant les pieds sous la table !

- ALORS ?! M’oppressa t-il à l’aide d'une haleine à faire s’écrouler les murs et s'envoler les montagnes.

Dois-je me plier à son jeu ? Répondre quelque-chose que ce-soit ? Ou feindre la supériorité du savoir en ignorant cette tentation ? Je me sens intellectuellement limité.

- Bonjour ? 

- Hm... Acquiesca t-il avant de continuer : Mais j’irais même plus loin, attention ! La seule vérité valable, et ce en tout temps… c’est : pas de chocolat au lait durant les périodes sans orgasmes !

- Oui. 

Habileté, voilà ce dont j’avais su faire preuve à ce moment en acquiesçant son histoire d’un air assuré tout en lui servant une tasse de breuvage chaud, mimant ma compréhension de la tête. Alouette. 

- Merci !

Je n’avais rien compris au cours de la conversation, mais l’homme-sage semblait contenté et content de son thé. Il continua de contrer mes tentatives de fuite en contant ses histoires et comptines, pendant que je comptais m’en aller.

Contre toute attente, confus mais confiant, il finit par conclure :

- … un con !! 

- Merci vieux chose. Je m’en vais t-aller maintenant ! Montais-je d’un ton dramatiquement et aussi au niveau du volume tout en me dressant sur mes jambes prestement. J’y vais contre la voix du peuple et par les pouvoirs qui me seront conférés sur le chemin ! J’invoque la colère des morts et fait trembler les dieux, j’inspire la peur des vivants, car je ne me déplace que via le vent !  

J’eusse déployé majestueusement mes ailes dans un éclat doré à ce moment-là si Dieu ne m’en avait pas injustement retiré le droit de possession le plus sacré comme à tous les hommes qu’il eusse produit.

- Si seulement tu étais une femme jeune homme, tu aurais pu voler ! 

Il a raison car la plupart des femmes peuvent voler, mais convaincu je m’élance tout de même. Il hurle mais tétu je saute nonobstant, il se précipite au rebord et déçu je tombe malgré tout.

Je me désarticulai-t-alors, entraîné dans un délirium acrobatique d’une élégance dérisoire, et c’est en contrebas, sur les parois rocheuses et affûtées, que tous mes os vinrent délicatement se briser un à un dans un fracas indolore tant il fut sourd.

- Aoutch.. Soupirais-je mollement dans un râle plus fait de médiocrité que d’agonie, je gisais las, affalé les genoux dans la colonne vertébrale, était--il temps de remettre en cause certains choix de vie ?

- Oh ! Une pierre !

Eu-je à peine le temps de proclamer à la vision de ce déboulé rocheux avant qu’il ne me frap-.........................

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