Grand-mère

Par Ewen

Grand-mère, c’était celle qui prenait le moins de place dans sa propre maison. Grand-mère, je ne l’ai connue que grand-mère. Elle a passé plus de quatre-vingt-dix ans sur cette Terre ; j’en ai tout juste passé le quart à la voir une, deux, trois à quatre fois par an. Elle avait une dizaine d’anecdotes, dont j’oublierai la moitié, qui étaient pour nous autant de fenêtres sur un passé mystérieux, une vie de femme qui a traversé les trois quarts du XXe siècle. Une vie qu’elle trouvait sans doute sans intérêt, puisqu’elle l’a passée à œuvrer et prier pour d’autres. Lorsqu’elle m’apparaît en pensée, c’est dans le cadre de la fenêtre ouverte de sa cuisine, celle qui donne sur l’allée : elle a les bras grands ouverts et nous accueille d’où que l’on vienne. C’était une sacrée cuisinière, une sacrée tête de mule mais aussi une sacrée croyante qui me redonnait foi en l’humain. C’était ma grand-mère.

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