Parfois, j'ai l'impression que mon âme s'est échouée sur cette rive écumante de mort,
Un désert d'écorchures, où les vagues crient : "Tu as tort !"
Une ombre qui ne devrait pas exister.
Je crois que je suis un être tissé de failles et de silences,
Un éclat qui ne brille qu'à l'envers de l'existence.
Le fil de mes pensées tisse des étoiles filantes dans les cieux,
Presque imperceptibles, fugaces, fulgurantes, et presque délicieuses.
J'ai des élans de lucidité qui me pourchassent,
Me terrassent, me harassent.
Cette ombre du passé
Danse dans les braises de la culpabilité.
Je veux vomir tous ces doutes hors de ce corps honni et malmené
Par tous ceux qui daignent lui accorder leur plus infime attention.
Je me rabaisse avec une grande abnégation,
Tout en dédaignant la lumière qui réside en moi.
Je grelotte de ce froid
Qui me ronge de l'intérieur et givre tout ce que j'aimais,
Ce froid qu'aucune source de chaleur ne parviendra à réchauffer.
Lasse de ces émotions qui me torpillent,
Me houspillent, me gaspillent,
Je suis juste une petite fille qui tombe pour la première fois,
Sauf que moi, c'est toujours la première fois.
Je suis au sol, autant surprise qu'effrayée,
Le genou et l'âme écorchés.
Et je me demande : "La vie sera-t-elle toujours comme ça ?
Ou la douleur, enfin, se dissipera-t-elle ?"
Je suis fragile comme une brindille laissée au vent,
Ballottée par la tempête, emportée au moindre courant.
Sur mes jambes flageolantes, je me sens tanguer.
Pourquoi me sentir inadaptée
Au milieu de centaines de gens qui semblent s'adapter parfaitement à la situation ?
Pourquoi me sentir nulle part chez moi, même à la maison ?
Pourquoi vivre continuellement en décalage
Avec mon entourage ?
Ne plus vivre dans le noir,
Dans ma tour d'ivoire,
Construite de mes doutes et de mes peurs.
Ses fondations sont branlantes et laissent percevoir l'obscurité
Qui se déploie en mon être esseulé et désemparé.