Ah, la maladie mentale, quelle époque formidable pour être en souffrance.
C'est bien vrai : tous les sites le disent, "la santé mentale, c'est important" ; "parlez-en", comme une évidence.
Oui, en parler, très bonne idée !
Mais fais-le en sourdine, discrètement, pour ne pas déranger, sinon ça risque de gêner.
Parle-en, mais pas trop ; alors, souffre en silence.
Et quand enfin on peut en parler, le médecin n'est pas disponible avant des mois.
Et ce paradoxe entre "sois fort" et "lâche prise". Je fais quoi, moi ? Je lève des poids énormes et après je les lâche sur moi ?
Oh, et c'est tellement bien d'être malade sur les réseaux sociaux !
Plus besoin de camoufler tes tourments, nul besoin d'afficher un sourire de façade pour dissimuler tes maux.
Une petite photo avec le regard dévasté, les cheveux gras et une tête de trois pieds de long, et te voilà devenu le guerrier de la santé mentale.
Tellement bien de capitaliser sur ses traumas. Et les médicaments ! Oui, les médicaments ! Ces saletés de substance.
L'industrie pharmaceutique nous régale, nous abreuve de produits divers et variés.
Une pilule pour chaque tourment, n'est-ce pas magnifique, n'est-ce pas tendance ?
Tu es triste ? Médicament. Tu es en colère ? Médicament. Tu t'ennuies ? Encore un médicament. Tu as une vie de merde ? Triple dose de médicaments.
Les médicaments sont la réponse à tous nos maux, quand les mots ne suffisent plus, vraiment.
Merci, oui, merci ! Mais on ne parle pas assez des effets secondaires.
Mon ventre, on dirait qu'il va exploser ; les gens s'extasient devant le renflement de mon estomac, croyant que je suis enceinte.
Non, pas d'événement de ce genre à venir, juste les effets des médicaments.
Et c'est assez risible, quand on y pense, que l'effet secondaire principal d'un antidépresseur, ce soient les envies suicidaires... oui, vous m'avez bien lue.
Et les autres effets secondaires ne donnent pas envie : diarrhée, maux de tête, nausée, insomnie, somnolence, tout ça et plus encore.
Pas très fun, loin de l'image glamour que renvoie la société. Et les gens sont tellement drôles. "Lève-toi plus tôt" ; "va à la salle" ; "sors, va prendre l'air" ; "bois un smoothie orange-banane-kiwi". Oh MERCI, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Quelle conne. Je sais, je sais, ils sont pleins de bonnes intentions, mais excusez-moi, si ça me fait du bien de me vautrer devant Netflix, en pyjama molletonné, un véritable festin à mes côtés, où est le problème ?
Alors oui, sois toi-même, mais pas trop, ça pourrait déranger. Soigne-toi, mais fais-le en silence ; reste fort tout en masquant à quel point ce combat te paralyse. Rentre dans le moule bien huilé de la société, pas d'écart, sinon c'est le pilori.