Florian

Florian,

     Je t'achemine cette lettre en hâte, dans un état qui frise la panique.

     Je sais bien que j'ai coupé les ponts avec toi, mais le moment réclame l'urgence. Mon cœur agonise.

     Voilà des semaines que  j'attends le retour de ma bien-aimée. Je n'ai pas reçu de ses nouvelles.

      J'ai parcouru à nouveau ta lettre. L'horreur m'a accablé.

      Non, je ne veux pas croire que... et pourtant...

      Ce que j'ai relu de tes dernières lignes révèlent ce que je redoute depuis quelques jours, un doute qui me ronge l'âme par petits morceaux, qui me submerge d'un désespoir dangereux, qui m'aveugle d'une rage grandissante et sans bornes, une tempête qui me déchire la poitrine et embrouille mon esprit.

      D'avoir lu si hâtivement ta lettre à la première lecture, de ne pas m'être arrêté sur les mots qui auraient du me mettre la puce à l'oreille à l'instant même où mes yeux tombaient dessus...!  Ces mots-là que tu as utilisé afin de dépeindre ta dernière conquête.

      Ces mots que j'aurais moi-même empruntés pour décrire ma douce.

      Ces mots qui correspondent si parfaitement à son profil.

      Et cet infirmier qu'elle fréquentait...

      Quelle sorte rare et funeste d'imbécile est-tu, Florian?! Après avoir reçu ma lettre, ne t'es-tu pas arrêté un instant, n'as-tu pas ressenti  une suspicion quelconque avant de plonger tes sales canines dans cette créature? Bien sûr que non! Ta fourberie ne connaît pas de limites. J'ai eu l'occasion  de le constater à mes dépens plusieurs fois auparavant.

      Livre-moi le nom de cette femme que tu as séduite dans la mort. Immédiatement. Je l'exige.

      Peut-être n'est-ce qu'une de ces malencontreuses coïncidences. Peut-être m'emporte-je, peut-être que je me méprends sur les raisons de l'absence de ma belle.  Si tel est le cas, je te présenterai mes plus sincères et profondes excuses.

      Mais si tu as osé... si tu es celui  qui est derrière la disparition de Clo...

Lasfalt